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LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ? . Fédération FO de la Métallurgie 9, rue Baudoin 75 013 PARIS Aulnay, le 14 février 2011 Mesdames, Messieurs, Conformément à l’étude que vous nous avez confiée sur le LEAN , nous avons l’honneur de vous présenter notre synthèse.

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  1. LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  2. Fédération FO de la Métallurgie 9, rue Baudoin 75 013 PARIS Aulnay, le 14 février 2011 Mesdames, Messieurs, Conformément à l’étude que vous nous avez confiée sur le LEAN , nous avons l’honneur de vous présenter notre synthèse. En vous remerciant de la confiance que vous nous avez témoignée, nous restons à votre disposition pour vous fournir toutes explications complémentaires et approfondir les aspects que vous estimeriez nécessaires à l'appréciation de cette forme d’organisation du travail et de ses incidences économiques et sociales. Christophe ZUGOLAROAnne-Joëlle MOREAUDirecteur de mission Expert-comptable Associée 2

  3. Sommaire Plan de l’étude Introduction P 4 à 5 Les intérêts économiques du lean en question P 6 à 24 Des intérêts financiers à court terme P 7 à 12 Une efficacité très discutable sur une compétitivité durable P 13 à 24 Les dommages sociaux du lean P 25 à 37 Lean et conditions de travail P 27 à 33 Lean et santé au travail P 34 à 37 Conclusions P 38 à 39 Annexes P 40 à 41 LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  4. INTRODUCTION LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  5. Lean est un qualificatif donné par une équipe de chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology) au système de production Toyota : le Toyota Production System (TPS) . Le Toyota Production System est devenu le socle de la philosophie du LEAN qui peut être défini de la façon suivante : «Une démarche Lean est une approche systématique d’identification et d’éradication des gaspillages par le progrès permanent en tirant le flux par la demande des clients et en recherche constante de perfection. » (Hohmann.C) Le lean (littéralement : « maigre », « sans gras », « dégraissé ») vise donc l’optimisation de la performance d’une organisation (productivité, qualité) par l’amélioration continue et l’élimination des gaspillages. Adaptable à tous les secteurs économiques, le lean est actuellement principalement implanté dans l’industrie. Compte tenu des avantages de systèmes d’organisation homogènes entre clients/fournisseurs/sous-traitants, le lean se développe. Il s’étend désormais en outre de plus en plus à des activités de services. Cette forme d’organisation du travail est-elle de nature à accroître durablement la compétitivité de l’industrie et à sauvegarder l’emploi ? Quelles sont les conséquences sociales de la mise en place du lean au sein des entreprises? Introduction LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  6. LES INTERETS ECONOMIQUES DU LEAN EN QUESTION Des intérêts financiers à court terme Une efficacité très discutable sur une compétitivité durable LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  7. DES INTERETS FINANCIERS A COURT TERME LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  8. Le lean vise à réduire ou éliminer 7 sources de gaspillages (muda en japonais) : La surproduction : est une production trop vite ou trop tôt ou bien en quantité plus que nécessaire, Les délais d’attente au cours desquels aucune valeur ne se crée, Les activités de manutention et de transport inutiles , Les traitements inadéquats ou tâches inutiles : il s’agit des actions non exigées par le client et n’ajoutant aucune valeur, Les stocks inutiles : ceux-ci créent des problèmes d’espace et pèsent financièrement, Les mouvements inutiles : ils concernent des déplacements inutiles de personnes ou de matières, Les défauts de fabrication. L’élimination ou la réduction des gaspillages Intérêts économiques du lean ? LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  9. Pour éliminer les 7 catégories de gaspillages identifiés, le Lean repose sur 2 piliers : le Juste-à-temps et le Jidoka.1- Le juste-à-temps consiste à produire à flux tendus réduisant ainsi les délais d'attente, les stocks... La production est alors "déclenchée" en fonction des commandes des clients.Les outils du juste-à-temps sont : le temps TAKT time : c’est un outil de lissage des commandes client en production. Sur la base du plan mensuel de production, on fixe un « tempo » qui correspond au temps de production journalier et que l’on divise par la demande client, le lissage, le flux continu en pièce à pièce et le flux tiré : l’entreprise produit en « tirant » sa production en fonction de la demande et non en « poussant » en fonction des capacités locales de production: - les tâches productives sont standardisées de manière à faciliter l’amélioration continue par suppression des tâches non créatrices de valeur ; - l’entreprise entretient une relation étroite et influente avec ses fournisseurs et les incite à adopter ses méthodes de production ; le SMED (réduction du temps de changement des outils avec arrêt de travail), l’intégration de la logistique. Le Juste-à-temps Intérêts économiques du lean ? LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  10. 2. Le Jidoka ( traduit par automatisation à visage humain) Les outils du Jidoka comprennent : la séparation de l’homme et de la machine, les outils d’arrêt de production au premier défaut (andon), les méthodes d’élimination des causes d’erreur (pokayoke), Les méthodes d’analyse de problèmes (les 5 Pourquoi ?). Le 5M est une méthode d’analyse pour détecter l’origine des problèmes (matières, milieu, méthodes, matériels, main d’œuvres), la ré-ingénierie des équipements de production. L’élimination ou la réduction des gaspillages Intérêts économiques du lean ? LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  11. Intérêts économiques du lean ? Une recherche de compétitivité par la baisse des coûts, les gains de productivité et la chasse aux gaspillages • La chasse aux gaspillages recherchée par le lean a nécessairement des impacts financiers positifs. • L’application du juste à temps permet de supprimer la surproduction. On élimine ainsi une partie importante des stocks de produits finis et d’en-cours de production. Le processus s’accompagne également d’une baisse des stocks d’approvisionnements de matières qui contraint les fournisseurs à faire de même. Relevons à ce stade que l’on trouve sans doute là une des sources de la déclinaison du lean dans de plus en plus de PME qui fournissent des industries de masse. Soulignons également que l’application du juste à temps favorise probablement l’ampleur et la rapidité de la diffusion des crises comme en 2009 en cas de ralentissement de la demande et des débouchés avec des conséquences  sociales lourdes : chômage partiel, plans de licenciement. • La suppression d’un certain nombre de tâches, mouvements, transports qualifiés d’inutiles accroît mécaniquement la productivité. Les gains de productivité obtenus permettent de réduire les coûts de revient et favorisent la compétitivité prixassise sur le niveau des coûts de production (salariaux, consommations intermédiaires, productivité du travail, économies d’échelle…). LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  12. Intérêts économiques du lean ? Une recherche de compétitivité par la baisse du BFR à financer • Rappelons que le besoin en fonds de roulement à financer résulte du décalage dans le temps des recettes par rapport aux frais engagés pour générer celles-ci. Il mesure le montant des ressources nécessaires au financement de ce décalage. Le besoin en fonds de roulement à financer d’exploitation dépend en grande partie des délais de règlement (clients, fournisseurs...) et de la rotation des stocks. La réduction sensible des stocks dans le cadre du juste à temps engendre donc mécaniquement une diminution du besoin en fonds de roulement à financer. Cette baisse du BFR à financer réduit les capitaux engagés et l’actif économique, entraîne donc un accroissement de la rentabilité économique et majore ainsi la création de valeur de l’entreprise. Par la diminution des ressources financières mobilisées, on réduit en outre les frais financiers afférents et on augmente le bénéfice net. Achat de matières premières Ventes Flux physiques Stockage et durée de fabrication Flux financiers Crédit fournisseurs Crédit clients Paiement des fournisseurs Encaissement des ventes Durée du BFR à financer LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  13. UNE EFFICACITE TRES DISCUTABLE SUR UNE COMPETITIVITE DURABLE LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  14. Intérêts économiques du lean ? Les limites du lean et de la compétitivité prix : les entreprises rentables • Rappelons en premier lieu que la création de valeur se définit comme une rentabilité économique, c’est-à-dire un résultat d’exploitation rapporté aux capitaux investis par l’actionnaire, supérieure au coût moyen des ressources de financement de l’entreprise. La rentabilité économique, pour sa part, mesure la rentabilité des capitaux investis dans l’exploitation par l’entreprise. Les capitaux d’exploitation comprennent les immobilisations corporelles, incorporelles et le besoin en fonds de roulement à financer. La rentabilité économique étant la résultante de plusieurs facteurs, il est utile de la décomposer afin de mieux en analyser son évolution. = Résultat d’exploitation / chiffre d’affaires X Chiffre d’affaires/ capitaux investis Résultat d’exploitation / capitaux investis Rentabilité économique Profitabilité des ventes Rotation des actifs • Une première limite tient, nous semble-t-il, à l’utilisation par l’entreprise déjà profitable de la baisse des coûts de revient obtenue grâce au lean. L’obtention d’une diminution du prix de revient dans une entreprise déjà rentable risque fort de se transformer en marge supplémentaire pour l’entreprise. L’introduction du lean dans des entreprises déjà profitables, illustre alors parfaitement l’emprise croissante de la finance et ses effets pervers sur les stratégies industrielles des groupes. Cette emprise a notamment érigé la création de valeur comme ultime objectif de la gestion de l’entreprise. LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  15. Intérêts économiques du lean ? Les limites du lean et de la compétitivité prix : les entreprises rentables • Ces coûts de financement comprennent les taux d’intérêts des emprunts (actuellement faibles) mais surtout l’exigence de rendement des actionnaires qui a atteint des niveaux désormais insupportables (10 à 15%). Ces normes excessives de rentabilité exigées par la sphère financière entraînent une recherche de réduction des coûts rapide, pénalisent la capacité des entreprises à préparer l’avenir et nuisent indéniablement à leur compétitivité structurelle. Les sociétés, sous la poussée actionnariale, sont en effet conduites à négliger tout investissement dont la rentabilité est soit aléatoire soit non immédiate (recherche et développement, formation….). Au total, l’application du lean dans des organisations déjà largement bénéficiaires, et qui disposent donc de temps pour agir et anticiper, nous semble peu pertinente et offrir peu de vertus comparativement à des actions visant à renforcer la compétitivité structurelle et durable de l’entreprise. LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  16. Intérêts économiques du lean ? Les limites du lean et de la compétitivité prix : les entreprises en difficulté • La recherche prioritaire d’un abaissement des coûts de revient dans des entreprises en difficulté soulève également plusieurs questions. • Si en faisant abstraction des dommages sociaux, la compétitivité prix peut s’avérer nécessaire sur un marché national, elle devient beaucoup plus complexe à mettre en œuvre dans une économie mondialisée. Accroître de 5%, 10% ou même 20% la productivité du travail permet-il à l’entreprise de retrouver un avantage concurrentiel par rapport aux pays à bas coûts de main d’œuvre ? Avec des rapports de coûts salariaux allant de 1 à 10 évidemment non. • L’application du lean dans le cadre d’une entreprise en difficulté induit de fait une destruction d’emplois puisque les gains de productivité recherchés seront utilisés au redressement des résultats alors que la croissance est généralement faible et son insuffisance à l’origine même des difficultés. • Elle conduit en outre le plus souvent à une recherche d’économie dans l’urgence avec des coupes sombres effectuées à plus ou moins bon escient alors que la nouvelle organisation lean exige un temps d’apprentissage et d’appropriation à tous les niveaux de l’entreprise. • Ses effets sur une restauration de la compétitivité nous apparaissent ainsi plus qu’aléatoires. Il s’agit alors en l’espèce plus de tenter de limiter la propagation de l’incendie que de l’éteindre. LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  17. Intérêts économiques du lean ? L’application du lean offre des résultats moins probants en dehors de Toyota • Le Lean manufactoring, le Lean management et la culture d’entreprise constituent un tout indissociable. Pour être efficace et durable, la mise en place du Lean doit se déployer concomitamment sur les trois systèmes d’après le cabinet McKinsey. • L’esprit « Lean » ne peut se confiner à un seul système (uniquement le système opérationnel, ou uniquement la culture d’entreprise). L’introduction du Lean dans une entreprise doit être menée conjointement sur ces trois fronts : opérationnel, management et culture d’entreprise. • Le cabinet McKinsey reconnait que très peu d’entreprises ont réussi à tirer profit de la méthode Lean aussi bien que Toyota parce que la majorité d’entre-elles ne se sont concentrées que sur un seul élément du changement : • A titre d’exemple imposer au système opérationnel une nouvelle organisation de travail ( type juste à temps) sans tenir compte de l’importance de l’adhésion du groupe au changement, donc sans modifier la culture d’entreprise. • Aussi et toujours selon Mc Kinsey, mettre en place le lean sans modifier la nature des relations hiérarchiques est voué à l’échec parce que la réussite du Lean repose notamment sur de nouveaux rapports entre les managers et les opérationnels. LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  18. Intérêts économiques du lean ? Les limites du lean et de la compétitivité prix : un champ d’application limité • Une autre limite de la compétitivité prix obtenue au travers du lean est son champ d’application restreint. • Le champ d’application est en effet de fait limité par les choix stratégiques de l’entreprise que l’on peut synthétiser en 3 grandes options : stratégie de domination par les coûts, stratégie de différenciation, stratégie de focalisation ou spécialisation. • La réduction des prix de revient peut s’avérer économiquement utile uniquement sur des marchés de gros volumes où l’entreprise poursuit une stratégie de domination par les coûts. Il s’agit alors pour l’entreprise d’asseoir sa conquête de parts de marché par un prix inférieur à la concurrence. La concurrence des pays à bas coûts tend toutefois à réduire de plus en plus les secteurs d’activité dans lesquelles les firmes françaises peuvent adopter avec succès ce type de stratégie. Elles restent en revanche valables sur des activités où le concurrence est limitée au marché domestique. • En revanche, l’ensemble des stratégies déployées pour lesquelles l’avantage concurrentiel se fait sur un autre facteur que le prix (stratégie de différenciation de l’offre ou de focalisation) trouveront bien moins d’intérêt à l’application du lean. • Tout ceci revient donc à écarter l’intérêt d’une application du lean dans nombre d’entreprises. LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  19. Intérêts économiques du lean ? L’application du lean peut être source de coûts cachés • Signalons également qu’en moins de 2 ans, la firme japonaise Toyota a été contrainte de rappeler près de 16 millions de véhicules dans le monde pour des défauts dans les systèmes de freinage, de direction… • Ces rappels ont d’ailleurs conduit le PDG de la firme devant la justice américaine. • Le toyotisme, système d’organisation du travail maison, ayant largement inspiré le lean, peut ainsi être source de coûts cachés (campagnes de publicité visant à corriger l’image désastreuse engendrée par ces rappels en masse…). LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  20. Intérêts économiques du lean ? La productivité de l’industrie française est plus que satisfaisante • D’après Eurostat, la productivité française de la main d’œuvre occupée excède de 10% celle réalisée en moyenne dans la zone euro, de 15% celle de l’Allemagne et de près de 30% celle du Japon, berceau du Toyotisme et largement inspirateur du lean ! • Le déficit de compétitivité prétendu de l’industrie française nous semble devoir être attribué à d’autres causes que la productivité. LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  21. Intérêts économiques du lean ? Les déterminants de la compétitivité structurelle et durable • Outre la compétitivité prix pour laquelle nous avons énoncé quelques limites dont le « courtermisme », l’entreprise dispose, pour renforcer sa capacité à accroître ses parts de marché, d’autres leviers plus structurels comme les caractéristiques intrinsèques de son offre, dont notamment son degré d’innovation, ou la mise en place d’une nouvelle organisation du travail. Nouvelle organisation du travail Différenciation verticale et/ou horizontale Adaptation à la demande Compétitivité Structurelle Investissement immatériel Marque, réputation Innovation Capital humain, formation … Recherche et développement LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  22. Intérêts économiques du lean ? Favoriser l’innovation et la recherche pour différencier l’offre industrielle • L’innovation doit être au cœur des politiques industrielles et des stratégies d’entreprise. Les performances en matière de Recherche et Développement ou d’innovation constituent un facteur décisif de compétitivité et procurent aux entreprises des avantages concurrentiels durables. L’effet de levier de l’innovation est même chiffrable : selon la Commission Européenne « une augmentation de 0,1% dans l’intensité de la Recherche et Développement fait croître le PIB de 0,3% à 0,4% ». • La France, ne possédant ni matières premières ni main d’œuvre bon marché, doit disposer d’une avance technologique qui garantisse sa compétitivité, ce qui implique d’encourager l’innovation. • Cependant l’horizon trop souvent à court terme et les normes excessives de rentabilité exigées par la sphère financière conduisent les entreprises à négliger la R&D. Les dépenses de R&D totales en France n’ont représenté que 2,16% du PIB en 2010 soit un niveau comparable à 1995 ! • L’Allemagne y consacre 2,82% de son PIB tout comme les Etats-Unis, le Japon y investit 3,4% et la Suède 3,6%. • Pourtant, l’industrie française est confrontée à une féroce concurrence étrangère des pays émergents, dont les coûts de production sont très faibles. Ainsi, seule une stratégie de différenciation de l’offre par l’innovation peut être de nature à sauvegarder la compétitivité de l’industrie et ses emplois. • Il nous semble de la responsabilité de la puissance publique d’infléchir ces excès du marché en apportant un soutien actif à la R&D donc à la compétitivité et à l’emploi. Si on peut saluer la création des pôles de compétitivité ou du crédit d’impôt recherche, il s’agit aujourd’hui de faire plus (financement accru, réel avantage fiscal) mais également de faire mieux en évitant la dispersion des financements. De même, il convient de favoriser la collaboration entre centres de recherche, formation et monde industriel. LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  23. Intérêts économiques du lean ? Développer la formation • Si un effort de formation accru des salariés est intégré à la démarche lean en vue de développer un rôle de coach des opérationnels, celui-ci ne peut être que marginal eu égard à l’objectif principal poursuivi de mécanisation et de standardisation à l’extrême du travail humain. • En revanche une orientation vers une offre différenciée à forte valeur ajoutée implique que la formation des salariés devienne un vecteur de différenciation et de compétitivité. Rappelons que la qualification et la polyvalence constituent en elles-mêmes des sources de gains de productivité. Pour cela l’investissement dans la formation du personnel doit être massif. • Or les inégalités d’accès à la formation professionnelle sont criantes et les besoins énormes. En effet, la loi de 1971, qui a rendu le financement de la formation continue obligatoire pour les entreprises, poursuivait un objectif louable moralement et efficace économiquement : permettre à tous d’accéder à la formation. Force est de constater qu’elle a échoué. On recense en effet pléthore d’exemples d’inégalités selon l’enquête Formation professionnelle du Céreq et de l’INSEE publiée récemment : entre PME et grandes entreprises, entre personnels diplômés et non diplômés, entre personnels jeunes et âgés… • La dernière réforme de la formation professionnelle intervenue en novembre 2009, qui prévoit notamment la création d’un fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP) doté de 900 millions d’euros en 2010 en vue de financer des formations pour les personnels les mois qualifiés mais également un portage sous condition du DIF, ne parviendra pas à corriger ces inégalités d’accès. • Permettre une réelle démocratisation de l’accès à la formation nécessiterait de lever le principal obstacle issu de la multitude des acteurs afin de remettre réellement à plat le système de financement de la formation pour le simplifier, le rendre plus lisible et plus réactif par rapport aux besoins. Il conviendrait également de laisser à l’Etat la primauté de la définition des priorités de formation et de renforcer sa fonction de régulateur. LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  24. Intérêts économiques du lean ? Favoriser les organisations du travail apprenantes • Les organisations apprenantes (définies plus largement dans le chapitre suivant) constituent, contrairement aux organisations tayloriennes ou au lean, une forme d’organisation du travail très appropriée aux stratégies de différenciation et d’enrichissement de la valeur ajoutée de l’offre des entreprises. • Rappelons que les pays scandinaves mais aussi germaniques ont engagé dès les années soixante-dix des innovations d’organisation du travail inspirées du modèle sociotechnique pour répondre aux deux dimensions sociale et économique de la crise du modèle taylorien/fordien. • Ces innovations organisationnelles, dont les groupes semi-autonomes de production constituent une composante majeure, ont été conçues dans une double perspective : d’une part l’amélioration des conditions de travail d’une main d’œuvre à niveau de formation élevé dans un contexte de marché du travail qui est resté durablement tendu et d’autre part l’amélioration de l’efficacité économique et productive des entreprises dans le contexte de mutations des marchés de biens et services. LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  25. LES DOMMAGES SOCIAUX DU LEAN Le lean et conditions de travail Le lean et santé au travail LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  26. Les dommages sociaux du lean Le lean détruit l’emploi • La compétitivité prix obtenue au travers du lean, nous l’avons vu, comprend de nombreuses limites intrinsèques. • Mais la première d’entre elles, inhérente au lean et commune à toutes les politiques de recherche d’une meilleure productivité, tient aux impacts sur l’emploi. • En effet tout accroissement de productivité qui ne se traduit pas par une croissance équivalente de la valeur ajoutée conduit à détruire mécaniquement de l’emploi au sein de l’entreprise. • Au motif d’une sauvegarde ou d’une amélioration de compétitivité, les gains de productivité obtenus sans croissance aboutissent à des destructions d’emplois. • En 1980, l‘industrie au sens large avec ses services attachés comme l’intérim, employait 6 millions de personnes. Fin 2009, ils n’étaient plus que 4,1 millions, soit près de 2 millions d’emplois détruits purement et simplement. • S’il est difficile de chiffrer l’impact de la productivité dans ces destructions, celui-ci est évidemment loin d’être marginal. LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  27. LEAN ET CONDITIONS DE TRAVAIL LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  28. Lean et conditions de travail Typologie des formes d’organisation du travail • La littérature universitaire distingue traditionnellement 4 formes d’organisation au travail : • Les organisations de structure simples : elles se caractérisent par une faible diffusion du travail en équipe, de la rotation des tâches et de la gestion de la qualité. Le travail y est peu contraint dans ses rythmes et peu répétitif, mais relativement monotone et à faible contenu cognitif. On y relève un mode de contrôle par supervision directe exercée sur les salariés, soit par leur supérieur hiérarchique, soit par leur patron dans les petites entreprises. • Les organisations tayloriennes dont les salariés sont astreints à d’importantes contraintes de rythme de travail, à des tâches répétitives et monotones, et à des normes de qualité précises. En revanche, leur travail présente une faible autonomie procédurale, un faible contenu cognitif et l’auto-contrôle de la qualité est peu répandu. LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  29. Lean et conditions de travail Typologie des formes d’organisation du travail • Les organisations en lean production présentent une forte diffusion du travail en équipe, de la rotation des tâches et de la gestion de la qualité (autocontrôle et respect de normes de qualité précises). Elle correspond typiquement au modèle de la lean production qui combine travail en groupe, polyvalence, qualité totale et flux tendus. Si, comme dans les organisations apprenantes, les salariés sont souvent confrontés à des situations d’apprentissage et de résolution de problèmes imprévus, ils bénéficient en revanche de bien moindres marges d’autonomie dans leur travail et sont soumis à de multiples contraintes de rythme. Ils rencontrent donc des situations de travail en « autonomie contrôlée ». • Les organisations apprenantes regroupent des salariés qui disposent d’une forte autonomie dans le travail, autocontrôlent la qualité de leur travail et rencontrent fréquemment des situations d’apprentissage et de résolution de problèmes imprévus. Ils sont relativement nombreux à travailler en équipe. Ils exercent le plus souvent des tâchescomplexes, non monotones et non répétitives et subissent peu de contraintes de rythme. Cette forme d’organisation s’apparente au modèle socio-technique suédois et s’appuie sur les principes d’un management de la qualité. LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  30. Lean et conditions de travail Lean, dégradation des conditions de travail et atteintes à la santé au travail • Un rapport du Centre d’étude de l’emploi sur les conditions de travail et la santé au travail des salariés de l’Union Européenne (recherche réalisée par la DARES, Ministère du travail), a montré le lien entre la santé (risques psychosociaux) et les 4 formes d’organisation du travail en Europe (organisation apprenante, organisation en lean production, organisation taylorienne, organisation de structure simple). • La conclusion de cette étude est claire : • Les conditions de travail et la santé au travail sont bien meilleures dans les organisations apprenantes que dans les organisations en lean production ou tayloriennes et souvent moins bonnes dans les organisations en lean production que dans les organisations tayloriennes, particulièrement en France . • De même il est constaté une dégradation des conditions de travail associée au mode d’organisation en lean production, dégradation plus importante que dans les entreprises à organisation apprenante ou taylorienne. • Les tableaux synthétiques présentés dans les pages suivantes, et dont la légende vous est présentée ci-dessous, sont à ce titre éloquents. +++ et - - - à 1%, ++ et - - à 5%, + et – à 10, ( ) écarts peu significatifs LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  31. Lean et conditions de travail Lean et dégradation des conditions de travail LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  32. Lean et conditions de travail Lean et dégradation des conditions de travail LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  33. Lean et conditions de travail Lean et dégradation des conditions de travail LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  34. LEAN ET SANTE AU TRAVAIL LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  35. Lean et santé au travail Lean et atteintes à la santé au travail LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  36. Lean et santé au travail Lean et atteintes à la santé au travail LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  37. Lean et santé au travail Lean et atteintes à la santé au travail • Dans leur très grande majorité, les conditions de travail des salariés des organisations en lean production sont nettement plus défavorables que celles des organisations tayloriennes. Les résultats sont analogues en matière de santé au travail. De nombreuses affections y sont nettement plus marquées que dans les organisations tayloriennes et seuls quelques problèmes de santé comme les troubles musculo-squelettiques ou la fatigue générale ont une prévalence comparable. LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  38. CONCLUSIONS LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  39. Conclusions • Le lean offre à l’entreprise une augmentation de la création de valeur actionnariale via un accroissement des résultats (baisse de coûts, élimination de sources de gaspillages, gains de productivité) et une réduction des capitaux engagés (diminution de stocks et réduction du BFR à financer). • Si cette création de valeur supplémentaire peut permettre de répondre à court terme aux exigences de rendement de plus en plus insoutenables de la sphère financière, ses effets sur la compétitivité des entreprises nous semblent en revanche discutables hormis en soutien de certaines stratégies de domination par les coûts. Le lean nous semble également peu approprié pour restaurer la compétitivité d’une entreprise en difficulté. En effet, avec un niveau de productivité du travail bien supérieur à la zone Euro et au Japon, berceau du toyotisme et largement inspirateur du lean, le déficit de compétitivité de l’industrie française face aux pays low-cost nous semble plutôt devoir être attribué à une innovation et un effort de recherche et développement insuffisants pour permettre une différenciation accrue, source d’avantages concurrentiels durables. • Le lean constitue en outre la forme d’organisation du travail incontestablement la plus défavorable aux salariés en termes de conditions de travail et la plus porteuse de risques pour la santé au travail. • La promotion d’organisations apprenantes, inspirées du modèle sociotechnique suédois et s’appuyant sur les principes d’un management de la qualité, nous semble offrir plus de vertus. • Pour autant, l’application du lean tend à l’heure actuelle à se développer. Il importe donc, là comme ailleurs, de favoriser la pratique contractuelle de négociation collective. Les CE et CHSCT, qui doivent être préalablement consultés avant la mise en oeuvre du lean, ont là aussi un rôle crucial à jouer en obtenant toute l’information nécessaire et en utilisant l’expertise contradictoire. LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  40. ANNEXES LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

  41. Annexes Le Crédit d’Impôt Recherche (CIR) • Le crédit d'impôt recherche est une aide publique qui permet d'accroître la compétitivité des entreprises en soutenant leur effort de recherche-développement. • Depuis janvier 2008, le CIR est assis uniquement sur le volume R&D déclaré par les entreprises : Une part en volume égale à 30% des dépenses de recherche-développement dans la limite de 100 M€ puis à 5% des dépenses réalisées au delà de ce seuil.Pour les entreprises qui déclarent pour la première fois, le taux est de 50% la première année et de 40% la seconde année. • Peuvent bénéficier du CIR, toutes les entreprises industrielles, commerciales ou agricoles, ainsi que les associations régies par la loi de 1901(sous certaines conditions). • Les dépenses retenues sont principalement celles concernant la veille technologique, les moyens humains et matériels affectés à la recherche, la recherche sous-traitée, les brevets et leur défense. • Le crédit d'impôt recherche est : • soit imputé sur l'impôt à payer, • soit restitué aux entreprises nouvelles qui ne réalisent pas de bénéfices. • Depuis janvier 2009, les entreprises peuvent obtenir le remboursement immédiat de leurs crédits d'impôt recherche des années 2005, 2006, 2007 et 2008, non encore utilisés ou mobilisés (auparavant remboursement au terme de la 3ème année). LE LEAN : INTERETS ECONOMIQUES ET IMPACTS SOCIAUX ?

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