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L’INFLUENCE DU BILINGUISME DANS LA TRADUCTION DES LOIS AU CAMEROUN

L’INFLUENCE DU BILINGUISME DANS LA TRADUCTION DES LOIS AU CAMEROUN . Jean Jacques NDONGO Département de traduction.

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L’INFLUENCE DU BILINGUISME DANS LA TRADUCTION DES LOIS AU CAMEROUN

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  1. L’INFLUENCE DU BILINGUISME DANS LA TRADUCTION DES LOIS AU CAMEROUN Jean Jacques NDONGO Département de traduction

  2. Le Canada partage avec le Cameroun, entre autres pays, le redoutable privilège de devoir faire passer le texte et l’esprit de ses lois non seulement dans une autre langue - une fois n’est pas coutume du français vers l’anglais - mais aussi dans un autre système juridique, situé de surcroît aux antipodes du premier. (Gémar 2011:130) L’hypallage mise en relief dans ces mots du Professeur Gémar traduit l’énorme défi que les deux pays cités doivent relever pour assurer une coexistence harmonieuse des systèmes juridiques en présence en adoptant des techniques de traduction appropriées et des politiques linguistiques conséquentes.

  3. The mostsalientfeature of bilingualismisthatitis a multi-facetedphenomenon...As bilingualismdefiesdelimitation, itis open to a variety of descriptions, interpretation and definition.(Hoffman 1991:14) S’il est évident que le bilinguisme est un phénomène pluridimensionnel qui échappe à toute délimitation mais chaque pays ou communauté peut donner une orientation, trouver une définition du bilinguisme qui corresponde à sa politique linguistique. Qu’en est-il du Cameroun?

  4. Le bilinguisme institutionnel Le manque d’une véritable politique linguistique au Cameroun est un truisme. Contrairement au Canada où le Commissariat aux langues officielles traite des violations des droits linguistiques des citoyens et où le fonctionnement du bilinguisme est régi par des lois (1969 LanguageAct, 1977 Bill 101), le Cameroun ne dispose d’aucun cadre juridique qui oblige les citoyens à apprendre et utiliser les langues officielles. In Cameroon, there’s no government position on languagepolicy and planning apartfromstatement that French and English shallbe the official languages of the Republic. (SimoBobda 1995:73) Enconsacrantle bilinguisme dans la constitution de 1961 et d’autres successives, le Cameroun voulait seulement promouvoir l’unité et l’intégrité nationales, rien d’autre. Il était question d’éviter les conflits ethniques qui pouvaient dériver du choix d’une des 250 langues nationales comme langue officielle. English and French are only an instrumental medium of reaching and makingreunification and the unitary state workatanyprice… Bilingualismwas not based on anyelaboratelinguistic or paralinguistic considerations but rather by extralinguisticconsideration(Chumbow 1980:288). En outre ce bilinguisme est inégalitaire, les deux langues officielles ne bénéficient pas d’un même statut.

  5. Le Français, lingua franca Toutes les décisions et résolutions gouvernementales prises depuis la réunification en 1961 visent à réduire l’influence de l’anglais et consacrent le français comme la véritable langue officielle au Cameroun. Le découpage régional au lendemain du référendum du 20 mai 1972 a eu des conséquences néfastes sur l’image de l’anglais au Cameroun et par conséquent a joué au détriment du bilinguisme officiel. Alors que les deux langues étaient considérées comme étant au même pied d’égalité avec la fédération de 1961, le nouvel Etat unitaire accorda cinq provinces à l’ancien Etat fédéré du Cameroun Oriental contre deux seulement pour l’ancien Etat fédéré du Cameroun…Par ailleurs, le découpage Biya du 17 octobre 1984 augmentant le nombre des provinces dans l’ancien Cameroun Oriental à huit contre deux toujours deux pour le Cameroun Occidental, a plutôt aggravé la situation. Plus que jamais, le découpage a mis en évidence non seulement l’infériorité numérique des anglophones mais aussi et surtout l’infériorité de la langue anglaise au Cameroun. (Echu 1999:195) Au Cameroun tous les documents administratifs sont rédigés en français. Le français est également la langue du droit, toutes les lois sont élaborées en français avant d’être traduites en anglais. C’est d’ailleurs la langue de l’armée et police.

  6. L’influence abusive du français génère souvent des conflits et incompréhensions de toute nature. En effet, les fonctionnaires francophones ont l’habitude de communiquer en français dans les zones anglophones et cette attitude conduit à des situations inextricables. Le Journal d’expression anglaise The Herald dans son édition du 9-10 décembre 1998 rapporte cet incident survenu à Tiko: • “The D.O. had announced a visit of institutions in the area. While preparations were on to receive him, he then wrote a letter in French to Mbake, the principal. What did he say in his letter? We do not know. What we know is that Mbake, like many Anglophones, did not quite understand the letter and took it that the D.O had cancelled the visit to his school. So Mbake stopped whatever plans he had for receiving the D.O. • Then the story continues: the D.O. came and discovered that nobody was expecting him. Classes were going on normally. When the principal realized that the D.O. had arrived he was embarrassed. All the same, he took his time, then got out of his office to welcome the D.O. and his entourage who had waited for about ten minutes. When the principal met the D.O. he said: “I am surprised you came after all! I thought you wrote to cancel the visit.” The D.O. is said to have lost his temper and retorted, “You’ll see me . . . . I’ll deal with you,” and shamefully took off”. En guise de commentaires, le journalisteajoute: • “Francophone service heads who work in Anglophone territory must accept that in order to be properly understood and work effectively, they ought to learn to speak and communicate in English, not French. Should they insist on speaking French to an essentially English speaking people, they must bear the corresponding risk of not being understood”

  7. La primauté du français entérine la phagocytose progressive de la Common Law par le droit civiliste Le Cameroun est également un Etat bijuridique où coexistent la Common Law et le droit civiliste. Mais depuis la Réunification la Common Law a perdu considérablement son influence. Il ne régit que les systèmes éducatif et judiciaire dans les provinces anglophones, tout le droit administratif est issu du droit civiliste. Toutes les lois sont conçues et élaborées en français et inspirées du droit correspondant. Cette suprématie de la langue française et du droit civiliste affecte profondément les activités de la traduction au Cameroun

  8. La traduction des lois La Présidence de la République représente la plaque tournante de la traduction des lois. Toutes les lois y sont traduites avant d’être soumises l’Assemblée Nationale pour approbation. Mais le comble, c’est que ces traductions vers l’anglais, qui requièrent une certaine expertise, sont opérées parfois par des traducteurs sans grande expérience dans la profession et ne tiennent pas compte des situations de bilinguisme et de bijuridisme institutionnels. Il arrive même que des lois soient promulguées seulement en français, c’est le cas de la Loi des finances 2007 dont la traduction en anglais ne fut disponible qu’après deux semaines après sa promulgation. En outre les erreurs sont légion: le projet de loi du 14 décembre 2011 portant création du tribunal criminel spécial a été soumis au Parlement en deux versions différentes avant d’être retiré par la Présidence pour rectification. En effet la version française n’avait pas le même contenu que le texte en anglais.

  9. Exemples Nous mettons en exergue certaines dispositions de la Loi n°1968-LF-3 du 11 juin portant sur la Nationalité camerounaise dont la traduction en anglais présente quelques incongruités. Paragraphe 4 Par l’effet de la réintégration. Article 28. La réintégration dans la nationalité camerounaise est accordée par décret, sans conditions d’âge ou de stage, à condition toutefois que l’intéressé apporte la preuve qu’il a eu la qualité de ressortissant camerounais et justifie de sa résidence au Cameroun au moment de la réintégration. Restoration. Section 28. Restoration to Cameroonnationalityshallbeconferred by decreewithout condition of age or probation, but subject to necessity of proof that the applicantwasformerly a Cameroonian and showingresidence in Cameroonat the moment of restoration. Notre traduction: Resumption of citizenship Section 28. Resumption of camerooniancitizenshipshallbegrantedby decreewithout condition of age or probation, but subject to necessity of proof that the applicantwasformerly a Cameroonian and showingresidence in Cameroonwhenresumingcitizenship.

  10. Article 29. Ne peut être réintégré l’individu qui a été déchu de la nationalité camerounaise par application de l’article 34 de la présente loi, à moins qu’il n’ait rendu ultérieurement des services exceptionnels au Cameroun. Section 29. No personwho has forfeitedCamerooniannationalityunder Section 34 of thislawmayberestored to itwithouthavinglaterrenderedexceptional service to Cameroon. Notre traduction No personwho has forfeitedcamerooniancitizenshipunder Section 34 cannotresumeitwithouthavinglaterrenderedexceptional service to Cameroon.

  11. L’application des Actes uniformes du traité de l’OHADA (Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique) dont l’objectif est d’harmoniser le droit d’affaires dans les Etats Parties et de promouvoir l’arbitrage comme mode de règlement des différendsa créé un mécontentement dans les provinces anglophones. Le droit de l’OHADA est supranational et exécutoire au Cameroun par le décret n° 96/ 177 du 5 septembre 1996 conformément à la loi n° 94/ 04 du 4 aout 1994 autorisant le Président de la République à ratifier ledit traité. It is with great suspicion and reserve that common law courts have received the treaty and its uniform laws. The highhanded manner in which the text was dumped on them, the fact that French is the only working language of OHADA, and the fact that Cameroon took part in the deliberations resulting in OHADA texts, as a Francophone nation, are reasons giving rise to the suspicious attitude. (Nko Justice 2003:21) Nowhere else has the encroachment of the civil law into the common law terrain been more poignantly exhibited than in the OHADA. (Ngassa 2003:29)

  12. Exemples En vertu de l’article 42 du traité de 1993 qui crée cette organisation, la langue de travail est le français, langue de rédaction des Actes mais leur traduction en anglais réalisée en grande partie par le Cameroun ne satisfait guère les praticiens de la Common Law. Article 1 Le recouvrement d'une créance certaine, liquide et exigible peut être demandé suivant la procédure d'injonction de payer. The collection of an unquestionable claim due for immediatepaymentmaybesecuredthroughthe injunction to payprocedure.  La notion d‘injonction utilisée dans cette disposition de l’Acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution ne satisferait pas un juriste de Common Law qui conçoit l’injonction comme “a court ordercommanding and preventing an action”  (Black’s Law Dictionary, 2009 :855), et non une procédure simple et rapide qui permet à une personne (le créancier) d'obtenir du juge : le paiement d'une créanced'un montant déterminé qui ne paraît pas contestable, quand le débiteur ne paie pas à l'échéance, telle qu’employée dans cette disposition. Order for paymentpourrait constituer un équivalent valable pour injunction to pay

  13. Exemples • Si le traducteur n’arrive pas à remettre les deux textes dans leurs contextes juridique et linguistique, il n’y a aucun doute qu’il a failli à sa mission: • Lorsque le traducteur ne réussit pas à établir l’équivalence potentielle entre les deux textes sur le double plan du droit et de la langue, il vide en partie sa traduction de sa substance et a fait œuvre incomplète. (Gémar, 1998 :4)

  14. Conclusion Le Cameroun se doit d’améliorer son bilinguisme en adoptant une politique linguistique intégrative qui valorise d’égale manière l’anglais et le français avec des objectifs précis. Ce sera d’ailleurs le début d’un processus de traduction qui tiendra compte des situations de bilinguisme et bijuridisme institutionnels. The languagepolicy of a speech communitymayberevealed in its practices, itsbeliefs, or in explicit language management. (Spolsky 2003) Bilingualism in Cameroonstillneedscareful and systematic planning withclear-cut short-and-term goals. (SimoBobda 1995:74) Owing to the importance of bilingualism in the very survival of the Cameroon nation, it is highly desirable, in our opinion, to investigate as many of its aspects as possible. The findings of such investigations are likely to give the promotion of bilingualism the best chances of success in Cameroon, and to bring additional insight to our understanding of the phenomenon of bilingualism in general. (ZéAmvela 1999:140)

  15. Bibliographie Chumbow, B.S., 1980 “Language and Language Policy in Cameroon” in Kofele-Kale, N. (ed.) An Experiment in Nation-building: The Bilingual Cameroon Republic since Reunification, Boulder, Westview Press. Echu, G., Grundstrom, A. W., 1999, Official Bilingualism and Linguistic Communication in Cameroon. Francophone Cultures and Literatures, New York, Peter Lang. Gémar, J.-C., 2011, « traduire le droit. Lettre, esprit et équivalence » in Cornu, Marie et Moreau, Michel (dir.), Traduction du droit et droit de la traduction, Paris, Dalloz. Gémar, J.-C., 1998 « Les enjeux de la traduction juridique, principes et nuances », in Traduction de textes juridiques : problèmes et méthodes, Equivalences, Séminaire ASTTI du 25.9.1998, p.4. Disponible sur http://www.tradulex.org/Actes1998/Gemar.pdf[consulté le 16/09/2009]. Hoffmann, C., 1991Introduction to Bilingualism, London, Longman.

  16. Bibliographie Ngassa Vera, J., 2003 The Common Law : An Endangered Species, Yaoundé, CEPER. Nko, J., Njoya, I., “OHADA Treaty, An Unruly Horse” in The Impartial Judge, N° 1, 2003. Spolsky, B., “Language policy” 4th International Symposium on Bilingualism. Arizona, 2003. ZéAmvela, E., 1999 “English and French in Cameroon: A Study in Language Maintenance and Shift” in Echu, G., Grundstrom, W.A. (eds.) Official Bilingualism and Linguistic Communication in Cameroon, New York, Peter Lang.

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