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La pensée sans le langage

Joëlle Proust Institut Jean-Nicod. La pensée sans le langage. Pourquoi la pensée serait-elle le propre de l’homme ? ?. Pourquoi la pensée serait-elle le propre de l’homme ?.

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La pensée sans le langage

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Presentation Transcript


  1. Joëlle Proust Institut Jean-Nicod La pensée sans le langage

  2. Pourquoi la pensée serait-elle le propre de l’homme ? ?

  3. Pourquoi la pensée serait-elle le propre de l’homme ? • Dans l’hypothèse explorée dans les sciences cognitives, les organismes s’orientent dans leur environnement à l’aide de représentations. • Avoir un esprit = (def) pouvoir former et utiliser des représentations: “L’esprit est un organe de représentation” (D. K. Lewis)

  4. Qu’entend-on par “représentation” ? • Une notion qui est utilisée simplement pour interpréter des comportements ? • Une entité qui a un rôle causaldans les comportements ?

  5. Qu’entend-on par “représentation” ? • Une notion qui est utilisée simplement pour interpréter des comportements ? • Une entité qui a un rôle causaldans les comportements ?

  6. Par représentation, on entend • Une structure matérielle (par ex. un ensemble de neurones) • qui porte une information utile à la vie de l’organisme. • Et qui a pour fonction de porter cette information • (voir F. Dretske: Knowledge and the flow of information, 1981 & Explaining behavior 1991

  7. Qu'est-ce que l'"information"? • L'information est définie comme la relation converse d'une relation causale: tout effet porte une information sur sa cause. • Ce sont les mécanismes de croissance et de réactivité neuronale qui assurent, par couplage entre l'environnement et les récepteurs sensoriels, la sélection et la rétention de l'information.

  8. Qu’entend-on par “représentation”? • Qu’est-ce qui fait qu’une représentation a tel ou tel contenu (fait référence à X plutôt qu’à Y) ? • C'est le couplage fonctionnel avec une "affordance" de l'environnement qui explique pourquoi le cerveau a spécialisé une structure pour représenter X.

  9. Les protoreprésentations intensives le cas de l’APLYSIE

  10. Co-variation neurones/environnement. • L’aplysie est un mollusque qui vit entre autres en Baie d’Arcachon. • Elle a de gros neurones, ce qui en facilite l’étude

  11. Aplysia dactylomela.

  12. Aplysia californica

  13. Cet invertébré possède des organes respiratoires (branchies) situées dans un manteau • A l’extrémité du manteau, le siphon est l’organe sensoriel • Quand le siphon reçoit une stimulation tactile, les organes respiratoires se retirent sous le manteau (réflexe de défense).

  14. Hawkins et Kandel (1984) ont montré que ce réflexe pouvait être modifié par apprentissage. • Si un stimulus tactile de faible intensité est appliqué sur son siphon, elle finit par ignorer la stimulation (et laisser son siphon exposé au lieu de le rentrer sous son “manteau”) (“habituation”)

  15. Hawkins et Kandel (1984) • Si un stimulus tactile de forte intensité est appliqué sur son siphon, elle apprend à le replier pour des stimuli plus faibles (“sensibilisation”) • L’aplysie (un invertébré) est capable d’être conditionnée comme les vertébrés.

  16. les mécanismes neuronaux qui permettent à l'aplysie de manifester une sensibilisation ou une habituation interviennent aussi dans les formes plus complexes d'apprentissage d'autres espèces Hawkins et Kandel (1984)

  17. Hawkins et Kandel (1984) • ce qui permet à l'animal de former "une protoreprésentation du monde" est un changement de neurotransmetteurs à un certain emplacement des neurones sensoriels (les canaux Ca++).

  18. Qu’entend-on par “représentation”? • Une représentation a-t-elle nécessairement une structure langagière ? • Ambiguité de la question

  19. Qu’entend-on par “représentation”? • Le langage "extérieur" n'est jamais requis. • Représenter suppose de catégoriser, et donc de distinguer et combiner des types d'information, tels que: • Indice / propriété ("contenus non conceptuels") • Objet / propriété ("contenus conceptuels")

  20. Bref coup d’oeil sur les variétés de représentations

  21. Le degré zéro : le réflexe • Ensemble de dispositifs sélectionnés par l’évolution parce qu’ils maintiennent le couplage avec l’environnement sans nécessité de stockage de l’information • Équivalents du thermostat

  22. exemple • Les neurones olfactifs de l’escargot le “tirent” vers les végétaux comestibles • Ses neurones tactiles activent la rétraction des cornes en cas d’obstacle. • Le dispositif serait rigide si l’information ne jouait aucun rôle causal dans le comportement de l'animal • Mais les escargots peuvent apprendre par conditionnement à contrôler leurs réflexes.

  23. Représentation et flexibilité • Quand les réflexes deviennent modifiables, on a les premières formes de représentation: les protoreprésentations. • L’histoire des relations organisme-milieu est stockée dans les neurones • Des stratégies d'action flexibles sont alors disponibles selon l'indice contextuel associé.

  24. La protoreprésentation catégorisante Le cas de l’araignée

  25. Araignée salticide Portia Labiata • Prédateur d'autres araignées • Peut travailler hors de sa toile • Vision haute résolution

  26. Portia forme des représentations ("search images") de ses proies favorites. • Ces représentations ont des contenus non-conceptuels • Ce sont des indices d'affordances

  27. Ce que peut Portia • Imiter les vibrations d'un insecte pris dans une toile pour attirer sa proie (Jackson 2004) • Décider d'une attaque frontale ou rostrale selon la proie (Tarsitano 2006) • Préparer sa stratégie sur plusieurs heures sans contact visuel avec sa proie

  28. Les araignées pensent-elles ? • L’araignée peut catégoriser ses entrées perceptives afin d'agir conformément aux exigences de chaque catégorie. • capteurs de vibration + comparaison avec modèles internes mémorisés = action adaptée • Quand les prises sont multiples, les positions des proies sur sa toile sont mémorisées.

  29. Mais la pensée demande davantage.. • L’araignée catégorise et associe des “traits” (fréquences vibratoires, emplacement sur la toile, odeurs) • Elle ne forme pas de représentation d’objets indépendants • Elle ne fait pas référence à un monde perçu et pensé comme extérieur.

  30. De la protoreprésentation à la représentation

  31. centrée sur la réactivité de l’organisme qui en est le porteur (besoins ressentis, émotions, programmes moteurs innés). Son contenu est “immergé” centrée sur la référence à un objet, indépendamment des propriétés présentes du porteur. Son contenu est “détaché” proto-représentation représentation

  32. La pensée passe par des représentations détachées Deux raisons (au moins) sont avancées: • 1 - Penser suppose de pouvoir rectifier ses erreurs. • Or il n’y a accès à la vérité (et à la fausseté) que si l’on se représente un objet comme ayant objectivement telle ou telle propriété.

  33. La pensée passe par des représentations détachées 2 - La pensée exige la généralisation: • Appliquer un concept suppose de classer des objets connus ou non relativement à ce concept. • Penser suppose de pouvoir combiner les concepts acquis de manière inédite.

  34. Comment peut-on savoir si un animal accède à la représentation détachée ? Deux méthodes possibles : 1 - Analyser ses comportements pour voir s’ils manifestent une capacité de révision d’erreur et de généralisation • ... Mais cette méthode n’est pas infaillible parce que l’évolution a sélectionné des mécanismes “aveugles” qui évoquent la révision et la généralisation.

  35. Comment peut-on savoir si un animal accède à la représentation détachée ? 2 - Examiner les systèmes neuronaux Pour qu’un animal puisse se représenter des objets indépendants, il faut qu’il puisse faire correspondre à une même région de l’espace plusieurs propriétés (de modalités différentes)

  36. Le cas de la chouette effraie Tyto alba

  37. audition Invariant spatial vision

  38. Pour extraire les invariants spatiaux (la position d’un objet) • Il faut qu’existe une communication de l’information spatiale entre les neurones de la vision et de l’audition (par exemple). • C’est la fonction des neurones de localisation intermodale.

  39. Knudsen (1982) • Bouche l’oreille de jeune chouette effraie ------ correspondance perturbée entre représentation d'un stimulus visuel et représentation d'un stimulus sonore équilocal • La congruence spatiale est restaurée • par réalignement de la carte auditive sur la carte visuelle (= recalibration).

  40. LA RECALIBRATION • S ’exerce sur un angle de 15-20° • Dans un espace temporel de 100 à 1500 msec • une source sensorielle « domine » les autres • La recalibration ne suppose pas l ’exercice de concepts.

  41. Importance de la recalibration pour la pensée détachée • Ce mécanisme de recalibration (incluant les neurones bimodaux) permet à l’animal de corriger ses entrées perceptives pour extraire des invariants spatiaux. • Ce mécanisme existe chez les oiseaux, les reptiles, et les mammifères.

  42. La perception intermodale, condition de la pensée détachée • Les animaux pourvus de ces mécanismes d’adaptation perceptive peuvent catégoriser le monde en objets et événements qui affectent ces objets. • Ceux qui en sont dépourvus catégorisent des propriétés étroitement circonscrites par leurs besoins présents. • (cet argument est longuement développé dans Proust (1997)

  43. A QUOI PENSENT LES ANIMAUX ?

  44. Pensée animale et pensée humaine • Il n’y a pas le gouffre qu’imaginait Descartes, auteur de la théorie des animaux-machines, entre les primates humains et non-humains • Mais il y a des différences.

  45. La communication animale tend à être véridique, mais elle ne l’est jamais tout à fait • Il y a communication dès que l’information reçue tend à modifier le comportement du récepteur • Principe machiavellien : éviter d’être trop prévisible !

  46. Les animaux mentent-ils en émettant leurs signaux ? • Le coq peut pousser un cri de nourriture pour attirer une femelle (Marler, 1986) • Le singe vervet peut produire un cri d’alarme pour écarter un rival • Le pinson peut ne pas informer son groupe de la présence de nourriture abondante.

  47. Les animaux mentent-ils ? • La communication n’est pas altruiste: sans quoi elle tendrait à desservir l’émetteur. • Dawkins et Krebs, 1978 : les signaux ont pour fonction d’infiltrer et de subvertir la chaîne de commande sensori-motrice du récepteur !

  48. Pas de mensonge “cognitif” chez l’animal ou le jeune enfant • L’animal qui communique n’a pas conscience de son intention de communiquer. • Il ne se représente pas qu’en mentant, il peut contrôler les états mentaux du récepteur. • Il manipule autrui sans raisonner en termes mentalisateurs.

  49. Quelques données expérimentales surprenantes Comment l'animal manipule autrui sans avoir de concepts mentalisateurs

  50. BSHARY & GRUTTER, Nature, (2006) • Nettoyeur: Labroides dimidiatus (labre nettoyeur) • Client: Scolopsis bilineatus (Brême à monocle).

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