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Roman inédit de Léo Beaulieu Tous droits réservés

Roman inédit de Léo Beaulieu Tous droits réservés. 20 Chapitre 1 - Fin Chapitre 2 Segment 1. Chapitre 1 Fin

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Roman inédit de Léo Beaulieu Tous droits réservés

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Presentation Transcript


  1. Roman inédit de Léo BeaulieuTous droits réservés 20 Chapitre 1 - Fin Chapitre 2 Segment 1

  2. Chapitre 1 Fin – Nous avons besoin de tout ici et la Régie ne nous donne qu’une maigre allocation pour chacune des pensionnaires. Nous avons besoin d’argent. Alors, sortez votre porte-monnaie et démontrez-moi votre grande générosité ! intime David, imperturbable, le menaçant de s’exécuter. – Je reviens d’un voyage de 15 jours et il ne me reste presque rien. Je peux vous laisser un chèque ? – Il n’en est pas question ! C’est du comptant qu’il me faut. Combien avez-vous en votre possession, présentement ?

  3. À la vue de l’intransigeance de David, Jean sort de son veston un porte-monnaie et en retire un billet de 20 dollars qu’il dépose nerveusement sur la petite table du salon. – C’est tout ce que j’ai sur moi en argent comptant ! assure-t-il avec le plus de fermeté possible, voulant en finir avec cette affaire de fou et déguerpir le plus vite possible. Tous ces événements vécus depuis son arrivée, ajoutés à la grande fatigue de son interminable périple, l’avaient terrifié à un point tel qu’il désirait fuir rapidement et aussi loin que possible. – 20 dollars ! Pas trop généreux, le monsieur ! Ouais ! Cependant, David s’empresse de ramasser le billet de sa main tachée par l’huile dégoulinante du mécanisme fraîchement lubrifié de son fusil. D’un geste vif tel celui d’un magicien, le billet disparut rapidement dans la poche de sa salopette.

  4. – Et attention ! Je vous préviens ! Ne soufflez mot à personne de cette histoire, vous n’avez rien vu... rien entendu... vous vous êtes perdu dans une région inconnue, compris ? Pas un seul mot à qui que ce soit, sinon je colle le shérif à vos trousses. hurle David d'un ton démentiel, la bave aux commissures de la bouche. – Compris, compris ! Je n’ai rien vu, rien entendu ! Sur ces mots, Jean retrouve ses forces, se lève d’un bond et déguerpit de cette damnée maison dans une course effrénée vers sa voiture. Haletant, comme s’il venait de vivre le pire cauchemar de sa vie, il s’y engouffre et démarre à toute vitesse. Fin du Chapitre 1

  5. Chapitre 2 La tache de sang Premier segment C’était le matin et les adolescentes venaient tout juste de terminer dans un silence de cloître leur plus que modeste petit-déjeuner. Elles attendaient le signal du « maître » pour se lever et vaquer à leurs occupations respectives. – J’ai à vous parler ! dit énergiquement David, debout à l’extrémité de cette longue table. – Restez assises et écoutez ! Sur ce, il se tourne vers le cuisinier et lui ordonne de se présenter avec le grand couteau de cuisine et la trouvaille repérée la veille, dans une des nombreuses chambres.

  6. D’un ton cassant : – Je vous avais pourtant toutes mises en garde que je ne veux aucune sorte d’animaux à l’intérieur de cette maison ! Il prend des mains de l’homme de service le couteau bien affûté et le petit lièvre qu’il avait rapporté lors de ses excursions nocturnes et malheureusement découvert dans une chambre à l’étage. Puis, tenant l’animal par les oreilles, d’un coup vif, il l’éventre. Le sang gicle sur sa salopette et les entrailles tombent sur le sol. Un spectacle épouvantable ! La frayeur se lisait sur tous ces jeunes visages. Chavirées et secouées de spasmes à la vue de ce geste cruel et inhabituel, toutes les adolescentes se mirent à crier et à pleurer. Certaines, devenues complètement hystériques ne purent s’empêcher de vomir. Ce moment était horrible !

  7. – Je vous préviens de nouveau ! C’est ce qui va arriver à tous les animaux que vous apporterez dans cette maison ! lance-t-il d’une voix tonitruante comme si le volume était nécessaire dans une telle situation de colère indescriptible. – Maintenant, debout et au travail ! Constamment, un sentiment de peur dominait les us et coutumes des pensionnaires de ce foyer d’accueil situé aux abords d’un petit village ignoré, situé à l’extrême Nord-est des États-Unis. Ce règne de terreur continuellement présent n'était pas sans causer de profonds préjudices chez les jeunes à chaque heure de la journée. Triste situation, mais curieusement, cette maison fonctionnait depuis plusieurs années de cette façon et ce, sous la bienveillante bénédiction de la Régie de la protection de la jeunesse.

  8. Tous les habitants du village connaissaient ce refuge et se doutaient de ce qui s’y passait, mais aucun ne voulait se compromettre à dénoncer cette pratique. Puisque plusieurs enfants de leur parenté y avaient trouvé une place même si on déplorait la façon dont elle était exploitée ; pas question qu’elle subisse une inspection plus rigoureuse de la part des éminentes autorités et en risquer la fermeture. Dans ce gîte, toutes les adolescentes avaient un travail bien spécifique à accomplir, sauf les deux favorites de David : Sylvia et Margaret, âgées de 14 et 15 ans. Il les aimait surtout à cause de leurs bonnes manières et leur soumission. Par conséquent, une affectation à des travaux légers et valorisants leur fut réservée. Perspicace, le maître des lieux les avait choisies pour répondre aux questions posées par Mmes Smith et Brown, les représentantes de la Régie qui venaient faire leur visite de contrôle de façon régulière.

  9. Ces deux dames aimaient bien inspecter l’institution de façon périodique et elles auraient bien voulu que la fréquence de leur visite soit établie à chaque semaine. Lucide sur les moyens à utiliser pour ne pas semer le doute, David savait les traiter avec beaucoup de considération. Au souper, il leur réservait un festin sans égal que les petites, Sylvia et Margaret, leur servaient avec beaucoup gentillesse et de courtoisie. Les autres adolescentes ne mangeaient pas avec eux dans la salle à dîner principale, mais dans la cuisine à l’arrière de la maison. Éric leur préparait quelques sandwiches dont elles devaient se contenter. Oui, les deux représentantes appréciaient au plus haut point le poste qu’elles occupaient. Madame Smith se délectait des mets accompagnés de vin, alors que Madame Brown était fascinée par l’allure masculine et virile du propriétaire qui lui faisait les yeux doux pendant le repas. On ne peut que spéculer sur ce qui se passait en soirée, lorsque les pensionnaires s’étaient finalement réfugiées dans leurs chambres et que Madame Smith, ayant consommé trop de vin, s’endormait dans son fauteuil. Enfin… !

  10. David invoquait sciemment une raison pour que les autres fillettes ne soient pas disponibles aux entrevues : soit qu’elles étaient sur le terrain pour la cueillette des fruits et des légumes, dans le potager aménagé dans un coin éloigné, au travail dans le poulailler ou bien ailleurs dans des bâtiments du vaste domaine. Hélas, ce n’était pas loin de la vérité. Aucun loisir durant la semaine, deux journées de repos les fins de semaine, c’était la consigne !  Édith vécut cette situation austère pendant presque six ans. Maintenant, âgée de seize ans, elle désirait à tout prix fuir cette prison sans barreaux, mais tellement isolée de la civilisation qu’aucune clôture n'était nécessaire. Sa seule issue était la fugue pendant la nuit et l’éloignement au moyen de l’auto-stop. Mais là encore, la route n’était fréquentée que par les habitués de la région ou les égarés, comme Jean, qui s’y était perdu.

  11. Une fois, Édith tenta de fuir pendant la visite des représentantes, estimant que David, très préoccupé à séduire madame Brown, ne s’apercevrait pas du subterfuge. Faisant de l’auto-stop, un habitant du village circulant par-là, reconnut l’uniforme des adolescentes du foyer et s’arrêta pour lui offrir de l’amener au village. Comme prétexte, elle invoqua une course à faire pour David. Il ne crut pas un mot du récit pathétique que lui servit la jeune fille et fit demi-tour pour la déposer à la porte de la résidence. Par malheur, ce fut Éric qui l’accueillit et sans trop de délicatesse, ni de cérémonie, il la reconduisit dans sa chambre et en verrouilla la serrure à double tour. Elle y demeura pendant deux jours. On ne lui donna que du pain et de l’eau comme pitance, telle une vulgaire prisonnière. Malgré ses deux fugues ratées, tenace, Édith avait encore osé fomenter un nouveau plan qui lui permettrait, croyait-elle, de quitter à tout jamais cette horrible maison. Par contre, il lui fallait de l’argent pour mettre son dessein à exécution et l’opportunité se présenta.

  12. En effet, depuis quelque temps, le fils de l’épicier du village se pointait à chaque semaine à la résidence pour acheter des œufs frais. Les nombreuses pondeuses fournissaient plus d’œufs qu’il en était nécessaire pour les besoins des pensionnaires. Billy, qui en avait la charge, comptait sur la présence d’Édith, plus rusée que lui, pour effectuer une bonne transaction. Grâce à sa débrouillardise et à sa facilité avec les chiffres, Édith hérita ainsi de la responsabilité de la vente des œufs et devait accompagner le jeune garçon jusqu’au poulailler avec sa camionnette. Le jeune de 17 ans n’avait d'yeux que pour cette jolie fille futée et elle s’en était rapidement rendu compte. Entretenant l’intention de capitaliser sur ce point, elle majorait les prix toujours un peu plus à chaque fois, prétextant l’augmentation des coûts de la moulée, etc. Avec habileté, elle dissimulait ensuite ce léger supplément. Malgré tous ses efforts, elle n’avait toujours pas amassé suffisamment d’argent pour réaliser son plan. Son nouveau stratagème était de convaincre Billy de lui permettre de se cacher dans la camionnette afin de retourner au village, puis de prendre l’autocar en direction de la grande ville. À suivre…

  13. 20 Trame sonore ‘ Seul’ De Michel Cusson Photographies de Pierrette Beaulieu

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