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Compétences et culture informationnelles

Compétences et culture informationnelles. Mireille Lamouroux Université de Paris 8, UFR 6, Département Documentation - Sciences de l’information Ministère de l’Education nationale, réunion interlocuteurs académiques de documentation, 27 janvier 2008.

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Compétences et culture informationnelles

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  1. Compétences et culture informationnelles Mireille Lamouroux Université de Paris 8, UFR 6, Département Documentation - Sciences de l’information Ministère de l’Education nationale, réunion interlocuteurs académiques de documentation, 27 janvier 2008

  2. La place de l’information dans notre société • « La société de l’information» est le titre du rapport de Nicolas Curien et Pierre-Alain Muet, publié en 2004 à la Documentation française. • En analysant les changements que la révolution informationnelle induit dans la société, les auteurs de ce rapport qualifient la révolution numérique de « troisième révolution industrielle ». Elle était déjà largement engagée en 2004, elle l’est de plus en plus. • Celle à laquelle nous assisterons dans quelques années sera celle des réseaux intelligents. • L’information est au cœur des nouveaux métiers. • Sa place dans le processus de création du savoir n’a jamais été aussi importante.

  3. L’information. Quelques repèressur l’histoiredu concept (1) • 1945 et années suivantes : conférences interdisciplinaires MACY à New-York • 1ère conférence : « Les machines à calculer, leur comportement formel, notamment pour la mémoire, l’apprentissage et l’enregistrement » • Une autre : « comment nous connaissons les universaux » veut montrer comment de « nombreux réseaux neuronaux servent à classer l’information » • Définition scientifique du concept d’information (logique) • 1946 : « message, communication, information, feedback » • 1948 : la cybernétique (publication Weiner) • 1948 : Shannon « théorie mathématique de la communication » • La théorie de l’information existe sans qu’elle soit nommée • Identification des éléments nécessaires à une science cognitive • « Mécanismes cérébraux dans le comportement » : on tente d’élucider « l’énigme de l’esprit » • 1951 : Mc Kay distingue des types d’information (structurelle, métrique et sélective) et différencie la théorie de l’information de la théorie de la communication.

  4. L’information. Quelques repèressur l’histoiredu concept (2) • Une culture informationnelle nait avec le concept de l’information Témoins de cette culture : les nombreuses représentations graphiques de l’information des années 50-70 (mode de l’automatisme) • Mais le concept reste difficile à définir Impossible même de le faire de façon exhaustive et non réductrice • Définition de l’anthropologue américain Gregory Bateson, fondateur de l’école de Palo Alto : « L’information est une différence qui fait la différence » (Vers une écologie de l’esprit, 1980) Deux sources : - Le zéro et le un : histoire de la notion scientifique d’information au 20è siècle. Jérôme Ségal. Ed. Syllepses, 2003. 890 p. - Le promeneur d’Einstein : vers une théorie de l’information générale. JacquesJaffrelin. Méridien-Cerf, 1991

  5. Permanences et changements dans les discours Quelques petits exemples qui permettent de relativiser : - L’innovation a toujours existé. L’invention d’une nouvelle technique, d’un nouvel objet représente souvent une mini-révolution - Années 50, on pense stockage de l’information Quand la firme Norelco invente le magnétophone qu’elle nomme « machine à idées », elle propose de réduire les volumes de papier » et explique qu’il « faut oublier » ce qu’on a entendu sur les machines à dicter. - 1952, on parle de « pollution informationnelle ». - Réflexion sur les limites de la technique. L’entreprise United Telecom publie un encart publicitaire en 1952 représentant la tête d’un homme dessiné par Léonard de Vinci et au-dessus ce titre « La partie la plus difficile de la communication ce sont les derniers centimètres ». ( signifie que la communication ne se réduit pas au déplacement d’information ou plutôt que la technologie quel que soit son degré d’avancement ne sera jamais capable de communiquer à notre place).

  6. Caractéristiques de l’information aujourd’hui(1) 1- La distinction classique entre les 4 niveaux de l’information ne fonctionne plus ; Rappel des 4 niveaux *: - niveau primaire, public et accessible à tous - niveau secondaire, à l’accessibilité pas toujours connue - niveau tactique, les informations trouvées demandent une analyse plus complexe - niveau stratégique, permet l’identification des intentions et des capacités des organisations observées L’information est devenue une nouvelle matière première polymorphe, volatile et complexe tant les niveaux sont croisés. *source : La veille stratégique sur Internet. Henri Samier et Victor Sandoval. Hermès, 2002

  7. Caractéristiques de l’information aujourd’hui(2) 2- Confusion constante sur le terme « information », entre les données « machine » et les données « sociales ». Les deux se confondent sur les réseaux, or le sens de ces deux catégories n’est pas le même. Elles sont même le contraire l’une de l’autre. Yves Jeanneret, Y a-t-il (vraiment) des technologies del’information ?, 2è éd. revue et aug. Presses universitaires du Septentrion, 2007 Cette confusion est renforcée avec la volonté de Google « d’organiser toute l’information du monde », mission qu’examinent en philosophes,Jean Véronis dans la préface de « Le monde selon Google », Distriforce, 2006 et Barbara Cassin, Google-moi : la deuxième mission de l’Amérique, Albin Michel, 2007 et précédemment à la fois en tant qu’historien et en tant que bibliothécaire, Jean-Noël Jeanneney, Quand Google défie l’Europe : plaidoyer pour un sursaut, 2è éd. revue, aug. et maj, Mille et une nuits, 2005.

  8. Caractéristiques de l’information aujourd’hui(3) 3- « L’invention de l’imprimerie a permis de sortir l’héritage culturel des monastères et a permis d’organiser le savoir – index, table des matières…-Le danger aujourd’hui est le vrac. Accéder à tout en désordre n’est accéder à rien» Jean-Noël Jeanneney. Entretien avant le 2è festival européen des 4 écrans organisé à la BnF les 14-15 et 16 novembre 2008. JDD, 9 nov. 2008 « L’infobésité » nous submerge. Elle génère du bruit (trop d’information tue l’information) ou du silence (ce que je cherche existe, mais je ne le trouve pas) Anne Roumanoff résume bien ce statut de l’information sur Internet « Internet : on ne sait pas cequ’on y cherche mais on trouve tout ce qu’on ne cherche pas » (citée par David Assouline dans son rapport « Les nouveaux médias : des jeunes libérés ou abandonnés », nov 2008)

  9. Caractéristiques de l’information aujourd’hui(4) Conséquences : Les réponses sont incompréhensives L’utilisateur est désorienté

  10. Nécessité de maîtriser l’information Nous sommes passés d’une société où l’information était rare à une société où elle est abondante. Mais si un des grands enjeux de notre société reste celui de créer des conditions favorables pour que cette information soit accessible au plus grand nombre, un autre enjeu est celui de sa maîtrise. « La nouvelle fracture numérique est entre ceux qui savent utiliser à leur avantage les machines et les services, et les autres ». Howard Rheingol, Foules intelligentes, une révolution qui commence, 2005 Intégrer cette société de l’information aujourd’hui nécessite l’acquisition de compétences informationnelles. « pas de société de l’information sans culture informationnelle » proclamait Claude Baltz, professeur à l’Université de Paris 8, en 1997 (journée d’études ADBS).

  11. Différentes acceptions mais une préoccupation mondiale - Le terme anglais « d’information literacy » est apparu en 1974 dans le monde de l’entreprise, employé par Paul Zurkowski - Succès croissant au plan international. - La terminologie est abondante (alphabétisation informationnelle / culture de l’information / infocompétence / littéracie numérique / intelligence informationnelle / maîtrise de l’information…). Note : les acceptions sont toutes aussi différentes et l’on est toujours en quête d’une définition Traduction courante en français : « maîtrise de l’information ». - Retenons les notions émergentes de « culture et compétences informationnelles ». - La notion d’Information literacy a été définie en 1989 par l’ALA, American Library Association, qui note dans son rapport sur l’Information Literacy, l’importance des trois approches, personnelle, économique et citoyenne.

  12. La culture informationnelle Définitions Définition de l’ALA (1989) reprise par l’Ocotillo Information Literacy Group en 1994 : « La culture ou la maîtrise de l’information (information literacy) pourrait être définie comme étant un ensemble d’habiletés permettant d’identifier quelle information est nécessaire, ainsi que de localiser, d’évaluer et d’utiliser l’information trouvée dans une démarche de résolution de problème aboutissant à une communication de l’information retenue et traitée. Cet ensemble peut aussi se présenter comme une série de compétences qui permettent à l’individu de survivre et d’avoir du succès dans la société de l’information […] C’est l’une des cinq habiletés essentielles pour pouvoir intégrer le marché du travail dans l’avenir ».

  13. Variations (1) • « Literacy» apparait dans un dictionnaire britannique pour la 1ère fois en 1924. Synonyme alors de « cultivé », il prend un sens nouveau, celui « d’être capable de lire et d’écrire » - « calculer » y est adjoint par la suite réunissant ainsi les trois compétences de base. • Ce sens ne cessera de s’étendre à différents domaines auxquels il s’applique (« computer », « media »…) jusqu’à l’émergence du plurielLiteracies* qui marque à la fois cette diversification et exprime la diversité de l’acte social sous toutes ses formes, techniques et usages compris. Cette polyvalence est très tôt admise et même revendiquée. • En 1997, Tony Carlo-Brauman propose le terme de mediacy que l’on a traduit par médiatisme pour tenter de traduire la compétence d’utilisation des formes multi-médias et interactives de l’information. Sans succès pour l’appellation mais la «media literacy » a pris sa place : rubrique spécifique sur le site d l’UNESCO (voir le Kit à l’attention des enseignants, des élèves, des parents et des professeurs http://portal.unesco.org/ci/fr Diane Oberg : « media and IL » = la littéracie du 21è siècle The school library + Information literacy : the perfect combination. IFLA Newsletters, déc. 2006, n° 43, 24 p. http://issuu.com/nielsd/docs/ifla_newsletter_43

  14. Variations (2) • Le dernier terme apparu est celui de translittéracie , concept développé à l’Université de Californie de Santa Barbara par un collectif de chercheurs (Transliteracies project, 2005), sorte de culture commune entre informatique, médias et document. • « Qu’importe ces définitions pourvu que toutes ces littéracies soient connues » écrit David Bawden, professeur en sciences de l’information à l’Université de Londres Information and digital libraries : a review of concepts. Journal of documentation, 2001, vol. 57, n° 2, p. 218-259 * Les littéracies = thème de travail de la section IL au prochain Congrès de l’IFLA, Milan, août 2009 Sources (1) et (2) : - La littéracie. Christine Barre de Miniac dir. L’Harmattan, 2004 - Article « culture de l’information » In Dictionnaire de l’information. S Cacaly Dir. 3é éd. Colin, 2008

  15. La culture informationnelle. Nouveauté ? • La culture informationnelle s’inscrit dans la continuité de la courte histoire de la maîtrise de l’information dont les travaux datent de plus de 20 ans. - en réalité, sans être nommée, la notion co-existe dès sa naissance avec celle du concept de l’information. • Si l’expression linguistique « culture informationnelle » tend à être de plus en plus utilisée (cf dernier colloque ERTé), le thème de recherche sur cette notion, lui, est en train de se constituer. • La notion « culture informationnelle » rend compte du caractère «méta » de la culture de l’information. Son territoire correspond à l’ensemble des différentes littéracies. Elle englobe la culture de l’information, la culture informatique et la culture des médias*. * L’école au défi de la culture informationnelle. Alexandre Serres IN Usages, usagers et compétencesinformationnelles. Jérôme Dinet Dir. Hermès, 2008. P. 41- 70

  16. Nécessité de maîtriser l’information La culture informationnelle correspond à la compréhension du milieu, des outils, des pratiques ; Elle peut être distinguée à trois niveaux : - A un premier niveau, citons la connaissance de son environnement informationnel, ses différents lieux, sources et outils de consultation, la détermination de ses centres d’intérêt et propres besoins précis en information que chacun pratique individuellement. - Un cran au-dessus, l’exercice de la pensée critique qui aide à évaluer les sources et les contenus de l’information. Il n’est pas partagé, ne va pas de soi et est toujours à construire. - Ces préalables à toute activité documentaire ne suffisent pas en contexte professionnel, a fortiori pour un professionnel de l’information (dont l’activité est aujourd’hui nécessairement associé e à la veille informationnelle vs veille stratégique et au travail en équipe vs réseaux).

  17. Les compétences informationnelles. Des compétences de base communes Jeremy Shapiro* dans la définition qu’il en donne en 1996, la conçoit comme la culture de base du citoyen de cette fin du 20ème siècle. Il estime qu’il est aussi important de savoir trouver, critiquer et utiliser l’information qu’il l’était de savoir lire et écrire dans la société industrielle. « La compétence informationnelle devrait être conçue comme un nouvel art libéral comprenant aussi bien l’utilisation des ordinateurs et l’accès à l’information qu’une réflexion critique sur la nature de l’information elle-même, son infrastructure technique, de même que son impact et son contexte social, culturel et même philosophique. Ces éléments sont considérés aussi essentiels à la structure mentale de l’individu instruit de l’ère moderne de l’information que le Trivium de base des arts libéraux (grammaire, logique et rhétorique) était essentiel à une personne instruite dans la société médiévale ». * Information literacy as a liberal art. Jeremy J. Shapiro and Shelley K. Hughes. Educom REview, march-april 1996, 31, 2, p. 31-35

  18. Les compétences informationnelles. Des compétences de base communes Elles doivent permettre : - de bâtir une représentation de l’offre disponible - de connaître les outils d’information bien sûr, mais surtout d’en découvrir et expérimenter les usages possibles - d’accéder au savoir (l’information n’est pas le savoir) par « l’apprendre à apprendre » (une des huit compétences clés du cadre de référence européen commun pour l’éducation et la formation tout au long de la vie)

  19. Des compétences citoyennes Objectifs : • « survivre et avoir du succès dans la société de l’information » Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française, 2002 • « préalable à une pleine participation à la société de l’information, elle fait partie du droit humain primordial d’apprendre tout au long de la vie » Déclaration de Prague, Vers une société compétente dans l’usage de l’information, 2003 • « c’est un droit humain de base dans un monde numérique qui apporte l’intégration de tous les peuples » Proclamation d’Alexandrie sur la maîtrise de l’information adoptée en novembre 2005 par l’IFLA et l’UNESCO

  20. Un enjeu sociétal. Dimension politique des dernières publications de l’UNESCO • Dans le dernier rapport publié sur ce sujet par l’UNESCO début 2008, « Introduction à la maîtrise del’information »*, l’auteur, Forest Woody Horton Junior, expert international en gestion de l’information, insiste sur l’aspect continuum de ce concept tendant à l’amélioration de la vie professionnelle par le lien avec l’apprentissage tout au long de la vie. « plus on adopte des habitudes et des attitudes d’apprentissage efficaces : trouver comment, où, auprès de qui et quand rechercher et extraire l’information dont on a besoin mais qu’on n’a pas encore acquises, plus on maîtrise l’information ». *Introduction à la maîtrise de l’information. F. W. Horton. UNESCO, 2008 http://unesdoc.unesco.org/images/0015/001570/157020f.pdf

  21. Un enjeu sociétal. Dimension politique des dernières publications de l’UNESCO L’auteur déclare que l’Information literacy trouve sa place parmi les six grandes maîtrises pour la survie du 21ème siècle : 1) les maîtrises fondamentales de base (lire, écrire, compter) 2) la maîtrise de l’informatique (du matériel, des logiciels et des applications – logiciel documentaire par exemple) 3) la maîtrise des médias (accès, compréhension et création / expression) 4) le cyber-apprentissage ou enseignement à distance 5) la maîtrise culturelle (compréhension de l’influence des facteurs culturels dans les processus informationnels) 6) la maîtrise de l’information, divisée en plusieurs étapes pour sa description ; dans un processus progressif (cycle d’acquisition) Aux étapes connues (identifier l’information adéquate / la trouver / l’évaluer / l’exploiter en relation avec une situation donnée, dans une perspective de résolution de problème), ont été ajoutées celles de : - savoir préserver, stocker, réutiliser et archiver l’information pour une utilisation future - savoir se défaire de l’information qui n’est pas nécessaire et préserver celle qui doit être protégée

  22. Un enjeu sociétal. Dimension politique des dernières publications de l’UNESCO Vers des indicateurs de la maîtrise de l’information, publié en 2008, donne un cadre théorique international pour la mesure de l’Information literacy. On rappelle que l’IL est à la base de nombre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD, 2003). Dans la lutte contre la maladie par exemple ou le développement des possibilités d’emploi, il faut que les gens soient capables d’appliquer l’information à la pratique. Les indicateurs peuvent aider les pays à cerner l’effet des politiques. Des premières normes établies à la fin des années 80, on a traduit des variables opérationnelles qui sont fonction des différents contextes

  23. Un enjeu sociétal. Dimension politique des dernières publications de l’UNESCO et de l’OCDE Finalités : Permettre de s’adapter, mais surtout de comprendre et de critiquer la société de l’information. « la maîtrise de l’information permet de progresser depuis la dépendance à l’égard des « intermédiaires » du savoir pour devenir « bâtisseurs » du savoir ». OCDE, Comment mesurer lesprogrès des sociétés, 2007

  24. Culture et pratiques des jeunes • Nombreuses études relativement récentes relatives à la culture numérique de la génération des digital natives : fonctionnement en mode multi-tâches, difficulté à se concentrer, culture dynamique et communautaire… (Lardellier, Le pouce et la souris, 2006 / Revue Administration et éducation, mars 2008, n° 117 : « culture numérique et pilotage dans un monde en réseau ») • Pratiques scolaires des élèves et des étudiants - Illusion des « Digital Native » Alain Chaptal cite l’enquête Educause de 2006 (colloque ENS juillet 2007 sur l’Ecole 2.0 : plus de 70 % des étudiants n’apportent pas leur ordinateur portable en classe. - Fossé entre les représentations des élèves / étudiants et celles des enseignants Observations de Christine Dioni (Etude INRP 2008) - Usages problématiques (copier/coller, Google et Wikipédia, baisse de la lecture…). Parmi les nombreuses études et enquêtes, lire notamment : - Les méthodes de recherche des étudiants de 1ère année de LLCE. Université de Bourgogne, 2009 - Enquête EDUDOC-CIUF Thirion et Pochet 2008 - Enquête BU Paris 8 (communication congrès ABF 2007)

  25. Objectif de la culture informationnelle Il pourrait être énoncé ainsi : « être capable d’interpréter l’information pour la transformer »* Ce qui suppose : - esprit critique - acquisition de l’autonomie Nécessité : - maîtrise des outils d’analyse - maîtrise des outils de production * Réf. à Marx : « les philosophes doivent être capables d’interpréter le monde pour le transformer »

  26. Pour les « bibliothèques scolaires » (1) Normes IFLA/UNESCO pour les bibliothèques scolaires (2004 pour la traduction française). 19 p. http://www.ifla.org/VII/s42/index.htm Chap. 5.3 Formation de l’utilisateur, p. 15 Chap. 5.4 Modèle pour un programme de connaissances de l’étude et de la compréhension de l’information, p. 16-19 EXTRAIT : Dans leur compréhension de l’information les élèves devraient faire preuve de flexibilité, être capables de s’adapter au changement et être capables de fonctionner à la fois individuellement et en groupe. Les directives relatives à la compréhension de l’information fournissent à tout élève un processus d’apprentissage qui est utilisable soit au sein de la matière étudiée, soit dans un environnement universitaire ou encore dans la vie quotidienne. Ces directives sont les suivantes : - l’élève devrait tirer une signification de l’information - l’élève devrait créer un produit de qualité - l’élève devrait apprendre de manière indépendante - l’élève devrait participer effectivement à un groupe de travail - l’élève devrait utiliser l’information et les technologies de l’information de manière responsable et conforme à l’éthique

  27. Pour les « bibliothèques scolaires » (2) Les compétences acquises lors de l’apprentissage et qui peuvent contribuer à donner vie à cette «philosophie» sont incluses dans la liste suivante : - capacités d’auto-apprentissage - capacités de coopération - capacités de planification - capacités de repérage et de collecte - capacités de sélection et d’évaluation - capacités d’organisation et d’enregistrement - capacités de communication et de réalisation - capacités d’évaluation

  28. L’apprentissage • Déconstruire / reconstruire. Passer d’un état de savoir à un autre - Modèle allostérique de l’apprendre présenté par Richard-Emmanuel Eastes, professeur au département d’études cognitives de l’ENS http://www.diffusion.ens.fr/bonus/2007_07_04_eastes.pdf - Lectures du Phèdre de Platon par J.Y. Jeanneret (réf op.citée) • La controverse Méthodologie du suivi des controverses scientifiques (Bruno Latour) appliqué au domaine de la documentation http://urfist.enc.sorbonne.fr/gremi/cr_gremi_janv08.pdf (Hervé le Men) • Apprendre à apprendre / apprendre à désapprendre Appui sur les modèles issus des sciences cognitives pour travailler sur le sens (comprendre, raisonner, mettre en relation..) plutôt que par l’approche linéaire « traitement de l’information » ou par procédures. Eléments de psychologie cognitive pour les sciences de l’information. Claire Denecker et Elisabeth Kolmayer. Presses de l’ENSSIB, 2006

  29. Apprendre à apprendre La compétence transversale de l’ «Apprendre à «savoir apprendre » est le fondement de l’apprentissage et du développement personnel, intellectuel et professionnel. Elle est un enjeu essentiel de cette société cognitive définie comme une société où l’on ne cesse d’apprendre tout au long de la vie ». Apprendre et enseigner dans la sociétéde la connaissance, Pierre Chauve, dir. Conseil de l’Europe, 2005. Le CDI, « antichambre » de la société ? L’entraînement à la pratique de la métacognition par : - explicitation des recherches, des usages, de la construction et de la communication du savoir dans une diversité de contextes ; - accompagnement à la structuration des connaissances pour donner un « statut opérationnel aux savoirs » ; - aide à relier les connaissances et leur complexité (interactions, incertitude). La démarche d’investigation : réflexion, exploration, autonomisation, entraînement, modélisation Sources : • Le travail autonome. Vincent Liquète, Yolande Maury. Armand Colin, 2007. P. 84-92 • Faire construire les savoirs. Gérard de Vacchi. 3è éd. Hachette éducation, 2008 • L’apprentissage de l’abstraction. Britt Mari-Barth. 2è éd. revue et aug. Retz, 2001 • Relier les connaissances : le défi du XXIè siècle. Edgar Morin. Seuil, 1999 • L’apprenance : rapport au savoir et société cognitive. Philippe Carré (2000). http://www.u-paris10.fr

  30. Ce qu’il faut maîtriser* (1) Compétences et processus liés à leur apprentissage pour être capable de « penser, classer, catégoriser » (Alain Coulon, 1999) la terminologie (l’univers conceptuel est rarement explicité) : • pour connaître la typologie des données informationnelles (nature, type, support..., comme répertoire d’adresses, dictionnaire biographique, carte, statistique, théorème, auteur, livre…) avec pour principe que « éclairer le mot, faire parler le concept, c’est en gérer l’usage ». • permet d’apercevoir la structure de base de l’information en général et d’avoir une forme de «pouvoir » sur une notion des plus expansibles. Cf Maîtriser l’information à travers sa terminologie : manuel-dictionnaire Gilbert Varet. Université de Franche-Comté, 1995. 709 p. * Les compétences documentaires : des processus mentaux à l’utilisation de l’information. Claire Denecker. Presses de l’ENSSIB, 2000

  31. Ce qu’il faut maîtriser (2) la recherche d’information (son analyse montre la place centrale qu’occupent les représentations et la construction de représentations de représentations) : • Chercher une information dans un but de connaissance est une affaire de connaissances : - spécialisées, dans des disciplines du domaine - générales au sens de culture intellectuelle générale - techniques : opérations à vertu cognitive, savoirs faire, astuces… • Paradoxalement, les systèmes « intelligents ont rendu les recherches plus faciles à manier dans des Bdd relativement modélisées, mais, les informations utiles sont moins aisées à obtenir par l’improvisation. Cf multiples travaux de Jean-François Rouet et André Tricot

  32. Ce qu’il faut maîtriser (3) le document : sa notion, son traitement La notion d’information est très ambigüe, on l’a vu. Son traitement peut être envisagé de différentes manières. Il se comprend mieux par son produit que par la manière dont il s’exerce. Il faudrait travailler - sur toutes les formes de représentation du document : -documents originaux - Ses réductions (résumés, index, bibliographies, synthèses…) - ses commentaires (autre moyen puissant d’accès au pouvoir). - sur le document « instrument de pensée »* dans toutes ses dimensions – historique, sociale… Cf travaux du collectif Roger T Pédauque « Le document à la lumière du numérique » (2006) et « La redocumentarisation du monde » (2007)

  33. Evaluation - Priorités affirmées de l’institution mais non encore suivies d’effets - Résistances des enseignants Cf Alain Chaptal (intervention au colloque du groupe Compas de l’ENS sur Ecole 2.0 en juillet 2007) http://www.diffusion.ens.fr/bonus/2007_07_04_chaptal.pdf Cf Rencontres FORMIST 2008 : « Formation à l’information : réalisation et acteurs, où en sommes-nous ? » http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/notice-1783 - Aucune étude globale. Etudes partielles - sur les pratiques de recherche documentaire (à foison) - sur les compétences en lecture (JAPD, PISA, PIRLS…) - et sur la relativité des tests. - Comment mesure-t-on qu’on est info-lettré ? Quelques outils éprouvés ou à l’état de projet mais pas de test général satisfaisant. ( Projet américain SAILS (université de l’Etat du Kent, 2007) basé sur ACRL IL Comptency Standards for Highter Education : http://www.projectsails.org )

  34. En guise de conclusion Invitation à être attentif - aux évolutions du secteur d’activités de l’information-documentation pour se situer dans l’environnement très large des métiers du domaine Tout se joue aujourd’hui autour de la veille et de la structuration de l’information - aux recherches en cours pour réinterroger ses pratiques (Archivesic notamment, blogs des professionnels…) Un exemple emprunté à la thèse de Nicole Boubée. A propos de stratégies de recherche documentaire : on applique la logique du « but conscient », celle où la recherche est effectuée en fonction d’un but poursuivi en ignorant une autre logique, celle de la logique circulaire, processus récursif qui permet des régulations progressives. L’école de Palo Alto donnait avant l’heure une réponse moderne à cette activité proposant que « pour atteindre un but, il faut l’abandonner ».Point de vue « écologique » de renoncement au souci d’efficacité à tout prix. - à revisiter le passé. De nombreux ingrédients sont présents et peuvent nous aider à trouver des solutions. - et à ne rien considérer comme allant de soi. relire Yves Jeanneret « Y a-t-il (vraiment) des technologies de l’information ? 2è éd., 2007 », pour savoir de quoi on parle quand on parle TIC.

  35. Bibliographie complémentaire (1) Colloque international ERTé « L’Education à la culture informationnelle », Lille, 16-17-18 oct. 2008 http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/ERTE 8èmes Rencontres FORMIST, juin 2008 : «Formation à l’information : réalisation et acteurs , où en sommes-nous ? » http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/notice-1783 Culture de l’information, des pratiques aux savoirs : 8è Congrès de la FADBEN, Lyon, 28-29-30 mars 2008 http://www.fadben.asso.fr/ (actes à paraître) Information Literacy Resources Directory. UNESCO-IFLA, 2007 http://www.infolitglobal.info/ Sélection « Education à l’information sur Internet ». Educasources CNDP, 5 juin 2007 http://www.educasources.education.fr/selecthema.asp?id=90281 La maîtrise de l’information. Les Dossiers de l’Ingénierie documentaire, avril 2007, n° 57 http://www.cndp.fr/DOSSIERSIE/57/som57.asp La formation des usagers à la maîtrise de l’information. Arabesques, janvier-février-mars 2007, n° 45 http://www.abes.fr/abes/DocumentsWebAbes/abes/arabesques/Arabesques45.pdf

  36. Bibliographie complémentaire (2) Education à / par l’information. Esquisse, janvier 2007, n° 50, 196 p. Accessible sur le site www.aquitaine.iufm.fr, rubrique Rechercher De l’information à la connaissance : Actes séminaire national, Poitiers, 28-30 août 2006 http://eduscol.education.fr/D0217/actes_information_connaissance.htm Education à l’information. Laure Endrizzi. Lettre VST, avril 2006, n° 17. http://www.inrp.fr/vst/LettreVST/avril2006.htm Assises nationales Education à l’information et à la documentation : clés pourla réussite de la maternelle à l’université, Paris, 11-12 mars 2003 http://urfist.enc.sorbonne.fr//Assises/Ass-index.htm Section « Maîtrise de l’information » de l’IFLA http://www.ifla.org/VII/s42/index.htm European Network for School Libraries and Information Literacy http://www.ensil.eu International Association of School Librarianship : Special Interest Group –Information Literacy http://www.iasl-online.org/about/sigs/sig_infoliteracy.html

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