Présentation Projet de mémoire de maîtrise Étudiant : Rolland St-Gelais

1. Colloque étudiant du 14 février 2011Faculté de théologie et de sciences religieusesPavillon : Félix-Antoine-Savard Présentation Projet de mémoire de maîtrise Étudiant : Rolland St-Gelais Théologie (option bioéthique) Directeur de recherche : M. Bernard Keating

2. L’eugénisme dans la société actuelle :Le droit de naître, ou de ne pas naître, handicapé à l’aube du XXIe siècle C’est un fait ! Les sciences médicales, à l’heure des nouvelles techniques prénatales, possèdent un pouvoir pratiquement absolu de dépistage des malformations congénitales. Cela implique-t-il qu’elles possèdent le pouvoir de décider du droit de vie pour la personne en devenir? Il ne s’agit pas ici de soulever la question du droit inaliénable qu’ont les parents, surtout la mère, d’interrompre une grossesse discutable, mais de prendre en compte des leçons de l’histoire afin d’éviter la répétition d’erreurs profondément inhumaines. À partir de l’analyse de situations, on cherchera à comprendre, d’une part, si une politique étatique prônant un eugénisme sociétal peut être conforme avec le droit manifeste et incessible qu’ont les personnes de naître différentes des normes sociales préétablies par une société donnée. D’autre part, on s’interrogera sur la possibilité, ou non, qu’une telle politique puisse être justifiée d’un point-de-vue de théologie chrétienne.

3. Les origines historiques, politiques, sociales et médicales de l’eugénisme :Connaître le passé pour mieux prévenir le futur Une pseudoscience au stade de balbutiement (1849-1930) Charles Darwin(1809-1882) Ce n’est pas une génération spontanée. Elle est née à la suite d’interrogations sur la baisse cruciale de la qualité de vie : Pourquoi la pauvreté, la transmission de maladies dégénératives et l’apparition de tares, qu’elles soient physiques ou intellectuelles, ont-elles augmenté auprès d’une catégorie précise de la population ? De tels fléaux seraient-ils transmissibles par l’hérédité ? Les notions de sciences sociales étaient peu connues. De toute façon, seules les sciences appliquées avaient le haut du pavé dans l’opinion populaire. Elles offraient la voie du salut pour régler les problèmes auxquels la société était confrontée.

4. Francis Galton : Le père de l’eugénisme Francis Galton (1822-1911) Quelle était son idéologie ? Il condamna toutes notions chrétiennes pouvant faciliter l’accroissement des gens jugés « indignes de vivre ». « lebensunwert»* Tous les hommes naissent libres et égaux, en droit et en dignité ? Une pure utopie; La nature en a voulu autrement. Il est aisé de constater qu’une telle idéologie contrevient à la doctrine chrétienne, plus particulièrement aux nombreuses affirmations contenues dans les encycliques de l’Église catholique, et qui affirment que l’Homme est fait à l’image de Dieu et que tout doit être mis en place pour préserver sa dignité.

5. La génétique naissante La toute-puissante génétique L’homme, cet inconnu d’Alexis Carrel (1935) La publication de L’homme, cet inconnu d’Alexis Carrel en 1935 qui prôna un eugénisme négatif allant même jusqu’à l’euthanasie des « indignes de vivre » ; La génétique est devenue la pierre angulaire des politiques de discrimination raciales et sociales ; Une série de lois décrétée afin de stériliser les individus qui, non seulement appartenaient aux groupes qualifiés de marginaux, mais qui vivaient aussi sous le seuil de la pauvreté. Il existait une interaction complexe sur les opinions, avouons-le, biaisées chez les partisans de l’eugénisme dans le domaine des affaires sociales et sur les avancées médicales, notamment la génétique.

6. Les politiques eugéniques : interactions et influences 1930-1945 Apparition de troistypes d’eugénisme Le premier pays pro-eugénique ? Les États-Unis Stérilisation obligatoire des personnes appartenant à la classe défavorisée et aux groupes dit « marginaux ». Deux réactions : Les associations pro-eugénistes ; mouvements féministes associations pour le planning familial La réaction de l’église catholique américaine : Opposition formelle et catégorique, et ce, pour quelques motifs que ce soient. La source du problème de la paupérisation des classes les moins favorisées se retrouve aussi dans la formulation même du capitalisme. Autrement dit, appuyer un eugénisme aveugle équivaudrait à soutenir les abus du capitalisme. • Positif : Favoriser les meilleurs éléments • Négatif : Éliminer les éléments les inaptes à vivre « lebensunwert»* • Différentes prises de position entre les protestants et les catholiques face à l’eugénisme

7. Le cas du Canada etla particularité du Québec États « catholiques » & États « protestants » La politique eugénique des provinces anglophones et protestantes Le cas de l’Alberta : Stérilisation forcées des adolescents(es) jugés(es), à tords ou à raison, d’incapacité mentale. Transposition des différences de point de vue sur l’eugénisme entre les États dits catholiques et les États dits protestants : France (laïc), Angleterre (mitigé), autres ? Positions mixtes. Allemagne ? Horreur ! Différences de point de vue sur l’eugénisme entre les États dits « catholiques » et les États dits « protestants » ; Transposition sur la différence politique sociale entre l’État canadien et l’État québécois La situation officielle du Québec et l’influence du clergé catholique La position du clergé : Contre

8. Le cas particulièrement « triste » de l’Allemagne nazie La science au service du Reich Le plan T4 : Quand la science légitime le mal absolu Avant la prise du pouvoir d’Adolf Hitler en 1933 L’idéologie nazie envers les vies « indignes de vivre » Le plan T4 précurseur de la solution finale ? Les « indignes de vivre » : les vies sans valeur ; « lebensunwert ». Les conséquences lors du procès de Nuremberg Leonardo Conti

9. De la fin du Second conflit mondial à nos jours Les Droits de l’Homme et l’eugénisme : Le drame de la Thalidomide Conséquence directe du procès de Nuremberg Les nouvelles percées médicales ; Le drame pharmaceutique de la Thalidomide et l’émergence soudaine d’un eugénisme dit « de panique » ; Brève description historique de ce drame Le cas très particulier de la Belgique : le procès du couple Van de Pute ou un eugénisme populaire Le cas canadien : la décriminalisation de l’avortement sous le gouvernement Pearson et le bill omnibus du ministre de la justice, un certain Pierre-Elliot Trudeau.

10. La position officielle de l’Église catholique En quoi consiste l’eugénisme ? Résumé : Elle condamne tout acte délibéré provocant un avortement, et ce, même si l’embryon, ou le fœtus, présente des signes d’un handicap sévère ou est atteint de maladies génétiques prononcées. Comme l’affirme Daniel J. Kevles : « l'Église catholique, […] est depuis longtemps un adversaire inébranlablede l'eugénisme. »* L’eugénisme va à l’encontre des lois divines. Il est associé directement à sa position sur l’avortement. Il va à l’encontre de l’idéologie sociale catholique. La valeur incomparable de la dignité de la personne humaine Toute personne ayant une conscience droite peut reconnaître que le droit à la vie fait partie inhérent du droit naturel. Pourtant, les attaques contre le droit à la vie dans le monde entier se sont étendues et multipliées tout en revêtant de nouvelles formes.

11. Présentation des textes choisis « Discours du pape Benoît XVI aux participants à la XVe assemblée ordinaire de l’académie pour la vie » prononcé à la salle Clémentine, samedi 24 février 2007 Sa sainteté Benoît XVI Pourquoi avoir choisi Benoît XVI ? • Un témoin « privilégié » de l’eugénisme nazi ; • Un de ses cousins perdit la vie dans les premières chambres à gaz, et ce bien avant l’événement de la Shoah. La raison de son élimination réside dans l’idéologie eugénique nazie : Il avait commis le crime impardonnable d’être né trisomique. • Eugénisme libéral ? Il reconnait, fait à noter, toute l’importance des moyens de pression collective sur la personne concernée : C'est pourquoi, l'appel à la conscience et, en particulier, l'appel à la conscience chrétienne.

12. Diversité des textes choisis Présentation des textes choisissuite … • « Discours du Pape Jean-Paul II aux évêques de la région apostolique centre-est de France en visite « Ad limina Apostolorum », Samedi, 28 mars 1992 • « Discours du Saint-Père Jean-Paul II au groupe de travail sur le génome humain organisé par l’académie pontificale des sciences », Samedi 20 novembre 1993 • « Conférence d’examen de la déclaration de Durban de 2001 contre le racisme, la xénophobie et l’intolérance, organisée par l’O.N.U. » (Genève, 20-24 avril 2009) Intervention de S.E. Mgr Silvano M. Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’organisation des nations unies et des institutions spécialisées, Genève, Mercredi 22 avril 2009 • Reprises des fondements de l’encyclique Evangeliumviteaet de l’encyclique Gaudium et spespar Benoît XVI.

13. Objectif Objectif recherché Objectif atteint De telles politiques, appliquées de manières subtiles par le corps médical et appuyées par une population indifférente à l’égard du droit de naître ou non handicapé, peuvent amener à la répétition d’erreurs, et d’horreur, telles que l’on a connu au cours de l’histoire récente. Voulez-vous connaître le futur ? Analysez le passé. Il y a une incohérence absolue entre d’une part, le fait de s’affirmer chrétien et, d’autre part, le fait d’appuyer une quelconque forme d’eugénisme au sein de la société. Mon objectif est de répondre à cette problématique : Une politique étatique prônant un eugénisme de type sociétal peut-elle être conforme, et être justifiée d’un point-de-vue chrétien, avec le droit manifeste et incessible qu’ont les personnes de naître différentes des normes sociales préétablies ?

14. Conclusion Martin Niemöller (1892-1984) Le chrétien et l’eugénisme moderne Quand j’ai su que l’on élimina les embryons handicapés physiques, je n’ai rien dit, car je ne suis pas handicapé. Quand j’ai su que l’on élimina les embryons handicapés intellectuels et d’autres ayant des carences majeures, je n’ai rien dit, car je n’entrais pas dans ces catégories. Mais, maintenant que je suis vieux et que mes limites apparaissent aux grands jours, je crains pour ma vie. Qui dira un seul mot pour me défendre, puisque cela ne concernera personne ? Ma dignité d’être humain disparaîtra alors à tout jamais. Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n'ai rien dit, car je n'étais pas communiste. Quand ils sont venus chercher les sociaux-démocrates, je n'ai rien dit, car je n'étais pas social-démocrate. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n'ai rien dit, car je n'étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus chercher les Juifs, je n'ai rien dit, car je n'étais pas juif. Et quand ils sont venus me chercher, il n'y avait plus personne pour protester.