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Activités et construction des compétences chez les professionnels de l’éducation et de la formation Thierry Piot (Université de Caen Basse-Normandie). Journée d’étude organisée par l’École d’ Éducation et de Formation de l’UCL
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Activités et construction des compétences chez les professionnels de l’éducation et de la formationThierry Piot (Université de Caen Basse-Normandie) Journée d’étude organisée par l’École d’ Éducation et de Formation de l’UCL « Les métiers de l’éducation et de la formation. Tensions, transformations, enjeux, perspectives » 20 novembre 2010
Plan • Introduction: rationalisation, reddition de compte et professionnalisation dans les métiers de l’éducation et la formation • Analyser l’activité: l’apport de la didactique professionnelle • Spécificité des métiers adressés à autrui: dimension interactive régulée par le langage • Le langage comme instrument doublement orienté: instrumentation et instrumentalisation • Professionnaliser les métiers de l’éducation et de la formation: une voie nécessaire mais risquée
Introduction: « grand angle » • Logique de la modernité classique: une rationalisation des organisations et des modes de production des biens et services conjuguée à une démocratisation de l’accès à l’enseignement et la formation => accroissement et diversification des métiers adressés à autrui • Logique de la seconde modernité: radicalisation de la modernité classique jointe à la notion de risque et de changements accélérés dans un contexte de ressources limitées => reddition de compte et instrumentation: les référentiels d’activité, de compétences s’invitent dans le champ de la formation et l’éducation; une professionnalisation sous tension
Analyser l’activité: l’apport de la didactique professionnelle • La didactique professionnelle se donne pour objectif le développement professionnel des acteurs (compétences et dynamiques identitaires) à partir de l’analyse de l’activité. • Cadre: psychologie (Piaget, Vygotski, Clot), ergonomie cognitive (Leplat, Ochanine, Samurçay), didactique. • Théorie principale: conceptualisation dans/de l’activité, avec une place privilégiée de l’activité langagière (activité productive/activité constructive)
Rôle et fonction des interactions langagières (1/3) • Des situations de travail sur des objets (seul ou en collectif; stables ou dynamiques) aux situations de travail dans les métiers adressés à autrui: place croissante des échanges langagiers inclus dans l’activité professionnelle • Double registre de compétences unitairement complémentaires: (1) compétences sur le service (logique objective) et (2) compétences relationnelles & communicationnelles (logique intrasubjective et intersubjective)
Rôle et fonction des interactions langagières (2/3) • Fonction de coordination et de régulation de l’activité • entre pairs: « genre conversationnel » de métier • entre professionnels et bénéficiaires: nécessité de construire une relation de confiance et d’ajuster l’asymétrie de posture pour rechercher des conversations satisfaites où les malentendus sont évités; • Autrui(alter vs alien) possède des informations stratégiques pour permettre le travail du professionnel: • réaliser une enquête finalisée par le diagnostic pertinent de la situation (se défier des évidences) • agir en collaboration active avec le bénéficiaire pour faire évoluer la situation d’éducation ou de formation.
Rôle et fonction des interactions langagières (3/3) • Du point de vue de la pragmatique linguistique (J.L. Austin: Quand dire, c’est faire), tout énoncé langagier en situation articule trois dimensions: • Une dimension locutoire qui correspond aux informations contenues dans le message • Une dimension illocutoire qui correspond à l’intention d’agir du locuteur (intention implicite ou explicite) • Une dimension perlocutoire qui concerne les effets effectivement atteints par l’énoncé: malentendu/désaccord; réalisation des effets attendus…. de manière réciproque
Le langage comme instrument (1/2) • Référence à Rabardel dans la logique de Vigotsky: « la pensée est la forme intériorisée du langage et le langage est la forme intériorisée de la pensée ». Un outil devient un instrument par/pour l’action. • Le langage, « entre cristal et fumée » • La logique de genèse instrumentale du langage est doublement orientée: 1/ Instrumentalisation: langage externalisé visant la réussite de l’action (activité productive) et à dimension sociale et intersubjective • Exemple: avec les formés, les collègues; souvent conjointe avec des instruments matériels; temps formel ou informel
Le langage comme instrument (2/2) 2/ Instrumentation: langage internalisé, à dimension subjective, réflexive et constructive • En termes de développement de compétences et de construction de l’identité professionnelle individuelle et collective. • Fonctions: pour orienter, conduire, réguler l’activité productive ; pour apprendre des situations et de l’action : enrichissement de schèmes existants et élaboration de nouveaux schèmes • => répertoire cognitif et pragmatique pour penser et agir; pour problématiser les situations, c’est-à-dire pour leur donner du sens • => pour déterminer l’intrigue sur le plan fonctionnel (Dewey); pour se penser comme acteur individuel et collectif (logique identitaire qui accompagne l’activité).
Quelle professionnalisation? • Les sciences humaines, les sciences de l’éducation construisent un corpus de connaissances validées sur lequel peuvent s’appuyer les acteurs de la formation: éviter l’empirisme et le vocationnel autosuffisant • Ne pas mépriser/occulter les dimensions cachées de l’activité professionnelle dans les métiers adressés à autrui: « décider dans l’urgence, agir dans l’incertitude »… parfois souffrir • Articuler (enfin) théorie et pratique: « sans la théorie, la pratique est aveugle; sans la pratique, la théorie est vaine » (Kant).