1 / 48

Les peuples des plaines

Les peuples des plaines.

oren-garcia
Download Presentation

Les peuples des plaines

An Image/Link below is provided (as is) to download presentation Download Policy: Content on the Website is provided to you AS IS for your information and personal use and may not be sold / licensed / shared on other websites without getting consent from its author. Content is provided to you AS IS for your information and personal use only. Download presentation by click this link. While downloading, if for some reason you are not able to download a presentation, the publisher may have deleted the file from their server. During download, if you can't get a presentation, the file might be deleted by the publisher.

E N D

Presentation Transcript


  1. Les peuples des plaines Dans les années 1830s, l’artiste américain George Catlin a visité plusieurs peuples de la région. Ses portraits sont aujourd’hui célèbres pour la dignité de ses sujets qu’il réussissait à capter, et également pour leurs détails ethnographiques. Ici, un autoportrait de 1841, avec un chef d’un groupe mandan. Ces images, et d’autres, sont rentrés dans l’imaginaire populaire. Quand les Américains pensent « Autochtone », ils se référent en général aux peuples des Plaines. http://www.nga.gov/kids/catlin/catlinpainting-detail.jpg Guy Lanoue, Université de Montréal, 2011-2014

  2. Tribus ou bandes? Plaines ou Prairies? Il y a de la confusion dans la littérature, car le gouvernement américain a tendance à dénommer tous les peuples autochtones « tribu », inclus ceux de la Prairie. Le Canada laisse le choix au groupe. Chose certaine, la majorité de ces peuples n’avait pas les traits normalement liés à la définition d’une tribu. Ils n’étaient pas sédentaires; exception faite au nord-est, où certains groups, avant d’être déplacés plus à l’ouest par la ruée vers l’or et par la traite de la fourrure, cultivaient du maïs et des courges. Pour cette minorité, la présence de deux systèmes identitaires – l’un territorial-incorporatif, l’autre totémique-clanique – signale leur statut tribal. D’autres au sud-ouest de la région (en contacte avec des groupes définitivement munis de clans, comme les Navaho ou les Hopi) semblent posséder un système clanique, mais il y a un débat sur leur fonctionnement et de leur rôle dans l’organisation sociale. La majorité de ces peuples mettait l’accent sur qualités individuelles comme base de réseaux de coopération. Ils étaient des bandes qui se sont « militarisées »: un système politique plus explicitement hiérarchique et la valorisation des exploits de guerre, car ils ont dû s’adapter à la chasse de bison et lutter pour le s’établir dans des terres qui appartenaient à d’autres peuples. Au Canada, les personnes ont tendance de parler de la Prairie, tandis que les Américains préfèrent Plaines. http://lenapedelawarehistory.net/mirror/photos/lifeam1.jpg Prairie MeadowsBurning, George Catlin, 1832; plusieurs groupes utilisaient le feu pour chasser le bison.

  3. Comme d’habitude, « les Plaines » (Prairies, au Canada) ne sont pas une aire culturelle unie, sauf peut-être dans l’imaginaire véhiculé par des manuels d’histoire et par des réalisateurs d’Hollywood. Puisqu’ils sont connus des récits de militaires, de marchands, d’explorateurs et de missionnaires, nos connaissances sont assez limitées. En général, ils vivaient au plein milieu des zones convoitées par les Blancs comme corridor de transport vers l’Ouest, comme source de fourrures, et, plus tard, comme terre agricole. Le résultat est une guerre avec des aspects « guérillas » et conventionnelles, qui se déclenche au milieu du 19e siècle.

  4. httpwww.franksrealm.comIndianstribesPlains_Indian_Tribes_Map.gifhttpwww.franksrealm.comIndianstribesPlains_Indian_Tribes_Map.gif

  5. Middle Ground: Ohio et Illinois Les Guerres du Nord-ouest en Territoire d’Ohio (tel est son nom à la fin du 18e siècle) ont été farouches, mais à la fin, des milliers d’Autochtones ont dû se réfugier au sud-ouest. Ceux-ci ont dominé les groupes déjà établis dans la zone, car ils n’avaient pas de choix et parce qu’ils avaient obtenu des armes européennes. Bref, ils étaient des réfugiés des guerres iroquoiennes déclenchées par la colonisation de la Nouvelle-France (voir Richard White, The Middle Ground: Indians, Empires and Republics in the Great Lakes Region, 1650-1815, New York, 1991). Ils étaient avertis des dangers possibles d’entretenir des rapports individuels avec les Européens, et donc ont créé des réseaux sociaux, des alliances politiques, et des structures culturelles partagées pour mieux affronter les dangers du contact. Comme résultat, les Blancs étaient plus agressifs quand ils ont continué leur colonisation de l’ouest: les peuples des Prairies ont subi les conséquences. http://www.ohiohistorycentral.org/images/173.jpg

  6. Les parcours principaux utilisés par la traite de la fourrure au Canada. Il y a peu d’impact direct sur les Prairies, mais la majorité de groupes à l’est du continent ont été obligés de se déplacer à l’ouest et au sud-ouest. http://reflectionsoutdoors.files.wordpress.com/2011/08/fur-trade-routes.jpg

  7. Les postes principaux de la traite de la fourrure, 1812. Notez que la majorité est située dans le bassin hydrographique de la Baie d’Hudson, ce qui correspond à la zone rouge (forêt boréale) de la carte sur la diapo qui suit. Ceci confirme que les peuples à l’est et au nord-est avaient accès aux armes européennes avant leurs voisins du sud et à l’ouest. http://llmap.org/images/NorthAmericaExploration/Exploration004c.jpg

  8. Les zones agricoles et écologiques de l’Amérique du Nord selon la classification de l’Onu (FAO, Food and Agriculture Organisation). La classification est basée sur la végétation naturelle (pré-coloniale). Notez la localisation des bisons du Lac des Bois: une région de transition entre trois zones. La zone verte est adaptée à l’agriculture; les zones rouges et jaunes, moins. http://www.fao.org/docrep/005/ac632e/AC632E03.gif

  9. Représentation d’un bison au Lac des Bois; à gauche, l’original avec les coups martelés rehaussés par un colorant; en bas, la même image retravaillée et nettoyée. L’art rupestre de Lac des Bois (voir Lanoue, Images in Stone, Rome, 1990) contient des images de bison dans une zone boisée au nord-est des plaines: pas une zone écologique normalement habitée par cette espèce. Les images ont été datées à 5000 ans a.-P.

  10. Un autre bison de la même zone; à gauche, l’image brute; en bas, la même image nettoyée. La majorité des représentations n’est pas des espèces naturelles; la présence du bison là où il est pas natif suggère que les habitants humains avaient des contacts avec la zone au sud-ouest, qu’ils visitaient en expédition de chasse, ou qu’ils ont exploité sporadiquement avant de s’y établir définitivement au début 19e siècle.

  11. Distribution du bison en Amérique du Nord; le bison des plaines au sud, et celui des bois au nord (ces derniers ont des troupeaux plus petits, ou vivent de façon isolée). http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/c/ca/Bison_original_range_map.svg/515px-Bison_original_range_map.svg.png

  12. En général, les peuples des Plaines sont classés selon leur s activités économiques. Les premiers (Pieds Noirs [Blackfoot], Arapaho, Assiniboine, Cheyenne, Comanche, Crow, Gros Ventre, Kiowa, Lakota [les « Sioux » dans l’imagination populaire], Lipan, Apache [des Plaines, ou Kiowa], Cris [des Plaines], Ojibwa [des Plaines], Sarsi [Sarcee], Stoney [Nakoda], Tonkawa) étaient des chasseurs de bison, donc plus nomades que sédentaires, et le deuxième groupe (Arikara, Hidatsa, Iowa, Kansa, Kitsai, Mandan, Missouria Omaha, Osage, Otoe, Pawnee, Ponca, Quapaw, Santee, Wichita, Yankton) vivait en villages, où ils cultivaient diverses espèces de maïs et de courges, bien qu’occasionnellement ils chassaient le bison. http://raywyatt.net/images/dist_map.jpeg

  13. En général, les premiers étaient au nord et à l’ouest, et les deuxièmes à l’est et au sud-est, où les hivers étaient moins rudes, où les terres étaient bien irriguées par les grands fleuves de la zone, et ou ils avaient eu contact (souvent indirect) avec les peuples agricoles du Mexique qui avaient domestiqué et transmis les espèces cultivées. Notez que les frontières de la zone des Prairies varient d’une carte à l’autre. En fait, il semble fort possible que les peuples à l’ouest de la zone, représentants « classiques » des Plaines, soient arrivés du nord-est, poussés par la traite de fourrure. http://drought.unl.edu/Portals/2/Ranchplan%20Images/Home/RanchFig1.jpg

  14. La confusion du nom sioux Traditionnellement, c.-à-d.., au moment du premier contact avec les explorateurs européens au début du 17e siècle, les Sioux étaient organisés dans une confédération politique avec sept composants (qui a disparu vers 1850, au moment où commencent les guerres avec les américains): Mdewakanton, Wahpeton, Wahoekute, Sisseton (ces 4 aujourd,hui s’appellent Santee), Yankton, Yanktonai, Teton-Lakota. Ces derniers avaient sept divisions: Sicangnyu (Brulé), Oglala, Itazipco (Sans Arc), Hunkpapa, Mnikowuju (Minneconjou, Miniconjou), Sihasapa (Pieds-Noirs-Sioux; ne pas confondre avec les Pieds-Noirs, peuple algonkien des Plaines), Oohenupa (Two Kettles). Ces dernières catégories probablement correspondent à des bandes régionales (c.-à-d., des bandes territoriales, pas des catégories dialectales) dont la composition et les frontières territoriales changeaient régulièrement selon les déplacements du bison et selon les réaménagements des alliances politiques. À ceci, il faut ajouter des divisions linguistiques: Nakota, Dakota, Lakota. Le Nakota, cependant, est le sujet de débats aigus, car il est aussi une étiquette pour les peuples Stoney et Assiniboine, originalement d’origine sioux, mais qui ont migré à l’ouest et au nord-ouest. Leurs langues ne sont pas intelligibles avec les dialectes Dakota et Lakota. Parmi ces derniers, le mot nakota signifie « ami » ou « allié ». Aujourd’hui, les Teton s’appellent tout simplement Lakota. Dakota est utilisé pour les Santee (à l’est; ceci regroupe les 4 premiers noms de la liste), et pour les Yankton et Yanktonai (à l’ouest). À gauche, des chefs « sioux » dans une pose classique, 1905; du photographe renommé Edward S. Curtis; la pose, les vêtements, et les bonnets de guerre sont pour un public blanc. http://www.old-picture.com/indians/pictures/Sioux-Chiefs.jpg

  15. L’origine du mot sioux est aussi un indice de leur origine: c’est un exonyme, une forme abrégée de Nadouessioux, version francisée de Natowessiw (Naadwesi, selon l’orthographie courante), qui est un mot Odawa dérivé du proto-Algonkien. Il signifie probablement « étranger » ou « quelqu’un qui parle une langue étrangère ». Les Odawa (ou Ottawa) sont un peuple ojibwa (Anishinabeeg) originalement de l’Ile Manitoulin sur le Lac Huron (voir Handbook of North Americain Indians). Aujourd’hui, 30,000 personnes parlent des langues siouanes. On voit clairement que les Odawa étaient au milieu des routes utilisées par le commerce de fourrure. Aujourd’hui, ils vivent aussi au Michigan. Ils étaient des intermédiaires importants dans ce commerce, et ont « baptisé » leurs voisins pour les premiers explorateurs et commerçants. Les Sioux étaient leurs voisins, et donc ceci suggère une origine au nord-est de leur emplacement actuel. http://www.huronsandsmotel.com/Pictures/map.gif

  16. Résistance et guerres Après la guerre de 1812-14, les attitudes américaines envers les Autochtones changent, car ils commencent à croire, vrai ou non, que l’intervention autochtone est la raison pour laquelle ils ont ‘perdu’ cette guerre. Deux, la croissance démographique à l’est du Mississippi a poussé les Américains à lancer un programme « d’échange » de territoire, en 1803 (mais actualisé en 1817) pour encourager (ou plus souvent obliger) les peuples à l’est de céder leur territoire pour de superficies égales à l’ouest du fleuve. Trois, le Président Andrew Jackson est prêt à sacrifier les Autochtones pour établir le principe du pouvoir fédéral aux dépens des États (ces tensions mèneront à la Guerre Civile). Jackson relance ce programme, et commence avec les 5 tribus civilisées: Choctaw, Cherokee, Creek, Chickasaw, Seminole (ces derniers sont en Floride). Ironiquement, ils sont appelés ainsi parce que les Blancs les considéraient comme peuples évoluées, car ils sont paisibles et adoptent certains traits (comme l’écriture et l’agriculture). Étant les plus abordables, elles deviennent les premiers victimes de cette politique. 60,000 sont transférés, inclus 2000-3000 esclaves noirs des Cherokee (qu’ils ont amené avec eux). Cette politique est appelé « Trail of Tears », car 2-6,000 Cherokee et le même nombre de Choctaw sont morts au cours du déplacement. D’autres accords ont été signé avec les peuples situés à l’Indiana (considéré comme le nord-ouest des États-Unis à l’époque), et donc plusieurs groupes entre 1830 et 1845 ont été transféré, surtout les Potawatomi et Miami. D’autres comme les Shawnee ont quitté plus ou moins volontairement, en passant par le Texas et d’autres régions au sud.

  17. Les « Five Civilised Tribes » (1830-40) et les Saux [Sac] and Fox (1830s – 1870s) déplacés vers le « Indian Territory » http://faculty.umf.maine.edu/~walters/web%20103/map-Indian-removal.jpg

  18. 1862 – « The Homestead Act » donne 160 acres (approx 65 hectares) à quiconque veut s’établir dans « l’Ouest » (les frontières ne sont pas bien établies). Il y peu d’accords formels avec les peuples autochtones, et l’Acte prévoit la colonisation à petite échelle (donc, incontrôlée): une parcelle par personne, qui doit y vivre pour au moins 5 ans. 1862 – en 1851 le gouvernement américain avait signé un accord avec les Dakota du Minnesota, mais il ne l’a jamais respecté. La colonisation commence, et les Blancs se mettent en compétition pour chasser le Bison, action qui menace la survie des Dakota. Une mini-guerre éclate: 500 soldats et colons, et un nombre inconnu de Dakota meurent. 38 « chefs » sont exécutés (sous l’ordre du Président Lincoln), et le gouvernement utilise la guerre comme prétexte pour annuler l’accord et expulser les Dakota de leur territoire. Approx. 1500 ont été placés dans un camp pour l’hiver (dans des conditions atroces) et puis transportés au Dakota du Sud et au Nebraska. Des centaines meurent. 1858 – on découvre de l’or dans le territoire des Cheyenne et des Arapaho (au Colorado), dont l’intégrité territoriale avait été garantie par l’accord de 1851. Sous pression du gouvernement, ceci est renégocié en 1861, et 12/13e du territoire protégé est cédé aux Américains. http://www.authentichistory.com/diversity/native/hb3-plainstimeline/Dakota_Execution.jpg

  19. 1864 – sous l’ordre de se rendre, 800 Cheyenne se présentent à Sand Creek, où ils sont attaqués par l’armée américaine, avec une perte de c.150 personnes, dont c.100 femmes et enfants (selon les survivants cheyenne). Les corps ont été scalpés et mutilés, les fétus arrachés du ventre des mères tuées, et présentés comme trophées de guerre à la ville de Denver. http://www.authentichistory.com/diversity/native/hb3-plainstimeline/MAP-1860-1890_Indian_Wars.jpg

  20. Témoignage du massacre: “I saw the bodies of those lying there cut all to pieces, worse mutilated than any I ever saw before; the women cut all to pieces ... With knives; scalped; their brains knocked out; children two or three months old; all ages lying there, from sucking infants up to warriors ... By whom were they mutilated? By the United States troops ...” —- John S. Smith, Congressional Testimony of Mr. John S. Smith, 1865 Un dessin exécuté par Howling Wolf, Cheyenne et survivant du massacre.

  21. 1866-8 – Red Cloud’s War (« Battle of the 100 Slain »), en Wyoming et au Montana; les Lakota alliés des Cheyenne réagissent contre la ruée vers l’or de 1863 en territoire du Montana. Une bataille résulte en 81 soldats tués et mutilés (sauf un, dont le courage a été reconnu par les Autochtones). D’autres engagements mènent à un autre accord en 1868; c’est la seule « guerre » que les Américains ont perdue contre les Autochtones, guidés par le chef Red Cloud (à droite). L’indépendance des Cheyenne et Lakota a été respectée pour quelques années avec la création d’une grande réserve censée protéger les fameux Black Hills, mais la découverte de l’or en 1874 a déclenché de nouveaux conflits). httpa4.ec-images.myspacecdn.comimages0216350e61fc7c454f1287b4a0a45770c636l.gif 1867 – Treaty of Medicine Lodge, qui oblige les Arapaho et une grande partie des Cheyennes à se transférer au « Territoire Indien », en Oklahoma. Ces terres avaient préalablement été réservées pour les « Five Civilised Tribes » du sud-est du pays (Cherokee, Choctaw, Creek,, Seminole, Chickasaw). Ceux-ci avaient de bons rapports avec les Blancs et avaient rapidement adopté certaines pratiques européennes, telles que l’écriture. En dépit de leur amitié avec les Blancs, ils ont été déplacés vers Oklahoma (le « Trail of Tears »; de milliers meurent lors de la marche. Ceux qui n’avaient pas été déplacés dans la décennie 1830s l’ont été après la Guerre Civile (1861-5) parce qu’ils avaient appuyé le Sud en échange de garanties d’autonomie. Le Sud a perdu, et leur réservation en Territoire Indien fut donnée aux Cheyenne (les survivants) et aux Arapaho.

  22. 1873-4 – « Buffalo War », où les Cheyenne, Arapaho, Comanche et Kiowa tentent, au Texas et en Oklahoma, d’arrêter le massacre de bisons aux mains de chasseurs blancs, parfois engagés par l’armée pour enlever aux Autochtones toujours en liberté les derniers moyens économiques qui les garantissaient une certaine autonomie. 1874- ruée vers l’or aux Black Hills (South Dakota), censé être un territoire réservé pour les Lakota; le gouvernement américain ne peut pas empêcher l’arrivée des Blancs, qu’ils appuient en secret pour justifier briser l’accord et de déplacer les Lakota vers l’Oklahoma. À gauche, ce n’est pas un hasard que Mt Rushmore, le symbole iconique des É-U., a été situé au cœur du territoire lakota. http://turnipseedsu.edublogs.org/files/2011/08/BlackHillsOfSD-2htwxvk.jpg

  23. http://lbha.org/wp-content/uploads/2010/09/map.jpg

  24. 1876 – Battle of Little Big Horn (« Custer’s Last Stand » pour les Blancs, la bataille du ruisseau « Greasy Grass » pour les Autochtones), une alliance de Lakota, Cheyenne et d’autres infligent une défaite cuisante à General Custer. 250+ soldats sont tués (un nombre inconnu d’Autochtones) par des guerriers inspirés par Sitting Bull, Gall, Crazy Horse, et d’autres chefs et chamans. À gauche, une version idéalisée de la bataille, avec le General Custer qui défend ses soldats. La légende alimentée par la presse américaine prétend qu’il a été le dernier à mourir. En réalité, ce fut un fiasco causé par l’arrogance de Custer, qui ne croyait pas que les Indiens puissent s’organiser et adopter un ordre de bataille conventionnel et de lancer des attaques disciplinées. Le film Little Big Man (1970) a finalement soulevé de questions qui ont mené à une réévaluation des faits par les historiens. http://www.markchurms.com/mm5/graphics/custer-l.jpg

  25. 1877 – Sitting Bull et un groupe de Lakota se réfugient au Canada pour quelques années; ils sont protégés par la GRC et par le gouvernement canadien, qui refuse les demandes d’extradition; pas par amour des Autochtones, mais Sir John A . Macdonald ne voulait pas apparaitre faible face aux Américains; en réalité, les Canadiens ont refusé d’aider les Lakota, ne leur fournissant de vivres, par peur qu’ils vont http://www.ourheritage.net/index_page_stuff/following_trails/chief_joseph/CJ_Pages_pics/cj193/sittingWalsh2.jpg Inciter un soulèvement de « leurs » Indiens Blackfoot, Cree et Assiniboine; pas de danger, car ces derniers considéraient les Lakota comme des intrus et des braconniers. À l’offre de paix de la part des Américains, lors d’une réunion en Saskatchewan, Sitting Bull répond, « for 64 years, you have kept and treated my people bad; what have we done that caused us to depart from our country? We could go nowhere, so we have taken refuge here...We did not give you our country; you took it from us; see how I live with these people; look at these eyes and ears; you think me a fool; but you are a greater fool than I am; this is a Medicine House; you come to tell us stories, and we do not want to hear them; I will not say any more. I shake hands with these people [les Canadiens]; that part of the country we came from belonged to us, now we live here. »

  26. 1877 – Les Nez Perce, semi-nomades basés en Oregon dont le terrain de chasse incluait les Plaines et ses troupeaux de bison, guidés par leur chef Joseph (connu justement sous le nom de Chief Joseph), se lancent dans une tentative désespérée de se réfugier au Canada après que les Américains envoient l’armée pour les obliger d’abandonner leurs terres pour aller vivre en Territoire Indien d’Idaho. Ils avaient refusé, croyant que leur territoire et leur autonomie étaient protégés par un accord signé en 1855; la découverte de l’or sur leur territoire en 1861 a changé les enjeux. En 1877, après l’échec de maintes tentatives de négocier avec les Américains, Joseph et 600-800 personnes se sont enfuis, et après trois mois et un parcours de 1900 km, ils ont dû se rendre à seulement 60 km de la frontière. Les survivants ont été transportés en Idaho, et un petit nombre (dont Joseph) a pu retourner pour vivre sur une réserve à Washington. Ils vivent aujourd’hui partagés en deux groupes. Chef Joseph en 1877 http://i.pbase.com/g3/39/611339/2/57384762.ChiefJosephNov.1877.jpg

  27. 1887 – le Dawes Act propose d’éliminer les réserves (approx 30m. hectares) et allouer 160 acres à chaque Autochtone, donc, la même formule utilisée pour les colons blancs. Les terres confisquées (le Territoire Indien est démantelé) sont colonisées. 1890- le prophète paiute Wovoka a une vision qui déclenche un mouvement religieux parmi son peuple, qui se transforme rapidement in résistance politique, la Danse des Âmes (Ghost Dance). Ce culte millénaire (c’est le 2e épisode: le premier s’est déroulé en 1870) est vitement adopté par d’autres groupes, surtout des Plaines, et surtout au nord-est qui à l’époque est secoué par une famine. Le grand chaman Sitting Bull est assassiné quand l’armée tente de l’arrêter, accusé d’avoir incité les Lakota à participer dans le Ghost Dance (il n’y a aucune donnée historique pour cette position). À gauche, Wovoka; à droite, un ghostshirtporté par les adeptes du Ghost Dance; il était censé protéger le danseur des balles de l’armée américaine. Voir Weston LaBarre, The Ghost Dance, New York, 1972; James Mooney, The Ghost Dance and the Sioux Outbreak of 1890, Chicago, 1965/1896. http://www.pbs.org/weta/thewest/resources/archives/images/wimg680/ghost.gif http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/a0/Wovoka_Paiute_Shaman.jpg/220px-Wovoka_Paiute_Shaman.jpg

  28. 1890 – en fin décembre, un groupe lakota est arrêté en Dakota du Sud par l’armée (la fameuse 7th Cavalry, le régiment massacré à Little Big Horn); un malentendu (ils devaient céder leurs armes aux soldats, et un fusil est déchargé dans la confusion) mène à un massacre, le dernier dans les « guerres indiennes ». Au moins 150 sont tués, dont 100 femmes et enfants. http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/46/Hotchkiss_gun_wounded_knee.gif Les batteries Hotchkiss utilisées dans le massacre; la légende dit: Famous Battery "E" of the 1st Artillery. These brave men and the Hotchkiss guns that Big Foot's Indians thought were toys, Together with the fighting 7th what's left of Gen. Custer's boys, Sent 200 Indians to that Heaven which the ghost dancer enjoys. This checked the Indian noise, and Gen. Miles with staff Returned to Illinois.

  29. Si le dernier massacre a lieu en 1890, la dernière bataille s’est déroulée en 1923 (Posey’s War), où les Mormons de l’Utah ont chassé les Utes et Paiutes de leur territoire. Des centaines furent pris prisonniers, mais seulement 2 Indiens (dont le chef Posey) furent tués. http://www.sanjuan.k12.ut.us/sjsample/POSEY/m19men.jpg

  30. Sun Dance La danse du soleil n’a pas de lien direct au soleil comme entité anthropomorphique, comme pour les Égyptiens du monde antique. Pour les Lakota (comme pour les autres bandes des Plaines: Cris des Plaines [Thirst Dance], les Saulteaux [Rain Dance], Pieds Noirs []Medicine Dance], Arapaho, Cheyenne, Arikara, Crow, Ute, Assiniboine, Gros Ventre, Hidatsa, Omaha, Ponca, Sarcee), l’individu est la seule catégorie ontologique sans équivoque; peur eux, c’est la communauté qui est à devenir, à construire, à renforcer, qui est favorisée par la diminution de l’individualité. Le Sun dance a deux dimensions : 1) c’est conçu comme un échange, comme une offrande, un vœu, pour obtenir un bénéfice; ils sacrifient la douleur corporelle et leur chaire dans l’espoir d’obtenir quelque chose de la part des esprits; 2) l’échange diminue la capacité physique du chasseur. La Sun dance fragilise temporairement les qualités du chasseur et du guerrier: il est suspendu ou il porte des poids attachés à des bâtons qui percent sa peau, ce qui diminue sa mobilité; il est à jeûne, et donc il renonce temporairement à son identité de chasseur en quête de gibier; et il fixe le soleil, ce qui l’aveugle temporairement et le rend incapable de voir le bison ou les ennemis. Ce sont des symboles très puissants de la fragilisation du Soi pour les chasseurs qui doivent localiser le bison et « voir » les intentions de leurs voisins, car ils se déplacent continuellement dans un territoire sans vraies frontières. Un guerrier perce ses muscles pectoraux (ou la peau de sa poitrine) et se pend du mat-soleil, qui a été préparé par les jeunes femmes et « tué » par les hommes avant qu’il soit enterré pour la cérémonie. Eau forte, George Catlin, 1857, Sioux (Lakota?). http://www.crystalinks.com/sundancepole.jpg

  31. Le but est de limiter l’individualité pour faciliter l’émergence de la communauté fragile et fugace: ils sont une bande composée d’individus autonomes qui ont dû se militariser. Ils ont été obligés de se déplacer en territoire « ennemi » avant l’arrivée des Blancs, et ceci a souligné la polarisation entre l’individualité forte et la communauté faible. La traite de fourrure a fourni en premier des fusils à leurs voisins à l’est les Ojibwa, qui les ont chassés de leurs terres ancestrales auteur du Lac Supérieur. Ils ont abouti dans leur location actuelle à l’ouest. Là, ils devaient lutter pour s’établir face à leurs voisins, et ils ont du adopter le complexe de chasse de bison, qui les oblige à coordonner les actions individuelles pour ne pas faire peur au troupeau. Alimenté par la militarisation, l’individualisme risque de saboter la communauté. Un jeune Mandan pend de l’arbre-soleil; Frederick Remington (comme Catlin, un artiste très important pour la création de l’imaginaire populaire de l’Ouest), 1888. http://www.1st-art-gallery.com/thumbnail/167461/2/Mandan-Initiation-Ceremony-$28the-Sundance$29.jpg

  32. Bref, l’individualité rehaussée par ces deux accidents de l’histoire les pousse à trouver des moyens pour dompter et canaliser le Soi, surtout dans un contexte où ils ne semblaient pas posséder une hiérarchie politique ni marquée, ni coercitive. Wissler déclare (1974:121, sécondé par Walker) que, "it [le Sun dance] is usually initiated by the vow of a man or woman to make it as a sacrifice in return for some heeded prayer in time of great danger." Robert Lowie écrit (1963:197) que, "... it does not revolve about the worship of a particular diety, the popular English name for it being a misnomer." Lowie, Robert, Indians of the Plains, Garden City (N.Y.), The Natural History Press, 1963 (1954) Walker, J., Lakota Myth, (E.A Jahner, ed.), Lincoln, University of Nebraska Press, 1983 Wissler, Clark, North American Indians of the Plains, New York, Lenox Hill/Burt Franklin, 1974 (1934) La cérémonie est toujours pratiquée aujourd’hui (la photo est de 1969), mais l’opinion lakota est polarisée, car certains chefs et chamans restent fidèles à la tradition que la danse favorise les qualités du guerrier, mais d’autres l’encadrent dans une philosophie New Age d’épanouissement et de guérison psychique, et permettent aux non-Autochtones d’y participer. De cérémonie censée limiter l’individualité trop forte, elle est devenue pour certains un rituel de guérison du Soi affaibli par le monde contemporain. En fait, c’est l’inverse de la dynamique traditionnelle. Récemment, plusieurs groupes rejettent le New Age pour revenir à une interprétation plus stricte.. http://www.davidzimmerly.com/images/AmericanIndians/Pete%20Catches%20at%20Spring%20Creek%20Sun%20Dance72-4x6-1969Crop.jpg

  33. À l’époque des guerres avec les Américains, le Sun Dance était utilisé par les Cheyenne (ancien peuple agriculteur du Minnesota poussé au sud-ouest [Dakota du Sud] par la traite de la fourrure; ils ont adopté une culture de chasse de bison) comme un rituel pan-tribal pour unir les bandes. Il y avait deux dimensions: A) les maisonnées (teepees, ou lodges) se réunissaient en hiver (l’inverse de leurs voisins algonkiens au nord, qui se réunissaient seulement l’été), quand la neige rend impossible la chasse au bison; B) comme pour certains peuples de la Côte Ouest, l’agrégation hivernale augmente les tensions au sein du groupe, car le sédentarisme les « aveugles » temporairement aux conditions politiques. Si la cérémonie du Sun Dance est censée affaiblir l’individualité, ce n’est pas surprenant qu’elle soit adoptée quand les peuples ont besoin de renforcer la solidarité politique en affaiblissant l’individualité. « Aveuglés » par les conditions locales, ils « voient » plus loin. La confédération « 7 feux » des Lakota en est peut-être un exemple. Sun Dance cris, 1886; la structure imposante construite pour la cérémonie et le grand nombre de participants (hommes adultes) suggèrent qu’il ne s’agit pas uniquement d’une bande. http://www.bbc.co.uk/schools/gcsebitesize/history/images/hist_sun_dance.jpg

  34. La fumée Aujourd’hui, les guides spirituels des peuples des Plaines parfois parlent de fumer la pipe sacrée pour les qualités « spirituelles » de la fumée (on utilise le tabac indigène, ainsi qu’un mélange d’herbes « sacrées »). Le symbolisme spirituel de la fumée serait dû au fait que la fumée monte vers le haut, les cieux, lieu où résident les esprits. Mais au 19e siècle il y a peu de données qui suggèrent que les esprits occupent un poste « en haut »; plutôt, ils entourent les personnes sur la dimension horizontale. De plus, on purifie un homme (surtout) contaminé par l’homicide, la guerre, le contacte avec les femmes qui ont leurs règles, etc. en l’enrobant de fumée. La tente de sudation est un autre lieu dominé par la fumée (on réchauffait les pierres en dehors de la tente, mais parfois il y avait in petit feu à l’intérieur; même sans feu, la vapeur dans ce lieu renfermé jouait le rôle de la fumée. Bref, les rituels de purification ne sont pas uniquement une façon de réintégrer l’individu dans la communauté, mais de le « cacher » symboliquement. C’est un autre exemple des tentatives de diminuer l’individualité pour créer un espace où la communauté faible peut émerger et s’affirmer. À gauche, le shaman Black Elk avec sa pipe sacrée (1910?); à gauche, une tente de sudation lakota (même époque). http://www.native-americans-online.com/images/sweatcrow2.jpg http://wayofthepipe.com/images/black-elk.jpg

  35. Les noms: comme dans le cas du Sun Dance, l’excès d’individualité est un problème politique, qui peut être dompté en ironisant la personne, en changeant le nom selon des contingences existentielles, ou en confiant le pouvoir de nommer l’enfant à un tiers. L’idée est de distancer le nom du Moi individuel, et donc affaiblir l’individualité et de créer un espace où peut surgir la communauté. • Bref, il y a quatre façons de distancer le nom du Moi: • Changer de nom selon des contingences • Donner le droit de nommer l’enfant à un tiers, qui le nomme selon une logique qui est attachée à des contingences ou des règles qui entourent la vie du tiers • Ritualiser le nom, dans le sens que l’enfant est obligatoirement nommé pour un ancêtre, ou pour un ami, etc. • Limiter l’ensemble de noms qu’on peut choisir pour l’enfant http://www.cartoonstock.com/lowres/shl100416l.jpg

  36. Pieds Noirs – (patrilinéaire) le nom d’un homme était semi-secret (on ne demandait pas le nom de l’individu en public); les filles ne changeaient pas de nom. Assiniboine – les noms ne changeaient pas, mais un homme en assumait plusieurs au cours de sa vie. Sarcee – un jeune porte un nom sarcastique pour le motiver à réaliser des actes courageux, qui lui donneront le droit de porter un nom « honorable ». Lakota – (matrilinéaire) l’individu change de nom selon les circonstances de sa vie. La personne a un nom principale, mais les noms secondaires ou d’enfance ne sont pas oubliés. Le nom peut être polysémique et se référer à plusieurs traits: l’ordre de naissance, l’honneur, un geste spécial, de petits noms, de noms secrets, et de noms d’esprits. Les noms ironiques sont des épithètes populaires, mais les noms « sacrés » sont confiés par un ainé (ce qui renforce symboliquement la continuité de la communauté). Stands With A Fist, du film Dances with Wolves, nommée ainsi parce qu’elle a frappé une vieille femme qui la harcelait. C’est Hollywood, mais fidèle à la réalité lakota. http://2.bp.blogspot.com/-K4-gM5EqiQA/TWXhTmFvZKI/AAAAAAAAAec/IHme5dBtNro/s1600/Stand_with_fist_ff.jpg

  37. Arapaho – (matrilinéaire) ne changent pas de nom, mais par contre, ce ne sont pas les parents mais un ainé qui choisit le nom de l’enfant. Hidatsa – le nom est donné par le grand-père maternel parmi ce peuple matrilinéaire (à noter qu’ils sont avant tout agriculteurs); ils ne sont pas une bande hyper-individualiste. Arikara – (avec les Mandan, alliés des Hidatsa) l’enfant est parfois nommé par la sage-femme. Crow – (matrilinéaire) les noms sont reçus d’un ainé, et changent selon les exploits du jeune. Cris (des Plaines) – un ainé nomme l’enfant selon un de ses pouvoirs acquis; comme tout aspect qui touche au pouvoir transmis par l’esprit d’un animal, le nom n’est pas mentionné en public. Cheyenne – (matrilinéaire) le bébé n’a pas de nom; à six ans, il est nommé par la sœur du père; le nom est choisi d’une liste qui « appartient » au lignage paternel. Kansa – (patrilinéaire) le nom est « clanique » mais peut changer selon les exploits du jeune homme. Maison traditionnelle des Wichita, cultivateurs matrilinéaires, c.1890. Ceux-ci ont été influencés par la culture agricole méso-américaine après qu’ils ont été poussés de leur territoire des Plaines par les Apaches au sud-ouest. http://www.normconley.info/floyd/wichitahse.jpg

  38. Osage – (patrilinéaire) les noms appartiennent aux clans, et donc l’individu est simplement un « véhicule » pour la reproduction du clan. Omaha – (patrilinéaire) les noms de bébés sont changés à l’âge de 4 ans; les hommes peuvent acquérir de noms basés sur les actes courageux; les femmes « partageaient » des noms, car la liste de noms féminins était limitée. Le nom n’est pas utilisé en public. Pawnee – (matrilinéaire, matrilocal) le nom est « secret ». Le nom est utilisé uniquement lors de cérémonies, et ne fait pas référence aux qualités de la personne. Wichita – (matrilinéaire) le nom se réfère à un geste courageux d’un guerrier ami du père. Comanche – (patrilinéaire, patrilocal) les enfants portent seulement des surnoms. Les noms ne sont pas marqués pour le sexe. La cérémonie de nommer l’infant est informelle. http://www.cartoonstock.com/lowres/ksm0407l.jpg

  39. Missouria – (anciens cultivateurs matrilinéaires du nord-est poussé au sud-ouest) le nom est « clanique » mais change selon les visions du pouvoir du jeune adulte; les jeunes portent des surnoms ironiques donnés par le frère de la mère. Kiowa – (patrilinéaire, matrilocal) le nom de l’enfant se réfère à un geste courageux d’un ancêtre; plus tard, il peut recevoir un autre nom basé sur ses propres exploits. Bref, la qualité éphémère du nom, ou le fait qu’il est choisi par un « étranger », ou qu’il appartient à une banque de noms fixes agissent pour dépersonnaliser l’individu: soit, il est nommé par des contingences, soit il « appartient » au clan, soit il est nommé par une personne « erronée » (une sage femme dans une société guerrière, etc.). Une personne n’est plus son nom, mais devient le sujet des conditions existentielles qui l’entourent. Un dessin autochtone, c.1880 http://www.drawingcenter.org/images/artwork/sigimg/PLAINS_INDIANS.jpg

  40. Chasser le bison Le bison est un animal de troupeau, et ce qui oblige les chasseurs à s’organiser; une action précipitée pouvait mener à une débandade. Selon l’environnement, le bison était chassé avec des chevaux, ou en organisant les enfants et les femmes pour faire du bruit pour pousser l’animal vers les chasseurs qui guettaient en embuscade. D’autres construisaient des enclos temporaires de pierres et d’arbustes; les personnes poursuivaient les animaux, à pied ou en selle, les obligeant de suivre la piste jusqu’à se trouver dans un cul-de-sac, où ils étaient tués. D’autres les chassaient vers une falaise (un précipice à bisons); après, les animaux étaient charcutés sur place. Illustration au Musée Provinciale d’Alberta http://www.collectionscanada.gc.ca/eppp-archive/100/205/301/ic/cdc/www.abheritage.ca/alberta/images/arch/IMG0042_det_buffalo_pound.jpg

  41. Une montagne formée de crânes de bison, chassé par les Blancs pour leur peau et pour leurs os, qui étaient transportés à l’est et utilisés pour la porcelaine. L’armée américaine et des associations de colons engageaient des chasseurs pour tuer le bison et obliger les Indiens à accepter de vivre dans des réserves (ou pire). Avant de réaliser l’impacte sur leur autonomie, certains groupes autochtones ont intensifié la chasse, pour vendre les peaux http://30.media.tumblr.com/4L38NWQSXkbb2r6qcE3oMkRUo1_400.jpg aux Blancs, mais jamais dans les quantités chassées par les Blancs. Après 1873, le bison commence à disparaitre dans certaines zones. En 1883, l’époque du bison sur les Plaines est finie. Les troupeaux contemporains ont été reconstitués de quelques exemplaires qui ont survécu dans des zones marginales.

  42. Dog Soldiers Ayant misé sur l’individualité, une dynamique typique des bandes, un nombre de ces peuples avaient tout de même une institution censée d’agir de force de l’ordre lors de la chasse de bison sans mener à la création d’une hiérarchie politique formelle. Les Cheyenne en particulier avaient plusieurs sociétés militaires, dont les Dog Soldiers. Ces derniers étaient aussi responsables de l’organisation de certaines cérémonies. Ces sociétés fonctionnaient comme des sodalités, des réseaux qui découpaient les catégories basées sur la parenté, la résidence, et la collaboration. Avec les Contraires (qui sont liés à la société des Clowns), ils sont les deux sociétés les plus importantes. Ils sont connus pour leur courage en bataille. Les Clowns ressemblent aux Contraires, mais ces derniers adoptent un comportement inversé non seulement pour les cérémonies, mais également dans la vie quotidienne. À gauche, deux Dog Soldiers cheyenne, c.1890. Ils portent des sifflets sur leur poitrine. Les sifflets étaient souvent utilisés lors des cérémonies et en bataille. C’est un moyen purement symbolique d’augmenter l’individualité, et donc une façon de la diminuer (parce que le bruit est l’inverse du silence considéré normal pour un homme adulte), et ceci, dans le contexte où le geste courageux confère un statut élevé. http://blogs.amctv.com/hell-on-wheels/how1-cheyenne-200.jpg

  43. Berdaches http://nursemyra.files.wordpress.com/2011/09/arapaho-men-1898.jpg Berdache Zuni Hommes arapaho; berdache à gauche, 1898 Berdache est l’ancien mot pour décrire des hommes qui assument entièrement ou une partie du rôle féminin; depuis une vingtaine d’années, la rectitude politique aujourd’hui a imposé l’euphémisme « two-spirited ». Les berdaches des plaines sont renommés, mais ce n’est pas certain que l’étiquette se réfère à des pratiques homosexuelles. Ils adoptaient quelques traits du rôle féminin, mais pouvaient également avoir accès à des pratiques normalement réservées pour les hommes, p.e., la tente à sudation. http://nursemyra.files.wordpress.com/2011/09/berdache.jpg?w=470

  44. Berdaches/2 Mieux considérer la catégorie comme une manifestation normale de l’hyper-individualité des bandes, où les personnes choisissent (et sont encouragées à choisir, selon des goûts qui se manifestent dès l’enfance) de composer un Soi complexe et hétérogène avec une multitude de choix disponibles aux hommes et aux femmes (les femmes biologiques pouvaient aussi assumer des qualités masculines). George Catlin, Dance to the Berdache (détail), c.1832, Sauk and Fox. http://www.firstpeople.us/articles/berdache-two-spirit/We-Wa-a-Zuni-berdache-weaving-a.jpg Une berdache Zuni; le genre ne se compose pas avec les traits sexuels; le 3e composant de la personne (Moi, Soi social, Soi transcendantal construit en « incorporant » le monde spirituel) est le plus important. http://static.newworldencyclopedia.org/c/c5/Catlin_-_Dance_to_the_berdache.jpg

  45. La « parenté » Il y a longtemps, une confusion s’est introduite dans la vision anthropologique de la parenté des Plaines. Fred Eggan a proposé, en 1937, « … a preliminary classification of the kinship systems of the Plains region of North America into two major types: (1) a “generational” type and (2) a “lineage” type. The tribes of the High Plains, who were organized in terms of bi-lateral bands composing a camp circle and lived as semi nomadic hunters, were—with one exception —also organized in terms of a wide-ranging “classificatory” kinship system, in which generation and sex were emphasized. The tribes of the Prairie Plains to the east, on the other hand, were organized in terms of unilineal descent … » (mon emphase; http://www.encyclopedia.com/topic/kinship.aspx, 12-02-12). En fait, adhérant à la vision structuro-fonctionnaliste de l’époque, Eggan a confondu l’organisation des pratiques du quotidien (le principe « générationnel », dans une structure bilatérale) et le modèle de la communauté censé se manifester uniquement dans l’imaginaire (le principe de « unilineal descent »). http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/thumb/7/7f/Crow-kinship-chart.png/700px-Crow-kinship-chart.png

  46. La terminologie de parenté n’est pas un « système » simple. Elle l’est uniquement sous le profil que certains aspects de cette classification agissent de structure organisationnelle censée être l’équivalent de « nos » technologies de gouvernance. Il s’agit d’une projection occidentale essentialiste, qui prétend que la gouvernance est véhiculée uniquement par l’idéologie et manifestée par les arrangements institutionnels, et que la culture du quotidien (p.e., les obligations envers la parenté) doit forcément transmettre de règles de vie. P.e., la terminologie européenne a aussi son soi-disant principe « générationnel », quand les sœurs de la mère et du père, ainsi que les épouses du frère du père et de la mère, sont dénommées « tantes »; les filles du frère et de la sœur du père, et les filles du frère et de la sœur de la mère sont « cousines ». Selon les anciennes théories, si cette classification se trouvait parmi un peuple autochtone, ceci serait un « indice » qu’il fusionne ces catégories parce que le principe de collaboration est plus important que celui de la filiation – l’unité se manifeste par l’homogénéité à l’interne d’une génération plutôt qu’à travers plusieurs générations (le « principe » de filiation). Cependant, il y a de peuples où ces personnes ont des termes uniques, ou qui imposent des distinctions précises pour la génération des parents et des grands-parents dans le lignage de la mère et qui fusionnent du côté du père (dans un système « matrilinéaire »), ce qui n’empêche aucunement la collaboration ou le mariage. Caractériser les groupes selon la terminologie est confondre leur dimension « modèle » et leur dimension « règles pratiques ». Autrement dit, pour avoir de réseaux de collaboration il n’est pas nécessaire de structurer le système de parenté d’une certaine fa^con déterminante. http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/27/Omaha-kinship-chart.png/700px-Omaha-kinship-chart.png

  47. Reste que quelques groupes possèdent des clans matri- ou patrilinéaires, avec des terminologies du type crow, omaha, ou iroquois (voir PPT et leçon La Parenté); en fait, la majorité des systèmes de filiation linéaires se trouvent dans la partie orientale des Prairies, où les peuples souvent (mais pas exclusivement) étaient cultivateurs. Les parties au centre et à l’ouest, avec l’exception des Crow et Ponca (qui ne sont pas voisins) ont généralement des systèmes bilatéraux, avec des terminologies qui adhérent au modèle « bifurcate merging » (un système « iroquoien »): dans un système patrilinéaire, le père et le frère du père portent la même étiquette « père », mais le frère de la mère et l’époux de la sœur de la mère sont des « oncles »; dans un système matrilinéaire, la mère et sa sœur ont le même étiquette « mère », mais la sœur du père et l’épouse de son frère sont des « tantes », bien qu’elles sont de la même distance généalogique d’Égo; donc, le système de transmission du nom – famille ou clan – détermine quelles catégories seront fusionnées (« merging »). Dans la génération 0 (l’actuelle, d’Égo), les cousins/cousines parallèles et croisés sont généralement distingués par des étiquettes distinctes. Ceci ajoute à la confusion, car un système « bifurcate merging » est selon les théories normalement associé à la filiation clanique. Les faits, cependant, contredisent ces attentes; serait-ce signe que ces peuples étaient jadis linéaires, et qu’ils ont « perdu » leurs clans? Ou que le « merging » existerait pour favoriser l’émergence de réseaux de collaboration? http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/7/75/Iriquois-kinship-chart.svg/800px-Iriquois-kinship-chart.svg.png

  48. Il faut de nouveau souligner la distinction entre pratiques de vie (qui ont leurs propres règles) et modèles (également fournis de règles uniques). À la base de la confusion théorique et de l’hétérogénéité empirique est le fait que la majorité de ces peuples (surtout dans la partie occidentale) était des chasseurs nomades hautement individualistes. Les problèmes qui entourent l’utilisation et la protection du territoire dominent les valeurs, le symbolisme, et l’imaginaire politique. Pour certains groupes sédentaires comme les Tsimshian de la Côte Ouest, le modèle de la communauté est tracé utilisant de lignes précises. Par contre, pour les peuples nomades (la majorité des Plaines), les dynamiques censées être « typiques » d’un système de clans (selon les anthropologues) ne se permettre pas d’introniser le principe de fragmentation dans leur modèle communautaire. Les clans émergent uniquement pour fragmenter un groupe « trop » sédentaire, pour détacher l’identité du territoire désormais trop retreint et pour la repenser de façon purement symbolique (le totémisme). Pour les peuples des Prairies, un tel système n’est pas adapté à leur réalité; ils sont déjà trop fragmentés par le nomadisme. Leurs « clans » ne sont pas de vrais clans. Ils ne sont que des traces de la filiation « fantôme » qui indiquent des préférences pour la collaboration. P.e., comme dans le cas sekani, le fait qu’un homme est partenaire avec son père quand il est jeune, avec l’époux de sa sœur quand il est adulte et avec ses fils quand il est vieux laisse des traces « patrilinéaires » dans la terminologie (2 des 3 stages de vie sont orientés vers le « lignage »). Pour les sociétés des Plaines, la reproduction sociale s’effectue par le nomadisme et par la guerre dans le présent; le principe clanique est une façon de fragmenter le groupe et de détacher l’agir du présent pour l’attacher à l’héritage du passé: ceci éloigne l’agir et affaiblit l’individualité. http://t0.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcTmInpXS30e_NXjAgOZNdokxgEizJfBBvevA-nzeCPpx_U-mirmXGB85UDh Chasser, au nord et au sud http://www.learnnc.org/lp/media/uploads/2007/11/kane_assiniboine_hunting_buffalo.jpeg

More Related