Récit de fiction et exposition scientifique

1. Récit de fictionet exposition scientifique • Eric TRIQUET IUFM de Grenoble UMR STEF ENS Cachan

2. Sciences et récits- Des rapports étroits - • Chez les scientifiques, le mode narratif de l’explication joue un rôle primordial dans la construction de la science. (Latour, Woolgarn 1988)

3. Médiation des sciences et récits- Des rapports étroits - • La presse, le livre documentaire, la télé • les atouts de la narration et du fictionnel • Les musées • la trame narrative comme principe organisateur

4. Paroles de conservateur « Au bord du chemin, suggéré par les éléments du décor, une tension dramatique lie les animaux prédateurs à leurs proies par des rapports (…) En cours de réalisation, il m’a semblé nécessaire de poursuivre jusqu’à la rupture … » (A. Fayard)

5. Paroles de conservateur « Le visiteur peut tirer profit du récit, de la narration et d’une certaine poésie née d’une harmonie pressentie entre la forme et son contenu ».(A. Fayard)

6. Des dioramas évocateurs • « L’allusion plutôt que l’illusion » • un jeu sur les couleurs, la lumière, l’espace … plutôt que des effets réalistes • « Une réception ouverte » • l’expression d’un imaginaire, d’une sensibilité, de références propres à chaque visiteur

7. La vitrine des chevreuils

8. La vitrine des sangliers

9. La vitrine des sangliers

10. La vitrine des tétras lyres

11. La vitrine des marmottes,lagopèdes et lièvre variable

12. La vitrine des bouquetins

13. L’écriture commeoutil de médiation … … entre le visiteur et l’exposition • Des listes pour prélever des indices et catégoriser • Des cartels pour recouper les indiceset mettre en relation

14. Liste et cartels : des limites incontournables • Cloisonnement spatio-temporel • Faible problématisation • Ressenti absent

15. Le choix du récit defiction scientifique • Tendance des élèves à utiliser une mise en histoire pour des explications scientifiques • Ancrage du récit dans un espace-temps qui lui est propre, tout comme le musée • Des analogies entre récit et explication scientifique au niveau de la résolution d’événements problématiques

16. La construction d’une intriguesoutenant le récit « Une histoire commence lorsqu’apparaît une brèche dans l’ordre des choses auquel nous nous attendons. » (J. Bruner) • Utiliser l’intrigue pour bousculer les évidences de la perception, pour questionner sa lecture.

17. La fiction - comme lieu de probléatisation - Qu’est-ce qui, dans la fiction, crée l’interrogation et suscite le changement de point de vue ? • L’intrigue : le nœud problématisant de la fiction

18. L’intrigue : le schéma quinaire • L’état initial • la complication • La résolution • La sanction • L’état final

19. L’intrigue : le noeudproblématisant de la fiction • La complication est « dysfonctionnement », « perturbation », « remise en cause » ; bref, elle « fait problème ».

20. L’intrigue : un levierpour le questionnement scientifique • Au niveau du récit de fiction scientifique, l’intrigue : - « le nœud problématisant de la fiction », - un levier pour exprimer un questionnement scientifique.

21. Le modèle deBereiter et Scardamalia • L’écriture : une interaction dynamique entre deux espaces-problèmes : - un espace du contenu - un espace discursif

22. Questionnement Dans quelles mesures les contraintes liées à la mise en place de l’intrigue peuvent-elle déterminer, dans le cas du récit de fiction scientifique, le développement d’un questionnement scientifique ?

23. L’expérimentation • Un groupe de 24 PE2  • Une classe de 5èmes de collège (25 d’élèves) • La visite du musée comme point de départ • Un atelier d’écriture comme dispositif

24. L’atelier d’écriture3 types d’alternance • entre des travaux individuels et de groupes • entre des moments d’écriture et de lecture de leurs propres textes et des textes des autres • entre des moments de pratique et des moments d’apports théoriques

25. L’atelier d’écriture3 phases principales • réécriture par groupe d’un cartel commun • le lancement du projet d’écriture collective  • l’écriture progressive du récit (individuelle, puis en groupe)

26. Les contraintes du récits • Appartenir à l’hyper-genre « récit » • Revendiquer son caractère fictionnel • S’inscrire dans l’univers scientifique

27. Les types d’analysesmises en oeuvre • la caractérisation des éléments fictionnels des complications et de leur résolution  • le repérage des dimensions scientifiques qui font écho aux complications de l’intrigue • le couplage fiction / science

28. L’intrigue principale(PE2) Aux premières lueurs de cette belle journée du mois de mai, dans la forêt verdoyante, Cric-Crac est réveillé. Assis sur une branche de son chêne préféré, il a décidé ce matin de prendre les choses en mains : « Cette histoire ne peut plus durer, dès ce matin, j’écris à Robustin ! » (…)

29. L’intrigue principale(PE2) Clindeuil le Chevreuil, tout excité à l’idée de cette mission, part tête baissée, bois en avant, transmettre ce mystérieux message à Robustin, qui vit là-haut au sommet des montagnes… « Au sommet des montagnes! » Le chevreuil réalise soudain l’impossible ascension. Il interrompt alors sa course irréfléchie (…)

30. Caractéristiques du récit • la trame narrative imaginée à partir du contenu des vitrines • son cadre spatio-temporel est imposé par l’environnement naturel (la montagne étagée)  • une série de rencontres, au travers de dialogues mettant en jeu les personnage animaux

31. La question des adaptationsau milieu montagnard • Des limitation biologiques comme contraintes sur lesquelles s ‘appuie l’intrigue pour se développer • Un relais « étagé » pour résoudre la complication 

32. L’intrigue principale(PE2) Broquard, de ses pattes agiles, partit annoncer la nouvelle aux sangliers en courant aussi vite que son ombre (…) Broquard repris sa route tandis que les autres rebroussèrent chemin car la route leur paraissait trop fatigante.

33. La mise en place de l’intrigue :une mobilisation de connaissance • L’étagement, les adaptations : • des notions mobilisées, manipulées pour les besoins de la fiction •  des notions questionnées par l’intrigue

34. L’intrigue principale :espace / temps • L’étagement, les adaptations au cœur de l’intrigue • Une continuité spatiale restaurée •  Un temps du récit qui exclue certaines limitations biologiques

35. Les intrigues secondaires : • Une série de complications / résolutions basées sur des événements fondés sur le plan scientifique • Indisponibilité du receveur • Absence du receveur • Problèmes de reconnaissance

36. Intrigue secondaire- PE2 - « Hé ! ho !, oiseau gris, je cherche le royaume d’un oiseau tout blanc (…). - Tu es en quête du Roi des Neiges, manant ? et que désires-tu lui dire de si pressant et intéressant ?

37. Intrigue secondaire- PE2 - - Comment ? toi, une demi-portion dont la robe vacille entre le gris et le blanc et dont les pattes portent des lambeaux de plumes…tu serais l’hôte de ce domaine ? tu es givré ! (…) Tournevire, prenant conscience d’avoir abusé dans ses propos, lui tint à peu près ce langage : « Si votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le phénix de ce royaume ! » (…)

38. Intrigue secondaire- PE2 - - Beau doux ami, tu as, dans tes propos, les éléments qui montrent ma majesté : l’hiver, je revêts un plumage tout blanc pour me confondre avec la neige, déjouant les pièges de mes nombreux ennemis (…)

39. Intrigue secondaire- PE2 - (…) Ce qui trouble ton esprit, c’est mon allure actuelle. (…) En été, le sol dépouillé de son manteau neigeux se confond avec ma couleur brunâtre … Dès lors, tu peux me divulguer ton secret. »

40. L’intrigue secondaire : pour entrerdans une dynamique de problématisation • Un paradoxe à l’origine de la complication • La mise en relation d’éléments du champ empirique et du champ théorique • Le construction d’explication

41. Le cartel- PE2 - La scène présente des tétras-lyres mâles en période de parade nuptiale, c’est-à-dire au printemps. Ainsi, on peut voir 3 tétras Lyres « danser » en tournant. Les mâles sont de couleur noir et blanc avec 2 crêtes « rouges » sur la tête. La danse permet de montrer à la femelle leur croupe au plumage blanc. Ensuite ils se livrent à une danse, cette fois-ci, en vol où ils tournent.

42. récit intermédiaire- PE2 - Elle (la marmotte) aperçut 3 drôles d’oiseaux qui ressemblaient à de grosses poules en train de danser. Elle se dit : « bon, si je me souviens bien, je dois trouver un oiseau qui vit dans les mêmes prairies que moi , qui a deux crêtes rouges au dessus des yeux et un plumage type « smoking noir et blanc ». Elle s’approcha du premier et lui dit « hé, oh, bonjour, ta crête est rouge, tu es noir et blanc, comment t’appelles-tu ?

43. récit intermédiaire- PE2 - L’oiseau interpellé ne répondit pas et Charlotte vexée décida de s’adresser plutôt à des demoiselles qui semblaient captiver par le spectacle proposé. En s’approchant elle entendit l’un d’elle déclarer aux autres : « Regardez comme il tourne bien, comme les plumes blanches de sa queue son éclatantes ! Je suis séduite ! Mon préféré est le grand Tournevire. Satisfaite de l’avoir enfin identifié,la marmotte se dirigea vers lui et lui transmis son message.

44. récit terminal- PE2 - - Enfin, mais tu me gênes ! Je travaille, moi ! Je suis en pleine parade nuptiale : si je m’arrête, je suis cuit ! Alors, s’il te plaît, laisse-moi tranquille ! Je serai libre dès neuf heures, une fois le devoir accompli. (…) Finis ta parade et bon courage ! Moi, je vais me restaurer : je n’ai pas mangé depuis 6 mois ! »

45. Le cartel- Collégiens - Chez le tétras-lyre, on reconnaît le mâle grâce à ses deux crêtes rouges au dessus des yeux et à sa queue en forme de lyre et ses reflets bleutés sur son dos. Ils peuvent voler contrairement au coq qui lui ressemble énormément. En été, ils dansent pour les poules.

46. récit intermédiaire- Collégiens - Le chef des tétras lyres venait de recevoir un message pas comme les autres. Il réunit tous les mâle et l’un d’eux fut nommé pour prévenir la marmotte (…) A la fin de son hibernation, la marmotte sortit de son trou. Au loin elle distingua une silhouette d’oiseau, plus elle se rapprochait plus la marmotte reconnaissait uns tétras-lyre mâle. Elle le reconnaissait grâce à ses reflets bleutés et ses deux crêtes au dessus de la tête.

47. récit terminal- Collégiens - Cassis, l’un d’eux, partit prévenir la marmotte ; cela l’ennuyait beaucoup car il n’aimait pas trop s’éloigner de son arène, le lieu des parades : « Je n’ai pas envie de m’éloigner de mon arène, car je n’ai pas encore séduit la femelle de ma vie. Mais il le faut bien car c’est mon devoir ! »

48. récit terminal- Collégiens - A la fin de son hibernation, la marmotte sortit de son trou. Au loin elle distingua une silhouette d’oiseau , plus le volatile se rapprochait plus elle reconnaissait un tétras-lyre mâle, car elle savait bien voir la différence entre Cassis et Framboise le fils et la fille du chef des tétras-lyres. Elle l’avait reconnu grâce à ses reflets bleutés et ses deux caroncules au dessus de la tête.

49. L’intrigue secondaire : • Une mobilisation notionnelle sur différents thèmes • Une articulation temporelle du temps biologique de chaque animal

50. Conclusion • Un travail sur l’anthropomorphisme (prise de recul) • Un travail de reformulation du lexique de spécialité