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Quel avenir pour l ’ «  Education nouvelle  » et les «  m é thodes actives  » ?

Quel avenir pour l ’ «  Education nouvelle  » et les «  m é thodes actives  » ?. Philippe Meirieu Ecole d ’é t é - Rosa Sensat Barcelone - juillet 2008. Plan g é n é ral de la semaine :. Probl è mes d ’é pist é mologie : qu ’ est-ce que la p é dagogie ?

Jimmy
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Quel avenir pour l ’ «  Education nouvelle  » et les «  m é thodes actives  » ?

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Presentation Transcript


  1. Quel avenir pour l’« Education nouvelle » et les « méthodes actives » ? Philippe Meirieu Ecole d’été - Rosa Sensat Barcelone - juillet 2008

  2. Plan général de la semaine: • Problèmes d’épistémologie : qu’est-ce que la pédagogie? • Les ambiguïtés au cœur de l’« Education nouvelle… • Les lignes de fracture essentielles en pédagogie… • Vers un modèle intégrateur? • Revenir aux fondamentaux pour affronter l’avenir : pour une pédagogie du sujet

  3. 1 Problèmes d’épistémologie: Qu’est ce que la pédagogie?

  4. 1. Problèmes d’épistémologie : qu’est-ce que la pédagogie ? • Travail en groupes : « Identifiez les différents usages du mot pédagogie… • dans le discours commun, • dans le discours des éducateurs (parents, enseignants, formateurs), • dans le discours des chercheurs…  Et repérez les problèmes que cet usage soulève. »

  5. 1. Problèmes d’épistémologie : qu’est-ce que la pédagogie ? • De l’esclave au passeur • Socrate : la maïeutique, la méthode et le mythe • Augustin : « le maître intérieur » • La subversion de la Renaissance : Luther, Rabelais, Montaigne

  6. 1. Problèmes d’épistémologie : qu’est-ce que la pédagogie ? 5. Rousseau : au fondement de la modernité pédagogique 6. Itard et Pestalozzi : la modernité en actes 7. Durkheim : la réduction sociologique… et la première définition opérationnelle de la pédagogie

  7. 1. Problèmes d’épistémologie : qu’est-ce que la pédagogie ? 8. Philosophie et pédagogie : théorie de la connaissance et théorie de l’apprentissage 9. Le « moment Claparède » : l’émergence de la psychopédagogie 10. Le « moment Bourdieu » : esquisse d’une sociopédagogie 11. La découverte de « l’insoutenable légèreté de la pédagogie »

  8. 1. Problèmes d’épistémologie : qu’est-ce que la pédagogie ? 11. Le débat sur le « pédagogisme » 12. Vers une nouvelle définition de la pédagogie: • Jean Houssaye : enveloppement réciproque de la théorie et de la pratique • Un modèle tripolaire : pôle axiologique, pôle praxéologique, pôle scientifique • Une hypothèse de travail : « la pédagogie comme ensemble de discours composites s’efforçant de penser et dépasser les tensions constitutives de l’entreprise éducative. »

  9. Exercice pour avancer : comprendre ce qu’est un dispositif pédagogique, quels problèmes il cherche à résoudre et comment… • Trois exemples : • Janusk Korczak met en place une boîte aux lettres qui exige des enfants qu’ils sursoient à leurs impulsions, écrivent leurs demandes et leurs récriminations… • Anton Makarenko met en place un système de détachements qui impose une rotation stricte de toutes les tâches et de toutes les fonctions… • Fernand Oury met en place les ceintures de judo qui correspondent à des niveaux que les élèves décident d’atteindre et qui leur donnent, dans chaque domaine, des droits et des devoirs…

  10. Les dispositifs pédagogiques sont des inventions qui permettent de dépasser des contradictions… • Janusz Korczak impose le sursis et permet l’émergence de la réflexion sans interdire l’expression… • Anton Makarenko favorise la socialisation sans figer les individus dans des rôles… • Fernand Oury fait de l’évaluation un outil de progression personnelle et un moyen de mettre au service du groupe ses acquis…

  11. Les tensions constitutives de l’entreprise éducative Principe de l’apprentissage endogène : « On n’apprend bien que ce que l’on a appris soi-même. » Carl Rogers Nous devons tout reconstruire nous-mêmes. Principe de l’apprentissage exogène : « Tout autodidacte est un imposteur » Paul Ricoeur Nous ne pouvons pas tout réinventer tout seul.

  12. Les tensions constitutives de l’entreprise éducative Principe de formalisation : « On n’apprend bien que qui l’on respecte les principes d’obligation, de progressivité et d ’exhaustivité… » Jean-Amos Coménius Principe de finalisation : « On n’apprend bien que si l’on est mobilisé par une activité complexe qui fait sens… » Célestin Freinet Priorité au projet Priorité au programme

  13. Les tensions constitutives de l’entreprise éducative Principe de rupture : « On n’apprend et on ne grandit que si l’on rompt avec ce que l’on est, ce que l ’on pense, ce que sait et sait faire. » Gaston Bachelard Principe de continuité : « On n’apprend et on ne grandit que si ce que l ’on fait s ’inscrit dans la continuité de ce qu ’on sait déjà faire. » Édouard Claparède Attention au déjà-là. Attention à ce qui peut ouvrir de nouvelles perspectives.

  14. Les tensions constitutives de l’entreprise éducative Principe de la prise de risque: « On ne progresse que si l’on décide de faire ce qu ’on ne sait pas faire pour apprendre à le faire, sans savoir le faire… » Aristote Principe du sursis critique : « L’homme est assignéà surseoir au passage à l’acte et à l’immédiateté de l’action… » Sigmund Freud Apprentissage de la décision Apprentissage de la retenue

  15. Les tensions constitutives de l’entreprise éducative Principe d’homogénéité: « On ne peut aider des sujets que si l’on prend en compte leurs besoins spécifiques par des groupements adaptés… » Adolphe Ferrière Principe d’hétérogénéité: « On ne peut aider les sujets que si on crée de l’interaction à partir de leurs différences… » Jean Piaget Pédagogie différenciée Pédagogie interactive

  16. Les tensions constitutives de l’entreprise éducative Principe d’éducabilité : « Tout élève est apte àétudier toute les matières et je n’ai jamais le droit de désespérer de quiconque. » Les enfants de Barbiana Principe de liberté : « Il n’y a rien que ne fasse un sujet qui ne mobilise sa liberté et ne requière de lui un engagement que nul ne peut effectuer à sa place. » Carl Rogers « Je peux tout pour toi… » « Toi seul peut t’en sortir »

  17. Les tensions constitutives de l’entreprise éducative Des exigences contradictoires… sur lesquelles travailler :  Un projet global qui donne sens à une activité et permet qu ’elle soit portée par une intentionnalité.  Des objectifs généraux nécessaires pour finaliser l’activité… mais difficilement opérationnalisables.  Des indicateurs de réussite, comportant toujours un caractère aléatoire.  Un ancrage et une symbolisation facilitant l’accès à l’activité.  Un cadre structuré.  Un étayage exigeant...  Des connaissances multiples dont la maîtrise est nécessaire mais risquent de faire perdre le sens.  Des objectifs opérationnels dont la totalité ne permettent pas de se représenter l ’objectif général.  Des critères observables mais à la portée limitée pour évaluer la réalité de la progression.  Une rétention dans l’immédiat qui bloque le passage à l ’abstraction.  Un accompagnement individualisé.  Un désétayage indispensable...

  18. Les débats sur l’éducation s’enferment systématiquement dans les oppositions entre des contraires qu’il faudrait s’efforcer de réconcilier de manière dynamique…

  19. Les discours éducatifs qui s’enferment dans les oppositions escamotent la substance même du travail éducatif : la temporalité • Le point de rupture idéologique… entre « pédagogie » et « anti-pédagogie » : la théorie des préalables • l’autorité est un préalable à la liberté, • l’acquisition des mécanismes est un préalable à la mise en projet, • le travail est un préalable à la motivation, • l’assimilation d’une culture est un préalable à toute forme d’expression personnelle, • le savoir est le préalable de l’action, la connaissance le préalable du transfert, etc…

  20. La pédagogie ne pose pas de préalables… • parce qu’il y aura toujours des préalables aux préalables et qu’on peut ainsi toujours repousser la mise en jeu du sujet… • parce que la mise en place d’une « frontière » entre « les apprentissages mécaniques assujettis à la seule autorité du maître » et la « mise en projet » laisse entière la question de la transition, du passage… • parce que le seul préalable possible serait l’existence du sujet - doté d’une intentionnalité et d’une capacité à se projeter - et que ce préalable est précisément ce que la pédagogie postule pour le faire advenir.

  21. 2 Les ambiguïtés au cœur de l’ « Education nouvelle »

  22. 2. Les ambiguïtés au cœur de l’ « Education nouvelle »… • Abbostholme, Cecil Reddie, Demolins: l’Education nouvelle compromise avec la droite libérale. • Paul Robin, Sébastien Faure et les anarchistes: l’Education nouvelle compromise avec l’eugénisme.

  23. 2. Les ambiguïtés au cœur de l’ « Education nouvelle »… 3. Ferrière, Claparède : l’Education nouvelle compromise avec la « sélection naturelle ». 4. Winneken, Neill : l’Education nouvelle compromise avec un fonctionnement marqué par l’emprise charismatique du chef.

  24. 2. Les ambiguïtés au cœur de l’ « Education nouvelle »… 5. Miss Parkhust, le plan Dalton et l’individualisation des apprentissages : l’Education nouvelle compromise avec le béhaviourisme.

  25. 2. Les ambiguïtés au cœur de l’ « Education nouvelle »… 6. Profit et Freinet : l’Education nouvelle compromise avec la dérive productiviste. Rétablissement des équilibres par déplacement du curseur : la « part du maître »

  26. 2. Les ambiguïtés au cœur de l’ « Education nouvelle »… 7. Objectifs et compétences : l’Education nouvelle compromise avec la technocratie libérale. 8. Evaluations, remédiations : l’Education nouvelle compromise avec le paradigme médical.

  27. Modèle médical et modèle pédagogique Modèle médical Modèle pédagogique Décrire pour prescrire. Comprendre pour inventer. Compréhension des enjeux, recherche des points d’appui, prospection dans la mémoire pédagogique et invention de méthodes révisables. Identification de la nature du dysfonctionnement et recherche du remède (de la remédiation) strictement adapté. Vers une biologisation de l’échec scolaire et une gestion technocratique des différences. Vers une prise en charge partagée de l’individualisation.

  28. 3 Les lignes de fracture essentielles en pédagogie Revisiter de manière critique les principaux « lieux communs » de la vulgate de l’Education nouvelle… et tenter de sortir des impasses dans lesquels ils pourraient nous enfermer.

  29. 3. Les lignes de fracture essentielles en pédagogie 1) Méthodes actives : bricolage ou activité mentale ? Référent empiriste Référent cognitiviste, socio-constructiviste  On gagne en efficacité apparente, en efficacité heuristique (un modèle lisible : l’atelier) et polémique (contre l’école « traditionnelle »)… on perd en acquisitions effectives et en formalisation des savoirs. On gagne en rigueur didactique… on perd en motivation immédiate et en « satisfaction militante ». Une tentative de dépassement : conflit socio-cognitif et dispositif d’apprentissage

  30. 3. Les lignes de fracture essentielles en pédagogie 2) L’activité scolaire : centration sur la tâche ou centration sur la compréhension ? Pédagogie finalisée par la fabrication et l’exécution du « contrat » Pédagogie finalisée par la mentalisation / verbalisation des acquis  On gagne en possibilité d’observer les savoir-faire maîtrisés, on perd en laissant l’apprenant croire que l’exécution de la tâche est gage d’acquisition mentale stabilisée.  On gagne en stabilisation des acquisitions réelles, en capacité de transfert et en autonomie intellectuelle, on perd en clarté du contrat didactique. Une tentative de dépassement : « l’alternance »

  31. 3. Les lignes de fracture essentielles en pédagogie 3) Objectifs et compétences : outils de contrôle du libéralisme technocratique ou subversion de la logique sélective ? Référent comportementaliste (béhaviourisme) Référent phénoménologique  On gagne en engagement global du sujet… on perd en opérationnalisation systématique (démocratisation?).  On gagne en clarification, en opérationnalisation, en facilité de pilotage des apprentissages… on perd en signification, en engagement du sujet. Une tentative de dépassement : la métacognition

  32. 3. Les lignes de fracture essentielles en pédagogie 4) La motivation et « l’intérêt » de l’élève : rétention dans l’inégalité ou mobilisation sur de nouveaux objets ? Référent dans une « psychologie du sujet »: on cherche à le mobiliser sur un projet ambitieux qui lui permette de se dépasser. Référent dans une « psychologie du donné » : on part du « déjà là ».  On gagne en séduction immédiate… on perd en mobilisation sur le long terme, en capacité de transfert, en ouverture sur d’autres champs. On gagne en ouverture… on perd en « spontanéité ». La situation problème : la mobilisation et l’obstacle

  33. 3. Les lignes de fracture essentielles en pédagogie 5) Le projet : modèle productif ou modèle pédagogique ? Référent dans le modèle du travail productif finalisé dans un espace social Référent dans le modèle pédagogique centré sur les acquisitions de chacun  On gagne en mobilisation collective, en investissement dans le travail, en exigence de qualité… on perd en implication de chacun et en acquisitions individuelles. On gagne en suivi des acquisitions personnelles, en implication de chacun… on perd en finalisation. Le groupe d’apprentissage : un modèle alternatif ?

  34. 3. Les lignes de fracture essentielles en pédagogie 6) La critique de l’évaluation: démission ou nouvelle exigence ? Renvoi à une posture compassionnelle Renvoi à une posture d’étayage en appui au développement  On gagne en qualité relationnelle… on perd en appui au développement de chacun. On gagne en dynamisation et en capacité d’impliquer la personne… on perd en sacrifiant à des rituels sociaux obsolètes construits sur la courbe de Gauss. L’évaluation comme « défi », « brevet », « chef d’œuvre » ?

  35. 3. Les lignes de fracture essentielles en pédagogie 7) L’autonomie : à « respecter » ou « à construire » ? Présupposition que tout sujet est en soi capable d’être autonome. Présupposition que l’accès à l’autonomie suppose le franchissement d’une « frontière » qui inscrit la personne dans un nouveau statut.  On gagne en ouverture vers des dispositifs mobilisateurs… on perd en supposant acquis ce qui ne l’est pas (au risque de devoir revenir, ensuite, à des formes autoritaristes d’exercice du pouvoir). On gagne en clarté « politique »… on perd en capacité à penser et accompagner « le passage ». La « pédagogie du contrat » : identification des champs d’autonomie et des contraintes nécessaires

  36. 3. Les lignes de fracture essentielles en pédagogie 8) Le « respect de l’autre » : différentialisme enfermant ou promotion de l’altérité ? Identification de ce qui permet à chacun de « différer » des constructions sociales et psychologiques qui risquent de l’enfermer. Identification d’une hypothétique « nature » à promouvoir ou à « corriger ». • On gagne en facilité gestionnaire, grâce à des classifications et des orientations dans des groupes ciblés... on perd en enfermant le sujet dans ses « racines ». On gagne en ouverture… On perd en possibilités d’organisation de la scolarisation. Réinterroger en permanence les classification qu’on est contraint d’utiliser

  37. 3. Les lignes de fracture essentielles en pédagogie 9) La « compréhension » : excuse ou imputation ? Utilisation des « sciences humaines » afin d’expliquer les comportements des personnes. Postulation du « libre arbitre » : mêmes soumises à des contraintes, les personnes ont la liberté de refuser… • On gagne en « réalisme » et prise en compte des individus concrets… on perd en capacité de permettre à chacun de s’exhausser au dessus de sa situation. On gagne en anticipant ce qu’on cherche à faire advenir… on perd en s’exposant à faire des injustices. Vers une nouvelle conception de la « sanction » qui intègre et non qui exclut

  38. 3. Les lignes de fracture essentielles en pédagogie 10) « Le sens critique » : « esprit de contradiction » ou volonté de vérification ? Fascination de la transgression par laquelle la personne s’émancipe de ses éducateurs. Fascination de la rationalité démonstrative par laquelle la personne s’émancipe de ses propres pulsions. • On gagne en capacité de se dégager de toutes les formes d’emprise… on perd en capacité à assumer une posture d’adhésion constructive. On gagne en lucidité… on perd en capacité de mobiliser son énergie psychique dans la démarche d’émancipation. Pour un développement de la démarche expérimentale et de la recherche documentaire

  39. 3. Les lignes de fracture essentielles en pédagogie 11) La culture vernaculaire : totem ou tabou ? Conviction que toute forme de culture peut porter une expression de l’humain et doit être respectée en tant que telle. Conviction que l’universalité doit transcender les formes d’expression contingentes et que l’éducation doit inscrire l’enfant dans cette universalité. • On gagne en attention aux personnes et en possibilité de les mobiliser... on perd en découverte de formes culturelles plus exigeantes et universelles (on côtoie le relativisme). On gagne en intégration scolaire et en exigence intellectuelle… on perd en articulation sur « le vécu » (on côtoie le colonialisme). Vers une éducation à l’universalisation par « le tuilage » ?

  40. 3. Les lignes de fracture essentielles en pédagogie 12) Le constructivisme : modèle scientifique pour la pédagogie ou illusion positiviste ? Affirmation que le constructivisme exprime des lois de l’apprentissage qui doivent dicter aux enseignants leur conduite. Affirmation que le constructivisme est une théorie psychologique (parmi d’autres) qui ne peut nullement être considérée comme prescriptive. • On gagne en rigueur didactique (élaboration des consignes, matériaux, situations)… on perd en souplesse et en inventivité : on risque de réduire toute la culture à des contenus formels. On gagne en « liberté pédagogique »… on perd en structuration des situations d’apprentissage. Vers une pédagogie inventive éclairée par la psychologie ?

  41. 3. Les lignes de fracture essentielles en pédagogie 13) Le postulat d’éducabilité : volonté de maîtrise ou promotion de la liberté de l’autre ? Postulation que tous les individus peuvent apprendre et que tous les moyens sont bons pour y parvenir. Postulation que, si tous les individus peuvent apprendre, c’est l’individu et lui seul qui apprend. On gagne en implication du sujet, en autonomisation, en promotion de la liberté… on perd en capacité de remplir la mission sociale de l’école et à satisfaire « l’obligation de résultats ». • On gagne en efficacité et on est gratifié par l’observation immédiate des effets que l’on produit… on perd en autonomisation du sujet, sur le plan intellectuel (transfert) et éthique (altérité) . Vers une pédagogie des conditions ?

  42. 3. Les lignes de fracture essentielles en pédagogie 14) Le postulat de liberté : démission fataliste ou condition de l’émancipation ? Postulation que tous les individus doivent « se prendre en mains » et que l’on ne peut intervenir sur eux en dehors de leur volonté. Postulation que tous les individus peuvent accéder à la liberté, mais qu’ils peuvent avoir besoin d’une intervention autoritaire pour accéder à cela. • On gagne en implication, on évite l’hypocrisie de la soumission conjoncturelles à des contraintes mal intégrées… on perd en renvoyant chacun à la formation d’une volonté sur laquelle on n’a pas de prise. On gagne en étayage, on évite d’entériner des inégalités... on perd en dynamique relationnelle et en « interpellation éthique ». Vers une pédagogie de la formation de la volonté ?

  43. 3. Les lignes de fracture essentielles en pédagogie 15) La pédagogie : modèle applicationniste ou inventivité régulée ? Aspiration à fonder toutes les décisions pédagogiques « en vérité », à partir de « sciences ». Aspiration à faire de la pédagogie un « art de faire », capable de saisir les occasions pour agir de manière adaptée. • On gagne en assise, en structuration, en sécurité professionnelle... on perd en capacité de s’adapter à des situations singulières et en inventivité. On gagne en réactivité, en gestion de l’imprévu… mais on perd en ne disposant pas de modèles fiables ni de routines stabilisées. Penser des modèles et prendre des décisions : « l’action sensée ».

  44. 3. Les lignes de fracture essentielles en pédagogie 16) La pédagogie dans la mouvance de l’Education populaire : conservatisme ou progressisme ? Penser la pédagogie comme un « retour aux sources », une refondation du social sur le vivre ensemble fraternel. Penser la pédagogie comme un outil de déconstruction critique de toutes les formes sociales, en particulier toutes celles fondées sur l’emprise et le fusionnel. • On gagne en lisibilité, on s’inspire de modèles éducatifs valorisés et/ou stabilisés (le scoutisme)… on perd en capacité d’analyse critique et politique, on côtoie la nostalgie et ses thèmes traditionnels comme l’enracinement. On gagne en combativité et l’on promeut l’arrachement émancipateur par rapport à toutes les formes d’attachement… on perd en prise en compte du donné et l’on risque la rupture. La pédagogie comme pratique de l’articulation « communauté / société ?

  45. 4 Vers un modèle intégrateur ?

  46. Un modèle intégrateur pour penser la place des dispositifs formatifs et la formalisation pédagogique : Logique de survie, de production, de projet : un maître-mot : efficacité… une nécessité : utiliser les personnes les plus compétentes et adaptées. • Mais il est pourtant nécessaire de prévoir : • - des temps de réflexion en cas de blocage, • - des temps d’entraînement pour améliorer ses performances, • - des temps de transmission pour ne pas que chaque individu ait tout à réapprendre. Enclaves formatives

  47. Un modèle intégrateur pour penser la place des dispositifs formatifs et la formalisation pédagogique : Enclaves formatives La formation est un temps durement gagné sur les exigences de la production… Au-delà du strict nécessaire, elle est un privilège réservé à une élite qui avait la possibilité d’échapper durablement et sans dommage aux contraintes de la production.

  48. Un modèle intégrateur pour penser la place des dispositifs formatifs et la formalisation pédagogique : Une exigence qui apparaît au 16ème siècle et se structure au 17ème siècle… avant de se systématiser au 18ème. Face à des connaissances et des techniques éparses dans le champ social, pas toujours accessibles, détenues par des personnes souvent peu disponibles et sans formation pédagogique, Comenius (1592-1670) formule, dans La Grande Didactique, le projet d’« enseigner tout à tous ». Il considère qu’il faut pour cela respecter trois principes :

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