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DEUXIEME PARTIE SOCIOLOGIE GENERALE ET SOCIOLOGIE POLITIQUE

DEUXIEME PARTIE SOCIOLOGIE GENERALE ET SOCIOLOGIE POLITIQUE. CHAPITRE 5 Contrôle social et déviance. Section 1 Comment le contrôle social s’exerce-t-il aujourd’hui ?. Introduction : Qu’est-ce que le contrôle social ?.

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DEUXIEME PARTIE SOCIOLOGIE GENERALE ET SOCIOLOGIE POLITIQUE

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  1. DEUXIEME PARTIE SOCIOLOGIE GENERALE ET SOCIOLOGIE POLITIQUE CHAPITRE 5 Contrôle social et déviance

  2. Section 1 Comment le contrôle social s’exerce-t-il aujourd’hui ?

  3. Introduction : Qu’est-ce que le contrôle social ? Au sens large, le contrôle social vise à édicter des normes sociales et juridiques fondées sur un ensemble de valeur et à les faire respecter. En ce sens la socialisation des individus au sein d’un groupe ou d’une société en fait partie. Au sens étroit, le contrôle social correspond à l'ensemble des moyens dont dispose une société pour amener ses membres à se conformer aux normes et aux valeurs et à sanctionner la déviance et ce afin de maintenir l'ordre social.

  4. I. L’évolution des formes du contrôle social Il existe tout d’abord un contrôle social interne lié à l’auto-consentement des individus à se conformer aux règles prescrites. Il existe un contrôle social externe qui implique les sanctions de la transgression des normes (que ces sanctions soient positives ou négatives) on distingue alors le contrôle social formel et le contrôle social informel

  5. A. Un contrôle social qui change de nature au cours du temps 1) Le contrôle social formel On parle de contrôle social formel lorsque celui-ci procède de l'activité d'agents et d'institutions spécifiques (justice, police, école, église, armée, ordres professionnels, entreprises). Le contrôle formel repose sur des lois et des règlements, édictés par des gouvernements ou des organismes reconnus et les sanctions s’énoncent le plus souvent sous la forme écrite et impersonnelle.

  6. 2) Le contrôle social informel Le contrôle social informel procède des interactions sociales de la vie quotidienne ou encore des contact continus entre individus et groupes d'individus. Il est assumé par l’ensemble des membres du groupe qui font en quelque sorte pression sur chacun d’entre eux pour que les règles en usage dans le groupe soient respectées. Ainsi, le contrôle informel est exercé par la société, sans explicitement décrire ces règles. Elles sont mises en pratique par les normes sociales, comme le regard des autres, la critique, les sentiments de culpabilité ou de honte.

  7. 3) Du contrôle social informel au contrôle social formel Dans les sociétés traditionnelles le contrôle social est principalement informel. Ainsi, c’est à travers leur culture propre, et les habitudes sociales que les membres assurent collectivement la cohésion sociale et établissent l’ordre social. Le rôle des communautés primaires y est essentiel. Dans les sociétés traditionnelles plus rigidement structurées le contrôle formel prend une place plus importante mais les communautés demeurent centrales. Dans ce type de société, la religion a souvent un rôle dans ce contrôle social (France de l’Ancien Régime). Enfin, dans les sociétés modernes et démocratiques, avec la mise en œuvre de la division du travail social, le développement de l’Etat Providence et la montée de l’individualisme, le rôle des communautés primaires décline et les buts et les mécanismes du contrôle social sont déterminés par la législation, votés par des gouvernements élus, et cette législation bénéficie ainsi d'une acceptation et d'un large soutien de la population.

  8. B. Un contrôle social formel qui élargit son champ - Loi sur l’interdiction de fumée dans les lieux publics - Pénalisation des violences familiales Force est donc de constater que le contrôle social effectué par des instances spécialisées ne concerne pas les seuls crimes et délits, mais s’étend de plus en plus dans les sociétés modernes à d’autres formes de déviances. Le Parlement français a définitivement adopté, le 29 juin 2011, une proposition de loi PS-UMP destinée à renforcer la lutte contre les violences conjugales. Parmi les mesures les plus innovantes du texte , figurent une "ordonnance de protection" pour les victimes * , la création d'un délit de "violence psychologique" et l'expérimentation pour trois ans du bracelet électronique destiné à maintenir à distance le conjoint violent. (*) UNE ORDONNANCE DE PROTECTION pourra être délivrée en urgence par le juge aux affaires familiales lorsque les violences d'un conjoint "mettent en danger la personne qui en est victime, ainsi qu'un ou plusieurs enfants". L'ordonnance permettra d'organiser l'éviction de l'auteur des violences du domicile familial, ou, si la femme décide de quitter ce domicile, d'organiser son relogement pour la mettre hors de portée de son conjoint et de statuer provisoirement sur la garde des enfants. Seront concernés par cette ordonnance l'auteur de violences "exercées au sein du couple ou par un ancien conjoint, un ancien partenaire lié par un Pacs ou un ancien concubin". - Sanctions financières pour lutter contre l’absentéisme "En cas d'absentéisme scolaire (au moins quatre demies journées sur un mois, ndlr), le directeur de l'organisme débiteur de prestations familiales est tenu de suspendre, sur demande de l'inspecteur d'académie, le versement de la part des allocations familiales dues au titre de l'enfant absentéiste", est-il précisé en introduction. Le décret, qui va entre en vigueur lundi, précise "les modalités de calcul de la part des allocations familiales suspendues ou supprimées en cas d'absentéisme scolaire". Journal Officiel du 23/01/2011 Ainsi, un droit répressif se développe ainsi dans des domaines où autrefois les coutumes er la morale suffisaient à régir les manières de vivre ensemble. Au final on assiste à une extension du volume du droit dans tous les domaines de la vie quotidienne :

  9. Le contrôle social formel va même jusqu’à protéger l’individu par rapport à lui-même contre des comportements à risque

  10. C. Et que les nouvelles technologies permettent de renforcer Les nouvelles technologies sont utilisées pour prévenir la délinquance

  11. Les nouvelles technologies sont utilisées pour renforcer le contrôle social par des moyens toujours plus perfectionnés

  12. Il est évident que les nouvelles techniques permettent de renforcer le contrôle social Toutefois certains sociologues dénoncent les dangers que ce contrôle permanent peut représenter un danger pour les libertés individuelles notamment

  13. II. Quelles sanctions et quels effets ? Le contrôle social peut s’exercer par le biais de sanctions tant négatives que positives. A. Les sanctions négatives 1) Définition Les sanctions négatives pénalisent ceux qui ne savent pas, ne peuvent pas ou ne veulent pas se conformer aux normes sociales. Elles varient selon la gravité du manquement aux normes.

  14. 2) Exemples • Les sanctions négatives peuvent émaner des institutions spécifiques dans le cadre de l’ordre social formel. On peut distinguer : • Les sanctions morales • sanctions pénales • sanctions religieuses • Sanctions économiques (avertissement, blâme, rappel à l’ordre) (amende, prison, peine de mort). (pénitence, excommunication), (embargo, appel au boycott) Les sanctions négatives peuvent être également prises dans le cadre du contrôle social informel : • Les sanctions morales • Sanctions économiques • - Sanctions physiques (mise à l’écart, moquerie, rejet, stigmatisation) (appel au boycott) (gifles, fessées)

  15. B. Les sanctions positives 1) Définition Les sanctions positives visent à récompenser les individus qui se sont conformés aux normes attendues ; elles peuvent être prises également pour inciter les individus à se conformer aux attentes de la société 2) Exemples Sanctions positives émanant du contrôle social formel Décorations et distinctions ; titre honorifique ; promotion Sanctions positives émanant du contrôle social informel Estime, considération, applaudissement, ovation, accord de responsabilité au sein d’un groupe

  16. C. Quel type de sanctions ? Selon H. Mendras, les attentes nécessaires comportent des sanctions négatives graves en cas de manquement mais ne comportent pas de récompenses, elles sont obligatoires et par conséquent, en s’y conformant on ne fait que son devoir. En revanche, les attentes facultatives sont essentiellement réglées par des sanctions positives. Selon cet auteur, la pression de la société s’exerce, en fait, beaucoup plus à travers les sanctions positives qu’à travers les sanctions négatives. Les sanctions d’ordre juridique paraissent plus habituelles, mais elles sont purement négatives et agissent plus fréquemment par la crainte qu’elles suscitent que par une application directe, tandis que le jeu social se trouve mis en action par les sanctions positives dont disposent les différents groupes sociaux pour pousser les individus à remplir leurs rôles comme ils doivent le faire.

  17. D. Les sanctions négatives, quelle efficacité ? 1) Les sanctions négatives sont efficaces lorsqu’elles amènent à la dissuasion et /ou évite la récidive La sanction doit avoir un effet de dissuasion. Selon Maurice Cusson (professeur de criminologie) , cet effet repose principalement sur trois éléments : - La certitude de la sanction - La rapidité avec laquelle elle s’applique - La sévérité de la peine encouru (rôle moindre)

  18. 2) Quand les sanctions négatives sont un échec Quand les peines de prison fabriquent des délinquants De la stigmatisation à la délinquance, il n’y a qu’un pas (Section 2)

  19. Section 2 Quels sont les processus qui conduisent à la déviance ?

  20. I. Qu’est-ce que la déviance ? Quelles formes peut-elle revêtir selon les sociétés ou les groupes sociaux ? A. Qu’est-ce que la déviance ? 1) Définition Tout comportement jugé non conforme aux normes sociales d'un groupe est un comportement déviant. Ainsi, la déviance c'est l'écart durable par rapport aux normes socialement établies, pouvant susciter la réprobation de la collectivité.

  21. 2) La déviance est un phénomène universel mais relatif La déviance est un phénomène que l’on rencontre dans toutes les sociétés. Plus précisément toutes les sociétés sont confrontées à des phénomènes déviants puisque toutes les sociétés produisent des normes sociales. Dans certains cas, l’universalité de la déviance est renforcée par des normes universelles : - prohibition de l’inceste - ne pas tuer - ne pas voler

  22. 2) La déviance est un phénomène universel mais relatif La déviance est un phénomène relatif dans le temps. certaines conduites, jugées autrefois déviantes, ne le sont plus de nos jours le vagabondage et la mendicité la cohabitation juvénile et le divorce. Force est de constater que les modifications de normes dues aux progrès techniques ou à l’évolution des croyances religieuses et politiques proclamées sont flagrantes. Mais derrière ces processus très généraux, on peut apercevoir des évolutions qui touchent à des comportements que nos ancêtres pouvaient croire " naturels " et qui pourtant se révèlent être des normes qui ne s’imposaient à eux qu’en vertu d’une représentation construite par la société. Ainsi, dans nos sociétés occidentales, il y a encore seulement un siècle ou deux, la remise en cause de la suprématie sociale, morale, juridique (propriété, mariage, succession, etc.) et intellectuelle des hommes sur les femmes était une déviance intolérable tandis que c'est aujourd'hui son affirmation qui l'est. L’avortement était un crime jugé particulièrement immoral et sévèrement puni tandis que l'on réprime aujourd'hui les catholiques intégristes qui contestent la liberté d'avorter. L’homosexualité était considérée comme une perversion haïssable et méritant de sévères châtiments tandis que c'est aujourd'hui une revendication identitaire largement perçue comme légitime et sans doute bientôt reconnue par le droit. La mendicité était un délit qui pouvait conduire un clochard aux travaux forcés à vie dans un bagne tandis qu'elle fait aujourd'hui l'objet d'une compassion et d'une prise en charge croissantes. L’obéissance des enfants était une obligation indiscutable et les punitions corporelles la sanctionnaient légitimement en famille comme à l’école tandis que le non respect du " droit de l'enfant " est aujourd'hui regardé comme un abus d'autorité odieux . D’après L. MUCCHIELLI

  23. Inversement, l’évolution des sociétés modernes conduit à pénaliser des comportements jadis tolérés voire considérés comme normaux : certaines formes de corruption, certaines formes d’atteinte à l’environnement (chasse, pollution), certaines formes de violences psychique (le harcèlement sexuel, moral, les propos racistes). le fait de fumer dans un lieu public le fait de téléphoner au volant

  24. 2) La déviance est un phénomène universel mais relatif La déviance est un phénomène relatif dans l’espace les normes ne sont pas les mêmes d'un espace géographique ou social à l'autre. Le mode de vie de la tribu des Moso(Sud-Ouest de la Chine) Le port de la mini jupe admis chez nous est sévèrement puni en Iran. L’homosexualité est un crime dans certains pays alors que d’autres reconnaissent la légalité des unions homosexuelles La consommation, la possession et la culture de Cannabis sont interdites en France alors que dans certains pays comme l’Allemagne l’usage n’est pas pénalisé (mais sa possession et sa culture est une infraction) ou encore les Pays-Bas où l'usage et la revente de cannabis sont règlementés mais non légalisés ; il peut être acheté dans les coffee shops

  25. B. Déviance et Délinquance : quelles différences ? 1) Définition de la délinquance Normes Sociales Normes juridiques La délinquance ne représente qu'un aspect de la déviance. Elle se définit comme un comportement déviant vis à vis de la loi (normes juridiques) qui est réprimé par l'application de sanctions formelles négatives. Le domaine des normes sociales est donc bien plus large que celui des normes juridiques et toutes les normes juridiques ne sont pas des normes sociales

  26. 2) La délinquance du point de vue juridique D'un point de vue juridique, la délinquance englobe : Les crimes qui relèvent d'une juridiction pénale et sont passibles de lourdes sanctions (plus de 10 ans ou 75 000€ d'amendes). Les crimes sont jugés en cours d'assise (assassinat, viol, vol avec violence...).

  27. 2) La délinquance du point de vue juridique D'un point de vue juridique, la délinquance englobe : Les délits qui relèvent des tribunaux correctionnels et dont les peines sont plus légères (moins de 10 ans de prison et plus de 3750€ d'amendes). Ils concernent des faits moins graves (recel, vol, rixe...).

  28. Les incivilités sont des actes qui dérangent la vie quotidienne. Certaines sont sanctionnées par la loi sous la forme de contraventions distribuées par le tribunal de police (tapage nocturne, non respect du passage piéton…). D’autres ne sont pas du domaine de la loi mais du simple respect des autres (la sonnerie du portable au cinéma…).

  29. Les contraventions qui relèvent des tribunaux de police ou des juridictions de proximité et dont les peines sont les moins graves (moins de 1 500€ d'amendes). Elles concernent les faits les moins graves (injures, menaces, non respect du code de la route...).

  30. II. La déviance : Quelles explications ? Entre anomie et étiquetage A. Les approches déterministes de la déviance 1) La déviance, comme résultat de l’anomie. L’approche de DURKHEIM Pour Émile Durkheim, les problèmes de déviance et de délinquance résultent d’un défaut d’intégration et de régulation sociale. Selon son analyse, le développement économique des sociétés s'accompagne d'une individualisation croissante, d’un affaiblissement des intégrations intégratrices et du contrôle social qui peuvent favoriser la délinquance.

  31. Plus précisément alors que dans les sociétés traditionnelles, le contrôle social était fort. En effet, le sentiment d'appartenance au groupe était si fort que l'expression de toute individualité était difficile. Toute déviance était alors réglée à l'intérieur du groupe (au sein de la famille, du quartier, du village) sans intervention d'institutions extérieures. Dans les sociétés modernes, le contrôle social est plus relâché. Ainsi, dans les grandes villes, le contrôle social est moins pesant que dans les petites villes rurales. De même, l'affaiblissement des institutions intégratrices rend l'intégration et la régulation des individus plus difficiles. Les crises supposées de la famille (montée des divorces des familles monoparentales, absence du père), de l'école (échec scolaire, baisse du rendement des diplômes), du travail (montée du chômage, de la précarité) de l’encadrement idéologique (déclin de l’Eglise, du Parti communiste) et de la ville (ghettos urbains, crise des banlieues) provoquent un affaiblissement de la socialisation, des normes et des valeurs traditionnelles. Les individus ne sont plus guidés par des normes claires et contraignantes. Ils sont en situation d'anomie. Leurs désirs ne sont plus bornés. Il en résulte une frustration qui est d'autant plus forte que les inégalités économiques, culturelles et sociales sont importantes.

  32. Passage d’une société traditionnelle à une société moderne Montée de l’individualisme Affaiblissement des liens sociaux Affaiblissement du contrôle social Moindre intégration sociale et affaiblissement de la socialisation Recours à des instances spécialisés (police, justice) plus éloignées de l’individu (famille, voisinage, église) Moindre régulation, Comportements anomiques et déviants Ainsi, pour Durkheim, les actes délinquants surviennent quand le sentiment d’appartenance à la collectivité est trop ténu, le lien social trop lâche et l’encadrement moral insuffisant, quand les instances de socialisation et de contrôle sont défaillantes. Dès lors, les individus se trouvent livrés à eux-mêmes et les barrières normatives tombent ; la société ne parvient pas à limiter les pulsions des individus, elle souffre d’une absence de repères (anomie). Les thèmes récurrents de la démission parentale, de la démobilisation éducative, de l’inefficacité policière et du laxisme judiciaire illustrent dans le débat public cette idée de crise morale. Elle peut expliquer la croissance des vols, les émeutes urbaines, les bandes délinquantes.

  33. C'est le cas des jeunes des banlieues qui subissent la « galère » selon François Dubet. Les grands ensembles périurbains paraissent propices à cette représentation des conduites violentes juvéniles. On sait que les grands ensembles sont caractérisés par leur hétérogénéité. Personne ne connaît suffisamment ces jeunes pour être en mesure d'intervenir, personne ne connaît assez leurs parents pour en prévoir les réactions.

  34. 2) La déviance : le résultat d’une frustration relative La déviance : le résultat d’un échec de la socialisation et de difficultés d’intégration Selon les sociologues du courant fonctionnaliste la déviance est définie simplement comme le fait objectif de ne pas se conformer aux normes. Ainsi, R. K. Merton (1910-2003) précise que la déviance existe lorsqu'il n'y a pas ou plus correspondance dans une société donnée entre les buts valorisées par cette dernière et les moyens dont disposent les individus pour les atteindre. Plus précisément, pour Merton, la déviance résulte de la discordance entre les buts culturels qu'une société propose à ses membres (par exemple, dans la société américaine la réussite financière est un objectif très largement accepté par tous) et les moyens institutionnels légitimes dont ils disposent pour y parvenir (dans notre exemple la réussite financière provient du travail). La structure sociale est telle qu'une partie des individus, ne disposant pas de moyens légitimes pour atteindre cet objectif, vont adopter un comportement déviant (chercher à réussir financièrement par des procédures délictueuses). C'est une contradiction entre des valeurs de référence et l'impossibilité de les satisfaire par des moyens légitimes qui caractérise, pour R. K. Merton la déviance.

  35. Ainsi, la société capitaliste moderne valorise l'enrichissement, le pouvoir, la réussite sociale, la mobilité sociale ascendante (buts valorisés) par la réussite scolaire, le travail, l'épargne et l’investissement (moyens légitimes) alors même que les individus des milieux défavorisés ont des difficultés pour y parvenir. Malgré ce que l'on appelle la crise, le chômage, la marginalisation, les jeunes des banlieues populaires vivent dans une société de masse dans laquelle les modèles d'accomplissement des classes moyennes s'imposent à la plupart. Or ceux-ci se sentent exclus de mille façons : par l'échec scolaire l'absence d'emploi, la mauvaise réputation des cités, le racisme, alors que les modèles de la consommation et de la réussite sont à portée de main dans la publicité, le supermarché et la télévision. D’où un sentiment d’injustice et une frustration relative. La délinquance apparaît comme une manière de réduire cette tension. Le vol et la violence sont les seules issues trouvées par les individus qui veulent se conformer au mode de vie dominant mais qui ne disposent pas des moyens pour y parvenir et qui ne sont plus guidés par les normes sociales légitimes. On comprend ainsi pourquoi les délinquants sont issus principalement des classes populaires. Mais s’ils recourent à des moyens illégitimes, c’est bien parce qu’ils adhèrent au modèle culturel dominant, dans le but de s’y conformer. En ce sens, la délinquance peut s’apparenter à un mode d’adaptation innovateur pour pallier les inégalités sociales. Réussite scolaire Travail Epargne Investissement Capital culturel et social Buts valorisés : Enrichissement, Pouvoir, Consommation Réussite sociale Mobilité sociale ascendante Délinquance, Viol, Violence Echec scolaire Absence d’emploi Stigmatisation

  36. B. Les approches interactionnistes de la déviance comme le résultat d’un étiquetage ou d’une stigmatisation 1) L’approche fondatrice de H. S. BECKER : la déviance comme le résultat d’un étiquetage Dans Outsiders, le sociologue américain Howard Saul Becker construit une théorie interactionniste de la déviance, en réaction à la tradition fonctionnaliste de Merton qui définit la déviance comme la transgression d’une norme définie d’un commun accord. Il refuse, en particulier, du déterminisme l'idée que la déviance soit le produit de facteurs sociaux pesant sur les individus. L'acte déviant est pour lui le résultat d'un double processus qui se construit dans l’interaction entre les individus.

  37. Premièrement, l'acte doit être défini comme déviant par la société. Il faut donc se poser la question de savoir qui a produit la norme. Becker s'intéresse ainsi à ce qu'il nomme les entrepreneurs de morale, c’est-à-dire aux acteurs qui se mobilisent pour qu'une activité donnée soit catégorisée socialement comme déviante. Selon cette conception, le pouvoir est à la fois la condition et l'enjeu de la création de déviance. Il faut occuper une position dominante pour réussir à imposer sa propre conception du bien et du mal, du normal et du pathologique. Or, l'accès au pouvoir est inégal. Certains groupes sociaux ont plus de "chances" d'y accéder que d'autres. Ainsi, Becker cherche ainsi à montrer que la marijuana n'est devenue illégale aux États-Unis qu'à la suite d'une campagne menée par des entrepreneurs de morale.

  38. Il montre ainsi que le Bureau des narcotiques joue un rôle actif pour faire considérer la consommation de marijuana comme un délit grave dans les années 30 (jusque là, la marijuana était uniquement consommée par des immigrants mexicains mais, à cette époque elle commence à se répandre dans le public anglo-saxon). Pour ce faire le Bureau lance une campagne de sensibilisation auprès des grands magazines en faisant passer des informations pour nourrir des articles et il se sert ensuite de la publication de ces articles pour faire pression auprès des représentants au congrès en attirant leur attention sur une question qui fait la une de nombreux journaux. Cette campagne connaît un écho favorable parce que la consommation de marijuana heurte plusieurs traits essentiels de la culture anglo-saxonne américaine : premièrement, l’éthique protestante affirme que l’individu ne devrait jamais perdre le contrôle de soi. Deuxièmement, « la grande importance accordée au pragmatisme et à l’utilitarisme dans la culture américaine explique peut-être le malaise et l’ambivalence qu’éprouvent généralement les américains vis à vis de toutes les formes d’exaltation », surtout si l’exaltation est recherchée pour elle même, ce qui constitue un « plaisir défendu ». Enfin, la loi doit viser à défendre les individus contre eux-mêmes ainsi que contre les risques qu’ils font encourir à leurs proches.

  39. EN RESUME Toute étude de la déviance, pour Becker, ne doit pas penser les actions comme, en soi, déviantes, mais comme ayant été définies comme telles par des entrepreneurs de morale. Une conduite ne devient pleinement déviante qu’à partir du moment où elle est publiquement désignée et traitée comme telle.

  40. D'autre part, il faut que l'acteur entreprenant une action déviante soit étiqueté comme tel lors d'une interaction sociale. Pourquoi applique-t-on à tel comportement et à tel individu l'étiquette de déviant ? Il est possible de commettre des actes déviants et de ne pas être considéré comme déviant. Il est aussi possible de ne commettre aucun acte déviant et d’être taxé comme déviant (les Noirs aux Etats-Unis). Le processus d'étiquetage répond à des logiques sociales qui rendent plus probable le fait que certains acteurs soient définis comme délinquant (comme l'illustre par exemple le comportement différent de la police envers les consommateurs de stupéfiant en fonction de leur milieu social). Tout dépend donc de la façon dont les groupes sociaux et les institutions réagissent dans l’interaction. Quatre situations sont possibles : Accusé à tort Pleinement déviant Conforme Secrètement déviant

  41. Ainsi, la déviance est définie comme étant la conséquence d'une étiquette qui est collée au dos du déviant par ceux qui le repèrent. Dès lors, on a compris que H. BECKER met moins l'accent sur les transgressions et les motivations des intéressés que sur les mécanismes par lesquels la collectivité écarte certains de ses membres en les désignant comme déviants. Pour H. S. Becker, "La déviance n'est pas une qualité de l'acte commis (…). Le déviant est celui auquel cette étiquette a été appliquée avec succès". Ainsi, pour les sociologues inter-actionnistes la déviance n’est ainsi qu’un rôle « endossé » par celui qui est victime de la stigmatisation des autres. Et, s’il persiste, ce rôle peut entraîner une modification de la personnalité de l’individu, ainsi qu’une modification de ses relations sociales. Il entre alors progressivement dans une carrière de déviant.

  42. - La déviance : une carrière Becker pense, enfin, que la délinquance se construit à travers une carrière. La stigmatisation de certaines catégories de la population (qui portent un « stigmate ») va avoir pour effet de les faire « entrer dans la carrière ». En effet, La stigmatisation du déviant va produire deux effets : - D'une part, elle peut amener l'intéressé à intérioriser l'image de soi qui lui est renvoyée par la société et ainsi à se définir lui-même comme déviant. - D'autre part, elle limite ses possibilités de continuer à agir dans le cadre légal : il est difficile, par exemple, pour un ancien détenu de retrouver un travail honnête. Ainsi, cette stigmatisation peut faire entrer l'individu dans un processus de déviance secondaire (il va commettre de nouveaux délits) qui induit une nouvelle réaction de la société...On entre ainsi dans une spirale, dans laquelle chaque délit appelle une réaction sociale qui contribue elle-même à favoriser l'accomplissement de nouveaux délits. Ce processus a pour effet d'amplifier la déviance et d'enfermer un comportement déviant occasionnel dans une véritable culture délinquante : l'individu entre dans la carrière déviante et il va ainsi apprendre au contact d'autres délinquants plus chevronnés à bien faire son nouveau métier. La délinquance est donc le résultat d'un processus d'apprentissage social, qui passe par une redéfinition de son identité sociale.

  43. - L’approche de E. GOFFMAN : la déviance comme le résultat d’une stigmatisation A l'étiquetage, le sociologue américain Erwin Goffman va ajouter le processus de stigmatisation. Pour Goffman, chaque individu est doté d’une identité sociale possédant deux dimensions : - l’identité sociale réelle (les attributs de l’individu) ; - l’identité sociale virtuelle (ce qu’on attribue à un individu en fonction de son apparence).

  44. Si un attribut (identité sociale réelle) ne correspond pas à ce qui est attendu (identité virtuelle), il s’agit d’un stigmate c'est-à-dire attribut qui jette un discrédit sur celui qui le possède (couleur de peau, maladie, difformité corporelle, homosexualité...) et s’enclenche alors un processus de stigmatisation : processus au cours duquel un individu va être qualifié de déviant, identifié comme tel. Ce qui rend le stigmate si difficile à vivre, ce ne sont pas tant ses caractéristiques objectives que le regard que la société a dessus, qui se matérialise dans chaque interaction avec des « normaux ». La stigmatisation peut conduire à la marginalisation, à l’exclusion. Mais, dans l'interaction, l'individu stigmatisé ne va rester inerte. Il va chercher dissimuler les attributs qui le stigmatisent en exerçant un autocontrôle sur sa propre image.

  45. Entrepreneurs de morale Acte considéré comme déviant Processus d’étiquetage Définissent la norme sociale L’individu est perçu comme déviant Processus de stigmatisation Approche de H. BECKER L’individu intériorise sa déviance Approche de E. GOFFMAN L’individu rentre dans la carrière de déviant

  46. Section 3 Comment mesurer le niveau de la délinquance ?

  47. I. Des statistiques produites par la police et la justice … A. Le mode de construction des statistiques produites par la police et la justice 1) Analyse des faits

  48. Les statistiques de la délinquance enregistrent des faits composites 1 er groupe , Vols et recels, atteintes aux biens : ce sont des infractions qui font des victimes directes mais sans violences contre des personnes physiques. (Vol de véhicule, cambriolage, dégradations volontaires de biens privés –hors incendie et attentat- ) 2 ème groupe , Crimes et délits contre la personne : ce sont des infractions avec violence directe envers les victimes. Y figurent les atteintes physiques caractérisées (violences intrafamiliales, violences dans le milieu professionnel etc), les agressions sexuelles, les homocides volontaires ou involontaire (lors d’un vol ou d’une bagarre par exemple) mais aussi les vols avec violence 3 ème groupe , Infractions économiques et financières : ce sont des infractions constatées avec (escroqueries, abus de confiance, falsifications et usages de cartes de crédit, usages de chèques volets ) ou sans victime directe (fraude fiscale) 4 ème groupe, immigrations clandestine, stupéfiants, autres : ce sont des infractions diverses à la législation.

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