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FADO, ou la transformation d’une culture populaire

FADO, ou la transformation d’une culture populaire. Une culture des paradoxes?.

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FADO, ou la transformation d’une culture populaire

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Presentation Transcript


  1. FADO, ou la transformationd’uneculturepopulaire

  2. Une culture des paradoxes? • Le fado fait aujourd'hui partie du paysage musical international. Témoignage d'une culture spécifiquement urbaine, le fado de Lisbonne s'exporte, comme le flamenco de Séville ou le tango de Buenos Aires. Sa diffusion fait d'ailleurs souvent de l'ombre à la richesse des autres traditions musicales portugaises. • Mais si aujourd'hui le fado trouve les conditions pour s'apprécier à grande échelle, grâce à des disques ou des concerts qui permettent à une poignée d'artistes de scène de vivre de leur art, ce chant est aussi, et avant tout, une pratique locale, un chant qu'on interprète de manière spontanée, en amateurs, entre voisins, amis, ou encore attablés à une fête de famille.

  3. Fado(s) • Mais comme toute expression d'origine populaire, le fado, au fil de son évolution, a connu une certaine censure. Il a pris des formes variées et parfois contradictoires

  4. Etymologie • 1. Richesses d'un mot : fado • L'acceptation du mot fado dans le sens de chanson populaire est relativement moderne; ce n'est qu'après 1850 que cette désignation passe de l'argot au vocabulaire musical. Ainsi, il faut attendre la septième édition du , dictionnaire Moraes (1878) pour trouver cette définition : «musique populaire au rythme et au mouvement particulier, qui se joue habituellement à laguitarra et dont les paroles sont des poèmes -Appelés fados [...] poèmes vulgaires de caractère narratif, où se raconte une histoire réelle ou imaginaire qui se termine mal, ou bien où sont décrits les maux, la vie d'une certaine classe, comme le fado du matelot, le fado de la religieuse, etc.» • Antérieurement à ce sens musical, le mot fado - dérivé du latin fatum - est rattaché depuis plusieurs siècles dans la langue portugaise à l'idée de «destin», renvoyant au champ lexical du «sort», de la «fortune», ou encore de la «chance». Mais il est plus qu'un simple synonyme du mot destin, traduit en portugais pardestino ou sorte, car il s'inscrit dans un discours qui porte toujours la marque d'une intériorité- Le fado appartient à l'ordre de l'affectif et de l'individuel : il est le destin en tant qu'appropriation par une parole subjective. Le mot latin fatum est lui- même dérivé du verbefari, «dire» : dire dans un langage humain le destin contenu à l'état de signes dans les astres ou les entrailles d'animaux. Ainsi, le verbe portugaisfadar signifie précisément «prédestiner», doter de qualités et aptitudes qui individualisent l'être humain et le distinguent de tous les autres. «Chanter son fado», comme on le disait aux origines, c'est donc se l'approprier, accepter de réaliser son devenir propre, prévu par une volonté suprême que l'homme doit accepter.

  5. Origine • Dans les années 1930, Luis Moita, virulent détracteur du fado, écrivait : «Les origines du fado se trouvent plongées dans une légende plaintive que le peuple du sud du Portugal, et principalement celui de Lisbonne, berce sur ses genoux et avec laquelle, rêveur, il s'endort...» Il se réfère ici aux régions portu­gaises qui sont restées le plus longtemps régies par «l'ennemi» maure, jusqu'au xnf siècle : Alentejo, Algarve et région de Lisbonne où siégeait alors le pouvoir. Cette filiation historique a parfois servi à stigmatiser le fado comme une chanson «dégénérée et impure». Caricature de Rafaël Bordalo Pinheiro représentant le fado batido et mettant en scène les «coups» reçus par Zêpovinho, personnage incarnant le peuple.

  6. fado • -les mots sont l’essence du fado. • Vers improvisés ou poésie savante… • “le fado est un état d’esprit” (Amalia Rodrigues) • http://www.youtube.com/watch?v=5kEElwXUJHk

  7. Fado au 19e siècle • Ils’agitdesliensavec la prostitution, marginalité, la viebohème de Lisbonne • Par contre en 1994 Lisbonne fut capitaleeuropéenne de la culture et il y a euunegrandeexposition e Fado !!! • Severa, chanteuse gitane de fado - L'art tsigane, premièrechanteuseduFado? Premièremoitiédu 19e siècle • http://www.youtube.com/watch?v=sarXK-0Kr_o&feature=related • http://www.youtube.com/watch?v=dKlY1F8aziE • http://www.youtube.com/watch?v=br_1XFJK400&feature=relmfu • http://www.youtube.com/watch?v=S9YLx7jyvuA&feature=relmfu

  8. fado Le fado (mot qui vient du latin fatum, qui signifie « destin ») est un genre musical portugais (la chanson traditionnelle portugaise) qui prend la forme d'un chant mélancolique généralement accompagné par des instruments à cordes pincées (traditionnellement il est accompagné par des accords d’instruments acoustiques, guitare portugaise – douze cordes, guitare classique – six cordes, et guitare basse – quatre cordes). Teintée de fatalisme et de nostalgie (saudade), chant monotone, douloureux et enjoué à la fois. La sobriété de l’accompagnement instrumental impose aux chanteurs un abandon total du corps et de l’âme. Les fados ne sont jamais pareils, leur interprétation dépend fortement de l’état d’esprit de celui qui chante et de la façon dont il sent ceux qui écoutent. Le chanteur de fado ou fadiste (fadista) exploite en général des thèmes récurrents : l’amour inaccompli, la jalousie, la nostalgie des morts et du passé, la difficulté à vivre, le chagrin, l’exil... Ce chant fut d'abord chanté dans les quartiers mal famés avant d'atteindre la bourgeoisie.

  9. Origine(s) du fado? • Origine arabe? • Les chants marins? • influence africaine et brésilienne? • Synthèse de genre musicaux et de danses populaires à Lisbonne au début du XIXe siècle.

  10. Chant de la mer • Le Fado do marinheiro (Fado du marin) • http://www.youtube.com/watch?v=rB1MAAB48OQ • est quant à lui très souvent cité comme un des tout premiers fados. • Le personnage du marin permet ainsi de donner une certaine homogénéité aux premiers chanteurs de fado, ce qui flatte également l'idée d'une diffusion du fado vers d'autres pays accessibles par la mer, donnant lieu à des traditions musicales proches comme la morna du Cap-Vert ou le samba-cançâo du Brésil. • Meu amor é marinheiro • Mon amour est un marin • E mora no alto-mar • II demeure dans la haute mer • Coraçâo que nasceu livre • Un cœur né libre • New se podeacorrentar • Rien ne peut l'enchaîner. • Manuel Alegre • http://www.youtube.com/watch?v=rc1NhDcbS-E

  11. influence(s) –origines arabe? • Une parenté sémantique et phonétique relie en effet fado et hado, lequel est évoqué dans certains romances de la littérature ibérique dès XVe siècle. Un de ces romances raconte par exemple le désarroi du roi Abdallah l'Infortuné, dernier roi arabe de Grenade qui, remettant en pleurs les clefs de lAlhambra, s'enfuit en haut d'une montagne vers l'exil, pour «éprouver son hado». Hado, qui renvoie lui aussi au destin, pourrait donc, par une évolution phonétique propre à de nombreux autres termes portugais d'origine arabe, être devenu fado. • http://musique.arabe.over-blog.com/article-34333967.html

  12. Fado comme rituel • Le look • Hexis corporel du fado:les yeux fermés, tete en arrière, robe nore et chale

  13. 1er phase du fado • Un fado populaire et spontané (1830-1869) • Fado-prostituton-marginalité

  14. Femmes du fado et maison du plaisir • Quem tiverJilhas no mundo • Qui donne le jour à une fille • Nâofaledasdesgranadas • Ne peut parler des filles malheureuses • Porque as fûhas du desgraça • Car les filles tombées en disgrâce • Tambémnasceramhonradas. • Sont nées tout aussi honorables • Fado choradinho: Inscrit dans les brèches de la vie urbaine, en dehors des temps dévolus au travail, le fado devient l'apanage des maisons closes, appelées aussi casas de sofrer, espaces confinés aux ruelles obscures, où tentent de se faire oublier certaines souffrances de la vie. Mais avant même de désigner un chant pratiqué dans les maisons closes, le fado renvoyait déjà à l'univers de la prostitution : les «femmes du fado», «femmes fatales» ou «femmes de lafatalité» désignent les filles de joie, qui peu à peu deviennent desfadistonas, chanteuses et colporteuses du fado. • http://www.youtube.com/watch?v=VrrUMJ6S_P4 • Alexandre Rey Colaço (1854-1928): "Fado nº9" (Fado Choradinho) for Piano • http://www.youtube.com/watch?v=k6xcOoZTzNU • Alexandre Rey Colaço (1854-1928): "Fado nº8" for Piano

  15. Femmes du fado • Le fado A casa da Mariquînhas (La maison de Mariquinhas)retrace cette dialectique de l'acceptation et de l'interdit, décrivant l'ambiance liée à la prostitution et au travestissement : • Ê numa rua bizarra Elle est dans une rue bizarre • A casa da Mariquinhas La maison de Mariquinhas • Tern na sala umaguitarra Y a dans la salle une guitare • Janelascomtabuinhas Et des jalousies aux fenêtres • (...) • Afin de se faire remarquer Elle porte des choses étranges Force dentelles, force rubans Des foulards très bigarrés. Demandée, désirée Hautaine comme une reine Elle rit de toutes celles, les pauvres Qui la blâment rudement • Porveremcheia de gente Parce qu'elles voient pleine de gens • A casa da Mariquinhas La maison de Mariquinhas • http://www.youtube.com/watch?v=klN-sakwnl8 (Alfredo Marceneiro - A Casa da Mariquinhas)

  16. Fadista • Le fadista défend aussi ses propres règles de justice, dont il marque son territoire, et cultive ainsi une certaine fascination pour le règlement de comptes individuel, en affirmant l'hypocrisie de la justice officielle et du crime collectif de la guerre • Mon destin, c'est de mourir Tout au bout d'un couteau Toute ma vie, on m'a toujours dit : — Un homme, ça meurt sur le champ de bataille ! • Le couteau, camouflé dans les plis d'un vêtement, devient un attribut essentiel du fadista. S'il est devenu l'expression d'une sorte de fierté mythique, il correspond surtout à un besoin réel de pouvoir se défendre, au sein de ruelles où la police ne s'aventure pas. Ce couteau, malgré la fierté virile qu'il dégage, est aussi utilisé par des femmes, comme «la Barbue», dont on disait qu'elle le cachait dans sa jarretière. • http://www.youtube.com/watch?v=ezIr0rY12hQ • http://www.youtube.com/watch?v=-DikpKYZSNg

  17. fadista, figure de la marginalité urbaine • Au XIXe siècle,fadista etfaia (voyou) sont synonymes. Aujourd'hui encore, le fado amateur qu'on revendique à Lisbonne comme le plus authentique, le plus racé (fado castiço), s'appelle aussi «fado vagabond» ou «fado voyou» (fado vadio) : le fado «vrai», celui qu'on ne chante pas pour de l'argent, mais qui se situe dans une tradition d'indépendance et de sincérité. • Sidepuis quelques années le fado vadio est devenu aussi une étiquette commerciale qui fait vendre, il continue de faire référence au mode de vie marginal des fadistas, longtemps associés à la pègre urbaine. • Au XIXe siècle, les fadistas vivent principalement d'activités illégales et clandestines, vols, mendicité, trafics ou proxénétisme. Les tavernes où ils se retrouvent, également appelées à cette époquebotequins de iepessont marquées par un climat de déclassement social. De nombreuses figures de la seconde moitié du XIXe siècle illustrent ainsi le caractère indocile du fado. • http://www.youtube.com/watch?v=kDg8IPwogNI

  18. 2e phase • Fado aristocratique et littéraire (1869-1890) • Ascension sociale du fado jusque dans les salons et les résidences balnéaires de la bourgeoisie lisboète?

  19. Bohèmes et marginaux • Bohème ettouradas • Les modifications engendrées par le régime libéral, qui s'implante à partir de 1834, font peu à peu vaciller l'aristocratie qui perd l'assurance de son statut et ses valeurs de référence, notamment celle de la propriété foncière. En quête d'une nouvelle légitimation sociale, la jeune noblesse s'adonne alors à ce qu'on a appelé la «manie du vagabondage élégant». Elle se manifeste, comme en témoigne d'ailleurs la relation entre le comte de Vimioso et Severa, par la fréquentation et la subornation financière de prostituées, ainsi que par une appropriation progressive du chant de fado pratiqué dans l'environnement populaire de ces femmes. Sous l'impulsion de la jeune bohème, le fado se déplace ainsi vers des formes de divertissement dominées par l'aristocratie, tout en favorisant un illusoire rapprochement de classes entre la noblesse et le peuple. http://en.wikipedia.org/wiki/Count_of_Vimioso • Les nouveaux adeptes aristocrates du fado non seulement apprécient et encouragent le fado, mais le pratiquent. Plusieurs personnalités mondaines, ou demi-mondaines, se construisent ainsi une grande réputation en chantant ou jouant le fado à la guitarra, dans l'arène, pendant toute la nuit : le comte de Vimioso, le comte de Castelo-Melhor,

  20. mauvaise réputation : émergence d'une littérature contre le fado La morale bourgeoise, quant à elle, donne forme à une réaction de peur vis-à-vis du fado… Parfois présenté sous les traits uniformes du parasite, le fadiste cristallise les angoisses sécuritaires de l'élite en une seule et même figure qui réunit toutes les tares et tous les péchés possibles imaginables. Un texte de Ramalho Ortigào qui paraît en 1878 dans As Farpas décrit en ces termes le fadiste : « Il ne travaille pas et ne possède pas non plus de capitaux provenant d'un travail antérieur. Il vit de son habileté à exploiter son prochain. Il est ordinairement entretenu par une femme publique qu'il roue de coups systématiquement. Sans domicile fixe, il habite successivement la taverne, le tripot, le bordel ou le poste de police. Il est complètement atrophié par l'oisiveté, les nuits blanches, l'abus de tabac et d'alcool. C'est un anémique, un lâche, un imbécile. Il a de la toux et de la fièvre ; sa poitrine est concave, ses bras sont fragiles, ses jambes arquées ; ses mains, fines et pâles comme celles des femmes, transpirent; il a les ongles longs comme les vagabonds; ses doigts, brûlés et noircis par la cigarette; ses cheveux, fétides, enfarinés de poussières et de pellicules, reluisent de graisse. Ses outils de travail sont une guitarra et un Santo Cristo, désignant un coutelas pointu... »

  21. Mauvaise réputation • Le chant du fadiste est lui-même présenté comme une excroissance méprisable, comparable à celui d'un animal. Certaines descriptions évoquent d'ailleurs explicitement le chant d'un loup lancé au clair de lune : «Il chante parfois la main sur la hanche, cigarette accrochée au bout des mains, tête haute, étirant ses cordes vocales pour entonner la mélopée des fados [...] la voix sanglotant, brisée dans le larynx, accompagnée de l'expression phy- sionomique d'un sentimentalisme de cachot, gueux et misérable. » • Ainsi, vers la fin du xixe siècle, le fado devient un argument intellectuel alimentant un débat sur la décadence nationale, dans la continuité de ces propos d'Eça de Queiroz qui, en 1867, résume de sa plume ironique l'apport de Lisbonne dans la culture européenne : «Athènes produisit la sculpture, Rome a fait le droit, Paris inventa la Révolution, l'Allemagne le mysticisme; Lisbonne a inventé le fado. Fatum était un dieu de l'Olympe; là- bas, dans ces quartiers, c'est une comédie. Vous voyez un orchestre de guitares, et une congestion de tabac. La pièce est meublée comme un grabat. La scène finale se passe à l'hôpital ou en pri­son; la toile de fond est un linceul.» (Gazeta de Portugal)

  22. Tableau du Malhoa • En 1910, pour la première fois, un peintre académique reconnu par l'École des beaux-arts élit le fado comme thème d'étude. José Malhoa (1855-1933), peintre naturaliste spécialisé dans la peinture des modes de vie des campagnes, compose ce tableau emblématique » 0 Fado - inspiré d'une toile antérieure du peintre, Os Bêbados (Les Ivrognes). • Dès sa première présentation à Lisbonne en 1917, alors même qu'il commence par faire scandale, 0 Fado est acheté par la Ville. Témoin de cette reconnaissance, ce tableau est aujourd'hui présent sous forme d'illustrations plus ou moins fidèles (parfois même caricaturées) dans de très nombreux lieux de fado.

  23. Ce tableau est illustré au cinéma34 et au théâtre, donnant lieu également au Fado Malhoa interprété par Amâlia Rodrigues :http://www.youtube.com/watch?v=ZNCfktEU5L8 • Fazrir a ideia de ouvirC'est drôle, l'idée d'entendre • Corn os olhos, senhores ?Avec les yeux, messieurs ? • Fard, mas nâo quemOui, mais pas celui • Jâ o vite, mas emcores!Qui l'a vu de ses yeux, en couleurs ! • Ha vozes de AlfamaII y a les voix d'Alfama • NaquelapinturaDans cette peinture • E a banzaderramaEt au son de la guitare • Cançôes de amargura.Vibre toute l'amertume des chants. • José Galhardo (1948)

  24. INSCRIPTIONS SOCIALES ET IDÉOLOGIQUES • Dans plusieurs lieux de fado, on peut encore lire sur un mur ou une illustration cette affirmation d'appartenance : «Je suis du fado. » • Depuis ses origines, le fado constitue non seulement une expression artistique mais le lieu d'une revendication identitaire, plus ou moins consciente. À la charnière des XIXe et XXe siècles, ce phénomène s'accentue avec l'affirmation d'une classe ouvrière. Creusant peu à peu au sein de la ville un espace d'expression de plus en plus légitimé, le fado se constitue comme un outil d'intervention auprès du peuple et prend la parole dans les débats de son temps. • http://www.youtube.com/watch?v=FsUWNbMHijo (left fado)

  25. Fado comme phénomène social • Avec l'instauration de la République en 1910, les réseaux de solidarité sociale se structurent dans les quartiers grâce à l'apparition des salles communales telles que les collectivités,tertû- lias, clubs, sociétés récréatives, groupes sportifs et autres salles associatives gérées en commun. On y organise des activités de loisirs et d'instruction à destination des habitants : activités sportives, parties de cartes, jeux de société, cours et ateliers divers. Souvent dotés d'une grande salle, ces lieux servent aussi à organiser de temps en temps une nuit de fado exceptionnelle qui réunit jusqu'au petit matin de nombreux chanteurs devant un public familial qui se retrouve autour de tables où un repas simple est proposé. • Ces nuits de fado ont toujours un objectif social : les bénéfices recueillis par les droits d'entrée, généralement peu élevés, et les consommations, sont destinés à une cause précise, annoncée par avance et mentionnée durant la nuit : contribuer aux dépenses médicales coûteuses d'une personne âgée, aider une famille en difficulté à prendre en charge l'enterrement d'un proche ou encore financer un voyage vers un village de l'intérieur où plusieurs personnes du quartier ont de la famille. Il s'agit d'un véritable système d'aide mutuelle qui fonctionne encore aujourd'hui.

  26. Fado sous dictature • En 1926, le régime autoritaire met en péril cette proximité intergénérationnelle qui caractérise cet espace privilégié de la sociabilité populaire, en interdisant aux mineurs de moins de 15 ans de rester dans une taverne «plus que le temps nécessaire pour un achat». Le pouvoir salazariste a ensuite réuni tous ses efforts pour stigmatiser la taverne comme un lieu de débauche, niant par là même l'apprentissage informel et la communication qui s'y opèrent, aujourd'hui encore. • Pourtant, l'univers de la taverne, avec ses fadistes et ses habitués, compose un lieu de créativité qui revendique son originalité. Chaque quartier lutte pour son fado et des rivalités d'esprit peuvent naître. Ce fado de 1874 imagine ainsi un défi chanté à l'échelle de la capitale. Plus qu'un récit réaliste, on peut y voir une occasion de réunir dans un seul et même chant les fadistes du tout Lisbonne, associés à leurs quartiers d'origine. • http://www.youtube.com/watch?v=HW26VoEhF5k

  27. Fado sous dictature • Le 6 mai 1927, le régime autoritaire publie en effet le décret 13564, élaboré par l'Inspection générale des théâtres, qui régle­mente le fonctionnement des spectacles publics. Il s'agit d'une véritable promotion forcée qui interdit purement et simplement le fado amateur, réduit à la clandestinité. En effet, tout chanteur doit désormais posséder une carte qui lui confère le statut pro­fessionnel d'artiste pour pouvoir se présenter en public, si réduit soit-il. Ce décret impose ainsi au fado de devenir un exemple de travail, une profession véritable qui donne lieu à des contrats47. Dans la pratique, la délivrance de cette carte pro­fessionnelle exclut tous ceux dont le casier judiciaire n'est pas vierge. Dès 1933, la Police de vigilance et de défense de l'État est créée par Salazar. Parmi ses missions de contrôle, elle doit dissiper le moindre groupe formé hors du cadre familial.

  28. Fado sous dictature • les chanteurs de fado amateurs n'ont désormais plus le droit de chanter, et, quelques années plus tard, les chanteurs professionnels ne peuvent chanter que les chants qui sont passés par le filtre de la censure. • Chaque maison de fado doit établir une liste préalable très précise des textes qui seront interprétés durant les sessions, ainsi que de leurs paroles. Les chanteurs sont sommés de s'en tenir à ce programme, l'improvisation constituant un délit qui menace à la fois le chanteur et la maison où il se produit. Le texte écrit vaut pour modèle et il ne peut en aucun cas être trahi : pas question de rajouter un couplet ou de changer un mot.

  29. Fados dans les salons • L'introduction du fado dans les salons, en rompant cette unité forgée à l'échelle des quartiers, provoque une dissension entre deux courants qui divisent certains milieux fadistes. • Certains veulent promouvoir cette ascension sociale du fado dans les salons, où son mode de consommation implique une certaine appartenance sociale. D'autres souhaitent le préserver au sein des ruelles et des tavernes, lieux publics ouverts à tous, afin que puisse s'épanouir son véritable rôle social. • En 1923, ce type de débat sera à l'origine d'une scission au sein du journalGuitarra de Portugal, entre d'une part les adhérents du Cercle artistique les amis du fado (GremioArtístico Amigos do fado) qui souhaitent encourager le fado à devenir exclusivement chanté dans les salons, et d'autre part le groupe Solidarité propagande du fado (SolidariedadePropaganda do Fado), qui se désolidarise de ce journal, et crée, derrière Manuel Soares (surnommé «L'Intendant») et José da Silva («La Morue»), le journal O Fado, défendant le rôle éducatif du fado au sein des lieux de vie populaires.

  30. Anticléricalisme et pacifisme • À partir de la fin du XIXe siècle et jusqu'au régime autoritaire dans les années 1920, la critique sociale du fado s'inscrit peu à peu dans la vie des quartiers, notamment à l'occasion des cegadas38 : petites pièces de théâtre improvisées dans la rue au moment du carnaval. Par l'intermédiaire du déguisement et du travestissement qui permettent de revêtir l'identité d'un autre, elles autorisent la transgression des conventions sociales, levant interdits et tabous. L'anonymat et le masque permettent de transmettre des messages licencieux, de médire contre son voisin, ou encore de faire des farces aux personnes les plus respectables. Le fado y devient le porte-voix d'une critique sociale chantée à ciel ouvert, en pleine rue, sous la vigilance de quelques policiers chargés de contrôler les débordements... • Cette critique sociale se fonde généralement sur une représentation institutionnelle de l'État, incarné par ses différents corps, notamment le clergé et l'armée. Le personnage de la religieuse permet par exemple d'aborder la question de la censure catholique des sentiments : le Fado da freirá (Fado de la religieuse) raconte ainsi le scandale provoqué lors du décès d'une sœur, dont on découvre que toute sa vie durant elle a porté autour du cou une médaille représentant non pas le Christ, mais le portrait d'un homme aimé dans sa jeunesse. Les textes se nourrissent ainsi d'un anticléricalisme fervent : • http://www.youtube.com/watch?v=gKLBle7kt-8 • Deus, diabo, inferno e céuDieu, diable, enfer et cieux • Baptismos e confissôes, Baptêmes et confessions • Sermôes e missascantadas,Sermons, et messes chantées • Tudoissosâopalôes.Tout ça, ce sont des sornettes

  31. Fados politiques, fados syndicalistes • Dès la premièremoitiéduXIXesiècle, lesquartiers de fado, notammentMouraria, sonttrèssouventassociés à la contesta­tionpolitique. Lesprostituées, accusées de cultiver un esprit de sédition, y sontfréquemmentexpulsées - la policeprocédant à de nombreusesarrestationscontre « desespions et d'autresper­sonnesquiparlentcontrelegouvernement et la police». Avantl'établissementdurégimelibéral, deuxprostituéesduquartiersontmêmeemprisonnéespouravoirfredonné à leurfenêtrel'hymneconstitutionnel. • Lors de la montéed'unimportantmouvementanarcho- syndicaliste, dans lespremièresdécenniesduXXesiècle, lefadodevientunevéritableparoleouvrière, assumantausein de textesrésolumentprosélytesdesrevendicationspolitiques et sociales. Lefadodevient, jusqu'àl'avènementdurégimeautoritaire, unearme de lutteidéologique, dont la dimensionrévolutionnaireestexplicite. • Maislefado ne seréduit pas à uneseulelignepolitique. L'espritcritiquefadistesembleinsatiable; après1910, unefois la Républiqueinstaurée, lesfadoss'enprennent à la République elle-même, pourdéfendre, cette fois, lesocialisme: • Bravos herois do progressaBraves héros du progrès • Avante p'lo grandeideal!En avantverslegrandidéal! • - A República nâobastaLa République ne suffit pas • P'raesmagar o capital!Pourécraserlecapital!

  32. Le fado à Porto et les débuts de l'industrie du disque • La capitale du Nord, Porto, ville marquée par ses activités commerciales et également centre universitaire -, ne reste pas en marge du mouvement d'expansion du fado. En effet, à partir de l'introduction du gramophone au Portugal en 1905, l'industrie du disque se développe, notamment à Porto, ce qui va contribuer à la fixation du fado comme genre artistique de mieux en mieux défini. • Entre 1903 et 1915, alors que le marché du disque est encore très libre (absence de contrats d'exclusivité), il enregistre à lui seul 140 fados auprès de 9 éditeurs, tous étrangers (dont l'allemand Odeon et le français Pathé). À partir de 1925, la Gramophone Company, éditeur anglais qui passe un accord avec le Grand Bazar de Porto - et également avec la Valentim de Carvalho (studios à Lisbonne dans la rua Augusta) -, devient un des piliers de l'industrie du disque au Portugal. Pour le labelHis masters voice sont ainsi enregistrés de nombreux chanteurs, difusés dans les plus grandes villes portugaises : Adelina Fernandes, Maria Silva (Mariasinha) ou encore le guitariste Armandinho. Les enregistrements ont majoritairement lieu à Lisbonne mais tout le travail de production, de fabrication et de mise en vente est géré depuis Porto, en lien avec le siège anglais de Hayes (Middlesex). • http://www.youtube.com/watch?v=2mX1JDG1xI0 • http://www.youtube.com/watch?v=s0j5yVIKzE4

  33. 3e phase (1930-1970) • Professionnalisation • Élimination de l’improvisation. • Essor de radiodiffusion, des enregistrements et des films qui ont contribué à la diffusion du fado. • Fado comme “chant national”, “l’ame portugaise”. Contre ceux qui insistent,critique son univers social, ses limites musicales. • Mais après la révolution des Oeilletsen raison de sa “compromis” avec l’ancien régime une période d’activité ralentie… • http://www.youtube.com/watch?v=jzvLD8PG7SQ • http://www.youtube.com/watch?v=GoU33TXMdwU

  34. Nouveau folklore? • Au cours des années 1930, le fado devient un spectacle à part entière, fait par des professionnels, pour un public au pouvoir d'achat conséquent. • Il pénètre ainsi de nouveaux espaces de diffusion plus sophistiqués, aux critères de confort bourgeois : salles de théâtre rénovées, mais aussi nouvelles maisons de fado. • Par conséquent, le fado qui jusqu'ici avait toujours dû se forger une place là où il pouvait se trouve, presque du jour au lendemain, circonscrit dans des lieux choisis qui désormais lui sont exclusivement dédiés.

  35. utilisation des médias Dès l'avènement du régime autoritaire, le fado devient un sujet polémique très virulent dans la presse, notamment la presse spécialisée, apparue dans les années 1920 - A Guitarra de Portugal en 1922, A Cançâo do Sul en 1923, O Fado Les quotidiens nationaux, proches du régime, tels que le Diário de Noticias, divulguent une image d'abord très dépréciative du fado : « Des maisons pour souffrir, avec des tables, des chaises et des boissons, tristissimes ! et fréquentées par tous ceux qui aiment pleuer en public, sans peur du ridicule. Venez et vous verrez!51» Cependant, si le recours à la caricature permet de rendre certaines prises de position envers le fado plus accessibles pour un public qui ne sait pas lire, seule une faible partie de la population peut accéder à ces débats développés dans la presse écrite. Dans les années 1930, la radio devient l'outil privilégié de l'État Nouveau. Alors que depuis 1925 l'activité des stations de radio amateurs est intense le régime décide en 1935 de créer la monopolistique Emissora Nacional. Une campagne d'émissions radiophoniques sur le fado y est conduite par Luis Moita en 1936, donnant lieu la même année à la publication de l'ouvrage Fado, chanson de vaincus dédié à la Jeunesse portugaise. Il réunit des discours haineux contre le fado, qualifié morbide et diabolique : «Le fado, tant par ses paroles que par la mélodie spéciale qui le caractérise, est la négation de tous les idéaux nobles de la vie. [...] Il amollit les nerfs, affaiblit la volonté et abrutit l'intelligence, comme l'opium. » Ou…« Le fado exprime l'état d'inertie et d'infériorité sentimentale dans lequel notre pays est plongé depuis longtemps et dont il est urgent qu'il sorte. Le Portugal est en effet un malade moral et le fado suffit à en diagnostiquer la maladie. »

  36. Fado dans les medias • L'utilisation des médias de masse - la radio, suivie dans les années 1950 par la télévision - permet de véhiculer et d'ancrer dans les mémoires les thèmes favoris du régime. Ainsi, le Fado de cadaum (Le Fado de chacun), qui rythme le film Fado, histôria d’umacantadeira (Histoire d'une chanteuse), fait du destin une notion catholique absolument pacifiée. Il devient un leitmotiv fataliste qui tend à uniformiser la vie de fadiste, et par identification la vie de toute femme portugaise : • BempensadoQuand on y songe • Todostemosnosso fado ! Nous avons tous notre fado ! • E quem nasce mal fadado,Et celui qui naît dans la malchance, • Melhor fado nâoterâ.Ne connaîtra pas de jours meilleurs. • Fado ê sorte... Le fado, c'est le sort... • E do berçoaté à morte Et du berceau jusqu'à la mort

  37. Uma casa portuguesa • D'autres textes tels que Uma casa portuguesa (Une maison por­tugaise) idéalisent et banalisent l'acceptation de la pauvreté : • Numa casa portuguesa fica bem Dans une maison portugaise, c'est bien • Pào e. vinko sobre a mesa Le pain et le vin sur la table • Quando à porta humildemente bate alguémQuand quelqu'un frappe humblement à la porte • Sentase á mesa da gente (...) Fica bem esta franqueza fica bem Que o povo nunca desmente A alegría da pobreza Está nesta grande riqueza De dar e ficar contente. • On l'invite à s'asseoir à table (...) On est bien avec cette franchise Que le peuple jamais ne trahit L'allégresse de la pauvreté Fait toute cette grande richesse D'être content de donner. • http://www.youtube.com/watch?v=NzJdN4-NkaQ

  38. Résistances et clandestinité • Si le fado devient incontestablement pour le régime un instrument de propagande, ses acteurs restent attachés à sa liberté d'expression. Un fado clandestin s'organise dans les quartiers. • N'y participent que les chanteurs déjà connus, dont la fidélité est assurée au sein de ces cercles initiés. On y chante les fados interdits. Ainsi, Mae prêta, • http://www.youtube.com/watch?v=5NX32PqN9QYévoquant l'esclavage, traverse plusieurs décennies de dictature; malgré son interdiction, il se transmet d'une génération à l'autre. Sa musique marquée par le Brésil - le guitariste de viola frappe la caisse de son instrument, à la manière d'une percussion africaine - reste également vivace à travers le nouveau poème que David Mourâo Ferreira écrit dans les années 1950, à la demande d'Amâlia Rodrigues : Barco negro (Bateau noir). http://www.youtube.com/watch?v=HgkowHa2jZ4&feature=related • Par ailleurs, la voix de certains chanteurs, politiquement marqués, symbolise une certaine lutte associée à l'extrême gauche, à travers des personnalités comme celle de Carlos do Carmo, dont la popularité s'affirme après la révolution des Œillets. • http://www.youtube.com/watch?v=_Fr-ulGQi4Q

  39. La transition démocratique : le fado en crise • Plusieurs décennies après la fin de la dictature, on présente encore le fado, jusque dans les guides touristiques actuels, comme un des «3 F» de l'État Nouveau : fado, Fâtima, football - un chant, un sanctuaire, un sport; trois pôles d'un cercle obscurantiste tracé par le régime autoritaire autour d'une population fortement rurale et analphabète. • L'apprentissage de la démocratie portugaise est ainsi marqué par des expiations collectives et surtout par le besoin de trouver des symboles pour cette dictature pernicieuse et diffuse, dont tout le pays était si imprégné. Le fado, amputé d'une grande partie de son histoire, dut faire les frais de cette stigmatisation réductrice. En oubliant l'autodéfense à laquelle le régime l'avait contraint, on accusait le fado de ne pas avoir été suffisamment un chant de révolte, une arme d'attaque. • De vieux arguments de faiblesse et de défaitisme ont ressurgi durant cette période post-révolutionnaire, faisant étrangement écho aux chefs d'accusation utilisés quelques décennies plus tôt, non par les opposants au salazarisme, mais par ses plus ardents défenseurs, qui justifiaient ainsi la nécessaire transformation du fado. Ainsi, pendant très longtemps - et dans une certaine mesure, aujourd'hui encore - le fado reste socialement identifié par les élites portugaises comme un chant de droite. • http://www.youtube.com/watch?v=HPbRpqBKKL0 • http://www.youtube.com/watch?v=OfL8beUReNA

  40. Fado pour touristes • L'objectif principalement touristique de ces endroits s'affirme de plus en plus tout au long des années 1950 et 1960. Caractérisés par un décor et une mise en scène travaillés, ces lieux entourent le fado de codifications prestigieuses (l'estrade, le châle et la tenue des chanteurs) tout en désamorçant les interactions avec le public. Ici, l'assistance n'a plus comme seule liberté que de suivre les indications données par le chanteur qui invite ou non à frapper dans ses mains ou à entonner un refrain... http://www.youtube.com/watch?v=gH81R5UmLAo • D'une expression spontanée, le fado prend ainsi des allures de folklore réglé et codifié, vendu au regard consommateur des touristes et de la bourgeoisie. Ainsi mis en scène, le fado, qui perd son caractère d'accessibilité, est proposé comme une consommation non participative, fermée aux interactions avec la salle. • Désormais, chaque chanteur ou guitariste est l'acteur d'une nouvelle performance d'interprétation qui se doit d'être de plus en plus virtuose. Car, parallèlement, les enjeux financiers deviennent de plus en plus importants; une bonne prestation peut conduire au renouvellement d'un contrat ou à un enregistrement pour la radio.

  41. Après 1980 • Réhabilitation du fado • http://www.youtube.com/watch?v=HLK62OC0sQ8&feature=related

  42. Novo fado • Naissance d'un nouveau regard institutionnel À partir de 1986, l'entrée du Portugal dans l'Union européenne engendre de profondes modifications au sein de la société portugaise, et le statut du fado change sensiblement tout au long des années 1990, bénéficiant d'un nouveau regard institutionnel qui le décloisonne. Le fado cesse en effet d'être un tabou, il devient une réalité historique à comprendre et un nouvel objet d'étude. En 1994, dans le cadre du programme «Lisbonne, capitale européenne de la culture», une très belle exposition sur le fado à portée scientifique et documentaire est organisée par le musée d'Ethnologie : «Fado, voix et ombres». Cet événement culturel, qui rencontre un grand succès, joue un rôle charnière dans l'évolution de l'image du fado, qui devient connu, et reconnu, en tant que pratique sociale urbaine. • Sous l'impulsion de cette exposition, naissent plusieurs autres initiatives : l'Académie des amis du fado et lAcadémie de la guitare portugaise et du fado69, visant entre autres à collecter d'anciens disques 78 tours enregistrés dans les premières décennies du siècle, et dont de nombreux exemplaires avaient brûlé avec les archives de la Valentim de Carvaîho dans l'incendie du Chiado en 1988.

  43. Novo fado 2 • Toujours dans les années 1990, l'étude de la guitare portugaise est introduite au Conservatoire de musique de Lisbonne, tandis que la Mairie s'apprête à ouvrir un nouvel équipement culturel : la Maison-musée du fado et de la guitare portugaise, projet inclus dans un plan de réhabilitation du quartier d'Alfama. Cette dernière ouvre ses portes en 1998 dans l'édifice du Recinto da Praia (ancienne station d'élévation des eaux). L'ensemble comprend des espaces de promotion de l'histoire du fado : en plus d'un centre de documentation, d'un auditorium pour l'organisation de conférences et de concerts, des expositions permanentes et temporaires mettent en valeur un fonds de douze mille pièces (photographies, extraits sonores, partitions, instruments, affiches, périodiques). • Aspect plus inédit, la Maison-musée du fado propose également des espaces pour apprendre le fado, à travers des cours payants, prenant aussi le contre-pied de la notion traditionnelle d'apprentissage oral et informel du chant : cours de chant, cours de guitare portugaise, cours de viola de fado, cours de versification pour apprendre à composer des vers pour le fado. Certaines de ces activités ne fonctionnent pas de façon régulière, par manque d'inscriptions. En revanche, des écoles de fado associatives, qui fonctionnent grâce au bénévolat, se multiplient dans la région de Lisbonne, organisant avec l'aide de musiciens expérimentés des séances d'entraînement gratuites, plusieurs soirs par semaine.

  44. Fado au rang des musiques du monde • http://www.youtube.com/watch?v=XdOE5ERp-s4 • Le fado au rang des musiques du monde : la nouvelle génération • Dans la continuité de ce nouvel intérêt public pour le fado, resté toujours très présent sous sa forme populaire à l'échelle locale, celui-ci est également devenu ces dernières années un genre diffusé sur les scènes internationales. Profitant de l'ouverture du marché mondial aux musiques du monde, parmi lesquelles les musiques lusophones ont largement conquis leur espace, le fado devient un véritable produit culturel à la mode, déjà apprécié depuis plusieurs décennies en Asie, par exemple, et redécouvert plus récemment dans de nombreux pays. • L'idée d'une renaissance du fado est déjà exploitée depuis le début des années 1990 à travers le concept commercial du Fado novo, désignant essentiellement des artistes n'ayant parfois qu'un lien ténu avec le fado (Amélia Muge) ou bien des interprètes de fado qui revendiquent - non nécessairement dans leur discours mais dans leur art - une certaine rupture avec la tradition (Dulce Pontes, Paulo Bragança). • http://www.youtube.com/watch?v=QoEZB0XvEZQ • http://www.youtube.com/watch?v=NYlMdxp7Y9c

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