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Vers un capitalisme raisonnable ? La régulation économique selon J. R. Commons

Responsabilité sociale des entreprises et des territoires : gouvernance ou négociation ? Une lecture transactionnelle du capitalisme raisonnable de Commons Michel RENAULT CREM-CNRS Université de Rennes 1 PEKEA Political adn Ethical Knowledge on Economic Activities.

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Vers un capitalisme raisonnable ? La régulation économique selon J. R. Commons

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  1. Responsabilité sociale des entreprises et des territoires : gouvernance ou négociation ?Une lecture transactionnelle du capitalisme raisonnable de CommonsMichel RENAULT CREM-CNRSUniversité de Rennes 1PEKEAPolitical adn Ethical Knowledge on Economic Activities Vers un capitalisme raisonnable ?La régulation économique selon J. R. Commons Agence Universitaire de la Francophonie - Université LavalQuébec : 16-17 octobre 2008

  2. Appréhender la responsabilité sociale des entreprises (RSE) implique de considérer la firme comme: • une unité multi-fonctionnelle, pluraliste et légitimée produisant une valeur ajoutée et remplissant des fonctions socio-économiques diversifiées pour différents partenaires (Inspriré de Burchell et Cook 2006)

  3. La multi-fonctionnalité renvoie au fait que l'entreprise se voit investie de missions allant au delà de la simple production de biens et services en raison des attentes diversifiées des parties prenantes (citoyens, associations, collectivités publiques, ONG…). ➔ Cela qui implique fatalement le pluralisme.

  4. La pluralité désigne le fait qu’une firme n’est pas un individu dont l’identité serait bien définie, mais un collectif traversé par des lignes de fractures, des visions contradictoires…et qui est toujours en train de se construire et de se définir. La pluralité matérialise également la pluralité des formes d’ « entreprises collectives communes », trop souvent approximées par un singulier (« la » firme par exemple).

  5. La légitimité renvoie au fait que les activités des firmes doivent êtres justifiées et articulées vis à vis de dispositifs de justification s'inscrivant dans des ordres différenciés et parfois contradictoires (par exemple l'ordre économique et l'ordre moral ou encore l’ordre économique et l’ordre écologique

  6. ➔la RSE et l'approche partenariale de la firme mettent en scène la construction sociale, nécessairement inachevée, de compromis entre les voix plurielles émanant des diverses parties prenantes [Renou et Renault, 2007]. Il semble ainsi que la RSE répond à un modèle de négociation et non à une seule logique de gouvernance [Venkatamaran, 2002 ; Painter-Morland, 2006].

  7. Des énoncés similaires pourraient être appliqués aux territoires et aux institutions qui les structurent. • En effet, de plus en plus les autorités se voient confrontées elles aussi à des attentes multiples émanant de voies plurielles qui cherchent à structurer l’espace politique et social. • Ainsi a pu émerger une notion de Territoire Socialement Responsableou de Responsabilité Sociale des Territoires.

  8. La Responsabilité Sociale des Entreprises est définie de façon courante, en se référant au livre vert de la Commission Européenne (2001) comme: l’intégration volontaire des préoccupations sociales et écologiques des entreprises à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes.

  9. la responsabilité sociale des territoires pourrait être définie comme: • « l’intégration volontaire par les autorités locales de préoccupations sociales et environnementales (au delà du minimum légal) dans leurs activités de gestion du territoire et leurs relations avec leurs différentes parties prenantes » [Cartieaux, 2004]

  10. Les modèles de gouvernance renvoient à une logique de contrôle • L’approche « négociationnelle » renvoie aux processus permettant d’élaborer des compromis dans le cadre de transactions

  11. La transaction économique représente un processus: • d’évaluation conjointe par les participants, dans le cadre duquel chacun est mu par la diversité des intérêts, par la dépendance vis-à-vis des autres et par les règles opérantes [Commons, 1934, p.681]. • Commons en appelait alors à une psychologie négociationnelle qui renvoie à ce que j’appelle une conception transactionnelle de l’action.

  12. I Une approche renouvelée de l’action et de l’acteur

  13. Contrairement au modèle agrégatif, pour l’approche transactionnelle [Dewey et Bentley 1949] les préférences des agents ne soient pas fixes mais contextuelles et sujettes à évolution via des processus communicationnels

  14. En effet selon J.Dewey le langage force: • « […] l'individu à adopter le point de vue des autres individus, à voir et à enquêter d'un point de vue qui n'est pas strictement personnel mais leur est commun à titre d'"associés" ou de "participants" dans une entreprise commune» [1993].

  15. ➔On se trouve alors dans une logique de « mise en perspectives » au fondement de la socialité et de la moralité selon G.H.Mead

  16. l'approche transactionnelle considère que, par le processus d'échange (au sens large du terme), les agents subissent des changements par lesquels ils acquièrent (et/ou perdent) certaines capacités ou connections relationnelles. • L’approche transactionnelle met ainsi en avant la communication

  17. la démarche transactionnelle ne s’intéresse pas simplement à l’agrégation des préférences ou des choix mais à la transformation de ces préférences par l’intermédiaire des processus communicationnels [Van Aaken, 2002, p.369]. ➔Cette perspective semble pertinente en ce qui concerne la Responsabilité Sociale des Entreprises et des Territoires.

  18. La « moralité » apparaît ainsi comme un phénomène émergent et intrinsèque qui est fondé sur un processus de mises en perspectives impliquant la prise en compte de l’autre

  19. Selon Commons: les agents prennent en compte:  « (…) the personnalities of those with whom they are dealing, whether it be their motives, their theories, their social philosophies, which have « loaded » their experience with expected consequences which they wish or fear. They take into account the alternatives open to self and others which afford the opportunities for freedom or unfreedom of choice, and many other circumstances which, at the time, set up the conditions within which they choose and act in all of their transactions. It is not a rational state of society that determines action, it is a marvellous irrational and complex set of expectations that confronts the participants in transactions. And it is a situation that change from day to day and century to century » [1934, p.683]

  20. De façon plus précise une perspective peut être définie comme: • une représentation conceptuelle et perceptuelle d’une situation, contingente à une vision de la façon d’agir au sein de cette situation. [Martin 2005, p.231]

  21. Les perspectives sont indissociables de l’individuation des individus ou des entités collectives: • la définition de son individualité par un acteur passe par la capacité progressivement acquise de se considérer lui-même comme un objet. Pour Mead, cela est réalisé: • « (…) by taking the attitudes of other individuals towards himself within an organized setting of social relationships » [Mead, 1934, p.225]

  22. Ainsi:   • « (…) in claiming that the self is morally constituted, irreducibly ethical, Mead means to imply neither that human being is essentially benevolent, nor that even that the most “private” of actions has consequences for others. Rather, the self is an essentially moral construct for Mead in virtue of the fact that the characteristically human form of acting presupposes a prereflective anticipation of the responses of others » [Wilson et Dixon 2008, p.259]

  23. Les entreprises, les collectivités territoriales, les groupes…sont ainsi confrontés à une multitude de perspectives… …et La formulation d’orientations stratégiques par des firmes, de politiques publiques par des territoires, impliquent une telle mise en perspectives qui ne laisse pas les acteurs inchangés

  24. Il s’agit d’un processus éducatif. • En effet, la confrontation permanente aux autres individus ou entités sociales, amène à participer, au moins par substitution, à des perspectives qui constituent des formes d’action qui n’ont pas été expérimentées et ne font pas partie du répertoire usuel [Martin, 2005, p.241]

  25. Cela renvoie aussi au processus d’enquête sociale évoqué par J.Dewey [1993] puisque celui-ci s’articule à des « situations » ainsi : • « (…) la définition de la situation s’enrichit et se transforme progressivement par le biais des informations, des connaissances, des interprétations, des expériences et finalement des diverses définitions apportées par les autres acteurs lorsque ces derniers se trouvent « convoqués » dans la situation soit lorsqu’ils ont découvert que le problème les concerne, soit lorsque les acteurs moteurs font appel à eux » [Journé et Raulet-Croset, 2005 p.16]

  26. II Transaction communicationnelles, voyage conversationnel et négociations

  27. Une « Grammaire sociale » peut ainsi être constituée générant un système de responsabilités relationnelles • Une grammaire sociale peut être définie à la suite de L.Wittgenstein comme un réseau de significations socialement construites qui informe chacun et sans lequel aucun individu, entité ou mot ne peut avoir de sens [Painter-Morland, 2006, p .352]

  28. Au cœur des processus conduisant à l’élaboration de grammaires sociales résident ainsi des transactions communicationnelles qui désignent: des transactions entre acteurs cognitivement interdépendants qui leur permettent de générer une définition commune d'une situation particulière et de créer de nouvelles significations et anticipations inter-subjectivement partagées dans le but de réduire leur incertitude mutuelle et d'orienter leur activité. Les transactions communicationnelles peuvent être médiatisées et supportées par des symboles ou des artefacts tels des contrats, des chartes, des codes... (définition est adaptée de M.Zacklad [2004])

  29. Ainsi, si on se place dans une perspective transactionnelle, on peut analyser la responsabilité sociale et la démarche de mise en perspectives de la part des différentes parties prenantes comme un voyage conversationnel [Calton et Payne 2003, p.13]

  30. Ce « voyage » renvoie au processus de transformation des préférences via la délibération et la négociation • Et cela évoque « […] an emergence of a unified preference out of competing preferences [which is] intentional and which is based on consciousness of the values which deliberation has brought into view » [Dewey et Tufts, 1932].

  31. Un tel processus de négociation autour des entreprises ou des territoires n’est pas forcément harmonieux ou guidé par la bienveillance… • On se situe en effet dans le cadre d’espaces rhétoriques

  32. Un espace rhétorique [Code, 1995] implique un processus de structuration des processus communicationnels qui n’est pas neutre et touche toutes les phases des transactions communicationnelles. • La construction d'un, et l'insertion dans un, espace rhétorique se réfère à la connaissance sociale tacite et aux impératifs structurels (hiérarchie sociale, pouvoir, définitions admises des parties prenantes…) qui structurent et circonscrivent l'expression des parties prenantes [Mc Kie, 2003, p.308] • Les espaces rhétoriques renvoient donc à la persuasion, la propagande…évoqués par Commons

  33. Cela signifie que les modalités d'expression des voix plurielles impliquées dans des transactions sont contraintes par ces espaces rhétoriques. • Par exemple, les modalités de partage du surplus généré par les activités de nature économique, ce que J.R.Commons appelait des transactions de répartition, sont affectées par la définition de ces espaces rhétoriques et les négociations qui s’y déroulent.

  34. Comme le souligne I.Leroux [2002, p.119-120], J.R.Commons « appréhende la négociation, dans la transaction, du point de vue de la psychologie négociationnelle (negotiational psychology) qui caractérise les individus. Reconnaissant que ces derniers peuvent être pourvus de dispositions psychologiques hétérogènes, il met en évidence l'hétérogénéité des comportements de négociation. Cette multiplicité des comportements de négociation doit alors être appréhendée comme l'hétérogénéité conflictuelle des processus de répartition, caractérisés non seulement par des intentions et des buts distincts, potentiellement conflictuels, mais aussi par des rapports de pouvoir  ». la psychologie négociationnelle apparaît ainsi comme « a psychology of persuasion, coercion, duress, command, obedience, fear and hope » [Commons, 1950, p. 105].

  35. En filigrane des démarches de « responsabilité sociale » apparaissent ainsi des processus de négociation de la réalité qui renvoient à une structuration des espaces rhétoriques

  36. La multiplication des codes, chartes…a pu ainsi être assimilée à une entreprise de « privatisation du droit » en évinçant l’Etat….

  37. Cependant on néglige alors que le phénomène de mises en perspectives ne laisse pas les acteurs inchangé et affecte les grammaires sociales, parfois de façon profonde…

  38. Merci de votre attention…

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