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Histoire de la Russie : des origines à la révolution

Histoire de la Russie : des origines à la révolution. Premier cours : La Rous’. Plan de cours. 1 – Qu’est-ce que la Russie ? 2 – La genèse de la Russie. 3 – L’évolution de la Rous ’ 4 – Gouvernement et lois 5 – Société et économie 6 – Religion et culture.

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Histoire de la Russie : des origines à la révolution

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Presentation Transcript


  1. Histoire de la Russie : des origines à la révolution Premier cours : La Rous’

  2. Plan de cours 1 – Qu’est-ce que la Russie ? 2 – La genèse de la Russie. 3 – L’évolution de la Rous’ 4 – Gouvernement et lois 5 – Société et économie 6 – Religion et culture

  3. 1- Qu’est-ce que la Russie1.1 - La Russie géographique : un État continent - La principale constance géographique de la Russie est le gigantisme de son territoire. - À l’époque de la Rous, ce territoire était de 3 millions de km carrés. - Au terme de son expansion, la Russie couvrait 23 millions de km carrés, soit 15% des terres de la planète.

  4. Pourquoi cette expansion ? - Pour certains, il s’agit d’une manifestation de l’agressivité russe. - Pour d’autres, des raisons défensives expliquent ce phénomène, la Russie ne bénéficiant pas toujours de frontières naturelles, surtout à l’ouest du territoire, zone historiquement la plus instable.

  5. 1.2 - La Russie démographique : un État pluriethnique, plurilinguistique et plurireligieux - Fondée originellement par des Varègues dominant une population slave, la Russie va intégrer une multitude de peuples à partir du XVIe siècle. - De sorte qu’à son apogée au XIXe et XXe siècle, la Russie comptait près de 200 différentes ethnies. - En outre, presque toutes les religions y sont présentes : christianisme romain et byzantin, protestantisme, Islam sunnite et chiite, jusqu’au bouddhisme et de nombreuses religions animistes.

  6. - Cette grande diversité occasionne de multiples problèmes : certaines ethnies se détestent et la haine de « l’occupant » russe chez certaines d’entre-elles entraîne en retour la xénophobie des Russes. - Malgré tout, compte tenu de cette complexité, les problèmes sont mineurs, surtout parce que l’État russe a généralement fait preuve d’une grande tolérance à l’endroit des diverses langues, cultures et religions.

  7. 1.3 – La Russie politique : un État autoritaire - Depuis son origine, mais surtout depuis la Moscovie, l’État russe a presque toujours été autoritaire, que ce soit à l’époque de la monarchie absolue, de la dictature soviétique ou de la « démocratie dirigée » de Poutine. - Certains attribuent cela à l’occupation mongole, d’autres à un trait culturel de la population.

  8. 1.4 – La Russie stratégique : nain économique et géant militaire • Son vaste territoire et sa grande population ont prédestiné la Russie à être l’une des principales puissances du monde, et ce particulièrement depuis le XVIIIe siècle. • L’État autoritaire trouve ici une application concrète. En fait, on a souvent l’impression que l’État russe fut et demeure conçu pour la guerre.

  9. Le corollaire d’une économie et d’une structure étatique orientée vers la chose militaire est la faiblesse économique. On a souvent parlé de la Russie comme de la « puissance pauvre ». • Écrasée sous la structure étatique, la société civile va se développer très tardivement et il en est conséquemment de même de l’économie. • C’est d’ailleurs dans cette faiblesse économique qu’il faut chercher les causes des révolutions du XXe siècle, celles de 1917, et celle de 1991.

  10. 2 – La genèse de la Russie • 2.1 – Le territoire de la Rous avant l’arrivée des Slaves de l’est. • Le territoire qui deviendra celui de l’État roussène correspond environ à l’Ukraine et à la Biélorussie actuelle, plus une partie de la Russie occidentale. • Le sud constitue l’une des régions les plus fertiles d’Europe, le nord, largement irriguée, dispose d’un vaste potentiel commercial.

  11. C’est pourquoi ce territoire a depuis longtemps été convoité et occupé par de nombreuses populations • Entre 1000 et 700 avant J.C., ce sont les Cimmériens qui l’occupaient. • Les Scythes, premier peuple indo-européen à occuper ces terres, vinrent ensuite. • Vers 200 avant J.C., ces derniers sont à leur tour chassés par les Sarmates venant d’Asie. C’est à cette époque que la culture grecque se répand autour de la mer Noire.

  12. Les Goths viennent à bout des Sarmates au tournant du millénaire et s’installent sur le territoire, qu’ils occuperont jusqu’au IVe siècle. • Les Goths sont à cette époque chassé vers l’ouest par les Uns d’Attila. À la mort de ce dernier, l’État fondé par lui s’effondre sous la pression des Avares. • Enfin, les Khazars chassent à leur tour les Avares de la région au cours du VIIe siècle de notre ère.

  13. C’est à l’époque de la domination des Huns, des Avares et des Khazars que remonte l’installation des Slaves sur ces terres. Ils se dispersent alors dans 3 trois directions : à l’ouest, pour former éventuellement les Tchèques, les Polonais et les Slovaques. Au sud, pour former les Serbes, Croates, Slovènes et éventuellement les Bulgares. Et vers l’est, pour former éventuellement les Russes. • Ces derniers sont plus diversifiés ethniquement car au fil des siècles, ils se sont fondus aux populations locales qui les avaient précédées, ainsi qu’à des finno-ougriens.

  14. 2.2 – L’invite aux Varègues : la théorie normane. • Encore à ce jour, cette théorie, élaborée par des érudits scandinaves au XVIIIe siècle, à partir de la Chronique de Nestor, est considérée comme la plus probable des explications historiques de la fondation de l’État roussène. • En bref, des notables slaves auraient au IXe siècle invité des princes Varègues à venir régner sur le territoire.

  15. C’est ce que l’on nomme la version maximaliste. Invraisemblable sous cette forme, sa version minimaliste est cependant considérée comme probable : des princes Varègues auraient conquis les populations slaves du nord, pour ensuite descendre vers le sud, vers Kiev. Les noms des premiers princes roussènes vont dans ce sens : Rurik, Oleg et Olga sont tous des prénoms scandinaves. • Par la suite cette minorité conquérante s’est assimilée à la majorité locale. • Le mot « russe » serait aussi un terme scandinave désignant des combattants. Mais cela est contesté.

  16. 3 – L’évolution de la Rous’ • On distingue 3 étapes de ce premier État russe : • 1 – Le développement (882-980) • 2 – L’apogée (980-1054) • 3 – Le déclin (1054-1132)

  17. 3.1 – Le développement (882-980) • Cette première période, celle de l’unification des terres des Slaves de l’est autour de Kiev et de l’adoption du christianisme byzantin, voit passer sur le trône trois souverains remarquables. • Oleg (879-912) : frère de Rurik, vainqueur de Kiev en 882, c’est lui qui commence à partir de 884 l’unification des terres roussènes, où vivent une douzaine de tribus slaves de l’est. • Olga (879-912) : à la mort d’Igor, fils d’Oleg, sa femme Olga Monte sur le trône. Première femme à régner en Russie. Elle se convertira au christianisme.

  18. Sviatoslav (957-972), fils d’Igor et d’Olga, lui succède. Il met en place ce qui sera la politique étrangère de la Rous’ jusqu’à la fin : • 1- Unification des Slaves de l’est autour de Kiev. • 2 - Lutte contre les nomades des steppes (les Pétchénègues) • 3 - Consolidation du statut de la Rous’, avec au premier chef des relations solides avec Byzance.

  19. Pour la petite histoire, la personnalité de Sviatoslav est aussi intéressante : • Il est le premier prince roussène à porter un nom slave. • Archétype du prince guerrier, il fut rarement à Kiev, toujours en campagne. • Il fournira le prototype des premiers récits épiques de l’histoire russe (Ilia de Mourom, des biélines) • Enfin, il est le premier d’une longue série de héros militaire qui de lui à Joukov et Lebed, en passant par Souvorov et Koutouzov, vont rythmer l’histoire du pays.

  20. 3.2 – L’apogée (980-1054) • Il s’agit de l’âge d’or de la Rous’, période marquée par deux souverains remarquables, dont l’un patronnera l’un des événements les plus déterminants de l’époque, l’adoption du christianisme, sous l’égide de Byzance. • Mais avant d’y arriver, le pays sera secoué par la première des guerres de succession qui à terme, entraîneront l’effondrement du pays.

  21. C’est Volodimer (980-1015) qui finira par s’imposer après avoir éliminé ses frères et ses oncles. • Il consolide l’emprise de Kiev sur les Slaves orientaux, en soumettant les Viatiches et en annexant la Galicie et la Volhynie. • Après avoir vaincu les Bulgares de la Volga et les Khazars, il s’emploie à consolider son État. Les guerres se poursuivront, mais c’est surtout les affaires intérieures qui l’occuperont. On lui doit la première division claire du pouvoir et surtout le baptême.

  22. La mort de Volodimer entraîne aussi une guerre de succession. En 1026, un modus vivendi est trouvé entre deux de ses fils (les autres seront éliminés) : Iaroslav régnera sur la rive droite du Dniepr et Mstislav, sur la gauche (qui deviendra la Souzdalie). À la mort du second (1029), le premier occupera l’ensemble du territoire. • Iaroslav se consacre ensuite à la réunification du territoire, affecté par dix ans de guerre civile, et en 1036, il écrase définitivement les Pétchénègues. • Ensuite, il se tourne vers les affaires intérieures : élaboration du premier code de lois russe, consolidation du christiansime, avec la construction des cathédrales Sainte-Sophie de Kiev et de Novgorod.

  23. 3.3 – Le déclin (1054-1132) • La mort de Iaroslav marque le début de cette période, l’arrivée des Mongols en marque la fin. • Cette époque se caractérise par la lente dislocation de l’État central kiévien, jusqu’à la proclamation d’indépendance de la Souzdalie. • Un seul dirigeant digne de mention au cours de cette période : Vladimir Monomaque. • Au côté de Volodimer et de Iaroslav, son règne est l’un des plus importants, malgré sa brièveté (1113-1125), autant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

  24. À sa mort, son fils Mstislav lui succède jusqu’en 1132. Sa mort marque le début d’une nouvelle série de guerre fratricide, dont le pays ne se relèvera pas. • En cette année 1132, Iouri Dolgorouki, prince de Souzdalie, proclame l’indépendance de sa principauté. D’autres vont suivre : Novgorod en 1136, la Galicie-Volhynie en 1144. • Le titre de Grand Prince demeure, mais il n’est plus qu’honorifique. Dans les faits, la Rous kiévienne est alors chose du passé.

  25. 3.4 – Causes et étapes du processus d’éclatement de la Rous : • Complexité du système successoral • Guerres de succession • Raids des nomades • Disparités des principautés et étendue du territoire • Développement contradictoires des principautés

  26. Cinq étapes de ce processus d’éclatement : • 1- Première guerre de succession (972-980) • 2- Division territoriale suite à la guerre civile consécutive à la mort de Volodimer (1026-1036) • 3- Guerres fratricides à la mort de Iaroslav (1073-1078) • 4- Sous Sviatopolk II, reconnaissance du caractère héréditaire des possessions • 5- À la mort de Mstislav, début des indépendances des diverses composantes de l’État kiévien.

  27. 4 – Gouvernement et lois • 4.1- Système gouvernemental • Développement lent de la structure gouvernementale. • Les principales institutions se mettent en place au cours de l’âge d’or. Par la suite, elles changeront en fonction du temps et du lieu. • Le schéma général est celui d’une confédération lâche de différentes principautés.

  28. Trois institutions composent la structure gouvernementale, autant au niveau fédéral qu’à celui des principautés. Les pouvoirs de chacune de ces composantes varient selon les principautés. • 1 – Le prince : chef de l’État et de la principauté. Mais son pouvoir n’est pas absolu : il le partage avec ses proches conseillers qui forment… • 2 – la Droujina. Sorte de chambre de la noblesse. Deux composantes : • La « vieille », composée des principaux conseillers du prince. • La « jeune », qui forme le corps des fonctionnaires.

  29. Dirige conséquemment le gouvernement en appuyant le prince. • Elle assure aussi le commandement des armées et remplace le prince en son absence. • 3 – Le Vetche : assemblée populaire, dont l’importance varie d’une principauté à l’autre. • Responsable de la gestion des affaires courantes. • Les règles qui régissent sa participation, de même que ses pouvoirs, sont très fluctuants d’une principauté à l’autre et d’une époque à l’autre.

  30. 4.2 – Les lois : • Avant Iaroslav, c’est la loi du Tallion, ou le droit du sang. • À partir de celui-ci, le système se développe, sur la base de la Vérité russe, code auquel va participer également Vladimir monomaque. • Elle est composée de trois livres :

  31. La Vérité courte (Iaroslav) : renferme pour l’essentiel ce qui correspond à un code criminel, basé sur le principe de vengeance. • La Vérité large (Vladimir) substitue un principe monétaire à celui de vengeance. • La Vérité résumée (Vladimir) s’apparente pour sa part à un code civil et à une pré-constitution. On y trouve la définition des différents organes du pouvoir, ainsi que diverses dispositions concernant l’organisation sociale.

  32. 5 – Société et économie • 5.1 – Société : • Les classes possédantes : Prince, boyards et clergé. • Avant le congrès de 1097, le prince n’est que propriétaire temporaire des terres sur lesquelles il règne. • Ses revenus proviennent d’une redevance de ses serfs (obrok et barchtchina), de même des taxes qu’il perçoit sur le commerce. • Les boyards (les nobles) vivent à l’origine des salaires versés par les princes, mais avec le temps, ils seront payés en territoire et certains deviendront plus riches que certains princes. Ils sont soumis à l’impôt

  33. Le clergé : subsiste grâce aux terres offertes par les princes. Ces terres sont inaliénables et appartiennent à la communauté. Des serfs y travaillent aussi. Il n’est pas soumis à l’impôt. • La classe possédée : • Deux grandes catégories de dépendance : la dépendance à la terre et la dépendance personnelle. • Dans le premier cas, le paysan loue au seigneur la terre et lui verse une redevance. • S’il s’avère incapable de s’en acquitter, il tombe dans la seconde catégorie.

  34. Enfin, on compte une faible proportion d’habitants appartenant aux « classes libres », artisans et commerçants. • Ils sont plus nombreux au nord, ou le commerce est florissant, et peu au sud, dont l’économie s’appuie surtout sur l’agriculture. • Ils sont bien sûr soumis à l’impôt.

  35. 5.2 – Économie : • Débats chez les historiens : économie agricole ou mixte ? • En fait, variable selon les régions • Le sud essentiellement agricole • Le nord surtout commerçant • Le nord-centre, à vocation mixte. Le commerce est peut-être à l’origine de la fondation de l’État, les Varègues ayant désiré établir leur contrôle sur l’axe allant de la Baltique à Byzance.

  36. 6 – Religion et culture • 6.1 – Religion • On sait peu des choses des religions animistes d’avant la conversion. • Si on accepte la théorie normane, on peut supposer que la panthéon des Slaves de l’est avait au moins quelques points communs avec celui des Varègues. • Péroun, dieu suprême du panthéon slave, est ainsi assimilé à Thor, chez la Varègues.

  37. En outre, il est peu probable que les pratiques religieuses aient été identiques sur l’ensemble du territoire. • C’est dans ce contexte de fragmentation que se pose le problème de la conversion. • Afin d’unifier un territoire éclaté, Volodimer envisage en 980 l’adoption d’une religion d’État. • Ayant été incapable d’unifier les croyances des différentes régions, il opte finalement pour le christianisme byzantin.

  38. Pour différentes raisons : • - Proximité de l’empire • - Liens commerciaux entre les deux États. • - Liens politiques et dynastiques. • - Puissance de l’empire byzantin à l’époque. • Afin que le baptême devienne une alliance et non une soumission, Volodimer s’empare de la Crimée et exige en retour d’épouser la sœur de l’empereur, ce qui nécessite donc sa conversion.

  39. Trois conséquences majeures à ce baptême : • - Unification et consolidation du pouvoir de Kiev. • - Permis l’entrée des arts et de la culture sur le territoire • - Lança la Rous dans le « concert des nations civilisés »

  40. 6.2 – Culture • Avant la christianisation, domination de la tradition orale. • Après le baptême, se mettent à fleurir l’architecture (suivant le modèle byzantin), de même que la peinture et la littérature, à l’époque presque exclusivement religieux. • Une exception, les biélines, sortes de récits épiques, issus de la tradition orale, mis en forme grâce au développement de l’écriture.

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