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Leçon 1 : Introduction Recherches sur la perception précoce de la parole

Leçon 1 : Introduction Recherches sur la perception précoce de la parole. http://www.ulb.ac.be /cours/ leybaert . Plan du cours : de la naissance à 7-8 ans. Introduction : Les questions théoriques Les habiletés de perception précoce de la parole

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Leçon 1 : Introduction Recherches sur la perception précoce de la parole

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  1. Leçon 1 : IntroductionRecherches sur la perception précoce de la parole http://www.ulb.ac.be/cours/leybaert

  2. Plan du cours : de la naissance à 7-8 ans • Introduction : Les questions théoriques • Les habiletés de perception précoce de la parole • Le développement des habiletés de production de la parole • Le babillage; théories motorique (évolutionniste) et linguistique • Les bases biologiques d’acquisition du langage • Le lexique précoce • Les 50 premiers mots, l’explosion lexicale; l’influence de la langue d’apprentissage • Acquérir le sens des mots : sous=extensions, sur=extension • Les contraintes cognitives : fast mapping, … • Les chiens comprennent-ils lorsqu’on leur parle ?? • Approche pragmatique : précurseurs du langage et interactions précoces • attention conjointe, tours de parole, routines d’interaction, le langage adressé aux enfants (motherese, mamanais) • Les robots • L’acquisition des structures syntaxiques • Les holophrases, la théorie pivot • La grammaire universelle (Chomsky); l’hypothèse « meaning=based »(Tomasello) • les chimpanzés construisent-ils des phrases ? • Approche computationnelle : l’acquisition du passé

  3. Et encore … • La compréhension du discours, la cohésion (références), les métaphores • Les pathologies d’acquisition du langage oral • Troubles spécifiques du langage : bases génétiques ou ??? • L’acquisition de la langue des signes • Le bilinguisme précoce

  4. Organisation • Exposés • Lectures (en français généralement) relatives à chaque thème • 2005-2006 : Examen Ecrit en janvier sur le cours : questions ouvertes • Connaissances • Âges de développement • Définitions • Compréhension des polémiques • Vrai ou faux • Mémorisation et exposé d’un problème • Question de restitution • Question de discussion

  5. Quelques ouvrages de référence en français • Kyra Karmiloff & Annette Karmiloff-Smith (2001). Comment les enfants entrent dans le langage. Paris, Ed. Retz. • (de la vie in utero à l’adolescence) • Michèle Kail & Michel Fayol (Eds.) (2000). L’acquisition du langage. • Vol. 1. Le langage en émergence : De la naissance à 3 ans. Paris, Presses Universitaires de France. • Vol. 2. Le langage en développement. Au-delà de 3 ans. • Bénédicte de Boysson-Bardies (1996). Comment la parole vient aux enfants. Paris, Ed. Odile Jacob • (De la naissance à deux ans) • Steven Pinker (1994). L’instinct du langage. Paris, Ed. Odile Jacob • Jean Rondal & X. Seron (Eds.) (1999). Troubles du langage : Bases théoriques, diagnostic et rééducation. Sprimont (Belgique): Pierre Mardaga

  6. 2006-2007 • Sept: 19, 26 • Oct : 3, 10, 17, 24 • Nov: 7, 21, 28 • Déc: 5, 12, 19 • Exposés JL • Exposés étudiants • Évaluation : présentation orale + travail écrit

  7. Un peu de théorie(s) • 1. Années ’50 : domination du behaviorisme (Skinner, Watson) sur les sciences sociales : le langage, comme tout autre comportement animal se développe chez les enfants en fonction du renforcement externe (conditionnement opérant) • L’enfant apprend le langage comme un rat apprend à pousser un bouton, par sensibilité aux récompenses (voir J.P. Bronckaert, Théories du langage, Mardaga, 1977)

  8. 2. Années ’60 : Chomsky : LAD (language acquisition device, ou « language faculty »), contient des contraintes spécifiées de façon innée sur les formes possibles qu’un langage humain peut prendre : grammaire universelle et phonétique universelle • Le langage = un des premiers exemples de module (Fodor) : spécifique à un domaine, inné, et « informationally encapsulated » (voir M. Kail; Perspectives sur l’acquisition du langage) • « pauvreté de l’input » : Les inputs ne peuvent suffire à rendre compte de l’acquisition d’une grammaire complexe, ne fournissent pas assez d’exemples pour que le cerveau construise les structures grammaticales en partant de zéro • Générativité : L’enfant doit être équipé de façon innée d’un plan commun aux grammaires de toutes les langues, une « grammaire universelle », ensemble de principes qui sous-tend chacune des langues présentes dans le monde • Développement : croissance du module langagier • Rôle de l’input : déclencher les « paramètres »

  9. Chaque phrase entendue ou prononcée est une combinaison nouvelle de mots qui apparaît pour la première fois dans l’histoire. Donc : un langage ne peut pas être un répertoire de réponses à des stimuli. Le cerveau doit contenir un programme (« grammaire mentale ») capable de construire un ensemble de phrases illimité à partir d’une liste de mots limitée. • L’enfant développe cette grammaire complexe rapidement et sans enseignement formel. En grandissant il arrive à interpréter des constructions de phrases nouvelles qu’il n’a jamais rencontrées auparavant. • Quand l’enfant tu « Tu me gigotes » ou « J’ai prendu les bébés lapins », cela ne peut pas être de l’imitation (<> Skinner, behaviorisme) • Les mécanismes cérébraux supportant le le langage sont innés et propres à ce domaine • Pinker (1994) : « L’instinct de langage »

  10. Pinker: « les exemples montrent que la grammaire complexe existe dans tout l’éventail des habitats humains. Point n’est besoin d’avoir quitté l’âge de la pierre, ni d’appartenir à la classe moyenne, ni de bien réussir à l’école,..Vos parents n’ont pas besoin de vous immerger dans le langage, ni même de bien maîtriser une langue. Vous n’avez pas besoin du bagage intellectuel … Vous pouvez posséder tous ces avantages, sans pourtant être un utilisateur compétent du langage, s’il vous manque seulement les bons gènes ou les bons fragments du cerveau » • Qu’en pensez-vous ??

  11. 3. Point de vue cognitiviste : Piaget • Lien entre le développement du langage et le développement conceptuel • Ex: permanence de l’objet sous-tend les débuts de l’utilisation du mot • Capacités d’emboîtement (poupées russes l’une dans l’autre) : fondement de la compréhension de l’enchâssement des phrases (H. Sinclair) • Ce sont des mécanismes généraux d’apprentissage (développement cognitif) qui s’appliquent au traitement de l’input linguistique • Émergence tardive de la fonction symbolique (capacités précoces ??)

  12. 3. Point de vue interactionniste (Vygotsky, Bruner, Tomasello) • L’interaction sociale est critique pour l’acquisition du langage (sens des mots, structures syntaxiques) • Précurseurs : Rôle de l’attention conjointe, du tour de rôle • Le but de l’adulte et de l’enfant est d’arriver à se comprendre pour pouvoir réaliser ensemble des activités et partager des états mentaux (intentionnalité) • Notion de « format d’interaction » (Bruner) : structure de base d’un échange prototypique, comme dire « au revoir », « coucou »; les énoncés produits par les interlocuteurs sont des éléments du format; répétition

  13. « Le langage humain est unique, conduit par qq chose d’inné. C’est la capacité à l’acquérir qui est innée : la très longue période d’apprentissage postnatal peut jouer un rôle adaptatif considérable. Le langage n’est vraiment « nouveau »du point de vue de l’évolution que dans la mesure où il permet de nouvelles utilisations de capacités plus anciennes. Les circuits spécialisés pour le traitement du langage n’ont donc rien d’inné : ils émergent au cours du développement de l’interaction du cerveau avec l’environnement linguistique. Le langage devient une fonction spécialisée du cerveau humain ». (K & KS, pp. 245-246) Discussion INNE/ACQUIS …. Y compris pour la circuiterie cérébrale • Chaque option théorique influence à la fois les hypothèses que l’on construit et la manière dont on interprète les données de la recherche

  14. Plan de la leçon 1 • QQs phénomènes intéressants à propos de la perception des phonèmes • L’absence d’invariants acoustiques • La perception catégorielle • La perception catégorielle fait-elle partie de l’équipement linguistique inné du bb humain ? • Les catégories naturelles, universelles • Expérience de Eimas (1971) sur la perception du voisement • PC pour les autres contrastes : lieu, manière,nasalité • PC pour les contrastes non-natifs • Les mécanismes sous-jacents : auditifs ou linguistiques ? • Changements de la sensibilité à certains contrastes phonétiques • Changements dans la perception des contrastes non-natifs : Werker & Tees, 1984 • Quelle explication pour ce déclin ? • Changements développementaux dans la perception des voyelles • Sensibilité des bbs aux voyelles prototypiques de leur langue (Kuhl et al., 1993) • Etude inter-langue sur les bébés de 6 mois • Le Perceptual Assimilation Model (Best, 1993) • Conclusion sur les capacités précoces de perception de la parole des bébés

  15. leçon 1 (suite) • Apprentissage par sélection • Qu’est-ce qui attire l’attention des bbs vers la parole ? • Expérience pré-natale • Le visage humain : un stimulus attractif • Sensibilité des bbés à la cohérence audio-visuelle : à 4 mois, à 2 mois • Expérience de Kuhl & Meltzoff

  16. Organisation • Lectures • J. Bertoncini & De Boysson-Bardies (2000) : La perception et la production de la parole avant deux ans . In : M. Kail & M. Fayol : « L’acquisition du langage », Paris, PUF • De Boysson-Bardies, B. (1996). « Le nourrisson ne parle pas, mais … » In : Comment la parole vient aux enfants (chap. 1). Ed. Odile Jacob • P. Jusczyk (1997). « Early research on speech perception » et « How speech perception develops during the first year ». In : The discovery of spoken language, M.I.T., chapitres 3 & 4.

  17. Des phénomènes intéressants à propos de la perception des phonèmes

  18. 1. L’absence d’invariants acoustiques • Laboratoires Haskins (1950); Alvin Liberman & F. Cooper: développement d’une machine à lire pour les aveugles • Détecter les propriétés acoustiques invariantes qui correspondent à chaque phonème dans une langue donnée et mettre en ordre les séquences correctes de phonèmes pour chaque mot • Les conséquences de la co-articulation dans les syllabes CV • Pas de « portion » du signal correspondant à la consonne seule • Pas de propriétés communes à une consonne à travers tous les contextes vocaliques (voir Fig. 3.1) • le cas du phonème /d/ : le second formant (au-dessus) a une transition ascendante dans certains contextes vocaliques, et descendante dans d’autres • Le premier formant n’est pas un invariant acoustique de l’identité de la consonne : il est identique pour /b/, /d/, /g/ dans un contexte vocalique donné

  19. 2. La perception catégorielle (PC) • Contrairement à ce qui se passe pour beaucoup de signaux acoustiques pour lesquels la capacité de discrimination inter-stimuli excède l’habileté à assigner des noms différents, les habiletés des récepteurs à distinguer des contrastes de consonnes plosives ne sont pas meilleures que les habileté à assigner les stimuli à des classes phonémiques différentes • L’habileté à discriminer deux stimuli appartenant à la même catégorie phonémique est faible (cf Fig. 3.3) • Phones, allophones, phonèmes • Les invariants se trouvent dans les capacités perceptives, pas dans le signal

  20. PC est-elle « speech specific »? • La PC est d’abord considérée comme « speech-specific » : les locuteurs perçoivent les mêmes différences acoustiques de façon catégorielle dans un contexte « parole » et de façon continue (donc meilleure discrimination des différences intra-) dans un contexte de « non-parole » • PC = appauvrissement de la perception ? • Utilité : les sons de la parole sont produits par tractus vocaux de différentes longueurs, formes; la PC permet de ne pas tenir compte des variations du son de la parole qui sont non-pertinentes pour distinguer des mots avec signification différentes • La découverte de la PC a orienté les recherches vers « comment les adultes, les bébés … identifient-ils les phones (plutôt que les mots); l’hypothèse sous-jacente = la reconnaissance des mots dépend d’un stade antérieur d’identification phonémique

  21. la PC fait-elle partie de l’équipement linguistique inné de l’être humain ? • Contexte théorique : arguments de Chomsky (1965), Fodor (1966), Lenneberg (1967) : certaines habiletés linguistiques ont une base innée plutôt qu’issue de l’expérience • Expérience de Eimas et al. (1971) : habiletés de discrimination du contraste de voisement /pa/-/ba/ chez des bébés de 1 et 4 mois (avant l’apparition du babillage); technique de succion non nutritive (HAS) • voisement : intervalle de temps entre le relâchement de la fermeture du conduit vocal et la vibration des cordes : VOT (voice onset time) • En anglais : • Pour les intervalles où les cordes commencent à vibrer moins de 25 msec. après le relâchement : /b/, voisée • la vibration vient plus de 25 msec. après le relâchement de la fermeture : /p/, non voisée

  22. -70 (/deu/)

  23. +10 (/teu/)

  24. Pour le VOT, on distingue trois catégories universelles, ou naturelles, ou prélinguistiques (Lisker & Abramson, 1964) En français, /b/ est pré-voisé, càd que la vibration des cordes vocales précède le relâchement de la fermeture du tractus vocal

  25. Eimas et al. (1971) • Contrastes qui franchissent la frontière /ba/-/pa/ • Autres contrastes, avec la différence de voisement de même amplitude, qui donnent lieu à la perception du même phonème chez l’adulte (deux /ba/ ou deux /pa) • Comparaison de la perception des contrastes « intra- » et « inter-catégories ». Prédictions ?? • Les bbs de 4 mois (voir Fig. 2) • peuvent déjà discriminer des contrastes de parole • de manière catégorielle • Indépendamment des capacités de production • Aussi à 1mois, qqs jours … • Eimas : La PC (speech-specific) fait partie de l’équipement biologique du bb humain pour le langage • Rôle de l’expérience ou sensibilité innée aux contrastes de l’anglais ??

  26. « Eimas hypothesized that infants’abilities reflected innate « phonetic feature detectors » that evolved for speech and theorized that infants are biologically endowed with neural mechanisms that respond to the phonetic contrasts used by the world’s languages » (Kuhl, 2000)

  27. PC pour les consonnes : autres contrastes • Le phénomène de PC chez les bébés a été démontré pour : • Lieu d’articulation (absence d’invariant acoustique pour les distinctions de lieu à travers les différents contextes vocaliques) • les syllabes /ba/ et /ga/ sont discriminées à 5 mois (Moffit, 1971) et à 2 mois (Morse, 1972); l’exposition à la parole durant les premiers mois de la vie n’est pas nécessaire (Bertoncini et al., 1987) • Distinction Plosive/semi-voyelle :/ba/-/wa/ : à 6-8 mois, ensuite à 2 mois • Distinction orale/nasale : /ba/-/ma/ : à 2 mois et 4 mois • Distinction /ra/-/la/ (acquise tard dans la production) : à 2-3 mois chez les bébés américains (et les japonais??)

  28. PC pour les contrastes non-natifs chez les bébés • Intérêt : Pour savoir si les capacités de discrimination sont déterminées de façon innée ou basées sur l’expérience d’une langue particulière • Les bbs Kikuyu (dont le langage comporte le contraste pré-voisement – voisement) de 1 à 4 mois sont capables de distinguer les paires voisées/non-voiséesde l’anglais, malgré leur manque de familiarité avec ce contraste (Streeter, 1976) • Les bbs guatémaltèques (4 mois ½ à 6 mois) exposés à l’espagnol à la maison, discriminent les contrastes -60/-20, +20/+60 et pas le contraste -20/+20; Leurs performances ressemblent à celles des anglais, mais pas à celles des adultes espagnols (sensibles à -20/+ 20, car 0 msec = contraste de voisement en espagnol) Interprétation ?? (Lasky, Syrdal-Lasky, & Klein (1975) • Autres études confirmant que les bbs perçoivent contrastes non-natifs (Jusczyk., p. 55)

  29. PC : dispositions précoces • les possibilités de catégorisation des contrastes de la parole par les bébés reflètent une sensibilité à des frontières générales de voisement : les contrastes Kikuyu et anglais sont mieux discriminés parce qu’ils sont plus proches des frontières perceptives innées des bébés que le contraste espagnol • La discrimination du contraste de voisement espagnol (et français !) nécessite un ré-alignement (Aslin & Pisoni, 1980) des catégories perceptives du bébé, sur base de l’expérience de la langue (idem en français) • Cf mémoire Ingrid Hoonhorst, 2004 (rythme cardiaque chez les bébés francophones, sensible aux frontières de voisement 0 et +30 msec.)

  30. PC : conclusions • Les bébés naissent avec la capacité de discriminer les contrastes qui peuvent apparaître dans toutes les langues du monde • L’expérience linguistique contribue au placement de nouvelles frontières perceptives pour des locuteurs d’une langue donnée

  31. Les mécanismes sous-jacents : capacités auditives générales ou spécifiques au traitement de la parole ? • L’hypothèse d’un traitement spécialisé des sons de la parole a été mise en cause par deux types de données • Les chinchillas, les macaques, perçoivent les différences de voisement de façon catégorielle (Kuhl & Miller, 1978; Kuhl & Padden, 1982); des cailles japonaises ont été entraînées à catégoriser les contrastes de lieux d’articulation (Kluender, Diehl & Killeen, 1987) • Perception catégorielle pour certains bruits « non-parole » (corde pincée, guitare vs frottée, violon)

  32. Conclusions sur la PC (Kuhl, 2000) • la PC est une propriété inhérente du système auditif des mammifères pour le traitement de sons complexes (Studdert-Kennedy, 1993) et non caractéristique de perception « phonétique » propre au domaine de la parole • La différenciation des unités de parole n’implique pas a priori la connaissance des unités phonétiques, mais la capacité de détecter les différences entre elles • Dans l’évolution du langage, les différences acoustiques détectées par le traitement perceptif ont pu influencer la sélection des unités phonétiques utilisées • À l’encontre de l’idée (i) que les unités phonétiques sont préspécifiées chez le bébé; (ii) que le langage a évolué chez les humains sans continuité avec les autres espèces

  33. Des mécanismes spécifiques à l’espèce peuvent être impliqués dans la perception de la parole par l’humain, car : • Cailles nécessitent des milliers d’essais, alors que les bbs manifestent le phénomène en quelques minutes • Macaques discriminent différences lieux d’articulation mais ont besoin de différences plus larges que les bbs humains • « apprentissage guidé par l’inné » : se caractérise par la vitesse à laquelle des comportements relativement complexes se développent en présence de l’input approprié durant une période sensible dans le développement (Jusczyk, 1997)

  34. Les changements dans la perception des contrastes non-natifs • Quand l’input langagier commence-t-il à affecter les capacités à percevoir les contrastes ? • Idée de période critique dans l’acquisition du langage qui se termine au début de l’adolescence (Lenneberg, 1967) : premières études focalisées sur la perte de sensibilité entre la première enfance et l’âge adulte • Werker et Tees (1983) : groupes de sujets anglophones de 4 ans et adultes sur deux contrastes natifs du Hindi : voisement /th/ /dh/ et lieu d’articulation / Ta/ /ta/; les enfants anglophones ont perdu la sensibilité aux contrastes non-natifs, alors que les adultes Hindi et les bébés de 7 mois témoignent de cette sensibilité

  35. Werker & Tees, 1984 • Testing de bbs de différents âges sur des contrastes non-natifs • De 6 à 8 mois, les bbs distinguent tous les contrastes • De 8 à 10 mois, seuls certains bbs discriminent tous les contrastes • Entre 10 et 12 mois, quasi aucun ne témoigne de la discrimination de contrastes non-natifs; au même âge, les bbs n’ont aucune difficulté à discriminer les contrastes de leur langue • Même patron dans étude longitudinale : déclin systématique de sensibilité aux contrastes non-natifs entre 6 et 12 mois • C’est le contexte d’apprentissage de la langue qui semble déterminer si les bbs discriminent ces contrastes (et non un déclin général de la sensibilité de tous les enfants à ces contrastes particuliers)

  36. Quelle explication pour ce déclin ? • « English-learning infants were moving from a phonetic classification of speech sounds to a phonemic classification that reflected the organization of the native language they were acquiring » (Werker & Lalonde, 1988) • Mais : pas de perte permanente de la capacité de discrimination. Avec un entraînement approprié, les adultes récupèrent l’habileté à distinguer des contrastes non-natifs: processus davantage attentionnel que atrophie de la base neuronale • Ce déclin ne se produit pas pour certains contrastes non natifs, tel que le click latéral vs médial en Zoulou : les bbs de 6-8 mois, 8-10 mois, 10-12 mois et 12-14 mois (et même les adultes anglophones) sont tous capables de faire la distinction • Tsushima et al. (1994) à 6-8 mois les bbs japonais distinguent le contraste natif /wa/-/ya/ et le contraste /ra/-/la/; à 10-12 mois, ils sont incapable de distinguer la paire /ra/-/la/

  37. Changements dans la sensibilité aux contrastes phonétiques • Diminution de la sensibilité aux contrastes non natifs durant la 2ème moitié de la première année : les enfants s’adaptent rapidement aux caractéristiques de l’input auquel ils sont exposés • Cette diminution ne se produit pas de façon uniforme pour tous les contrastes; donc l’explication du passage de la perception phonétique à phonémique ne suffit pas • Best (1993, 1995): Perceptual Assimilation Model • les contrastes non natifs qui soit ressemblent à des contrastes natifs différents (1), soit ne ressemblent à aucune catégorie native (4) vont être bien discriminés • Les distinctions associées à une seule catégorie phonémique native sont difficiles à discriminer

  38. L’expérience d’une langue change la perception : le cas des voyelles • Kuhl (1991, 1993) suggère que les catégories de voyelles sont organisées autour d’exemplaires prototypiques du langage natif à l’âge de 6 mois • Les voyelles prototypiques sont des attracteurs perceptifs (« perceptual magnets ») qui diminuent la distance perceptive entre le centre et les frontières de la catégorie de voyelle (cf Fig. 2)

  39. Sensibilité des bbs aux voyelles prototypiques de leurs langue (Kuhl et al., 1993) • But : démontrer que la perception des prototypes phonétiques des voyelles est spécifique au langage dès le 6ème mois • On demande à des adultes de juger des exemplaires individuels d’une voyelle /i/, et le meilleur exemplaire est qualifié de « prototype » (P): un lieu particulier dans l’espace correspondant à la voyelle /i/ • On choisit aussi un non prototype (NP) aussi prononcé /i/ • On créé 32 variants de chacune des 2 voyelles en altérant F1 et F2, qui forment 4 anneaux autour de chaque voyelle, à une distance contrôlée par rapport au stimulus central • Test de discrimination entre chaque exemplaire et son référent (P ou NP) : le prototype est-il perçu comme plus similaire aux variants que le non-prototype ?

  40. Magnet effect • Résultats : le prototype produit un effet « magnet » chez les adultes et les bébés de 6 mois • mais pas chez les macaques : effet spécifiquement humain, lié à une catégorie phonétique (non acoustique; différent de la PC) • NB : chez l’adulte américain : « magnet effect » pour la distinction /ra/ -/la/; les japonais perçoivent une catégorie de sons, pas deux (Fig. 6)

  41. Etude inter-langue sur les bébés de 6 mois • Des bbs américains et suédois sont testés sur des exemplaires P de la voyelle /i/ américaine et /y/ suédoise. Prédictions ?? • Résultats • les bébés américains perçoivent le prototype /i/ américain plus similaire à ses variants que le prototype /y/ suédois • les bébés suédois perçoivent le prototype /y/ suédois plus similaire à ses variants que le prototype /i/ américain • Donc, dès 6 mois, les bbs semblent catégoriser les voyelles selon leur langue maternelle • Les bbs se créent des « cartes mentales » pour la parole, dans lesquelles des ressources neurales sont impliquées; ils développent un « neural commitment » aux propriétés acoustiques de leur langue maternelle

  42. Inverser la vapeur ? L’apprentissage de contrastes non-natifs à 9 mois (Kuhl et al., 2003) • But : tester si (i) la sensibilité aux contrastes non-natifs peut être restaurée, à 9 mois, par l’expérience; (ii) l’apprentissage phonétique est amélioré par l’interaction sociale(cf songbirds) • Exp 1 : • GR EXP : exposition d’environ 5 heures en chinois mandarin, 12 sessions, 25 minutes, 4 semaines (entre 25 000 et 42 000 syllabes) • 15 minutes : jeu avec un locuteur chinois (4 locuteurs différents, hommes et femmes) • 10 minutes : lecture par un adulte d’histoires en mandarin • GR CONT : mêmes interactions, mais en anglais • Les locuteurs utilisent le prénom de l’enfant, font des contact visuels fréquents, « motherese » (fondamentale élevée, contours intonatoires exagérés, indices phonétiques exagérés) …

  43. Contraste : affriquée alvéo-palatale et fricative alvéo-palatale, diffèrent seulement dans le moment d’augmentation maximale de l’amplitude au cours des 130 premières msec • Procédure : Head Turn conditioning • Résultats : (i) les enfants américains exposés au chinois détectent le contraste; les enfants américains exposés à l’anglais de le détectent pas • (ii) Exp. 2 : La parole « live » est nécessaire; enregistrement audio ou audio-visuel ne suffisent pas

  44. Conclusions • L’intervention en langue étrangère affecte la perception phonétique; une intervention à court terme suffit à 9 mois , à condition d’utiliser • Infant-directed speech • Locuteurs multiples • Exagérations des contours intonatoires, des indices phonétiques • Les indices sociaux sont critiques : participation active, attention, gaze following, attention conjointe, …

  45. Conclusions sur les capacités précoces des bébés (1) • Les bbés possèdent les habiletés perceptives sous-jacentes à la discrimination des contrastes phonétiques de tout langage naturel, comme le voisement, le lieu, et la manière dans le cas des consonnes, ainsi que des contrastes vocaliques • Les bbs démontrent une constance perceptive (cf développement cognitif) pour les sons de la parole. Ils tolèrent le type de variabilité acoustique qui accompagne les changements de vitesse d’élocution ou les différences de voix des locuteurs

  46. Conclusions sur les capacités précoces des bébés (2) • A ce stade, on ne peut pas affirmer qu’il s’agisse d’habiletés spécifiques au traitement du langage; l’alternative étant la mise en œuvre de capacités auditives générales dans un domaine particulier • On ne peut pas conclure que les bébés aient une perception innée du « phonème »; leur sensibilité aux différences phonémiques peut reposer sur une perception globale des différences : « bug » diffère de « dug » globalement

  47. Apprentissage par sélection • À partir d’une capacité générale à distinguer tous les contrastes phonétiques, processus de sélection des contrastes pertinents pour une langue donnée • Cf modèle Changeux (L’Homme neuronal): le système nerveux contient d’abord une surabondance de connexions qui sont ensuite élaguées dans le développement • Cf densité synaptique : pic maximal autour de 1 an dans le cortex auditif (5 ans dans le cortex visuel et plus tard dans cortex pré-frontal) • Les changements ont lieu très rapidement (deuxième moitié de la première année), parce que les sons de la parole attirent plus l’intérêt de l’enfant que d’autres types de signaux acoustiques

  48. Origine du biais attentionnel des bbs vers la parole • Rôle de l’expérience pré-natale • Le système auditif commence à fonctionner durant le dernier tiers de la gestation • Le signal qui passe le mieux in utero est la voix de la mère, et principalement ses caractéristiques prosodiques : hauteur (fréquence fondamentale) et rythme (la barrière utérine tend à atténuer à à filtrer le signal acoustique) • Les nouveaux-nés sont capables de reconnaître la voix de leur mère qu’elle ait ou non été filtrée (DeCasper & Fifer, 1980). Ils la préfèrent à celle d’une autre femme à la naissance; ils préfèrent les histoires lues par leur mère pendant les 10 dernières semaines de la gestation

  49. le bb: un être en recherche de stimulation en interaction avec des « faces qui parlent » (John Locke, The child’s path to spoken language, 1993) • Le visage : un stimulus naturellement très attractif pour les bbs, compétents pour traiter des stimuli à signification biologique malgré immaturité développementale • Préfèrent les stimuli qui ressemblent à un visage • Reconnaissent rapidement le visage de leur mère, l’odeur, la voix • « Conscients » des mouvements du visage, en particulier des mouvements de la bouche (Meltzoff & Moore, 1978), qui fournit des informations sur le lieu d’articulation des phonèmes • Attirés par les yeux plus que par toute autre partie du visage (Haith et al., 1977; importance dans la communication sociale : émotions, intentions)

  50. Sensibilité des bbs de 3-4 mois à la synchronisation entre activité de la bouche et activité vocale • Dodd (1979) : 10/12 bbs (10 à 16 semaines) passent plus de temps à ne pas regarder le visage d’une femme qui raconte des comptines, lorsque le son et l’image sont désynchronisés de 400 msec que lorsqu’ils sont synchrones

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