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Métallurgie en Haute-Marne

Métallurgie en Haute-Marne. Compte-rendu de travail réalisé par les CM1/CM2 de Doulevant le Château (libre de droits) Diaporama en cours d’élaboration. Un peu d’histoire.

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Métallurgie en Haute-Marne

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Presentation Transcript


  1. Métallurgie en Haute-Marne Compte-rendu de travail réalisé par les CM1/CM2 de Doulevant le Château (libre de droits) Diaporama en cours d’élaboration

  2. Un peu d’histoire • Le premier métal travaillé fut le cuivre. En fait, le cuivre n'était alors considéré que comme un type de bronze. En effet, le mot « cuivre » signifie étymologiquement « bronze de Chypre » de l'endroit où furent créées les premières carrières de cuivre dans l'Antiquité et la fin de la préhistoire. • Les hommes commencèrent probablement par travailler le cuivre natif (c'est-à-dire présent naturellement sous forme métallique) par martelage, et ils s'aperçurent sans doute qu'il était plus facile de le travailler lorsqu'il était chauffé (phénomène de recuit : élimination des dislocations par la restructuration et éventuellement recristallisation). Puis, en chauffant de plus en plus, ils s'aperçurent qu'il fondait et que l'on pouvait donc le mouler. Ceci constitua l'Âge du cuivre, vers -4000. • Le premier alliage fut le bronze (alliage de cuivre et d'étain). L'âge du bronze s'étendit d'environ -2500 à -1000 bien que l'on pensait alors que le cuivre était un type de bronze. • Le cuivre natif étant rare, ils travaillèrent alors des minerais de plus en plus pauvres en cuivre natif, et ils s'aperçurent probablement que le fait de faire chauffer des minerais permettait non seulement d'extraire le cuivre par fusion, mais aussi de « transformer » le minerai en métal (réduction) ; c'est sans doute ainsi que sont nés les bas fourneaux, vers -1200.

  3. Vers -1000 commença l'âge du fer. Le fer fondant à beaucoup plus haute température que le cuivre (1 535 °C contre 1 084 °C), la réduction du minerai dans les bas fourneaux était imparfaite et donnait naissance à un bloc d'aspect spongieux (le massive ou la loupe) que l'on martelait pour le débarrasser de ses impuretés. Les premiers à utiliser le fer furent les Hittites. En Afrique, vers -2000 la civilisation Nok développa très tôt cette science passant de l'âge de pierre directement à l'âge du fer. • Dans toute la suite de l'antiquité seuls quelques métaux furent utilisés et pour certains seulement travaillés. N'étaient connus que sept métaux : l'or, le mercure, le plomb, l'argent, le fer, le cuivre et l'étain. Il faudra attendre 1750, lors de la découverte du bismuth pour assister à la découverte d'un nouveau métal et 1735 pour découvrir le cobalt.

  4. Le patrimoine métallurgique Haut-Marnais :Les fonderies d'art des cinq vallées • La métallurgie est une des données essentielles dans l'histoire de la Haute-Marne : en 1856, le département assure 1/5 de la production nationale de fonte. Cette industrie repose sur la présence de trois ressources essentielles sur un territoire peu étendu : 500 ruisseaux et rivières capables de fournir la force motrice, les forêts pour le charbon de bois et le minerai de fer. La métallurgie débute avec les moines cisterciens dès le 12ième siècle. A partir du 15ième siècle on assiste à une vague de constructions de hauts fourneaux. La troisième vague est la plus importante : du 18ième siècle à 1820 l'industrie métallurgique s'installe. La concurrence du charbon de terre et les innovations techniques (méthodes anglaises, puddlage, fonte au coke après 1865, laminage, machines à vapeur...) obligent, à partir du deuxième quart du 19ième siècle à une reconversion. Les industriels Haut- Marnais se tournent vers les produits à forte valeur ajoutée : essieux, chaînes, clous, boulons, fontes moulées, fonte d'art, produits laminés. • La métallurgie s'est implantée dans les "5 vallées" : la Voire, la Blaise, la Marne, la Saulx et l'Ornain.

  5. Créations en fonte Pour se chauffer… L’Industrie Porteuses Série de Christs Plaques de cheminée

  6. Dommartin-le-Franc : un site métallurgique • A Dommartin-le-Franc la tradition métallurgique est très ancienne, un parchemin de 1264 concernant l'abbaye de Montier-en-Der fait mention d'une forge dans ce village. Un haut fourneau est attesté en 1773 ainsi qu'une affinerie, des lavoirs et des bocards. Le deuxième haut fourneau est construit en 1834 à l'emplacement de l'ancienne affinerie ("usine du haut"). Il y aura un troisième haut fourneau en 1837. Les hauts fourneaux sont éteints vers 1890 et l'entreprise se consacre au moulage de deuxième fusion comme "l'usine du bas" qui est l'autre entreprise métallurgique de Dommartin-le-Franc. Actuellement seule l'usine du bas conserve une activité, et un magasin de fontes d'art. L'usine du haut est transformée en musée sur la métallurgie, et on y voit le haut fourneau: c’est « Métallurgic Park ». Usine d’en bas de Dommartin Atelier principal, fermé en 1985

  7. L'importance de l'eau Grâce à la création de canaux de dérivation, d'étangs de rétention et de dénivellation. L'eau est utilisée pour laver les roches mais surtout comme force pour actionner les machines. Ici l'emplacement de la grande roue à eau, le long du bâtiment principal. Maquette présentant le patouillet ,selon l'encyclopédie de Diderot: Machine qui lave le minerai de fer afin de le séparer de la roche. Maquette présentant le bocard ,selon l'encyclopédie de Diderot: Machine qui casse la roche contenant le minerai de fer afin de rendre les impuretés moins nombreuses.

  8. La roue à aube, joyau et témoin de la production métallurgique du 19ème siècle.

  9. L’importance des forêts • La fabrication du charbon de bois

  10. L'ancienne halle à charbon • Elle abrite aujourd'hui les expositions temporaires. La prairie correspond à l'emplacement du parc à minerai. Derrière, le long du canal, se trouvaient le patouillet et le bocard.

  11. Haut fourneau de Dommartin-le-Franc Le haut fourneau visible à Dommartin est celui construit en 1834 par M. Le Bachellé. Il est construit dans un site depuis longtemps métallurgique. Les bâtiments longent le canal des usines établi le long de la Blaise. L'ensemble des activités liées à l'exploitation du fer se sont déroulées sur le site : du broyage à la fonte. Le bâtiment des forges, qui abrite le haut fourneau

  12. Le haut-fourneau construit en 1834 par le maître de forges Jean-Baptiste Le Bachellé. • Il pouvait fonctionner 20 à 30 semaines sans s'arrêter. Il pouvait produire 2 à 3 tonnes de fonte par jour. Ensuite il était vidé pour réparer le creuset, le revêtement et les soufflets. Le haut fourneau était alimenté par le gueulard, le haut de la bâtisse. Une charge se compose de minerai de fer, de charbon de bois, de pierre calcaire et d'argile pour agglomérer les impuretés (les crasses de laitiers). Maquette

  13. Le Paradis de Sommevoire • Le "Paradis" de Sommevoire rassemble une collection unique de modèles en plâtre issus de l'usine de fonte d'art de Sommevoire (aujourd'hui G.H.M.). Le nom de "Paradis" était employé par les ouvriers au 19ème siècle en raison du grand nombre de statues de Saints. Les modèles nous rappellent que partout dans le monde on trouve des statues, des fontaines, des bustes issus des fonderies d'art de Haute-Marne. L'ensemble de la collection était abandonné et promis à la destruction, mais en 1988 l'association des Compagnons de Saint Pierre et la municipalité de Sommevoire sauvent ce témoignage unique du patrimoine artistique haut-marnais. Le "musée" de Sommevoire présente plus de 600 modèles dans une ancienne grange, en attendant un espace consacré à la fonderie d'art de plus grande envergure. Utilisation d'un modèle pour fabriquer un moule

  14. G.H.M. : l'usine de Sommevoire • La première installation industrielle sur le site date de 1836, M. Denizet construit un haut fourneau à l'emplacement d'un moulin au confluent de la Voire et de la Vivoire. En 1857, Antoine Durenne, qui exploitait déjà l'usine avec deux associés, rachète l'entreprise grâce à la dot de sa femme. Il fait construire un deuxième haut fourneau et une machine à vapeur qui renforce les roues hydrauliques. Il se lance alors dans le créneau porteur de l'époque : la fonte d'ornement. Dès 1862 il se fait remarquer à l'exposition de Londres avec une gigantesque fontaine qui sera acquise par la ville d'Edimbourg. L'usine emploie alors 300 ouvriers. Elle est en concurrence avec l'autre grande fonderie d'art de la région : le Val d'Osne. En 1900, les quatre groupes ailés du pont Alexandre III de Paris sont coulés en Haute-Marne : deux par Sommevoire (rive droite) et deux par le Val d'Osne (rive gauche). Antoine Durenne meurt en 1895, le site est exploité par la société anonyme des établissements A. Durenne (avec l'usine de Wassy). En 1931, la société rachète l'usine du Val d'Osne. Après la fusion en 1971 avec la Société Générale de Centrifugation, l'entreprise prend le nom de Générale d'Hydraulique et de Mécanique (G.H.M.) Buste en fonte d'Antoine Durenne. Maître de forges, 1822 - 1895

  15. On coulait la fonte directement dans le sol, dans un moule de sable : la gueuse. L'emplacement est délimité par des briques réfractaires. Atelier d'ébarbage

  16. Le travail de la fonte : les étapes de fabrication • La technique actuelle de fabrication de la fonte d'art est proche de la technique ancienne. L'intervention humaine est toujours décisive dans le processus. La fonte est moulée ou coulée, elle est ensuite débarrassée des aspérités. Fabrication du noyau : en sable compressé, ce moule est l'empreinte du vide au centre de la pièce définitive. Les moules "destructibles" sont également en sable. Ici une opération de lissage d'un noyau. Un noyau dans son moule. Le magasin de moules : c'est un véritable trésor, des milliers de moules y sont conservés. Il permettent de reproduire les pièces les plus classiques (comme les "fontaines Wallace") mais aussi les plus rares ou les plus anciennes. Ils sont généralement composés de 2 pièces : une avant et une arrière. Les noms des modèles évoquent les villes pour lesquelles les produits ont été créés.

  17. L'atelier de fusion : le métal est amené à 1500° Celsius et il est coulé dans le godet Le godet est ensuite amené vers l'atelier de moulage. Les ouvriers enlèvent la "peau" qui recouvre le métal en fusion, celle ci s'est formée pendant le court transport du godet par refroidissement du métal La fonte en fusion est alors versée dans les moules de sable compressé : elle emplit le vide, ce qui sera la pièce, mais aussi les masselottes (Réservoir ménagé dans le moule, recevant du métal liquide lors du remplissage et restituant unepartie de ce métal à la pièce pendant la solidification pour compenser la réduction de volume due au retrait).

  18. L'air et les gaz s'échappent par les cheminées, ensuite le métal "déborde" montrant que le vide est comblé. Le godet vide, les pièces refroidissent plus ou moins longtemps selon l'épaisseur. Le moule en sable est retiré, il rejoint le crassier de l'usine. La pièce est "brute", avec les systèmes d'alimentation et les masselottes. Les pièces doivent subir un ensemble de finitions. L'atelier d'ébarbage : Débarrasser une pièce coulée de tous les excédents de métal formés par les bavures, les jets de coulée, évents, masselottes, etc.…

  19. Des œuvres d’aujourd’hui

  20. Et dans la littérature du 19ème siècle… «  Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit? Ces doux êtres pensifs, que la fièvre maigrit? Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules? Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules; Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement Dans la même prison, le même mouvement. Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue. Aussi quelle pâleur! La cendre est sur leur joue. » D'après Victor Hugo, Les Contemplations, 1838. Victor Hugo, témoin de son temps. Le travail des enfants Victor Hugo, témoin de son temps. Vallée d'usines en 1838 « Le soir vient. Le paysage prend tout à coup un aspect extraordinaire. Voici un effrayant chandelier de quatre-vingts pieds de haut qui flambe. Plus loin, il y a une gueule pleine de braise qui s'ouvre et se ferme brusquement et d'où sort par instants avec d'affreux hoquets une langue de flamme. Ce sont les usines qui s'allument. Toute la vallée semble trouée de cratères en éruption. On croirait qu'une armée ennemie vient de traverser le pays, et que vingt bourgs vous offrent dans cette nuit ténébreuse tous les aspects de l'incendie, ceux-là embrasés, ceux-ci fumants, les autres flamboyants. Un bruit farouche et violent sort de ce chaos. Les routes, les scies, les chaudières, les balanciers, tous ces monstres de cuivre et de tôle que nous nommons des machines et que la vapeur fait vivre d'une vie effrayante et terrible, mugissent, sifflent, grincent, râlent, reniflent, aboient, glapissent, déchirent le bronze, tordent le fer, mâchent le granit, et, par moments, hurlent avec douleur dans l'atmosphère ardente de l'usine, comme des dragons dans un enfer. » D'après une lettre de Victor Hugo, 1838

  21. "Le premier hiver, ils firent encore du feu quelquefois, se pelotonnant autour du poêle,aimant mieux avoir chaud que de manger; le second hiver, le poêle ne fut jamais utilisé. Le propriétaire avait toujours le mot d'expulsion à la bouche, pendant que la neige tombait dehors, comme si elle préparait aux locataires un lit sur le trottoir, avec ses draps blancs. Ce coin de la maison était le coin des pouilleux, où trois ou quatre ménages semblaient s'être donné le mot pour ne pas avoir du pain tous les jours. Les portes avaient beau s'ouvrir, elles ne lâchaient guère souvent des odeurs de cuisine. Le long du corridor, il y avait un silence et les murs sonnaient creux, comme des ventres vides. » D'après Emile Zola, L'Assommoir, 1877. Emile Zola, témoin de la société de son temps: la misère … « Ce furent d'abord deux mois de terrible gêne. TI lui fallait trente sous chaque jour, le loyer compris, en consentant à vivre elle-même de pain sec, pour donner un peu de viande à l'enfant. Son dénuement devint complet. Elle eut beau se présenter dans les magasins : on la renvoyait, plus de cinq mille employés de commerce, congédiés comme elle, battaient le pavé, sans place. Alors, elle tâcha de se procurer de petits travaux: seulement elle ne savait où frapper, acceptait des besognes ingrates, ne touchait même pas toujours son argent. Certains soirs, elle faisait dîner son fils tout seul, d'une soupe, en lui disant qu'elle avait mangé dehors; et elle se mettait au lit, la tête bourdonnante. » D'après Emile Zola, Au bonheur des dames, 1885.

  22. Voltaire ayant résidé en Haute-Marne, à Cirey-sur-Blaise, voici l'article qu'il consacre à "Fonte" dans son Dictionnaire philosophique • FONTE • Il n’y a point d’ancienne fable, de vieille absurdité, que quelque imbécile ne renouvelle, et même avec une hauteur de maître pour peu que ces rêveries antiques aient été autorisées par quelque auteur ou classique ou théologien. • Lycophron (autant qu’il m’en souvient) rapporte qu’une horde de voleurs, qui avait été justement condamnée en Éthiopie par le roi Actisanès à perdre le nez et les oreilles, s’enfuit jusqu’aux cataractes du Nil, et de là pénétra jusqu’au Désert de sable, dans lequel elle bâtit enfin le temple de Jupiter-Ammon. • Lycophron, et après lui Théopompe, raconte que ces brigands, réduits à la plus extrême misère, n’ayant ni sandales, ni habits, ni meubles, ni pain, s’avisèrent d’élever une statue d’or à un dieu d’Égypte. Cette statue fut commandée le soir et faite pendant la nuit. Un membre de l’université, qui est fort attaché à Lycophron et aux voleurs éthiopiens, prétend que rien n’était plus ordinaire dans la vénérable antiquité que de jeter en fonte une statue d’or en une nuit, de la réduire ensuite en poudre impalpable en la jetant dans le feu, et de la faire avaler à tout un peuple. • « Mais où ces pauvres gens, qui n’avaient point de chausses avaient-ils trouvé tant d’or? — Comment, monsieur! dit le savant, oubliez-vous qu’ils avaient volé de quoi acheter toute l’Afrique, et que les pendants d’oreilles de leurs filles valaient seuls neuf millions cinq cent mille livres au cours de ce jour? • — D’accord; mais il faut un peu de préparation pour fondre une statue; M. Lemoine a employé plus de deux ans à faire celle de Louis XV. • — Oh! notre Jupiter-Ammon était haut de trois pieds tout au plus. Allez-vous-en chez un potier d’étain, ne vous fera-t-il pas six assiettes en un seul jour? • — Monsieur, une statue de Jupiter est plus difficile à faire que des assiettes d’étain, et je doute même beaucoup que vos voleurs eussent de quoi fondre aussi vite des assiettes, quelque habiles larrons qu’ils aient été. Il n’est pas vraisemblable qu’ils eussent avec eux l’attirail nécessaire à un potier; ils devaient commencer par avoir de la farine. Je respecte ton Lycophron; mais ce profond Grec et ses commentateurs encore plus creux que lui connaissent si peu les arts, ils sont si savants dans tout ce qui est inutile, si ignorants dans tout ce qui concerne les besoins de la vie, les choses d’usage, les professions, les métiers, les travaux journaliers, que nous prendrons cette occasion de leur apprendre comment on jette en fonte une figure de métal. Ils ne trouveront cette opération ni dans Lycophron, ni dans Manethon, ni dans Artapan, ni même dans la Somme de saint Thomas. • 1° On fait un modèle en terre grasse. • 2° On couvre ce modèle d’un moule en plâtre, en ajustant les fragments de plâtre les uns aux autres. • 3° Il faut enlever par parties le moule de plâtre de dessus le modèle de terre. • 4° On rajuste le moule de plâtre encore par parties, et on met ce moule à la place du modèle de terre. • 5° Ce moule de plâtre étant devenu une espèce de modèle, on jette en dedans de la cire fondue, reçue aussi par parties: elle entre dans tous les creux de ce moule. • 6° On a grand soin que cette cire soit partout de l’épaisseur qu’on veut donner au métal dont la statue sera faite. • 7° On place ce moule ou modèle dans un creux qu’on appelle fosse, laquelle doit être à peu près du double plus profonde que la figure que l’on doit jeter en fonte. • 8° Il faut poser ce moule dans ce creux sur une grille de fer, élevée de dix-huit pouces pour une figure de trois pieds, et établir cette grille sur un massif. • 9° Assujettir fortement sur cette grille des barres de fer, droites ou penchées, selon que la figure l’exige, lesquelles barres de fer s’approchent de la cire d’environ six lignes. • 10° Entourer chaque barre de fer d’un fil d’archal, de sorte que tout le vide soit rempli de fil de fer. • 11° Remplir de plâtre et de briques pilées tout le vide qui est entre les barres et la cire de la figure; comme aussi le vide qui est entre cette grille et le massif de brique qui la soutient, et c’est ce qui s’appelle le noyau. • 12° Quand tout cela est bien refroidi, l’artiste enlève le moule de plâtre qui couvre la cire, laquelle cire reste, est réparée à la main, et devient alors le modèle de la figure; et ce modèle est soutenu par l’armature de fer et par le noyau dont on a parlé. • 13° Quand ces préparations sont achevées, on entoure ce modèle de cire de bâtons perpendiculaires de cire, dont les uns s’appellent des jets, et les autres des évents. Ces jets et ces évents descendent plus bas d’un pied que la figure, et s’élèvent aussi plus qu’elle, de manière que les évents sont plus hauts que les jets. Ces jets sont entrecoupés par d’autres petits rouleaux de cire qu’on appelle fournisseurs, placés en diagonale de bas en haut entre les jets et le modèle auquel ils sont attachés. Nous verrons au numéro 17 de quel usage sont ces bâtons de cire. • 14° On passe sur le modèle, sur les évents, et sur les jets, quarante à cinquante couches d’une eau grasse qui est sortie de la composition d’une terre rouge et de fiente de cheval macérée pendant une année entière, et ces couches durcies forment une enveloppe d’un quart de pouce. • 15° Le modèle, les évents et les jets ainsi disposés, on entoure le tout d’une enveloppe composée de cette terre, de sable rouge, de bourre, et de cette fiente de cheval qui a été bien macérée, le tout pétri dans cette eau grasse. Cet enduit forme une pâte molle, mais solide et résistante au feu. • 16° On bâtit tout autour du modèle un mur de maçonnerie ou de brique, et entre le modèle et le mur on laisse en bas l’espace d’un cendrier d’une profondeur proportionnée à la figure.

  23. 17° Ce cendrier est garni de barres de fer en grillage. Sur ce grillage on pose de petites bûches de bois que l’on allume, ce qui forme un feu tout autour du moule, et qui fait fondre ces bâtons de cire tout couverts de couches d’eau grasse, et de la pâte dont nous avons parlé numéros 14 et 15; alors la cire étant fondue, il reste les tuyaux de cette pâte solide, dont les uns sont les jets, et les autres les évents et les fournisseurs. C’est par les jets et les fournisseurs que le métal fondu entrera, et c’est par les évents que l’air sortant empêchera la matière enflammée de tout détruire. • 18° Après toutes ces dispositions, on fait fondre sur le bord de la fosse le métal dont on doit former la statue. Si c’est du bronze, on se sert du fourneau de briques doubles; si c’est de l’or, on se sert de plusieurs creusets. Lorsque la matière est liquéfiée par l’action du feu, on la laisse couler par un canal dans la fosse préparée. Si malheureusement elle rencontre des bulles d’air ou de l’humidité, tout est détruit avec fracas, et il faut recommencer plusieurs fois. • 19° Ce fleuve de feu, qui est descendu au creux de la fosse, remonte par les jets et par les fournisseurs, entre dans le moule, et en remplit les creux. Ces jets, ces fournisseurs et les évents ne sont plus que des tuyaux formés par ces quarante ou cinquante couches de l’eau grasse, et de cette pâte dont on les a longtemps enduits avec beaucoup d’art et de patience, et c’est par ces branches que le métal liquéfié et ardent vient se loger dans la statue. • 20° Quand le métal est bien refroidi, on retire le tout. Ce n’est qu’une masse assez informe dont il faut enlever toutes les aspérités, et qu’on répare avec divers instruments. • J’omets beaucoup d’autres préparations que messieurs les encyclopédistes, et surtout M. Diderot, ont expliquées bien mieux que je ne pourrais faire, dans leur ouvrage qui doit éterniser tous les arts avec leur gloire. Mais pour avoir une idée nette des procédés de cet art, il faut voir opérer. Il en est ainsi dans tous les arts, depuis le bonnetier jusqu’au diamantaire. Jamais personne n’apprit dans un livre ni à faire des bas au métier, ni à brillanter des diamants, ni à faire des tapisseries de haute lisse. Les arts et métiers ne s’apprennent que par l’exemple et le travail. • Ayant eu le dessein de faire élever une petite statue équestre du roi, en bronze, dans une ville qu’on bâtit à une extrémité du royaume, je demandai, il n’y a pas longtemps, au Phidias de la France, à M. Pigalle, combien il faudrait de temps pour faire seulement le cheval de trois pieds de haut; il me répondit par un écrit: « Je demande six mois au moins. » J’ai sa déclaration datée du 3 juin 1770. • M. Guenée, ancien professeur du collège du Plessis, qui en sait sans doute plus que M. Pigalle sur l’art de jeter des figures en fonte, a écrit contre ces vérités dans un livre intitulé, Lettres de quelques juifs portugais et allemands, avec des réflexions critiques, et un petit commentaire extrait d’un plus grand. A Paris, chez Laurent Prault, 1769, avec approbation et privilège du roi. • Ces lettres ont été écrites sous le nom de MM. les juifs Joseph Ben Jonathan, Aaron Mathataï, et David Winker. • Ce professeur, secrétaire des trois juifs, dit dans sa Lettre seconde: « Entrez seulement, monsieur, chez le premier fondeur; je vous réponds que si vous lui fournissez les matières dont il pourrait avoir besoin, que vous le pressiez et que vous le payiez bien, il vous fera un pareil ouvrage en moins d’une semaine. Nous n’avons pas cherché longtemps, et nous en avons trouvé deux qui ne demandaient que trois jours. Il y a déjà loin de trois jours à trois mois, et nous ne doutons pas que si vous cherchez bien, vous pourrez en trouver qui le feront encore plus promptement. » • M. le professeur secrétaire des juifs n’a consulté apparemment que des fondeurs d’assiettes d’étain, ou d’autres petits ouvrages qui se jettent en sable. S’il s’était adressé à M. Pigalle ou à M. Lemoine, il aurait un peu changé d’avis. • C’est avec la même connaissance des arts que ce monsieur prétend que de réduire l’or en poudre en le brûlant, pour le rendre potable, et le faire avaler à toute une nation, est la chose du monde la plus aisée et la plus ordinaire en chimie. Voici comme il s’exprime: • « Cette possibilité de rendre l’or potable a été répétée cent fois depuis Stahl et Sénac, dans les ouvrages et dans les leçons de vos plus célèbres chimistes, d’un Baron, d’un Macquer, etc.; tous sont d’accord sur ce point. Nous n’avons actuellement sous les yeux que la nouvelle édition de la Chimie de Lefèvre. Il l’enseigne comme tous les autres; et il ajoute que rien n’est plus certain, et qu’on ne peut plus avoir là-dessus le moindre doute. • « Qu’en pensez-vous, monsieur? le témoignage de ces habiles gens ne vaut-il pas bien celui de vos critiques? Et de quoi s’avisent aussi ces incirconcis? ils ne savent pas de chimie, et ils se mêlent d’en parler; ils auraient pu s’épargner ce ridicule. • « Mais vous, monsieur, quand vous transcriviez cette futile objection, ignoriez-vous que le dernier chimiste serait en état de la réfuter? La chimie n’est pas votre fort, on le voit bien: aussi la bile de Rouelle s’échauffe, ses yeux s’allument, et son dépit éclate, lorsqu’il lit par hasard ce que vous en dites en quelques endroits de vos ouvrages. Faites des vers, monsieur, et laissez là l’art des Pott et des Margraff. • « Voilà donc la principale objection de vos écrivains, celle qu’ils avançaient avec le plus de confiance, pleinement détruite. » • Je ne sais si M. le secrétaire de la synagogue se connaît en vers, mais assurément il ne se connaît pas en or. J’ignore si M. Rouelle se met en colère quand on n’est pas de son opinion, mais je ne me mettrai pas en colère contre M. le secrétaire; je lui dirai avec ma tolérance ordinaire, dont je ferai toujours profession, que je ne le prierai jamais de me servir de secrétaire, attendu qu’il fait parler ses maîtres, MM. Joseph, Mathataï, et David Winker, en francs ignorants(1). • Il s’agissait de savoir si on peut, sans miracle, fondre une figure d’or dans une seule nuit, et réduire cette figure en poudre le lendemain, en la jetant dans le feu. Or, monsieur le secrétaire, il faut que vous sachiez, vous et maître Aliboron, votre digne panégyriste(2), qu’il est impossible de pulvériser l’or on le jetant au feu; l’extrême violence du feu le liquéfie, mais ne le calcine point. • C’est de quoi il est question, monsieur le secrétaire; j’ai souvent réduit de for en pâte avec du mercure, je l’ai dissous avec de l’eau régale; mais je ne l’ai jamais calciné en le brûlant. Si on vous a dit que M. Rouelle calcine de l’or au feu, on s’est moqué de vous, ou bien on vous a dit une sottise que vous ne deviez pas répéter, non plus que toutes celles que vous transcrivez sur l’or potable. • L’or potable est une charlatanerie; c’est une friponnerie d’imposteur qui trompe le peuple: il y en a de plusieurs espèces. Ceux qui vendent leur or potable à des imbéciles ne font pas entrer deux grains d’or dans leur liqueur; ou s’ils en mettent un peu, ils l’ont dissous dans de l’eau régale, et ils vous jurent que c’est de l’or potable sans acide; ils dépouillent l’or autant qu’ils le peuvent de son eau régale, ils la chargent d’huile de romarin. Ces préparations sont très dangereuses; ce sont de véritables poisons, et ceux qui en vendent méritent d’être réprimés. • Voilà, monsieur, ce que c’est que votre or potable, dont vous parlez un peu au hasard, ainsi que de tout le reste. • Cet article est un peu vif(3), mais il est vrai et utile. Il faut confondre quelquefois l’ignorance orgueilleuse de ces gens qui croient pouvoir parler de tous les arts, parce qu’ils ont lu quelques lignes de saint Augustin(4).

  24. Caricatures… Gargantua, caricature de Louis-Philippe 1er Le titre de la lithographie de Daumier, Gargantua, correspond à celui d'une œuvre d'un écrivain célèbre du XVIe siècle: François Rabelais.

  25. La biographie d'Honoré Daumier (1808-1879) • Il est né le 26 février 1808 à Marseille où son père exerce le métier de vitrier. Poète à ses heures, celui-ci décide en 1816 de venir habiter Paris avec sa famille. Honoré devient employé dans une maison de librairie, mais passionné pour le dessin, il prend des cours dans une académie, parallèlement à son travail. En 1828, Daumier réalise ses premières lithographies pour le journal La Silhouette où il publie des croquis militaires. En 1830, il dessine ses premières esquisses satiriques pour le journal La Caricature qui retrace jour par jour les premières années du règne de Louis-Philippe. Daumier épie le roi dans tous les actes de sa vie publique et de sa vie privée. Son crayon caricature tous ses intimes, mais aussi tous les dignitaires du royaume qu'ils soient pairs de France, ministres, députés, généraux ou magistrats. C'est dans ce journal que paraît en 1831 la lithographie intitulée Gargantua. • Honoré Daumier est poursuivi en justice pour cette publication considérée comme scandaleuse. Il est jugé en cour d'assises pour« excitation à la haine et au mépris du gouvernement du Roi ». En 1832, il est condamné à six mois de prison au cours desquels il est enfermé dans un asile d'aliénés. Il commence ensuite sa longue collaboration avec Le Charivari, un journal fondé par Philipon et spécialement dirigé contre Louis-Philippe. Dans tous ses dessins signés Rogelin, son pseudonyme, Daumier manifeste la haine profonde des jeunes républicains pour les partisans de la royauté. Il est sans pitié pour tous les amis et les familiers du roi et, en particulier, pour tous ceux qui arborent un embonpoint qui révèle leur oisiveté et leur paresse: ils apparaissent, tel Louis-Philippe dans Gargantua, avec d'énormes ventres et des bourrelets de graisse surabondants ! Baudelaire écrit en 1857 : « Dans tous ces dessins, dont la plupart sont faits avec un sérieux et une conscience remarquables, le roi joue toujours un rôle d'ogre, d'assassin, de Gargantua inassouvi, pis encore quelquefois. »Daumier n'est pas seulement un satirique, il y a aussi en lui un dramaturge de premier ordre qui, à la façon de Goya, représente avec un grand art de la mise en scène des événements tragiques et émouvants, comme les massacres de la « rue Transnonain », le 15 avril 1834. • À partir de 1835, l'adoption des lois sur la censure oblige Daumier à renoncer à la satire politique et il se tourne alors vers la caricature de mœurs. Il brosse avec une grande précision une étude de la bourgeoisie qui l'amène à caricaturer tous les représentants de la bêtise humaine: les fanfarons obtus, les arrivistes vaniteux, les patrons malfaisants ou les poètes sans talent. En quinze ans, Daumier a composé avec une rigueur d'historien une sorte de journal de la vie sociale où se mêlent les échos, les ragots, les faits politiques, les crises de l'actualité. Il y met en scène Robert Macaire, les Gens de Justice, les Bons Bourgeois ... La révolution de 1848 permet à Daumier de revenir à la satire politique (<<Le Dernier Conseil des Ministres»). Mais cette période est de courte durée et avec le Second Empire la censure redouble de vigilance. A partir de 1860, tout en poursuivant son fécond œuvre de lithographe, Daumier consacre son expression artistique à d'autres formes d'art: le dessin, la peinture (<< Don Quichotte ») et la sculpture (<< Ratapoil »). • À 57 ans, Daumier se heurte à de graves difficultés financières et ne peut plus payer le loyer de son atelier du Quai d'Anjou à Paris. Il s'installe avec son épouse Didine à Valmondois (Val d'Oise) où son grand ami, le peintre Corot, lui prête une belle maison au centre du village. C'est là qu'il meurt en 1879. Un an après, son cercueil est transféré à Paris au cimetière du Père-Lachaise.

  26. Comprendre par les cartes…

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