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Histoire de la France révolutionnaire

Histoire de la France révolutionnaire. Cinquième cours : La Réaction (1794-1804). Cinquième cours :. 1 – Évolution politique 2 – opposition intérieure 3 – Économie et société 4 – Politique étrangère. 1 – Évolution politique. 1.1 - La Convention thermidorienne

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Histoire de la France révolutionnaire

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  1. Histoire de la France révolutionnaire Cinquième cours : La Réaction (1794-1804)

  2. Cinquième cours : 1 – Évolution politique 2 – opposition intérieure 3 – Économie et société 4 – Politique étrangère

  3. 1 – Évolution politique 1.1 - La Convention thermidorienne • La Convention thermidorienne s’étend de juillet 1794, jusqu’à la mise en place du Directoire, le 26 octobre 1795. • Elle est associée au rétablissement de la légalité ou au triomphe de la contre-révolution. Ou les deux. • Le jugement sur la terreur a fluctué, mais en juillet 1794, il est univoque. Même les collaborateurs des triumvirs déchus s’emploient à tourner la page, condamnant les excès de 1793-1794 et présentant Robespierre comme un tyran. • Mais ils ne remettent pas en question l’organisation et la structure du pouvoir, qui ne sont pas responsables.

  4. Position compréhensible, car ils demeurent les maîtres du Comité… Ce groupe est favorable au maintien de l’ensemble de la politique intérieure, sécuritaire et économique : la Terreur, mais sans Robespierre. • Cette opinion n’est pas partagée par tous et avec la fin de la Terreur de nombreux députés commencent à donner de la voix. • Cette tendance se manifeste autour des dantonistes, mais ils n’auraient pas pu s’imposer sans le soutien de la majorité des députés de la Plaine, qui se montrent favorables à une stabilisation de la situation. • Pour la première fois depuis 1789, le cours de la vie politique s’oriente vers la droite, la Terreur ayant marqué la limite du radicalisme révolutionnaire. • En remettant en question les idéaux libéraux, l’évolution politique menaçait les gains de la bourgeoisie et les motivations à l’origine de sa révolution.

  5. Le 11 thermidor Barrère propose trois noms pour remplacer les triumvirs au Comité, mais la Plaine exige de discuter de ces nominations pour la première fois et réclame un renouvellement plus fréquent des membres. • Avec les décrets du 24 août, le Comité perd plusieurs de ses attributions, distribuées à d’autres instances. Il sera aboli en 1795. • Puis vint le démantèlement de la Commune de Paris et son remplacement par deux comités subordonnés à la Convention. Des processus similaires surviendront graduellement en province. • Se pose la question de la réhabilitation des victimes de la Terreur : royalistes, fédéralistes, « accapareurs » sont élargis et réclament justice. Ils se déchaînent contre les jacobins et alimentent la colère de la population. • En décembre 1794, les députés de la Gironde survivants sont réintégrés à la Convention.

  6. Avec l’élargissement et le retour des 73 députés arrêtés pour s’être porté à la défense des girondins, l’équilibre du pouvoir penche du côté de la droite. • Au cours de l’automne 1794, des bagarres opposent contre-révolutionnaires et Jacobins. La Convention ordonne alors la fermeture de leurs clubs. • Les Jacobins disposent encore d’un appui populaire, la population pauvre des villes n’ayant plus guère de représentation politique. • Le retour des difficultés économiques donnent un regain de force aux Jacobins, qui provoquent des émeutes à Paris en avril et mai 1795. Avec le désarmement des milices consécutivement à ces insurrections, une page de la révolution est définitivement tournée. • Le libéralisme remporte ainsi une victoire sur les revendications égalitaires. Sans pression de la gauche, le gouvernement se centralisera, d’autant plus que la menace d’une restauration monarchiste se précise.

  7. 1.2 – Le Directoire • À l’été1795, la Convention entreprend l’élaboration d’une nouvelle constitution, afin de consolider les gains de la bourgeoisie, de stabiliser la situation politique et de trouver une «voie mitoyenne entre la royauté et la démagogie ». • Une commission de 11 membres est établie à cet effet et le 25 juin, elle rend compte du résultat de ses travaux, ce qui conduira le 22 août 1795 à l’adoption d’une nouvelle constitution, dite de l’An III, qui consacre légalement la victoire de la bourgeoisie. • La constitution est précédée d’une déclaration des Droits et des Devoirs du citoyen, rejette l’idée de droit naturel et le principe selon lequel « les hommes naissent libres et égaux en droits », élément fondamental de la Déclaration adoptée six années auparavant.

  8. Le suffrage universel fait place à un suffrage censitaire limitant aux propriétaires le droit de participer à l’élection des députés et de devenir députés • L’imposition d’un cens élevé limite le nombre d’électeursdu 2e niveau à environ 30 000 personnes. Le droit de l’argent supplante le droit du sang, consacrant le transfert du pouvoir de l’aristocratie à la bourgeoisie, tout en restaurant le caractère élitiste de l’ancien régime. • Le système parlementaire est revu : établissement de deux chambres, (Conseil des Cinq-cents et Conseil des Anciens). La première fait office de parlement, la seconde, de Sénat, qui à la tâche de sanctionner les lois votées par le Conseil des Cinq-cents. • Ce n’est pas un système bicaméral, les députés des deux chambres étant élus au cours de la même procédure. Les membres du Conseil des Anciens sont aussi membres du Conseil des Cinq-cents.

  9. Ses 250 membres doivent avoir au moins 40 ans et être mariés (ou veufs) depuis 15 ans. Ce système répond aux demandes monarchiens de 1789. • Les pouvoirs exécutifs sont entre les mains de cinq directeurs, choisis par le Conseil des Anciens sur une liste établie par le Conseil des Cinq-cents. • Le Directoire est renouvelé par cinquième à chaque année, les anciens directeurs n’étant pas éligibles pour cinq ans. • Les directeurs nomment les ministres et chaque trois mois, le pouvoir passe d’un directeur à l’autre. Ce ne sont pas des dictateurs élus, car ils doivent suivre la politique des Conseils, qui demeurent responsables des affaires étrangères, des finances et de la justice. • Le projet est soumis à un référendum de la population, qui l’adopte à une large majorité. Mécontents, le 13 vendémiaire, 25 000 monarchistes marchent sur les tuileries et sont écrasés par Bonaparte.

  10. Des élections se déroulent en octobre 1795. La participation est faible et les résultats décevants pour les conventionnels, qui avaient réussi à imposer un décret pour que deux tiers des députés de la Convention soient élus au nouveau parlement. • Seuls 395 conventionnels sont élus. Une « commission électorale » nomme les 105 députés manquants et les 250 représentants du Conseil des Anciens. • Les résultats témoignent de l’affaiblissement des républicains : la Montagne perd de nombreux sièges, aux mains des monarchistes. Sans le décret des deux tiers, la chambre serait passée du côté monarchiste. Barras prend la tête des conventionnels pour éviter tout retour vers la monarchie et est nommée directeur. • Les Anciens ont nommé au Directoire cinq régicides et le pouvoir réel reste entre les mains de républicains. Le coup de barre à droite est bien illustré par l’adoption de la nouvelle devise  : liberté, égalité, propriété.

  11. Des élections renouvelant le tiers des députés doivent se tenir chaque deux ans et la première échéance survient à l’automne 1797. • Les oppositions républicaines et royalistes suscitent la crainte des directeurs et les différents courants monarchistes se préparent aux élections en faisant taire leurs différends, afin de présenter un front uni. • Le parti monarchiste sort vainqueur : seuls 11 des députés sont réélus, les monarchistes gagnent 70 sièges. Un royaliste devient président du Conseil des Cinq-cents, où siège un ancien ministre de Louis XVI. • Craignant la consolidation des royalistes, les directeurs décident le 4 septembre 1797 de faire arrêter des députés et journalistes royalistes, consolidant leur pouvoir, mais affaiblissant les institutions politiques. • S’ensuit la Terreur fructidorienne : annulation des élections dans 49 départements, chasse aux fonctionnaires royalistes et censure de leurs journaux.

  12. Afin de consolider leur pouvoir, les directeurs favorisent le retour en grâce des jacobins. • Les élections de l’An VI voient une victoire convaincante de la gauche, qui pousse le gouvernement à enfreindre fois la légalité en invalidant une centaine de mandats en mai 1798. • Le système est alors discrédité. S’ensuit alors une période chaotique, qui voit de nouveau la gauche s’imposer et les Conseils limiter les pouvoirs du Directoire avec le coup d’État constitutionnel de 1799. • Cette revanche des Jacobins provoque la résurgence du mouvement royaliste et l’alliance des centristes pour contrer la menace d’une nouvelle domination des radicaux de gauche. C’est aussi ce qui incitera le centre à chercher une façon de modifier le système politique. • Bonaparte est approché par les centristes afin de tester ses ambitions et il laisse entendre que la situation nécessitent des mesures musclées.

  13. Le 8 novembre 1799 (18 brumaire), de nombreux officiers se rendent au domicile de Bonaparte, où celui-ci leur fait part de la nécessité de ces mesures. • Le 19 brumaire, alors que le Conseil des Cinq-cents, avec son président Lucien Bonaparte, est réuni à Saint-Cloud, Bonaparte parvient, grâce à la pression militaire, à faire voter par le Conseil le renvoi du Directoire et la mise en place d’une commission consulaire, composée de Roger-Ducos, Sieyès et Napoléon Bonaparte, qui recevait le titre de premier consul. • Lorsque les consulsprêtèrent serment aux deux conseils, jurant de défendre la nation, la liberté, l’égalité et la république, Bonaparte déclara : citoyens, la Révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée, elle est finie.

  14. 1.3 – Le Consulat (1799-1804) • Quatrième fils d’une nombreuse famille de la petite noblesse, Napoléon Bonaparte est né à Ajaccio, le 15 août 1769. Son père avait auparavant combattu pour l’indépendance de l’île contre les forces françaises. • Il fit ses études à l’école royale militaire de Brienne, où il démontra de remarquables aptitudes. Ayant peu d’amis, il devient un lecteur boulimique. Il est admis à l’école militaire de Paris en octobre 1784, où il reçoit son brevet de lieutenant en second l’année suivante. • Aimant l’ordre, mais détestant la monarchie, il abandonne ses rêves d’indépendance pour la Corse, alors qu’il rentre servir quelques années sur l’île. • La Corse n’accepta pas facilement le nouveau régime et les Bonaparte sont contraints de quitter l’île et de se réfugier sur le continent en 1793.

  15. Il commence à se distinguer par ses talents militaires et son caractère résolu, qui en fit peu à peu un homme très populaire, surtout après ses victoires en Italie. • Sa popularité et son engagement font en sorte que les meneurs centristes s’intéressent à lui pour prendre la tête de l’État et écarter royalistes et radicaux. • Après le 18 Brumaire, une nouvelle constitution devint nécessaire, laquelle rompt avec les précédents textes : les droits de l’homme et les libertés individuelles ne sont plus mentionnés, mais le droit de propriété y est garanti. • Trois consuls se partagent le pouvoir, mais Bonaparte, Premier consul, dominait ses confrères. La constitution mentionne explicitement son nom, ce qui témoigne d’un retour à un pouvoir personnifié. • Chefs de l’exécutif, les consuls s’appuyaient sur un Conseil d’État chargé de préparer les lois et de les présenter devant les assemblées pour approbation.

  16. Les conseils furent dissous et remplacés par de nouvelles institutions : le Tribunat, (100 membres ayant pour mandat de discuter des projets de loi, mais pas de les voter) et le Conseil législatif, (300 membres, qui vote les lois sans les discuter).  • Une troisième assemblée, le Sénat, composé de 80 membres (60 nommés par Bonaparte et 20 choisis par les assemblées) chargé de s’assurer de la concordance des lois adoptées avec la constitution. • Le système électif était composé de plusieurs niveaux : les électeurs de chaque niveau élisait 10% d’entre eux au niveau supérieur (canton, arrondissement, département et liste nationale). • La constitution fut soumise à un référendum : sur plus de 3 millions de votants, il n’y eut que 1 562 « non », résultats « remarquables », même si plus de 4 millions d’électeurs choisirent de s’abstenir.

  17. Le Consulat fut inauguré en janvier 1800. Les listes n’ayant pas été élaborées, les députés furent choisis par le Sénat, qui privilégia d’anciens révolutionnaires pour pénaliser les royalistes. • La restauration d’un régime personnalisé permit d’opérer des réformes de grande importance. • Le nouveau pouvoir s’attela à une vaste réforme administrative visant à accroître le centralisme décisionnel. Les départements furent conservés, mais ils furent subordonnés à des préfets nommés par le premier consul. • Chacun de ces préfets (et son sous-préfet) s’appuyait sur un conseil de préfecture, chargé de veiller au bon fonctionnement de l’administration. Les conseils régionaux n’étaient désormais plus élus, mais nommés. • À l’échelon inférieur, on retrouvait les 36 000 communes. Les maires s’occupaient de l’administration, de la police locale, ainsi que de la répartition de l'impôt.

  18. Mais la pièce de résistance de la restructuration administrative, c’est le code civil, dont une première ébauche avait été rejetée en 1801, avant d’être adoptée, après de longs travaux, le 21 mars 1804. • L’objectif était de fusionner les acquis de la révolution et l’héritage de l’Ancien régime, unifiant le droit civil de la France. Favorable à la bourgeoisie, ce texte, qui a grandement évolué depuis le XIXe siècle, reste encore aujourd’hui le fondement du droit français et inspira de nombreux codes civils à travers le monde. • La création en 1802 de l’ordre de la Légion d’honneur constitue un bon exemple du triomphe d’une conception élitiste de la société. Cela étant, et même si cette décision souleva de nombreuses critiques, il ne remet pas en question le triomphe du mérite sur la naissance. • En 1802, Bonaparte demanda une révision de la constitution en sa faveur. Le 8 mai 1802, le sénat lui accorda à dix années de mandat supplémentaires.

  19. Puis le 4 août 1802, le sénat promulgua la constitution de l’an X qui augmentait le pouvoir du premier consul. • Bonaparte était désormais consul à vie, avait le droit de grâce, pouvait signer seul les traités, et avait un droit de regard sur son successeur. • Le Sénat voyait ses pouvoirs accrus, au détriment de ceux du Tribunat et du Corps législatif. Le texte, adopté par plébiscite, constitue une étape supplémentaire vers la restauration d’un pouvoir de type monarchique. • Cela est encore plus évident avec la restauration de pratiques disparues dans la foulée de la révolution : une cour réapparait aux Tuileries et suite au Concordat, le premier consul se mit à assister à la messe tous les dimanches. Il tentait ainsi de fusionner le prestige de l’État et les acquis de la révolution. • La personnalisation du régime franchit une étape supplémentaire quand en 1802, le 15 août, anniversaire du premier consul, devint la journée de la fête nationale.

  20. 2 – opposition intérieure 2.1 – Les royalistes • Les thermidoriens accordèrent l’amnistie aux rebelles vendéen et en février 1795, un traité mit fin à la guerre de Vendée, octroyant la liberté de culte aux réfractaires et une certaine indemnisation des victimes, en échange de la reddition des Vendéens. • Le 20 avril 1795, c’est au tour de certains chouans de faire la paix à des conditions semblables. Ceux qui refusèrent de signer s’engagèrent à abandonner la lutte. L’incendie de l’ouest était pour le moment éteint. • Mais avec la fin de la Terreur, de nombreux royalistes réapparurent, reprochant à la révolution son incapacité à sortir le pays de la crise dans laquelle il se trouvait.

  21. Ces critiques conduisirent à une revanche monarchiste qui prit le nom de Terreur blanche, virulente en province. • En mai 1795, à Lyon des royalistes éliminèrent sans distinctions prêtres jureurs, jacobins et protestants. Cette terreur se manifesta inégalement sur le territoire, violente dans le midi, totalement absente de Normandie. • Le sommet de la crise fut atteint à l’été 1795, mais la réplique de la Convention ne survint qu’à la fin de l’année, la mort en captivité de Louis XVII le 8 juin 1795 déchainant la colère des royalistes. • Les royalistes comptait sur l’Angleterre, isolée par les défaites de ses alliés et désireuse de maintenir la pression sur la France. • Charles, comte d’Artois (frère cadet de Louis XVI), était parvenu à recruter une armée d’émigrés au cours des mois précédents. Les Britanniques s’étaient engagés à fournir les armes, l’argent et les navires.

  22. En juin 1795, après que la flotte anglaise soit parvenue à débarquer des forces armées issues de l’émigration, les Vendéens se soulevèrent, suivis par les chouans. • Mais l’aile militaire des royalistes était aussi désunie que son aile parlementaire et les forces locales, pauvres et affamées toléraient mal la collaboration avec l’armée d’émigrés, vêtus d’uniformes anglais. • Cette situation favorisa l’armée républicaine et en juillet 1795, à Quiberon, les royalistes furent attaqués et défaits. Certains regagnèrent les navires anglais qui se gardèrent d’intervenir. Quelques chouans parvinrent à s’enfuir, mais le gros des forces royalistes fut capturé et 750 personnes furent condamnées à mort. • Les royalistes lancèrent un appel aux armes le 4 octobre et marchèrent sur la Convention, audace qui se conclut par une répression qui fit environ 300 morts, en plus de ceux condamnés à la guillotine. Un décret fut voté, excluant de l’administration séditieux et émigrés.

  23. Avant de se séparer la Convention votant une amnistie pour les Montagnards condamnés depuis thermidor et de nombreux généraux jacobins furent réintégrés dans l’armée. Plusieurs milliers de soldats furent envoyés en province afin de réprimer la Terreur blanche.  • Les principaux meneurs royalistes furent capturés au début de 1796 puis exécutés à la fin de l’hiver. Décapité, le mouvement ne parvint plus à s’opposer de front aux forces armées. • Des mesures d’apaisement furent alors prises à l’endroit de la Vendée, dont le rétablissement du culte catholique et l’armistice pour les insurgés qui déposaient les armes. • Tout cela permit la fin de cette 2e guerre de Vendée à l’été 1796, même si la paix demeura précaire comme en témoignent les soulèvements de 1799, 1815 et 1832. • Les forces républicaines, purent ainsi se tourner contre les chouans, qui avaient de même repris les armes suite au débarquement manqué de Quiberon.

  24. Ils furent vaincus, mais ici aussi, la paix demeura fragile et on vit par la suite d’autres soulèvements (en 1799, 1832 et 1845). • Près de 300 000 insurgés vendéens et chouans auraient été victimes de la guerre, les forces républicaines ayant à déplorer la perte d’environ contre 30 000 soldats. • Brumaire fit taire une partie des monarchistes, mais pas tous. Les royalistes légitimistes voyaient d’un très mauvais œil l’usurpateur corse, surtout que le retour d’un pouvoir de type monarchiste leur enlevait de nombreux appuis et les privait d’un important argument. • Le futur Louis XVIII, constatant les mesures mises en place par Bonaparte, invita le premier consul à le restaurer sur le trône, sans succès. • Les royalistes multiplieront les tentatives d’assassinat contre le premier consul. La conspiration des poignards et l’attentat de la rue Saint-Nicaise le 24 décembre 1800 figurent parmi ces nombreuses tentatives.

  25. Dans les deux cas, la répression s’abattra sur les milieux royalistes, leurs meneurs étant condamnés à mort. • Le complot de 1804 eut des conséquences plus importantes, alors qu’anciens chefs des guerres de l’ouest et militaires déchus font front commun en pour assassiner Bonaparte. • Grâce à la police de Fouché, les conjurés furent arrêtés et soumis à des interrogatoires, où le nom de Louis Antoine de Bourbon-Condé, duc d’Enghien, fut mentionné. Un Bonaparte furieux en vint rapidement à le considérer comme la tête pensante de la conspiration. • Le premier consul ordonna à ses soldats de franchir le Rhin, afin d’enlever le duc d’Enghien. L’opération (17 mars 1804) fut un succès et le duc amené à Paris. • Rien ne permettait d’établir sa culpabilité, même si l’enquête révéla que le duc était à la tête d’un réseau royaliste. Mais Napoléon avait besoin d’un coupable.

  26. Le 20 mars 1804, à l’issue d’un procès sommaire, le duc fut jugé et vers deux heures du matin, il fut fusillé dans les fosses de Vincennes. • L’exécution peut être vue comme un signal fort envoyé aux républicains pour de cimenter les fondations de l’Empire français qui naîtra sous peu. Les meneurs de la conjuration furent soit exécutés, soit condamnés à l’exil.

  27. 2.2 – Les radicaux et libéraux • Le gouvernement doit constamment recourir à l’un des deux extrêmes du spectre politique pour vaincre l’autre. Comme ce mouvement renforce cet allié temporaire, il faut à nouveau lancer une offensive. • À la fin de 1795, que diverses mesures sont prises pour réhabiliter de nombreux personnages associés à la terreur ou au radicalisme. • C’est le cas de Camille « Gracchus » Babeuf (1760-1797), membre important de l’organisation des sans-culottes, qui défend des thèses égalitaristes radicales, qui pour une fois incluent le droit des femmes. • Après Thermidor, Babeuf s’était lancé dans une surenchère, mettant sur pied un journal particulièrement radical, Le tribun du peuple, Accusé d’outrage envers les institutions, il est arrêté en février 1795.

  28. Par la loi d’amnistie de 1795, il reprend ses activités, attirant l’attention des autorités. En février 1796, le club du Panthéon, où les partisans de Babeuf rencontraient les jacobins réhabilités fut fermé : l’armée somma la foule de se disperser, arrêtant quelques membres, mais Babeuf s’enfuit et poursuivit la lutte clandestinement. • Babeuf et diverses personnalités de la gauche radicale, mirent sur pieds une organisation, la Conjuration des Égaux, dont le programme préfigure le communisme. • Ils proposent l’établissement d’une égalité complète, politique et économique, entre autres par le biais de la collectivisation des terres et des moyens de production. • Le 16 avril 1796, le Directoire décida de punir de mort ceux qui s’en prenaient à la légitimité des chambres, réclamaient le retour de la royauté, l’application de la constitution de 1793, ou la mise en place d’un régime de partage des biens. Les légions de police, peuplées de nombreux babouvistes, furent dissoutes.

  29. L’offensive contre le mouvement eut lieu le 10 mai 1796, alors que Babeuf et ses partisans furent arrêtés. À deux reprises, la population tenta de les libérer évader. • En février 1797, les conjurés sont déférés devant un tribunal qui les accusent d’avoir voulu renverser le gouvernement. • Babeuf et son Darthé sont condamnés à mort et guillotinés le 27 mai. Six autres accusés sont condamnés à la déportation et 56 autres acquittés. • Babeuf meurt, mais ses idées auront par la suite maintes occasions de se manifester, en 1830 par exemple. • Les Jacobins ne meurent pas pour autant et les élections du printemps 1799 verront l’élection de plusieurs d’entre eux. • Mais après le coup d’État de brumaire, ils sont évincés de l’appareil d’État et n’ont pas de raisons particulières d’apprécier le premier consul.

  30. S’appuyant sur Fouché, Bonaparte décida de poursuivre certains de ces anciens députés. Les plus virulents furent condamnés au bagne, les autres furent emprisonnés. • Fouché en profita pour régler des comptes et se débarrasser de témoins gênants, faisant porter sur les jacobins la responsabilité de l’attentant du 24 décembre 1800. La résistance jacobine sera réduite à néant entre 1801 et 1802. • En ce qui concerne les forces libérales, d’abord favorables au coup d’État, l’orientation du premier consul vers la reconstitution d’un État autoritaire favorise la montée du mécontentement. • Une part de ces modérés, demeurés fidèles aux idéaux de 1789, tentèrent d’infléchir ce tournant autoritaire, mais sans parvenir à se faire entendre.

  31. La mise en place de la Légion d’honneur cristallisa les critiques, de même que la signature du Concordat, qui portait atteinte à la constitution civile du clergé, ainsi que le premier projet de code civil, jugé trop conservateur et rejeté en 1801. • Mais l’opposition étant légaliste et parlementaire, Bonaparte n’eut pas à recourir à la violence contre elle, se limitant à utiliser les ressources légales et constitutionnelles. • Ainsi, en 1802, Bonaparte supprima 20 % des sièges du Tribunat et les députés les plus hostiles au premier consul furent congédiés, pour être éventuellement remplacés par des proches de Bonaparte. De même, le Tribunat fut divisé en trois sections et interdiction fut faite de réunir l’ensemble des députés lors d’une session.

  32. 3 – Économie et société 3.1 – Économie • Thermidor ne change rien à la situation économique et à la fin de l'année 1794, la crise économique sévit toujours. À cette date, l’État avait imprimé des assignats pour une valeur de 45 milliards de livres, alors que la valeur des biens du clergé ne s’élevait qu’à 3 milliards. • Avec un retour au libéralisme politique, le libéralisme économique devait revenir : le 24 décembre, la loi sur le maximum des salaires fut supprimée, et la bourse de Paris rouvrit en octobre 1795. • Cela n’empêcha pas la disette de l’hiver 1794-1795, les problèmes provenant de facteurs objectifs, comme la faiblesse des récoltes et les difficultés de transport. Conséquemment, l’hiver fut plutôt agité.

  33. L’assignat fut supprimé en février 1796 et les planches à billets furent brûlées sous les hourras du peuple. • Venu remplacer l’assignat, (le gouvernement craignant un retour à la monnaie métallique alors que celle-ci restait rare), le mandat territorial connut en quelques mois le même sort que son prédécesseur. • À la fin avril, le mandat avait perdu 90 % de sa valeur et fut abandonné en 1797. On revint à la monnaie métallique, jusqu’à ce que la Banque de France reprenne à partir de 1803 l’émission de papier-monnaie. • Afin d’améliorer l’état des finances qui demeurent précaires, le gouvernement tente un emprunt obligatoire de 600 millions sur le quart le plus riche des contribuables. Six mois après la date fixée, seuls 150 millions avaient été réunis. • Des mesures radicales durent donc être prises pour améliorer la situation financière de l’État.

  34. La loi du Tiers consolidé de 1797 déguisa un défaut de paiement sur sa dette, abandonnant les garanties qu’il offrait sur les deux tiers de celle-ci. Cette mesure attira bien sûr de nombreux reproches au régime. • Le système d’imposition est modifié, les impôts directs abaissés et on s’emploie à améliorer le système de perception. En 1798, un quatrième impôt direct, dit des portes et fenêtres fut ajouté. • La baisse des impôts directs est compensée par la multiplication des impôts indirects. Les sommes prélevées s'accroissent, mais elles ne parviennent pas à compenser les dépenses de l’État, qui continue à extorquer les pays conquis pour le quart de son budget. • Le Directoire dote le pays d'institutions financières semi-publiques efficaces et s’emploie à poser les bases du développement économique : des banques privées font leur apparition, qui permettront le développement d’un tissu industriel, commercial et entrepreneurial solide.

  35. La période du Consulat voit les résultats des efforts du directoire et Bonaparte n’aura pas grand-chose à modifier ou à ajouter. • Mais il s’emploie à rationaliser les dépenses de l’État et le système de taxation, pour le rendre plus juste, afin de rétablir la confiance des Français dans l’État. • La manifestation la plus évidente de cette politique de confiance sera la création en février 1800 de la banque de France, qui avait comme objectif de fournir des avances à l’État, en attente de la rentrée des impôts. Fut alors créé le franc germinal le 7 avril 1803. • On assiste à une rationalisation de l’implication économique de l’État, alors que le gouvernement se dote d'outils pour étudier la population et l'économie. • Afin de stimuler l'économie, le régime a recours à des entreprises mettant en valeur les initiatives intéressantes dans les domaines agricoles et industriels.

  36. La presse est utilisée afin de diffuser les innovations, ce qui favorise l’accroissement de la production, par l'adoption progressive de nouvelles techniques d'irrigation, d'outillages, et de cultures, dont celle de la pomme de terre qui se popularise et a impact majeur sur la sécurité alimentaire. • Bien sûr, une partie de la population paysanne reste réticente aux changements et les innovations ne s'implantent pas uniformément sur le territoire. • Au plan industriel, ion assiste a un accroissement du nombre d’usines et de la classe ouvrière. Le processus de mécanisation se développe, mais la modernisation est ralenti par le manque de capitaux disponibles, • Le commerce intérieur est gangréné par l'insécurité, le brigandage et le mauvais état des routes, même si à l’inverse, les conquêtes favorisent le grand commerce international.

  37. 3.2 — Société • En 1795, la République compte 32 millions d'habitants, dont 28 millions sur le territoire de l'ancien royaume. Le bilan démographique depuis la révolution est positif, avec un taux de natalité supérieure à la mortalité. • La population est jeune et en grande majorité rurale : on compte alors 5 millions d’urbains, répartis dans trois grandes agglomérations de plus de 100 000 âmes, dans quelques centres d'importance moyenne et dans de nombreuses petites villes. • La principale différence entre la société française de 1795 et celle d’avant la révolution, c’est la disparition des ordres privilégiés. • Le clergé existe, mais son pouvoir a disparu en même temps que le régime qui s’appuyait sur lui.

  38. Quant à la noblesse, une part importante de ses membres sont partis ou morts au cours du processus révolutionnaire. • Les nobles qui sont toujours présents ont conservé leurs propriétés foncières sur lesquelles ils ne perçoivent plus de droits seigneuriaux, mais touchent les fermages. Par leurs revenus, par leur genre de vie, ils se rapprochent de la classe dominante, la bourgeoisie. • Cette dernière est la grande gagnante de la révolution, mais elle demeure hétérogène : certains ont souffert de la Révolution, alors que d’autres en ont profité. • Parmi les premiers, on compte ceux qui ont émigré et dont les biens ont été confisqués : officiers et hommes de loi d’ancien régime, rentiers ruinés par l'inflation. • Ceux qui possèdent des terres ou des biens immobiliers, qui ont placé leurs capitaux dans des banques étrangères et se consacrent à l'industrie, au commerce ou aux activités bancaires, ont pu profiter de la situation.

  39. La période du Directoire voit l'ascension d'une bourgeoisie entrepreneuriale qui va donner à ses enfants une éducation leur permettant de devenir fonctionnaires ou de s'orienter vers les professions libérales. • On voit aussi l'apparition de nouveaux riches qui ont fait fortune rapidement par des moyens plus ou moins honnêtes, comme les fournisseurs aux armées. • C’est à ce groupe de la bourgeoisie, à qui la population reproche son immoralité, sa vénalité et sa corruption, que se rattachent des opportunistes comme Barras, Tallien ou Talleyrand. • Les merveilleuses et les incroyables, jeunes gens excentriques et oisifs, qui vouent une haine mortelle à la révolution à qui ils doivent tout, sont issus de ce milieu. Malgré la disgrâce qui frappera certains de ces bourgeois sous le consulat, leur fortune est déjà faite.

  40. Ils sont cependant peu nombreux et à Paris comme en province, la bourgeoisie est surtout constituée de familles honnêtes et dont les enfants formeront les cadres de la nation pendant tout le XIXe siècle. • La classe ouvrière demeure faible numériquement, même si elle est en croissance. Elle est constituée de deux sous catégories, artisans libres et ouvriers des manufactures, qui sont cependant encore peu nombreuses. • Leurs conditions de vie ont peu changé, car si les salaires sont plus élevés qu'en 1789, ils demeurent faibles et le chômage continue de faire peser sur eux une menace permanente et qui se matérialise en cas de mauvaise récolte. • Ce sera le cas au printemps de 1796, alors que des émeutes éclatent dans les villes moyennes. Les pouvoirs publics essayent d'y remédier en créant des bureaux de bienfaisance et en distribuant des vivres.

  41. Les paysans continuent de représenter la grande majorité de la population française. • Le nombre de propriétaires est plus grand qu'en 1789, mais il y a plus de paysans riches qui se sont enrichis, que de simples paysans qui sont devenus riches, surtout que les administrations favorisent la vente des lots étendus, afin d'éviter le morcellement excessif de la terre.

  42. 3.3 – Liberté d’expression • La liberté d’expression fait partie des principaux gains obtenus par la bourgeoisie libérale dans sa lutte contre la monarchie, mais les pressions politiques et le contexte tendu des années qui suivent le renversement de la monarchie ont mis à mal cette liberté. • L’évolution des pressions sur la presse et l’opinion suit l’évolution politique. En 1790, les courants monarchistes, sans être ouvertement brimés, préfèrent garder un profil bas, et le mouvement s’accentue au fur et à mesure de l’établissement de la Terreur. • Même si, la liberté de presse n’a pas été suspendue en 1793-1794, la « censure de l’échafaud » suffit à faire taire les courants antiterroristes. À l’Ouest ou dans les villes « fédéralistes », on constate le phénomène inverse, alors que les jacobins préfèrent se faire discrets.

  43. Paris avait plus de moyens pour contraindre l’opposition. Après les procès contre les cordeliers, l’arme économique est utilisée par le gouvernement, qui limite les subventions de l’État aux journaux favorables au gouvernement, qui sont alors plus diffusés et plus lus. • Après thermidor, des voix à droite et à gauche s’élèvent pour que soient mises en place les conditions d’une réelle liberté d’expression. Sans attendre les décisions de la Convention, une grande liberté d’opinion apparaît à nouveau. • Cela ne durera pas très longtemps, car la montée d’un courant antijacobin et revanchard entraîne une pression sur la presse de gauche : en 1795, c’est au tour des jacobins de se cacher et de faire profil bas. • La chose est encore plus évidente si on tient compte d’autres phénomènes, comme les attaques physiques ou encore les pièces de théâtre dans lesquelles on fustige les anciens dirigeants.

  44. Les Jacobins aux Enfers. Jean Touze (1795)

  45. Et les positions des uns et des autres n’ont de cesse de se télescoper en fonction des purges politiques et des luttes institutionnelles : en 1795, de nombreux jacobins sont réhabilités et se joignent au Club du Panthéon, qui est fermé l’année suivante lorsqu’une nouvelle purge s’abat sur la mouvance radicale. • Tous les mouvements d’opinion sont pris dans ce cycle tolérance-purge-tolérance, déterminé par le contexte. • Bonaparte rétablit l’ordre et la cohérence, à défaut de la liberté d’expression. Dès sa première année à la tête de l’État, il interdit la publication d’une centaine de journaux. La presse, instrumentalisée, doit simplement soutenir le pouvoir et taire ses critiques. • On retrouve une politique semblable dans le domaine artistique, Napoléon comprenant l’utilité d’un art de propagande pour asseoir son pouvoir. Sa relation étroite avec le peintre David en constitue une remarquable illustration.

  46. Le sacre de Napoléon. Jean-Louis David (1807)

  47. 3.4 – Religion et mentalités • Malgré la déchristianisation, le catholicisme demeure la religion de la majorité. Ainsi, 1795 est marqué par un renouveau religieux : réouverture des églises, reprise du culte réfractaire. • Mais les catholiques sont divisés, entre le nouveau clergé, qui souffre du développement d’un courant réactionnaire et l’Église des réfractaires qui voit sa position renforcée par le retour des prêtres émigrés. • Après Fructidor, on assiste à une reprise de la persécution religieuse qui provoque un désarroi chez les catholiques, d'autant que la destruction de l'État pontifical en 1798 par Napoléon et la mort de Pie VI en 1799 semblent annoncer la disparition du catholicisme. • Mais le Consulat et le rétablissement d’un régime absolutiste porte en lui le retour du catholicisme.

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