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UN DUR APPRENTISSAGE

UN DUR APPRENTISSAGE. Diaporama de Jacky Questel. Un bruit de freins. Un choc brutal. Mille étoiles qui dansent. Et un trou, un trou sans fond où l’on tombe sans fin…

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UN DUR APPRENTISSAGE

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Presentation Transcript


  1. UN DUR APPRENTISSAGE Diaporama de Jacky Questel

  2. Un bruit de freins. Un choc brutal. Mille étoiles qui dansent. Et un trou, un trou sans fond où l’on tombe sans fin… Quand Josette réussit à ouvrir les yeux, elle ne reconnaît rien, ne comprend pas où elle est. Petit à petit, des lambeaux de faits reviennent à sa mémoire. Elle veut se lever, appeler, et ne peut bouger… Que c’est-il donc passé réellement ? Et où est-elle ? Ah oui… Une voiture qui grille le feu, qui la tamponne de plein fouet. Alors, un accident ? Alors, elle est en clinique, ou en hôpital ?

  3. Une porte qui s’ouvre, un bruit de pas, une voix chaude : - Vous voilà réveillée, Madame Mirat ! Comment vous sentez-vous ? Il y eut des explications, des soins, et Josette, boitillant, soufflant, ahanant à chaque effort, put rentrer à la maison. - Je viendrai quelques temps avec toi, maman, dit Mariette, tu n’es pas en état de te débrouil-ler. Josette remercie sa fille avec effusion. Ce sera bon d’être toutes les deux ! Mais elle espère bien se débrouiller toute seule ! Pas question de se faire dorloter !

  4. Il faut reconnaître que le retour à la maison ne fut guère glorieux. Josette dut se faire aider pour monter les trois marches du perron. Pas possible ! Elles avaient poussé, comme la mauvaise herbe, avec cette pluie ! Et elle se laissa tomber sur son lit. - Repose-toi, dit Mariette. Je te prépare un petit repas. Que c’est bon de s’occuper de toi ! Tu t’es tellement occupée de moi… Josette entendit vaguement les bruits de la cui-sine. Elle coula, entre assoupissement et in-conscience. Mais aller à table… Les dents serrées, cram-ponnée à sa canne, pas à pas, toute pliée, elle arriva sur sa chaise. Et puis manger… Elle n’avait même pas la force de soulever sa cuillè-re. Et d’ailleurs, pas d’appétit non plus.

  5. En se levant péniblement, elle laisse tomber sa serviette, veut se baisser pour la ramasser, pousse un cri de douleur qui fait accourir Ma-riette.- Maman ! Tu n’es pas raisonnable ! Je vais la ramasser, ne t’inquiète donc pas ! Il faut apprendre à te laisser dorloter ! Apprendre, dorloter ? Deux mots qui semblent n’avoir aucun sens pour Josette. Tout de mê-me ! Ce n’est pas à 78 ans qu’elle va capituler devant la douleur ! Elle a souvent eu des pro-blèmes, mais a toujours réussi à composer avec eux ! Alors… Pourtant, elle se traîne péniblement jusqu’à son lit et s’y laisse tomber. Demain tout ira mieux !

  6. Mais le lendemain… est-ce le dos ? Est-ce les reins ? Elle doit capituler sur tout. Impossible de vider la machine à vaisselle, le seul poids des assiettes active méchamment ses dou-leurs. Et elle ne peut rester debout. Devoir lais-ser faire à Mariette les mille petites choses qu’elle faisait d’ordinaire, c’est un vrai supplice, l’apprentissage d’une dépendance à laquelle elle n’est pas habituée. Disons-le clairement. Une dépendance qui fait se rebeller son orgueil. Chaque jour, elle espère que le lendemain sera meilleur, qu’elle pourra reprendre ses habitu-des. Et chaque jour cette immense fatigue, en plus de la douleur, la submerge. Mariette s’ingénie à la gâter, à lui faire des pe-tits plats qui peuvent réveiller son appétit. Ce-lui-ci revient doucement. Quand elle mangera normalement, est-ce que cela ira mieux ?

  7. Josette se lève un peu plus longuement dans la journée. Elle commence à lorgner vers son or-dinateur. Jusqu’à présent, Mariette lui lisait ses messages, les nombreux messages de ses ami-nautes, qui savaient si bien lui insuffler coura-ge. Ouvrira ? N’ouvrira pas ? Elle se lance, lit quel-ques mails. C’est si bon ! Elle a l’impression que ses amis sont là, autour d’elle. Trois, qua-tre missives. Ouf ! C’est un bon début ! Elle est fière comme si elle avait gagné une bataille ! Mais doit se recoucher aussitôt…

  8. Josette est un peu plus claire dans sa tête, et commence à réfléchir. Il serait temps, me direz-vous ! Elle pense à une amie handicapée qui a tant de mal à accepter qu’on l’aide. Comme elle la comprend, maintenant ! Alors que ces offres d’aide sont faites si gentiment, si naturellement, elles semblent accentuer un sentiment d’impuissance, démontrer une dé-chéance. Et Violaine qui avait des problèmes pour accepter l’évolution de sa maladie et la perspective d’un fauteuil roulant… Josette trou-vait que cela allait dans l’ordre des choses, mais voit cela d’un tout autre œil ! Mais… au fait ! Qu’a dit Mariette, au sujet d’un fauteuil roulant ? Ah non ! Elle n’espère pas la mettre là-dedans, tout de même ! Elle a de ces idées, cette Mariette…

  9. Justement, voilà Mariette qui rentre : formidable ! Josette va tout de suite mettre ça au clair ! Et bien spécifier que, de fauteuil roulant, il n’en est pas question ! Ah mais ! Mais Mariette ne lui laisse pas la parole, elle est excitée comme une puce, ma parole ! - Maman ! Devine qui téléphonait ? C’est Patrick, le bébé est arrivé, tout va bien ! Te voilà arrière-grand-mère ! Tu te rends compte ? Oui, elle se rend compte. Et, après la vague de bonheur qui l’a traversée toute, son incapacité à quitter la maison dans son état actuel se rappelle cruellement à elle. Faut-il donc que ce bonheur lui soit retiré, simplement parce qu’un chauffard a grillé un feu rouge ?

  10. Mariette ne semble pas en avoir conscience, toute à sa joie. - Quand est-ce que l’on part, maman ? Partir ! Partir ! Elle a donc oublié ? Mais Mariette, volubile, se lance dans des explications un peu embarrassées. - Je savais que la naissance était proche. Je me suis renseignée à la gare. On peut partir avec le service spécialisé de la SNCF, tu ne t’occupes de rien. Et le médecin m’a fait un bon de location pour un fauteuil. Un fauteuil, elle se trompe si elle croit l’asseoir là-dedans. Elle n’est pas infirme, tout de même !

  11. Mariette dévie habilement la conversation. - Il parait que ce petit Bernard est adorable ! Il a déjà des cheveux, et ton petit nez ! Comme il me tarde de le voir ! Comme tu seras heureuse de le tenir dans tes bras ! Cela va t’en rappeler, des souvenirs ! Josette sent sa révolte mollir. Mais tout de mê-me, un fauteuil… - Et c’est quoi, ton truc barbare, ton service spécialisé ? - C’est un service dans les gares SNCF, pour les personnes à mobilité réduite, ou d’un cer-tain âge. On vient te chercher en fauteuil, on te met dans le train grace à une plate-forme qui s’élève, et on t’installe à ta place. Tu seras com-me une reine !

  12. Une reine ! Une reine ! Elle imagine sa Gracieuse Majesté (vous savez, celle qui ne rit jamais !) sur un trône à roues. Tiens ? Ce serait pratique, pour aller de la Salle du Conseil à la salle à manger ! Mais que va-t-elle imaginer là ? Revenons à nos moutons ! A un petit agnelet nommé Bernard… Qui va l’emporter ? Un orgueil mal placé, ou la force d’attraction de ce pitchounet qui, lui dit-on, lui ressemble déjà ??? Le tenir dans ses bras ! L’embrasser ! Et peut-être partici-per à la cérémonie du baptême !!! Quel bon-heur !... Au baptême en fauteuil roulant ? Ah non ! Pas question ! Oui, mais… C’est le baptême de son arrière-petit-fils, tout de mê-me !

  13. Mariette se tait. Elle regarde, sur le visage de sa maman, dans ses yeux si expressifs, les affres de la lutte qu’elle mène contre elle-même. Finalement, Josette relève la tête et courageusement dit, avec un grand sourire, mais tout de même en étouffant un soupir : - Alors, on part quand ?

  14. Peintures scannées sur un livre : « les dix bambous » Texte : Jacky Musique : Coartazar – Just because Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Jacky.questel@gmail.com http://jackydubearn.over-blog.com/ http://www.jackydubearn.fr/

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