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Visibilisation de l’islam au sein de l’espace public belge

Visibilisation de l’islam au sein de l’espace public belge. Corinne Torrekens Université Libre de Bruxelles Groupe d’étude sur l’Ethnicité, le Racisme, les Migrations et l’Exclusion (GERME) http://www.ulb.ac.be/socio/germe corinne.torrekens@ulb.ac.be. Introduction :

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Visibilisation de l’islam au sein de l’espace public belge

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  1. Visibilisation de l’islam au sein de l’espace public belge Corinne Torrekens Université Libre de Bruxelles Groupe d’étude sur l’Ethnicité, le Racisme, les Migrations et l’Exclusion (GERME) http://www.ulb.ac.be/socio/germe corinne.torrekens@ulb.ac.be

  2. Introduction : • Chiffres : musulmans = 4% population nationale dont 6 000 à 30 000 convertis belges ou d’origine européenne • Nationalités / Origines : 80-90% Marocains - Turcs • Autres = Albanais, Pakistanais, Egyptiens, Tunisiens, Afrique Noire, etc. • Résultat d’un processus migratoire : • Reconstruction après-guerre crée besoin de main d’œuvre (charbonnage, sidérurgie, etc.) • Accord migratoire avec l’Italie mais en 1956 catastrophe minière

  3. Recherche d’autres partenaires • Conventions en 1964 avec Maroc/Turquie qui prévoient d’emblée le caractère familial de l’immigration • Par la suite, la présence des populations musulmanes va progressivement et significativement s’accroître sous l’effet de plusieurs facteurs d’intensité variable : • Le cycle naturel des naissances • Le regroupement familial prévu dans les conventions et que les autorités belges vont encourager dans une optique d’intégration • Les mariages des musulmans et musulmanes belges avec un ou une ressortissant(e) du pays d’origine • Les demandeurs d’asile • L’immigration illégale • Les conversions

  4. 2. Invisibilisation : Présence discrète et dimension religieuse peu présente : • Se résume à la fréquentation des quelques salles de prière qui se créent et au respect des interdits alimentaires (espace privé) • Plusieurs éléments vont faire évoluer la situation : • Le constat de l’impossibilité financière du retour au pays suite à la crise économique. Ensuite, l’arrêt officiel de l’immigration par importation de main-d’œuvre provoque la prise de conscience que si retour il y a, il sera très difficile voire impossible de revenir en Europe

  5. Le regroupement familial, prévu dans les conventions signées par les autorités belges, conforte les immigrés musulmans dans l’idée d’une installation définitive. Se pose alors la question de la transmission religieuse aux enfants. C’est la présence des femmes et surtout celle des enfants, dans un environnement où l’islam n’est pas la religion officielle, qui va faire émerger le besoin de structuration religieuse • L’accroissement de la référence religieuse se produit également, à partir de la fin des années 1970 et du début des années 1980, dans le monde musulman suite aux différents échecs des entreprises de modernisation

  6. 3. Visibilisation : • Dynamisme impressionnant => développement d’un tissu associatif diversifié, quantitativement important et présentant un foisonnement impressionnant en termes d’activités • Première décennie (1960-1970) le mouvement associatif immigré développe une myriade d’activités à caractère social et culturel (enseignement, éducation, sport, expression artistique, etc.) visant, d’une part, à combler le manque d’infrastructures mises en place par les pouvoirs publics pour assurer l’accueil et l’encadrement de ces populations et, d’autre part, à reconstruire une vie sociale commune en célébrant notamment les fêtes nationales et religieuses • Ces activités bénéficieront du soutien du mouvement syndical belge dans une période où celui-ci se trouve en relative position de force. Ceci étant, le contexte économique, social et politique va se modifier et plusieurs facteurs vont amener le mouvement associatif immigré à situer ses revendications dans le domaine socio-culturel et puis, progressivement, presque exclusivement cultuel. En effet, les années 1980 sont marquées par un contexte économique difficile et par un véritable « racisme institutionnel » au niveau politique

  7. Les réformes du code de la nationalité, les multiples affaires du foulard, les aléas du processus d’institutionnalisation de la religion musulmane ainsi que l’apparition de l’islamisme politique sur la scène internationale qui vont faire évoluer les revendications socio-économiques émises par des travailleurs immigrés en revendications cultuelles énoncées par des citoyens musulmans. Ces années vont correspondre à l’intensification du développement des mosquées qui avait débuté à partir de la reconnaissance officielle de la religion musulmane en 1974. Des associations culturelles ont également été créées en vue de promouvoir la culture du pays d’origine. Et depuis quelques années, des associations islamiques se créent en vue d’aider spécifiquement les musulmans : services d’aide et de secours, services sociaux musulmans, etc. Certaines de ces associations fonctionnent comme des groupes d’intérêts ethniques revendiquant pour leurs membres des droits, pas seulement religieux, mais aussi politiques, économiques et sociaux. D’autres sont impliquées dans des activités économiques et sont de petites entreprises à l’échelle locale qui surfent sur la vague du commerce ethnique (agences de voyage, petite restauration, import-export, épiceries, etc.) ou plus largement sur celle du commerce « ethno-islamique » (boutiques de hijab, boucheries halal, librairies, etc.).

  8. Minaret de la mosquée Fathih Camii, Chaussée de Haecht à Bruxelles

  9. Rue du Prado à Bruxelles un jour de semaine « normal »

  10. Rue du Prado à Bruxelles, le 20 janvier 2005 jour de l’Aïd el Kebir

  11. Organisation de la fête de l’Aïd el Kebir à Molenbeek

  12. Organisation de la fête de l’Aïd el Kebir à Molenbeek

  13. Organisation de la fête de l’Aïd, dispositif policier devant abattoir régional

  14. 4. Qu’est-ce que ces processus de visibilisation de la religion musulmane peuvent nous apprendre ? • D’abord en ce qui concerne la gestion de l’islam : • Le culte musulman a été reconnu en 1974 • Toute reconnaissance d’un culte implique des avantages financiers conséquents • Or, le processus d’institutionnalisation de la religion musulmane (lui donnant accès à ces ressources financières) n’est toujours pas achevé • Exemple : les mosquées ne sont toujours pas reconnues • Ce sont les communes qui se retrouvent à devoir gérer des aspects importants de la pratique musulmane • Exemple 1 : les règles d’urbanisme (permis, normes incendies, etc.) • Exemple 2 : la fête de l’Aïd el Kebir

  15. Ensuite, en ce qui concerne la définition de la notion d’espace public : • Dans les discours des élus communaux, on constate un soucis de respecter le référentiel dominant dans l’espace politique francophone en ce qui concerne l’attitude que l’Etat doit avoir à l’égard du religieux. Cependant, on note aussi une grande confusion dans l’utilisation des termes de laïcité et de neutralité de l’Etat, ces deux termes s’apparentant dans leurs discours à une nécessité d’invisibilisation du religieux dans l’espace public • La Belgique n’est ni jacobine, ni républicaine, ni laïque comme l’est un Etat comme la France. La Belgique est un Etat neutre qui reconnaît et subsidie les cultes sur base de leur utilité sociale et se doit de garder une attitude neutre à leur égard (non intervention, non immixtion) • Habermas : l’espace public renvoie à l’espace dans lequel se forment et s’expriment librement les opinions établies sur base de la raison • L’espace matériel, concret de l’espace public est nié, il équivaut au vide sidéral, c’est une pure abstraction • Dans la conception de Habermas, il n’y a pas de place pour les identités, les citoyens sont des êtres abstraits censés laissés leurs caractéristiques identitaires au vestiaire

  16. Critiques émises par la sociologie urbaine : espace public ne se résume pas uniquement à l’espace politique mais qu’il a également un aspect matériel, concret qui en fait un lieu d’expression, de signification et d’interprétation des caractéristiques identitaires en cours d’élaboration • Espace public est donc un lieu de lutte pour la reconnaissance des identités • Conception contemporaine de la notion d’espace public est liée à la construction du mythe moderne de l’Etat nation : centralisation du pouvoir/uniformisation des statuts • Croyance dans le rejet des différences dans la sphère privée • Construction contemporaine de la notion de « neutralité » de l’espace public ignore l’aspect représentation de l’espace public

  17. Or, l’espace public est issu d’une interaction historique entre un Etat en construction et une Eglise dominante. Il a donc toujours été et est toujours porteur de cette identité dominante qui est inscrite dans son espace de façon matérielle (exemple : les bâtiments religieux comme les églises) et immatérielle (exemple : le calendrier) • Notre espace public n’a donc jamais été neutre au sens où à un moment donné les signes religieux n’y auraient plus eu droit de cité. La neutralité de l’Etat renvoie donc à un principe politico-juridique de non-intervention réciproque • Formalisation contemporaine de la neutralité de l’Etat est liée aux redéfinitions de l’identité nationale suite aux migrations

  18. 5. Conclusion : • L’espace public implique 1 rapport à l’espace = une façon pour les individus de se représenter et d’investir l’espace urbain matériellement et symboliquement • C’est bien parce que l’espace de l’espace public implique des procédés de reconnaissance et de légitimation des identités qu’il suscite tant de débats passionnés autour de son contenu (neutre ou pas). Les débats émergeant autour des processus de visibilisation des populations musulmanes en témoignent • Formalisation contemporaine du principe de neutralité développée dans des sociétés et par des acteurs incapables de percevoir les marques tangibles de leur propre religiosité (même passée) dans EP • Revient à considérer que seuls les « autres » sont ethniques au sens de porteurs de signes culturels et religieux. Les signes religieux dominants sont considérés comme faisant partie du paysage et ne sont pas interrogés, ceux des minorités se voient appliquer le principe de neutralité de l’Etat • Conception normative de son contenu car dans ces usages, l’espace public semble de plus en plus « constitué en fond sur lequel peut se révéler le degré de recevabilité des conduites »

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