L mergence du roi absolu

1. CATHERINE DE M�DICIS ET LA SAINT-BARTH�LEMY L��mergence du ��roi absolu �

2. Textes officiels Au d�part, une incertitude. La le�on pouvait tout � fait s�int�grer dans la s�quence sur la crise religieuse (Th�me 1 � Les bouleversements culturels et intellectuels (XVe-XVIIe si�cles). Connaissances : Les confessions s�affirment et s�affrontent (catholiques, protestants). D�marches : La crise religieuse de la chr�tient� : un �v�nement. Mais dans les capacit�s, raconter une �pisode significatif des r�formes (dans les vies de Luther, de Calvin ou d�un r�formateur catholique�) et expliquer ses cons�quences paraissait plus �loign� du sujet.

3. Textes officiels En fait l�historiographie r�cente permet de r�soudre le probl�me. La Saint-Barth�lemy fut d�abord une crise politique. Aussi cette le�on s�inscrit parfaitement dans le th�me 2, l��mergence du ��roi absolu��. Connaissances : La monarchie fran�aise subit une �clipse dans le contexte des conflits religieux du XVIe si�cle. [�] Les rois revendiquent alors un ��pouvoir absolu �. D�marches : L��tude est conduite � partir d�exemples au choix : de la vie et l�action d�un souverain (Catherine de M�dicis et Charles IX) ; d�un �v�nement significatif (la Saint-Barth�lemy). Capacit�s : Raconter�

4. Textes officiels Deux recommandations ont guid� la construction de cette le�on : ��La place de l�histoire des arts est importante dans chacune des parties du programme � ��Au cours de cette seconde ann�e de coll�ge, les �l�ves continuent � se familiariser avec diff�rents types de sources historiques � Par cons�quent, l�utilisation du tableau r�alis� par Fran�ois Dubois, peintre parisien r�fugi� en Suisse apr�s avoir �chapp� au massacre, s�imposait. De m�me, l�utilisation de courts extraits en ancien fran�ais qui peuvent rebuter des �l�ves de 5e a son utilit�.

5. Introduction Accroche de la le�on : ��Nous sommes le 24 ao�t 1572, � Paris� �

7. Introduction ��Des hommes, des femmes, des vieillards et des enfants sont massacr�s dans les rues. � gauche, la Seine. En arri�re-plan quasiment au centre du tableau, le ch�teau du Louvre. Regardez bien, un personnage semble avoir jou� un r�le plus important que les autres dans la tuerie. Qui est-ce ?�� Il s�agit de guider les �l�ves vers le personnage en noir situ� devant le ch�teau. Le nombre important de cadavres plac�s devant Catherine de M�dicis doit attirer les regards. Mais � ce stade, compte tenu de la qualit� de la reproduction, les �l�ves ne distinguent pas encore distinctement le personnage. ��Nous avons besoin d�un agrandissement. Le voici :

8. Les �l�ves s��crient : ��C�est une femme !��. La connaissez-vous ? Certains r�pondent ��c�est une reine � . ��C�est Catherine de M�dicis ! � Introduction

9. Introduction ��Si on se concentre sur ce personnage et sur cette journ�e particuli�re, quelle question peut-on poser ? � Plusieurs probl�matiques �mergent facilement : ��Quel est le r�le de Catherine de M�dicis dans le massacre ? Pourquoi a-t-elle massacr� tant de gens ? A-t-elle donn� l�ordre du massacre ?��

10. Introduction Trace �crite : Le 24 ao�t 1572, le jour de la Saint-Barth�lemy, des hommes, des femmes et des enfants sont massacr�s dans les rues de Paris. Un personnage semble avoir jou� un r�le particulier : la reine m�re Catherine de M�dicis. Quel a �t� son r�le exact dans ce massacre ?

11. A) Il est temps d�analyser plus en d�tails la peinture de Dubois. Elle va permettre de rappeler certains aspects de la r�forme protestante vus dans une s�quence pr�c�dente. D�abord se focaliser sur les victimes. ��Comment sont-elles habill�es ?�� Elles sont nues ou en chemise de nuit. Certaines sont habill�es tout en noir ��comme des cur�s ! � r�pondent certains �l�ves. Certains corrigent : ��Mais non, ce sont des protestants !��

13. A) Il faut s�interroger sur la violence de la sc�ne (la femme enceinte de 8 mois �ventr�e, le nourrisson tir� par des enfants�). ��Quelles �motions peuvent pousser des hommes � commettre de tels actes ?�� Les �l�ves r�pondent la haine, la peur� ��La peur de quoi ? � Un aspect essentiel du tableau -l�homme qui tente de s��chapper sur les toits mais qui est n�est d�j� plus de ce monde - permet de rappeler que les populations � l��poque ont peur de la mort et craignent pour leur salut. Deux v�rit�s s�affrontent : celle d�finie par Luther puis Calvin qui a convaincu pr�s de deux millions de personnes dans le royaume de France face � une religion catholique qui entend se d�fendre.

15. A) La haine des protestants ? Une hypoth�se est propos�e alors par les �l�ves : Catherine d�testait peut-�tre les protestants� Trace �crite : 1) Catholique contre protestants Les victimes sont protestantes. Des bandes catholiques les massacrent car elles ont peur de la nouvelle religion n�e en Allemagne (Luther). L�angoisse tourne autour du salut (aller au paradis).

16. A) La haine des protestants ? 2) Des tentatives de r�conciliation Mise en activit� : �dit de St-Germain, sur la pacification des troubles du royaume, 1570. ��CHARLES, par la gr�ce de Dieu roy de France, � tous pr�sens et � venir, salut. Considerans les grands maux et calamitez avenus par les troubles et guerres desquelles nostre royaume a �t� longuement, et est encore de pr�sent afflig�; et prevoyans la d�solation qui pourroit avenir, si par la gr�ce et mis�ricorde de nostre Seigneur lesdits troubles n�estoient promtement pacifiez. Nous pour � iceux mettre fin, rem�dier aux afflictions qui en proc�dent, remettre et faire vivre nos sujets en paix, union, repos et concorde, comme tousjours a �t� nostre intention. Savoir faisons, qu�apr�s avoir sur ce pris l�avis bon et prudent conseil de la royne nostre tr�s-ch�re et tr�s-honor�e dame et m�re, de nos tr�s-chers et tr�s-amez les ducs d�Anjou, nostre lieutenant g�n�ral, et duc d�Alencon, princes de nostre sang, et autres grands et notables personnages de nostre conseil priv�.�[�]� Qui est l�auteur de cet �dit (loi)�? Quel est l�objectif du roi�? Quel personnage a encourag� le roi � prendre cette d�cision�? �

17. La haine des protestants ? Conclusion de la premi�re heure : Catherine de M�dicis ne d�testait pas les protestants. Un mariage entre sa fille et le chef protestant Henri de Navarre avait m�me �t� organis� quelques jours avant le massacre.

18. Deuxi�me heure : B) Rappel : Avant le carnage, une f�te avait �t� organis�e. Comment est-on pass� en six jours d�un mariage heureux � ces sc�nes de tuerie. ��Quel a �t� le r�le de Catherine de M�dicis dans ce basculement ? � Certains �l�ves ont la m�me logique que les protestants � l��poque et proposent leur explication : ��Le mariage [et les accords de "paix"] �tait un pi�ge pour attirer les chefs protestants � Paris et les massacrer. Catherine a tout arrang� �.

19. B) Il est l�heure de d�couvrir un personnage central de ces journ�es : l�Amiral de Coligny. Mise en activit� : L�amiral de Coligny, chef militaire des protestants, se serait adress� � Catherine de M�dicis quelques jours avant la Saint-Barth�lemy en ces termes�: ��Madame, [�] le roi se refuse � entreprendre une guerre�: Dieu veuille qu�il ne lui en survienne pas une autre dont il ne sera peut-�tre pas en son pouvoir de se retirer.�� D�apr�s un t�moignage de Giovanni Michiel ambassadeur de Venise � Paris en 1572. Question : donnez des adjectifs pour qualifier le ton utilis� par l�Amiral de Coligny. Comment parle-t-il � Catherine de M�dicis ?

20. B) Or, les �l�ves ont besoin de conna�tre un fait essentiel dans l�encha�nement des �v�nements : l�Amiral de Coligny qui est d�test� par les catholiques parisiens a �chapp� � un attentat le 22 ao�t� Ne pas s�attarder sur les commanditaires de l�attaque (les Guises, l�Espagne ?) que les sources ne permettent pas de d�terminer mais sur ses cons�quences. C�est la paix qu�on a voulu assassiner. � partir du 22 ao�t, la m�fiance, l�agressivit� des chefs protestants � l��gard du roi et de ses proches grandit�

21. B) Trace �crite : 1. La menace d�un coup de force protestant Apr�s un attentat manqu� contre le chef militaire des protestants, l�Amiral de Coligny, les responsables huguenots (nom donn� aux protestants) �taient de plus en plus mena�ants vis-�-vis de la famille royale.

22. B) Cours dialogu� : Quel sort est r�serv� � l�Amiral de Coligny ? Quels sont ses agresseurs ? Que font-ils ? Les �l�ves d�couvrent enfin qu�il n�y a pas eu une mais ��deux Saint-Barth�lemy �. Les chefs protestants ont d�abord �t� ex�cut�s par les hommes du duc de Guise, ce qui a d�cha�n� au petit matin la fureur de ��bandes catholiques �.

23. B) Mais qui a donn� l�ordre d�ex�cuter les chefs protestants et pourquoi ? Catherine, Charles IX, les Guises ? L�avis de l�historienne Arlette Jouanna est pr�cieux : ��Il est vain de chercher � d�m�ler pr�cis�ment les responsabilit�s individuelles, que les sources ne permettent pas d��tablir avec pr�cision. Tout au plus peut-on noter que Catherine de M�dicis a revendiqu� express�ment, dans une lettre � Arnaud du Ferrier, la part qu�elle a prise dans les conseils donn�s � son fils�; r�futant fermement les accusations selon lesquelles elle aurait agi contre Coligny par d�sir de vengeance, elle d�clare que la voie choisie �tait l�gitime parce que l�amiral ne se reconnaissait plus comme sujet et se comportait en rebelle, qu�il avait fini par prendre un pouvoir �gal � celui du roi [�] � Arlette Jouanna, La Saint-Barth�lemy, Les myst�res d�un crime d��tat, Paris, Gallimard, 2007, p. 139-140. Cours dialogu� autour de ce document d�interpr�tation.

24. B) Un crime d��tat Le titre du B) peut enfin �tre compl�t�. Trace �crite : 2. R�tablir l�autorit� du roi C�est le roi et son conseil qui ont pris la d�cision pr�cipit�e d�ex�cuter les chefs protestants pour �viter selon eux un coup d��tat. Mais ils n�avaient pas pr�vu que des bandes catholiques massacreraient des milliers de personnes � Paris et en province (environ 10 000 morts).

25. Conclusion On peut enfin r�pondre � la probl�matique de d�part. Toutes les derni�res recherches sur Catherine de M�dicis s��loignent de la ��l�gende noire �. Les �l�ves doivent comprendre que le tableau est une �uvre de propagande protestante qui a servi � construire la l�gende noire de Catherine de M�dicis, reprise par l'historiographie ancienne, par Alexandre Dumas et ses successeurs cin�matographiques (Les deux films La Reine Margot, de Jean Dreville, 1954 et de Patrice Ch�reau, 1994). Il est possible face � une bonne classe d��voquer en quelques mots comment d�autres historiens ont interpr�t� la Saint-Barth�lemy (Jean-Louis Bourgeon, Denis Crouzet�) mais la dimension politique de l��v�nement ne fait plus de doutes.

26. Conclusion Trace �crite : Conclusion : Catherine de M�dicis n�a ni complot�, ni donn� l�ordre de massacrer les protestants parisiens. Elle ne les d�testait pas. Elle a accompagn� la d�cision de son fils qui a eu peur d�un coup de force protestant et qui voulait d�j� mettre en place une monarchie absolue.

27. Bibliographie Jean-Louis Bourgeon, L�assassinat de Coligny, Gen�ve, Droz, 1992 ; Charles IX devant la Saint-Barth�lemy, Gen�ve, Droz, 1995. Denis Crouzet, Le Haut C�ur de Catherine de M�dicis. Une raison politique au temps de la Saint-Barth�lemy, Paris, Albin Michel, 2005 ; La nuit de la Saint-Barth�lemy. Un r�ve perdu de la Renaissance, Paris, Fayard, 1994. Janine Garrisson, Tocsin pour un massacre, ou la saison des Saint-Barth�lemy, Paris, Le Centurion, 1968 ; La Saint-Barth�lemy, Paris, Complexe, 1987 ; Les derniers Valois , Paris, Fayard, 2001. Arlette Jouanna, La Saint-Barth�lemy. Les myst�res d�un crime d��tat, Paris, Gallimard, 2007. Robert Knecht, Catherine de M�dicis, Bruxelles, Le cri �ditions, 2003. Pascal Le Berre, Le massacre de la Saint-Barth�lemy, CDDP de l��Eure, 1996. Jean-Fran�ois Solnon, Catherine de M�dicis, Paris, Perrin, 2003. Thierry Wanegffelen, Catherine de M�dicis. Le pouvoir au f�minin, Paris, Payot, 2005.

28. Illustrations Tableau sur la Saint-Barth�lemy de Fran�ois Dubois, conserv� au mus�e cantonal des Beaux-Arts � Lausanne, r�alis� entre 1576 et 1584. Portrait de Catherine de M�dicis par Fran�ois Clouet conserv� au Mus�e Carnavalet, r�alis� entre 1565 et 1575.