La méthode de recherche inductive appliquée aux relations internationales

1. La méthode de recherche inductive appliquée aux relations internationales Le lobbying industriel sur les questions d’environnement  Amandine Orsini Bled Chercheur post-doctorante REPI

2. Aperçu de l’intervention • Qu’est-ce que l’approche inductive? • Illustration par une recherche sur le lobbying des entreprises sur les négociations internationales d’environnement • Conclusion sur la démarche de recherche

3. Déduction et induction • La démarche déductive part du général pour expliquer le particulier: « Dans la mesure où ceci est vrai en général sous ces conditions, cela doit aussi être vrai dans des circonstances particulières où les mêmes conditions sont réunies » (Gomm, 2009). • La démarche inductive procède d’une démarche inversée. Elle a pour point de départ le particulier et tente de monter en généralité :« Ceci a été vrai toutes les fois où l’on a pu l’observer, de ce fait, nous pouvons déduire que cela sera toujours vrai » (Gomm, 2009).

4. Un exemple : l’étude des fougères • Démarche déductive : Réalisation d’une expérience à l’aide de 4 spécimens de fougères. Hypothèses préétablies à l’aide de théories générales sur la croissance des plantes (lumière, engrais, vent). • Démarche inductive : Allons dans la forêt… et mettons en place un protocole d’observation de la croissance des fougères.

5. A priori sur la déduction & l’induction • La démarche hypothético-déductive est dominante (voire unique). Notamment parce qu’elle est plus facile à baliser. Le problème est qu’elle ne permet pas de saisir la complexité de la réalité ni de proposer de théories nouvelles. • Une démarche inductive peut souvent être remise en question au niveau de sa rigueur. Elle pose également des difficultés pour la généralisation. Alors pourquoi utiliser l’induction? A-t-on le choix?

6. Schéma de la recherche

7. Étape 1 : Le point de départ • Recherche de trois ans minimum • Intérêt pour les négociations internationales d’environnement (mémoire de Master) • Rôle des entreprises (Monsanto, Syngenta, Dupont, etc.) plutôt que des ONGE (Greenpeace) ou Etats (Etats-Unis) •  Quel rôle des entreprises pour le climat et la biodiversité ? Un point de départ faisable mais à préciser. ?( + )

8. Étape 2 : L’exploration (1) • La phase d’exploration a d’abord été assez compliquée : • Peu de bibliographie spécialisée : peu de sources disponibles mais aussi peu de connaissance des données accessibles. • Des entretiens exploratoires peu pertinents : besoin d’identifier les acteurs clé et de mieux préparer la présentation de la recherche.

9. Étape 2 : L’exploration (2) • Le « déblocage » de l’exploration: un séjour de recherche en Angleterre • Accès à la littérature sur le sujet (centre spécialisé dans les politiques internationales d’environnement) • Rencontre de spécialistes de ces questions : conseils pour le terrain et pour la théorie • Opportunités de financement

10. Étape 3 : La question de recherche • Le peu de littérature existante sur le sujet s’intéresse avant tout au pouvoir des entreprises. Il semble intéressant de compléter les études existantes, d’où: • Quel pouvoir des entreprises sur les négociations internationales d’environnement et pourquoi?

11. Étape 4 : La problématique • Du pouvoir à l’influence. Les approches précédentes privilégient le pouvoir en terme de capacités. Pourtant, elles reposent sur des postulats discutables. • Choix de la méthode inductive. • Limitation à un cas d’étude : les négociations de la Convention sur la diversité biologique.

12. Étape 5 : Le modèle d’analyse • Variable dépendante : l’influence des entreprises • Protocole d’observation mis en place : l’unité des groupes industriels ; leurs interactions au plan national ; leurs interactions au plan international.

13. Étape 5 : Le modèle d’analyse Formation des politiques publiques Action en amont des négociations Plan national Élaboration des positions de négociation des États Soutien des délégations nationales favorables Action pendant les négociations Plan international Action directe auprès des négociateurs Influence de l’entreprise λ dans les négociations de la CDB

14. Étape 6 : La collecte des données • Importance du croisement des données • Cinq types de données : • Entretiens • Littérature • Archives • Base de données • Observations passives • Auxquels s’ajoutent : • Questionnaire • Observations participatives

15. Étape 6 : Les données initiales • Données indirectes : • Les entretiens (triangulation, boule de neige, « concurrence ») • Données directes : • La littérature (littérature grise) • Les archives d’ONGE et experts (incomplètes) • Étude statistique descriptive (codage) • Observation passive (répétition)

16. Étape 6 : Les données ajoutées • Un questionnaire qui rencontre de fortes réticences : la difficulté de certains terrains. • Des observations participantes : il est parfois difficile de gérer la confidentialité des données. • A nouveau l’important est de bien reconnaître tous les apports du travail de collecte de données mais aussi ses limites

17. Étape 7 : L’analyse des données • Présentation des données autour de trois axes: • L’unité des acteurs économiques • Les interactions au plan national • Les interactions au plan international Suivi des processus et choix d’exemples type • Passage à l’explication: des facteurs de division, l’importance des relations personnelles et de la flexibilité

18. Étape 8 : Les conclusions • Résumé de la démarche • Nouvelles connaissances : • Empiriques : division des entreprises, importance des relations et de la flexibilité • Théoriques : importance de l’Etat; • Pistes pour des recherches futures • Le protocole mis en place serait à tester sur d’autres études de cas • On pourrait mettre en place une analyse hypothético-déductive en considérant l’influence dépendante de: • - l’unité des acteurs économiques • - leur nombre de contacts avec les négociateurs • - leur flexibilité

19. Au-delà de l’exemple…. • Un chercheur n’est jamais enfermé dans une démarche • L’enchaînement des étapes est bien souvent indépendant du chercheur et relève aussi du thème, des moyens disponibles, du temps, etc. • L’induction est possible mais doit être bien encadrée • C’est une démarche qui demande bien souvent beaucoup de temps

20. Merci de votre attention ! Amandine Orsini Bled Chercheur post-doctorante REPI