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Migration et développement : une panacée ? Victor Piché. Séminaire du Centre interdisciplinaire de recherche en développement international et société UQAM 30 octobre 2012. Introduction. Objectifs: - examiner les liens entre migration et développement:
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Migration et développement : une panacée?Victor Piché Séminaire du Centre interdisciplinaire de recherche en développement international et société UQAM 30 octobre 2012
Introduction Objectifs: - examiner les liens entre migration et développement: plus spécifiquement: répondre à la question « la migration peut-elle engendrer le développement? »
Introduction • Migration et développement : deux types de liens: • Développement - migration • Migration développement
Migration développement Quelques précisions conceptuelles : + impact à quel niveau : micro, méso, macro? + selon quelle dimension: sociale, politique, économique? Ici = économique
Deux problématiques L’une pour les pays en développement: impact de l’émigration Une autre pour les pays développés: impact de l’immigration
Démarche en 3 points • Évolution des théories • Le discours dominant actuel 2.1 La gestion mondiale 2.2 Le transnationalisme • Étude de cas: Burkina Faso – Côte d’Ivoire
I. Évolution des théories Période 1950-1970 : liens = positifs (les optimistes) - approche néo-classique :le développement ici est réalisé uniquement par le rééquilibrage;
I. Évolution des théories 1950- 1970: aspects positifs approche développementaliste: + migrants de retour = importants agents de changement social et d’innovation;
I. Évolution des théories 1970-90 – liens négatifs (pessimistes) • Théorie de la dépandance • Théorie de l’articulation des modes de production • Transferts non productifs
II. Nouveau paradigme: discours dominant actuel Changement de paradigme : depuis les années 1990 : retour de l’optimisme via de nouvelles approches théoriques: - Nouvelle économie du travail • Stratégie de survie • Gestion globale (migration management) • Transnationalisme
Gestion globale • Slogan « win-win-win »; • En pratique et sur le terrain, la gestion migratoire met en place trois séries de mesures : (1) un contrôle plus efficace des frontières (2) la signature d’accords avec les pays tiers et les pays de transit et (3) l’élaboration de programme de co-développement en partenariat avec les pays de transit et/ou d’émigration.
Gestion globale Ce discours recouvre trois prescriptons : (i) libéraliser la migration, mais de façon ordonnée ; (ii) encourager davantage la migration circulaire, (iii) développer les subjectivités des migrants pour qu’ils se sentent davantage responsables en les façonnant comme agents de développement.
Approche globale Au cœur de cette approche, les organisations internationales dont + surtout l’Organisation Internationales des Migrations (OIM) + Le Centre international pour le développement de politiques migratoires (ICMPD)
Approche globale • Politiques migratoires de plus en plus restrictives et répressives • Créent un univers incertain pour les populations migrantes les plus vulnérables • La migration comme course à obstacles
Les obstacles Premier obstacle: décourager l’émigration à sa source Deuxième obstacle: échapper au trafic humain Troisième obstacle: éviter l’interception Quatrième obstacle: franchir les murs Cinquième obstacle: survivre aux contrôles frontaliers Sixième obstacle: éviter l’expulsion Septième obstacle: faire face à l’impunité des agences privées Huitième obstacle: survivre à la peur d’être pourchassé Neuvième obstacle: éviter la détention Dixième obstacle: faire face au durcissement Onzième obstacle: vivre avec des droits réduits Douzième obstacle: risquer la mort
Gestion globale Résurgence des programmes de travailleurs temporaires + Consensus international + Exemple du Canada
Transnationalisme et développement • Les réseaux transnationaux • Le rôle des diasporas
Critiques récentes • Tenants des effets négatifs: laissent peu de place à l’hétérogénéité: sous certaines conditions, la migration peut avoir des effets développementalistes positifs; • Tenants des effets positifs: ce n’est pas automatique
III. Cas Burkina –Côte d’Ivoire Période: 1900-2000 • -------------------1974 --------------2000 enquête enquête
Migration et sous-développement : le contexte de l’Enquête de 1974-75 • Niveau global Point de vue négatif des chercheurs et instances politiques: produit la stagnation et le sous-développement + perte d'une partie importante de main-d'œuvre masculine + développement rural pour enrayer exode rural
Migration et sous-développement : le contexte de l’Enquête de 1974-75 Et cela malgré transferts monétaires importants: + entre 30000 et 40000 Fcfa par année par migrant (années 1960-1970) + entre 3 et 5 milliards de Fcfa par année + 3,3 % du produit intérieur brut et 3,5 % des revenus du ménage (1968) +1970 et 1974 ont couvert 43 % du déficit commercial du pays
Migration et sous-développement : le contexte de l’Enquête de 1974-75 Bien qu'impressionnantes en terme de volume, + peu d'impact globalement sur le développement car ils n'ont généré aucune nouvelle activité productive + utilisation non productive : - impôts (le tiers); - 20% pour développement - le reste : biens de consommation tels que vêtements, bijoux, bicyclettes et radios.
Migration et sous-développement : le contexte de l’Enquête de 1974-75 • Pourquoi a-t-on investi aussi peu de revenus directement dans la production ? - Contraintes : (1) accès à la terre; (2) capital insuffisant; (3) compétences insuffisantes; (4) investissement dans l’agriculture est considérée non rentable.
Migration et sous-développement : le contexte de l’Enquête de 1974-75 • Niveau des ménages: effets plus positifs: - corrélation entre richesses et présence d’émigrants dans le ménage - revenus de la migration permet de payer les impôts + acheter biens de consommation
Migration et sous-développement : le contexte de l’Enquête de 1974-75 Qu’en pensent les personnes elles-mêmes? - enquêtes individuelles - grande originalité de l’enquête: groupes de discussions (focus groups)
Migration et sous-développement : le contexte de l’Enquête de 1974-75 Résultats individuels + Interdépendance clairement exprimée + articulation migrant/non migrant: motifs économiques vs familiales + articulation des motifs hommes/femmes
Migration et sous-développement : le contexte de l’Enquête de 1974-75 Résultats: discussions de groupe "Nous ne pouvons pas tous partir et abandonner le pays. Il y a ceux qui restent pour soutenir le pays. Nous, nous partons pour aller chercher de l'argent et revenons aussi pour le soutenir. »
Migration et sous-développement : le contexte de l’Enquête de 1974-75 Nous, nous restons aussi pour aider les hommes et femmes plus âgés à travailler sur les fermes et à élever des poulets.
Migration et sous-développement : le contexte de l’Enquête de 1974-75 Lorsque interrogés à savoir s'il est bénéfique d'avoir des migrants dans la famille, environ 60 % des hommes et 50 % des femmes affirmèrent que c'est une bonne chose.
Migration et sous-développement : le contexte de l’Enquête de 1974-75 • Intériorisation de l'idéologie de la migration de retour • ambivalence: oui mais…
Période 1975-2000 • Changement de discours: plus optimiste • Davantage d’études sur les diasporas
Période 1975 -2000 Niveau global: - Les transferts: estimations (sous-estimation?) + environ 500 milliards de Fcfa au cours de la décennie 1980; plus de 90% proviennent de la RCI; + estimations (2008): entre 45 et 50 milliards par an (comme dans les années 1970); Bref: L’épargne des Burkinabé à l’étranger constitue encore une part importante du revenu national (10%).
Période 1975-2000 Dans l’ensemble, presque 60% des ménages enquêtés déclarent recevoir aussi bien régulièrement qu’irrégulièrement de l’argent de Côte-d’Ivoire. En ville, plus de 20% des ménages recevaient régulièrement de l’argent contre près de 30% en campagne.
Période 1975-2000 Selon les études récentes (période 1998-2003 via enquêtes prioritaires sur la pauvreté): (1) baisse de % des ménages recevant TF totaux de 39,4 (1998) à 20,4 (2003); baisse TF privés de l’étranger de 6% en 2003 vs 23% en 1998; (2) baisse du poids de RCI dans TF totaux; (3) sans TF, pauvreté augmente.
Période 1975-2000 Contexte migratoire: (analyses des flux comparatifs via matrices migratoires) - augmentation importante des migrations; - crise économique des années 1990: e.g. dévaluation du Fcfa
Période 1975-2000 Niveau des ménages: • Peu de changement dans l’utilisation des fonds; • Selon une étude, impact de la migration intracontinentale sur le développement = nul; par contre migration intercontinentale (vers l’Europe) a plus d’effets. • Mais, migrations intercontinentales = faible au BF
Période 1975-2000 Niveau micro: - un quart des migrants de retour choisissent un autre lieu que celui d’origine pour des raisons liées au capital humain (ces migrants de retour préférant profiter de leurs compétences acquises dans des activités non agricoles) - confirme la diversification des activités économiques en milieu rural (selon données migratoires)
Période 1975-2000 Nos propres études sur migration et emploi: deux grandes conclusions: (1) les migrants vers la ville = facteur dynamique; (2) que les migrants de retour ont plus de chance que les autres de se retrouver dans des emplois rémunérateurs (tant en ville que dans les zones rurales)
Conclusions 1. Niveau global: malgré un siècle de migrations circulaires, on note peu (pas?) d’effet sur le développement du pays - peu de changement dans les grands indicateurs économiques; - au contraire, augmentation de la pauvreté;
Conclusion Niveau des ménages: - impact positif réel: + permet de payer les impôts; + complémente les dépenses du ménage, surtout santé et éducation; + petites améliorations immobilières; - nécessité de revoir dichotomie productif/non productif
Conclusion Niveau individuel: • migrants comme facteur dynamique en ville; • même chose pour une partie des migrants de retour
Conclusion finale En absence des revenus de la migration, situation aurait été catastrophique? En lien avec travaux récents, sans l’élimination des contraintes politiques et macro-structurelles, migrations auront des effets mitigés. Bref: pas une panacée
En termes théoriques: • migration comme stratégie familiale de survie • … et de contournement des contraintes