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La bourgeoise. http://jspivey.wikispaces.com/file/view/bourgeoisie_p.jpg/31493361/bourgeoisie_p.jpg. Des symboles « typiquement » bourgeois: commerce interrégional et la ville, siège de leur pouvoir. Guy Lanoue, Université de Montréal, 2012-2014.

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Presentation Transcript


  1. La bourgeoise http://jspivey.wikispaces.com/file/view/bourgeoisie_p.jpg/31493361/bourgeoisie_p.jpg Des symboles « typiquement » bourgeois: commerce interrégional et la ville, siège de leur pouvoir Guy Lanoue, Université de Montréal, 2012-2014

  2. Emil Benveniste (« Symbolisme social dans les cultes grécos-italiques », Revue de l’histoire des religions 129, 1945), en parlant de la survivance de la structure de l’idéologie indo-européenne tripartite (prêtres-rois, guerriers, producteurs) en Europe, cite le roi anglais Alfred (The Great): «  ‘A populated territory: that is the work with which a king concerns himself. He needs men of prayer, men of war, and men of labor’. In the 14th century … one could read this in an English sermon: ‘God made clerics, knights, and tillers of the soil, but the Demon made burghers and usurers’. » Monnaie du roi Alfred, 9e siècle, Wessex http://anglosaxondiscovery.ashmus.ox.ac.uk/discover_images/objects/coin_Alfred.jpg

  3. La bourgeoisie est traditionnellement vue comme une catégorie parmi tant d’autres dans un système de classe. Souvent vilipendée, car identifiée comme propriétaire immorale de moyens de production et d’exploiteurs du prolétariat, elle trace ses origines à un monde occidental qui a largement disparu, l’Ancien Régime, avec ses états qui fonctionnaient à tous les effets comme des castes. Elle a donc conservé de traits qui ne sont pas entièrement compatibles avec la dimension économique contemporaine, surtout le désire de faire impression. Voilà pourquoi elle est tantôt décrite selon ses attributs culturels, tantôt par sa position dans une hiérarchie politico-financière. Parfois, ses membres sont des investisseurs et capitalistes, mais souvent de personnes tout à fait divorcées du système financier sont décrites (et se décrivent) par la rubrique «bourgeoise». À droite, image populaire du bourgeois au 17e siècle. En réalité, cette époque dite «bourgeoise» devient iconique dans les manuels d’histoires du 20e siècle parce que c’est le moment où les bourgeoisies européennes commencent à saisir le contrôle politique et à créer leurs propres mythes d’origine. http://jspivey.wikispaces.com/file/view/bourgeoisie.JPG/42575983/bourgeoisie.JPG «La leçon de piano», de Ludger Larose, artiste montréalais, 1907

  4. Un médecin, un courtier de la bourse, une châtelaine, un professeur d’université peuvent tous être qualifiés de «bourgeois», même s’ils affichent de positions sociopolitiques libérales, et même s’ils sont salariés. Quelques catégories ayant un statut légèrement inférieur (ingénieur, enseignant de lycée, comptable) peuvent également être étiquetées de bourgeois, surtout s’ils assument des airs censés avancer leur position sociale. «Bourgeois» est donc synonyme d’arriviste, d’exploiteur, de borné, de l’«assis», de l’indifférence aux autres, même de fasciste. Il y a peu de synonymes positifs, sauf peut-être «personne aisée», et, là, cette dimension est plus apte à susciter de l’envie plutôt que de l’admiration. Pourtant, c’est la bourgeoisie qui a développé le mythe occidental de l’individualité, ce qui sabote son statut privilégié près du sommet de la pyramide sociale, car l’individualité souligne implicitement la capacité de quiconque de changer son statut moyennant un investissement dans le Soi: apprendre de bonnes manières, maitriser une profession et la culture muséale; s’acheter (c.-à-d., pas la recevoir en héritage) une résidence dans un quartier huppé; envoyer ses enfants à une école privée (les vraies élites du système médiéval ne croyaient pas trop en l’éducation, car elles n’en avaient pas besoin pour affirmer leur statut). Le mythe que l’individu peut se créer par ses propres efforts est si primordial pour l’Occident qu’il est difficile imaginer comment les systèmes politiques et les sociétés typiques de la modernité (post-1450) auraient pu s’ériger sans ce mythe. Bref: les bourgeois inventent l’individu comme catégorie. http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f6/1829-philadelphia-black-bourgeoisie-flesh-coloured.jpg Ironiser l’embourgeoisement des Noirs américains en 1829 à Philadelphie. L’ambigüité de la bourgeoisie dans toute sa splendeur: comment osent-«ils» devenir bourgeois, quand «bourgeois» c’est «notre» insulte!

  5. Contrairement à plusieurs versions populaires (p.e., sur Wikipedia), la bourgeoisie européenne n’émerge pas au 17e siècle, mais avec le capitalisme embryonnaire du 13e siècle dans certaines villes d’Europe et d’Italie septentrionale: Florence, Milan, Gênes, Pise, Utrecht et d’autres villes du nord-ouest de l’Allemagne (le Saint-Empire romain) et les villes de Flandre et du nord-est de la France. Il est difficile de cerner de traces de cette classe à l’époque médiévale en Grande-Bretagne, mais au 14e siècle des activités bourgeoises se manifestent à Londres et probablement à d’autres villes portuaires. Les bourgeois commencent à émerger quand certains marchands de l’époque ont eu l’opportunité d’assurer la qualité et la quantité de leur marchandise en achetant les ateliers artisanaux qui fabriquaient leurs marchandises qu’ils échangeaient d’une ville à l’autre, surtout les textiles et la bière. Par ses activités, la bourgeoisie crée le prolétariat. http://breakingnewsdir.com/newsimages/a50c7d8c42f85ff05547e835a8377bf5.jpg Souvent ce sont les monastères qui développent et standardisent les recettes pour la fabrication de la bière avant le 13e siècle. L’ajout du houblon (qui est naturellement antiseptique) à la bière commençant au 12e siècle permet aux marchands de l’exporter sans regard à la question de la conservation. http://i195.photobucket.com/albums/z80/Malvoisin_bucket/medieval%20images/loom.jpg Un métier à tisser vertical à deux poutres du 13e siècle; notez que ceci est un développement technologique très important, car il permet de fabriquer de morceaux de tissu ininterrompu, et permet un certain degré de confort au tisseur, qui comme conséquence peut augmenter sa productivité.

  6. http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/e1/Late_Medieval_Trade_Routes.jpg/800px-Late_Medieval_Trade_Routes.jpghttp://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/e1/Late_Medieval_Trade_Routes.jpg/800px-Late_Medieval_Trade_Routes.jpg L’échange mercantile à l’époque médiévale, montrant les liens établis par la Ligue hanséatique (noir), Gênes (rouge), par les républiques de Venise (bleu) et Gênes et Venise (mauve). Le gris montre les voies terrestres et fluviales. La création d’alliances mercantiles est signe d’un autre trait bourgeois: exclue de la politique, elle ne s’identifie aucunement avec les frontières nationales. Ces alliances remontent au 13e siècle.

  7. Cette activité mercantile est encadrée par quatre faits: a) les villes en question, avec quelques exceptions, sont très petites, parfois ne dépassant pas 5000 habitants; les activités bourgeoisies ont donc un impact démesuré sur la ville; b) dans une époque où les infrastructures de transport étaient peu développées, l’activité économique de chaque ville est guidée par la théorie de l’avantage comparatif; par exemple, une ville au carrefour de deux fleuves qui coupent une plaine où pousse l’orge se spécialise dans la production de la bière; cette spécialisation favorise l’échange, qui se concentre naturellement dans les mains des marchands-bourgeois; c) la vraie richesse et les moyens de production les plus importants, la terre et l’agriculture, étaient http://www.costumes.org/history/medieval/13thcntknight.jpg solidement dans les mains de l’aristocratie; l’activité artisanale, mercantile et capitaliste ne constitue qu’une partie infime de la richesse, et donc échappe à l’œil des nobles et des rois, qui souvent se contentent de conférer de chartres aux villes pour les rendre semi-indépendantes à condition qu’elles paient leurs taxes; ceci permet aux marchands et aux bourgeois de saisir le contrôle politique des villes pour créer de conditions qui favorisent leurs activités de production, par exemple la fondation de corporations (les collèges) qui assurent la qualité de la marchandise; d) le 13e siècle est une époque de prospérité et d’expansion en Europe occidentale, mais ceci est brutalement interrompu au 14e par la Grande Famine (1322) et par la peste (une vingtaine d’années plus tard, selon le lieu), dont les effets, à longue durée, favorisent la création d’un prolétariat composé de réfugiés de la campagne; ces désastres encouragement les artisans à vendre leurs ateliers aux marchands-bourgeois et à se transformer en simples employés. Il peut sembler incroyable, mais le capitalisme se développe dans les sociétés agraires dominées par le chevalier (ci-haut), dont l’image est devenue iconique de l’époque. Cependant, celui-ci fait partie du système féodal de la campagne et non de la ville.

  8. Introduction et propagation de la peste en Europe. Notez que les parties moins urbanisées de l’Europe, au nord et à l’est, ont été relativement intouchées, ce qui a encouragé les rois occidentaux d’acheter du grain de ces zones, créant de conditions de féodalisation et de sous-développement industriel qui marquent l’Europe orientale jusqu’à nos jours. Ce déséquilibre politico-économique favorise l’échange entre les deux Europes, et les néo-bourgeois occidentaux au 14e siècle sont prêts à saisir cette opportunité pour projeter leur pouvoir sur le secteur agricole. Une partie devient les agents chargés par les rois de trouver les impôts pour financer leurs achats de grain; d’autres commencent à acheter de terres mises à l’enchère pour payer les impôts imposés par ces mêmes bourgeois agents du roi. http://3.bp.blogspot.com/_loeg9Q8yb_k/S_mTmzZQofI/AAAAAAAAAFI/HfYtxtfyHCQ/s1600/528px-Bubonic_plague-en_svg.png

  9. La bourgeoisie est relativement imperméable aux conditions locales. Elle possède plus ou moins les mêmes qualités partout en Occident. On peut préciser quelques traits qui soulignent sa position ambigüe: a) dans l’Ancien Régime, elle était classée avec la classe marchande et avec les paysans, le tiers état, une catégorie largement composée de laboureurs ruraux, mais elle est née dans un contexte urbain et non rural; malgré sa catégorisation «officielle», elle ne s’identifie aucunement avec les autres membres du tiers état et donc ne forme aucun attachement aux autres classes; b) elle appartient à l’état ayant le plus bas statut des trois, mais elle domine néanmoins son environnement urbain; autrement dit, son pouvoir considérable, dans le contexte local, n’est pas lié à son statut; c) sa richesse dépend de l’échange régional, qui est possible grâce à la spécialisation économique (p.e., le tissu de Nîmes, la bière bavaroise), mais son parcours historique se converge vers un modèle culturel unique, car en saisissant le contrôle de l’artisanat local pour garantir la qualité et la quantité de la production, elle se réoriente vers la dimension financière; d) étant assujettie à ces paradoxes, elle est simultanément désireuse d’augmenter son statut en copiant les mœurs des aristocrates, mais elle est aussi orgueilleuse qu’elle s’est créée par ses propres efforts. http://www.wwnorton.com/college/history/ralph/ralimage/25third.jpg «Un homme du troisième état et sa famille», anonyme. La France postrévolutionnaire était bourrée de ces allégories et surtout de parodies du tiers état, dont les membres avaient, avant la révolution mené une lutte acharnée pour la respectabilité noble. Ils ont été néanmoins inclus dans le tiers état par les nobles et par le clergé, car, selon le dicton renommé, ils avaient de l’argent «sans statut».

  10. La culture bourgeoise La culture bourgeoise héberge un paradoxe, la fusion de conservatisme culturel qui, pour le discours populaire, la transforme en synonyme de borné et de l’hypocrisie, et d’avant-gardisme qui lutte pour mettre fin à la notion médiévale de l’identité figée par l’héritage. Ironiquement, le mariage de ces deux traits a été responsable de l’émergence de l’humanisme rationnel et du libéralisme politique qui définissent la modernité occidentale. La culture bourgeoise a toujours favoriser la transformation de la culture de l’individu: car c’est par la manipulation des mots et des images que cette classe saisi le pouvoir. En affichant la richesse, ils convainquent les rois de leur fiabilité pour devenir leurs fonctionnaires. Bref, la culture bourgeoise est contradictoire: individualiste, mais prête à s’intégrer dans le statuquo. Ironiquement, les bourgeois peuvent se critiquer précisément parce qu’ils ont adopté les mœurs et les attitudes de catégories «supérieures». http://cache2.allpostersimages.com/p/LRG/16/1654/8AJGD00Z/posters/che-guevera.jpg Bourgeois et révolutionnaire: inspiration de nombreuses parodies. Serait-ce le Rolex? http://famewatcher.com/wp-content/uploads/2010/07/CheLrg.jpg.jpeg http://www.posterrevolution.com/pix/1/555183t.jpg http://www.northernsun.com/images/imagelarge/Viva-La-Evolucion-Small-Poster-(4272).jpg

  11. Cette combinaison a inspiré David Brooks à proposer le concept de Bobos, des bourgeois bohèmes (Bobos in Paradise: The new upper class and how they got there, New York, 2000). Descendants des yuppies égoïstes des années 1980s (brillamment incarné par Gordon Gekko, protagoniste du film Wall Street d’Oliver Stone, 1987), les bobos fusionnent (selon eux) le libéralisme politique à la dépersonnalisation technocratique («les jeunes loups», ou «les petits normaliens») des décennies antérieures: de l’humanisme sans humanité. Ils sont les nouveaux capitalistes qui se distinguent par leur engagement politique libéral et par la charité (voir Marc Abélès, Les Nouveaux Riches. Un ethnologue dans la Silicon Valley, 2002). http://iloapp.thebobogallery.com/blo/www?ShowFile&image=1244893777.jpg Un bobo est un bourgeois recyclé qui fait du recyclage; voir le PPT Branding, recyclage et publicité. Lady Gaga est une postbobo parfaite, car non seulement incarne-t-elle brillamment l’idée du recyclage dans son brand, elle a brouillé la frontière entre l’originale et les versions retravaillées et reétiquetées. L’originale, de Henri Rousseau; Le rêve, 1910. http://inculture.com/wp-content/uploads/2010/01/bobos.jpg http://www.zmemusic.com/wp-content/uploads/2009/08/lady-gaga-jet-1.jpg

  12. Il y a deux-cents ans, les capitalistes luttaient pour transformer le langage de l’échange, pour la purger de la dimension politique qui subordonnait l’ouvrier au bourgeois. Ils établirent un langage dépersonnalisé, rationnel, voire institutionnalisé (voir Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme; vers. or. en Allemand, 1904-5, où l’auteur décrit l’influence du À gauche, American Gothic de Grant Wood (1930). Pour plusieurs, ces personnages incarnent la détermination, le travail, et l’esprit austère du protestantisme capitaliste. Drôlement, les modèles pour le fermier sérieux et sa fille nubile (au début, on pensait qu’il s’agissait de l’épouse) étaient la sœur de l’artiste et son dentiste. http://aroundthesphere.files.wordpress.com/2009/12/americangothic.jpg Puritanisme qui pousse les personnes à épargner et à travailler de façon acharnée), où le rapport fut décrit comme étant purement « économique » et « naturel » et donc « incontournable » (comme Karl Marx a souligné en Capital), car protégé et reproduit par la loi du contrat. Cet engagement envers une image rationnelle et « naturelle » cache les lignes de force hégémoniques qui ont permis aux bourgeois d’acquérir leurs privilèges. http://www.cartoonstock.com/newscartoons/cartoonists/dsc/lowres/dscn13l.jpg

  13. C’est cette combinaison d’individualisme (donc, le désir d’établir son autonomie et de la distance entre le Moi et la communauté) et de conformisme (donc, le désir de s’identifier le Moi avec la communauté) qui définit la culture bourgeoise. Il n’est pas nécessaire que la personne soit dans une position particulière dans un système de production (ou de finance) pour qu’elle soit considérée bourgeoise. Il y a donc plusieurs personnes, dont les circonstances de vie les poussent à s’identifier avec cette culture d’autonomie et de conformisme, qui se considèrent et sont considérées bourgeoises par la communauté – lesmédecins et d’autres professionnels libres; les petits entrepreneurs immigrants; les membres de la haute classe moyenne salariée tels que les professeurs universitaires, etc. La bourgeoisie est, paradoxalement, étant donné ses origines mercantiles, l’unique classe qui se définit par sa culture et non par sa position dans un système de production. Le fait que cette culture soit établie depuis très longtemps a permis cette culture d’acquérir de métonymies qui sont tellement bien établies (depuis le début du 17e siècle, en France) qu’elles sont synonymes de cette culture, sous la forme collective connue comme la Belle Époque (voir La cousine Bette [1846] et d’autres exemples de La Comédie humaine, de Balzac). Le cœur de cette entité, cependant, reste la fusion de l’indépendance individuelle et du conformisme social. http://historiadeldiseno.org/tl_files/fhd/fuentes%20documentales/histoiredelamode.jpg

  14. La culture bourgeoise n’est pas homogène, et les bourgeois ne sont pas solidaires; avec le poids accordé à l’individualisme, ceci n’est pas surprenant. Par exemple, il y a neuf catégories “bourgeoises” à Rome: • 1) les descendants, généralement de professionnels et de fonctionnaires aujourd’hui, des entrepreneurs immobiliers arrivés à Rome de Turin et de Milan (il generone) après l’unification; leur héritage s’est construit de deux boums immobiliers en 1880 et 1900; 2) les descendants, aussi professionnels ou fonctionnaires, de la petite aristocratie qui a participé, grâce à leurs contactes avec le gouvernement, dans les boums immobiliers; 3) les descendants des propriétaires d’entreprises agricoles situées dans l’Agro romano qui se sont enrichi grâce à l’élevage de chevaux, dont la demande a augmenté avec le boum immobilier; 4) les descendants aujourd’hui en commerce de marchand s ruraux qui alimentaient Rome; 5) les descendants d’intendants des grandes entreprises agricoles (mezzadria) situées en dehors de l’Agro mais dans les confins des États pontificaux; 6) les descendants, aujourd’hui politiciens et fonctionnaires, des fonctionnaires de l’ancien Royaume de Naples qui ont été transféré à Rome par le nouveau gouvernement pour affaiblir leur impacte politique après la conquête du Sud; 7) de nouvelles élites financières qui se sont enfichées grâce à leurs réseaux politiques qui ont été formés avant 1992; 8) de nouvelles élites formées après les réformes de 1992, qui se sont enrichies avec la politique de privatisation (p.e., la création de Telecom Italia en 1994); 9) les descendants, aujourd’hui professionnels, de professionnels qui vivaient et travaillaient à Rome avant 1870. Antonio Gramsci (1891-1937), théoricien de l’hégémonie bourgeoise en Occident http://66.147.244.209/~utsunorg/wp-content/uploads/2010/11/20080923_antonio_gramsci_d0.jpg

  15. « Bourgeois » est devenu péjoratif (évidemment, pour les sociétés qui en possèdent). Le mot est symbole de complaisance, de collaboration avec le pouvoir, de l’exploitation de l’ouvrier, de l’indifférence au social, et de l’individualisme philistin. « Petit bourgeois » est encore pire, car la personne ciblée n’a même pas le statut et les prétentions grandioses d’un « vrai » bourgeois « capitaine de l’industrie ». Ironiquement, cette dimension négative surgit parce que les bourgeois sont complaisants avec le pouvoir, et parce qu’ils sont le pouvoir. En fait, ce sont leurs traits culturels plus que leur position d’autorité qui semble être visée, mais il s’agit de la même chose, car les bourgeois, depuis quelques siècles ont mobilisé et politisé la culture pour établir leur domination; bref, l’hégémonie, contre laquelle les autres classes ne peuvent monter une résistance, car cet instrument de gouvernance les rend auto-censurant et complaisant. Ils ressentent de pressions psychiques et non politiques, car l’hégémonie se déroule dans le cadre de liberté individuelle et de la loi du contrat, où les parties sont en principe libre et sans contraintes identifiables. Bref, les autres haïssent les bourgeois parce qu’ils se haïssent eux même, sans savoir ni où ni comment diriger leurs ressentiments, qui ont été nourris par des critiques littéraires et filmiques du système de classe: Flaubert (Mme Bovary), Balzac (La cousine Bette), Stendhal (Le rouge et le noir), Bunuel (Le charme discret de la bourgeoisie; L’Age d’Or) à gauche, Lenin; à droite, le Bourgeois gentilhomme interprété par Molière. http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/42/Le-bourgeois-gentilhomme.jpg/300px-Le-bourgeois-gentilhomme.jpg http://houstoncommunistparty.com/wp-content/uploads/2009/12/lenin.jpg

  16. Puisque la bourgeoisie impose ses valeurs sur la culture nationale, l’idée de construire et de produire le Soi par l’agir individuel s’enracine, se propage, et « inspire » tous les secteurs de la société, dans le sens que l’agir et l’individualité deviennent des vecteurs de l’hégémonie bourgeoise, et donc sont des valeurs naturalisées. L’inverse est aussi vrai: des pays avec des secteurs bourgeois absents ou limités ont parfois de classes moyennes plus influencées des valeurs venant du « bas » que du « haut ». Autrement dit, les classes moyennes bloquées par une hiérarchie trop rigide conservent leurs valeurs du milieu d’où elles sont issues, la paysannerie et le prolétariat. Les classes moyennes « libres » copient les aristocrates. http://trcs.wikispaces.com/file/view/sfh.jpg/44222315/sfh.jpg À gauche, une vieille interprétation des différences séparant trois classes: les aristocrates, la classe moyenne, et les ouvriers. Notez les différences de taille; ils sont posés, mais il y avait des différences importantes de taille jusqu’à la 2e Guerre mondiale. En haut, une pose stéréotype de la classe moyenne. http://www.onecybertech.com/blog/wp-content/uploads/2010/11/middle-class-strata.jpg

  17. Par exemple, la classe moyenne italienne est de ce premier type. L’Italie est née d’un plan politique mis en place par des élites septentrionales largement inspirées de modèles romantiques. Parce que la culture nationale a été planifiée et créée par l’élite politique (qui n’incluait pas les paysans dans leur vision; ces derniers constituaient 80% de la population en 1870). Les bourgeois industrialisent une partie du nord, mais le sud est dominé par la bureaucratisation, surtout pour absorber les ex-fonctionnaires du Royaume de Naples. Le résultat est une classe moyenne inerte: selon le sociologue Giuseppe De Rita (fondateur du CENSIS, l’équivalent de StatsCan au Canada et du Département de commerce aux É-U) (L’éclisse de la borghesia, Rome, 2011) le ceto medio, qui n’est pas exactement classe moyenne dans le sens nord-américain, mais « niveau du milieu ». « Ce n’est pas un pays pour les jeunes »; en fait, ce n’est pas un pays pour les personnes qui n’ont pas de pistons politiques. http://a4.sphotos.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-ash4/295798_10150302806772855_196502997854_7800419_962801_n.jpg

  18. Avant les années 1960 (après le « miracle italien » des années 1950), la classe moyenne est trop petite et faible pour que son travail et son impact économique soient la force motrice pour le développement social; les investissements et la planification viennent « d’en haut » (même aujourd’hui le gouvernement italien est actionnaire dans plusieurs grandes entreprises). Le ceto medio est le bénéficiaire uniquement parce que les élites ont besoin de la main-d'œuvre pour leurs usines, et transforment la paysannerie méridionale largement illettrée en prolétariat urbain septentrional; lentement, cette catégorie se « moyenise » avec l’embourgeoisement des valeurs. Autrement dit, la classe moyenne reçoit les bénéfices de la croissance, mais ne la crée pas par ses efforts (travail, impôts) et donc n’a pas d’investissement moral dans l’infrastructure sociale du pays. Bref, l’impacte limité de la bourgeoisie mène à une classe moyenne complaisante, soumise et surtout passive. C’est la vraie différence qui sépare l’Italie de l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, et l’Amérique du Nord, avec des structures élites, oui, mais aussi avec des classes moyennes énormes et socialement engagées à conserver le statu quo. “Perché io, Pina, ho una caratteristica: loro non lo sanno, ma io sono indistruttibile, e sai perché? Perché sono il più grande perditore di tutti i tempi. Ho perso sempre tutto: due guerre mondiali, un impero coloniale, otto - dico otto! - campionati mondiali di calcio consecutivi, capacità d'acquisto della lira, fiducia in chi mi governa e la testa per un mostro, per una donna come te” – Le credo du ragg. Ugo Fantozzi, 1980

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